Les bio agresseurs de l’arachide en zone sahélienne

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Physiologie de l’arachide

L’arachide est une plante de la famille des Fabacées, qui comporte deux sous-espèces : hypogaea et fastigiata. La sous-espèce hypogaea est caractérisée par un port rampant, un cycle de développement plus long (120 à 140 jours), une émergence alternative des branches, une plus grande résistance à la cercosporiose et des graines avec une longue durée de dormance. La sous-espèce fastigiata se distingue par un port érigé, un cycle de développement court (90 à 110 jours), une émergence des feuilles séquentielles et des graines de dormance plus courte. Pour chaque sous-espèce, on distingue deux variétés botaniques : les variétés Virginia et Peruvian runner pour la sous-espèce hypogaea et les variétés Spanish et Valencia pour la sous-espèce fastigiata. Les variétés Virginia et Spanish sont les plus cultivées à travers le monde particulièrement au Sénégal (Faye et al., 2010).
Un plant d’arachide mesure entre 30 et 70 centimètres de hauteur. La partie aérienne est portée par une tige principale toujours érigée et deux ramifications latérales primaires issues du collet de la plante (Figure 3). Les feuilles sont composées de deux paires de folioles elliptiques opposées au bout d’un pétiole inséré sur des ramifications alternes ou séquentielles (Schilling, 2001). Les fleurs jaunes ou orangées, papilionacées, prennent naissance à l’aisselle des feuilles. Elles flétrissent rapidement. La base de l’ovaire fécondé s’allonge pour former un pédoncule appelé gynophore, qui s’enfonce dans le sol où se forme le fruit (gousses) composé d’une coque indéhiscente contenant de 1 à 4 graines (Schilling, 2001). Intérieurement, la gousse est blanche avant maturité et brune après (Biteghe, 1999). Le système racinaire pivotant permet d’explorer un volume de sol important. Il porte des nodosités fixatrices d’azote atmosphérique, caractéristiques des légumineuses, qui permettent à la plante de s’alimenter et d’enrichir aussi le sol en azote lorsque les conditions sont par ailleurs satisfaisantes (Schilling, 2001). Le bon fonctionnement de ces nodosités est commandé par la présence active de bactéries fixatrices dans le sol par divers facteurs apports complémentaires d’éléments nutritifs comme le phosphore, le calcium et le souffre (Schilling, 2001).
Les conditions optimales de germination des graines d’arachide se situent entre 24°C et 32°C. La levée se manifeste 4 jours après le semis et la plantule devient indépendante par l’apparition de la chlorophylle à partir du 15e jour (Schilling, 2001).
La croissance de l’arachide est indéterminée, la croissance de l’appareil végétatif se poursuit en même temps que celle de l’appareil reproducteur. Le plant d’arachide a un développement végétatif limité jusqu’au début de la floraison qui commence de 25 à 30 jours après semis et se poursuivra tout au long du cycle, avec un maximum entre 40 et 60 jours après semis (Cattan, 1996 ; Schilling, 2001). L’élaboration des composantes du rendement de l’arachide se fait en plusieurs phases. La phase de fécondation est indiquée par la floraison au niveau des organes aériens, par l’apparition sous terre de gynophores (organes formés par l’allongement de la base de l’ovaire), par la croissance de l’extrémité de ces gynophores et leur évolution en gousses après leur pénétration dans le sol. La formation de la graine quant à elle est marquée par trois phases : une première phase de croissance correspondant à la multiplication cellulaire, une phase de croissance rapide et enfin une phase de déshydratation. Le nombre de cellules de la graine est établi au cours de la première phase alors que la deuxième phase correspond à l’acquisition du poids de la graine. Lorsque la phase de croissance débute, les risques d’avortement des graines sont faibles à nuls (Cattan, 1996).
Les sols doivent être suffisamment meubles ou ameublis pour permettre la pénétration des gynophores puis l’arrachage des gousses mures. De plus, l’arachide requiert des sols bien drainés et aérés, car les échanges respiratoires des gousses en formation sont élevés. Les sols à texture fine, meuble et perméable en particulier les sols sableux conviennent le mieux à la culture d’arachide. La culture d’arachide sur un sol lourd n’est conseillée que si le recours à la mécanisation et l’irrigation sont possibles au moment opportun (Schilling, 2001).
La température optimale pour la croissance de l’arachide se situe entre 25 et 35°C. Les températures inférieures à 15°C et supérieures à 45°C ralentissent ou bloquent la croissance de la plante. Par contre, l’arachide est peu sensible au photopériodisme, mais les jours longs ont un effet positif sur sa productivité : les semis précoces (lorsque la pluviométrie ou l’irrigation le permet) seront donc préférés (Schilling, 2001).
Une pluviométrie comprise entre 500 et 1 000 mm pendant la saison de culture permet généralement d’obtenir une bonne récolte, mais la bonne répartition des pluies en fonction du cycle de la variété est plus importante que le total pluviométrique (Schilling, 2001). L’arachide présente des stades de sensibilité variables à la sécheresse : les besoins en eau sont élevés au moment de l’imbibition de la graine qui, une fois la germination amorcée, craindra l’excès d’eau. La période de floraison-formation des gousses (30 à 70 JAS) correspond à une phase de sensibilité à la sécheresse, alors que la phase finale de maturation sera favorisée par une sécheresse relative, les pluies à ce stade pouvant en outre provoquer des germinations sur pied chez les variétés non dormantes (Schilling, 2001).

Les systèmes de culture de l’arachide au Sénégal

En milieu Sérère où le mil constitue la culture principale, l’arachide s’inscrit dans un cycle de rotation triennal : mil – arachide – jachère. La jachère a pour premier effet d’assurer à la terre une année complète de repos tous les trois ans. L’efficacité de cette jachère, qui entraine un recru vigoureux de la végétation spontanée, est considérablement renforcée par la présence du troupeau et la répartition de sa fumure. Dans la plupart des villages du bassin arachidier cette rotation a disparu sous l’effet de la pression démographique, laissant la place une rotation biennale mil/arachide. Alors que la rotation mil-arachide est réservée aux champs de brousse (champs éloignés de la ferme et ne recevant généralement pas de fumier animal), sur les champs les plus proches des villages et recevant du fumier, les agriculteurs ne font pas d’arachide, mais seulement une monoculture de mil. Quelques pieds de niébé sont parfois introduits à la montaison du mil, comme une culture dérobée (ou en relais). À Diohine, la grande majorité des agriculteurs pratique l’assolement de type : jachère – arachide – mil. Ils reconnaissent que l’arachide constitue un excellent précédent pour le mil.

Itinéraire technique

Les variétés homologuées au Sénégal sont réparties en fonction de la pluviométrie de chaque région (Tableau 3). Les variétés Fleur 11 et 55-437 sont les variétés recommandées pour notre zone d’étude (Clavel et Ndoye, 1997). En fin de la saison sèche, les paysans effectuent le défrichement des jachères à l’aide de coupe – coupe ou de rock, le nettoyage des champs et le brulage des herbes et buissons (Figure 4). Seules les Faidherbia, dépouillées de leurs feuilles en hivernage, sont épargnées. Aussitôt après les premières pluies utiles, on procède aux semailles. Les opérations de semis se font à l’aide de l’hilaire, de la daba ou avec un semoir à traction animale (cheval ou âne). L’adoption de ce dernier outil permet d’étendre la surface cultivée, de distribuer les graines en ligne à distance régulière et surtout d’opérer rapidement dans les jours les plus propices au rythme des pluies (Pélissier et al., 2008). En raison de la faible disponibilité de semences commerciales de qualité, les semences utilisées pour les semis sont souvent des semences fermières issues de la récolte précédente, ou du tout-venant achetées sur les marchés. Environ trois jours après les semailles, la culture d’arachide bénéficie d’un premier sarclage. Cette opération consiste à passer l’hilaire en la glissant à quelques centimètres de profondeur sur toute la totalité de la surface du terrain cultivé. Elle a pour but d’effacer l’emplacement des poquets (contre les animaux prédateurs), de faciliter la levée des plants d’arachide, de prendre de l’avance sur la végétation adventice, d’ameublir la surface du sol et d’entretenir son humidité. Deux autres sarclages sont indispensables, l’un dès la levée et l’autre un mois après semis en prenant garde de ne pas sectionner les gynophores (Figure 4). Un quatrième désherbage peut avoir lieu, mais s’effectue souvent à la main (Pélissier et al., 2008 ; Péhaut, 1961). La récolte de l’arachide s’établit du mois d’octobre à mi-novembre selon la date de semis et la durée du cycle de la variété. Elle se fait à la hâte par crainte d’un arrêt brutal des pluies qui entrainerait un durcissement de la couche superficielle du sol. C’est l’hilaire qui est utilisé permettant de couper les pieds à quelques centimètres au-dessous du sol. Ils sont rassemblés en petits tas pour être séchés puis entassés en meubles durant des semaines, en attendant la séparation des gousses par battage ou à la main (Pélissier et al., 2008 ; Péhaut, 1961). Très peu d’agriculteurs du bassin arachidier utilisent les engrais chimiques sur leurs parcelles d’arachide. Les apports de fumiers en champs de brousse sont rares. L’usage de pesticides est quasiment inexistant.
Figure 4 : schéma des dates, des outils des opérations culturales, des correspondances avec les périodes de mise en place des composantes du rendement et les dates d’observations des maladies de l’arachide dans la zone d’étude.

Les bio agresseurs de l’arachide en zone sahélienne

Plusieurs maladies peuvent attaquer l’arachide au cours de son cycle. Ces maladies peuvent être fongiques, virales ou bactériennes. Les maladies fongiques les plus récurrentes sont la rouille et la cercosporiose. À côté de ces deux dernières, les attaques occasionnées par Aspergillus, pré- ou post- récolte, constituent un frein pour l’exportation de l’arachide. De plus, la rosette de l’arachide, le Peanut Clump Virus (PCV) et le Tomato Spotted Wilt Virus (TSWV) sont des maladies très fréquentes dans les zones de cultures de l’arachide (Alderman et al., 1987 ; Subba Rao, 1987 ; Subrahmanyam et al., 1992). Les plants d’arachide sont aussi attaqués par beaucoup d’arthropodes nuisibles (Risbec, 1948).

La cercosporiose ou maladie des taches noires

La cercosporiose est causée par des champignons Hyphomycètes que sont le Cercospora personata et le Cercospora arachidicola Hori. Ces champignons sont retrouvés dans toutes les régions où on cultive de l’arachide (Chevalier, 1934 ; Tarjot, 1959). La maladie est considérée comme étant l’une des plus importantes contraintes de la production de l’arachide au Sénégal, en vue des pertes causées sur le rendement qui peuvent aller jusqu’à 20 à 24 % selon les régions. La cercosporiose est aussi à l’origine de défoliation sévère entrainant des pertes en fanes variant de 20 à 100 % (Chevaugeon, 1951 ; Mehak, 2016 ; Ndoye et al., 1992 ; Subrahmanyam et al., 1992 ; Tarjot, 1959).
Toutes les parties de la plante d’arachide peuvent être attaquées par la maladie. Les premiers symptômes visibles apparaissent sur les folioles des feuilles inférieures sous forme de taches sombres qui, à un stade ultérieur, sont entourées d’anneaux jaunes. Les taches sont circulaires. Elles apparaissent en grand nombre sur les feuilles. Les taches matures sont brun foncé à presque noires, en particulier sur la face supérieure des folioles. Tandis que sur la surface inférieure, ils sont de couleur plus claire. Les taches sont peu nombreuses sur les pétioles et la tige (Mehak, 2016). Les taches de Cercospora personata (cercosporiose tardive) sont circulaires et plus déterminées que celles de Cercospora crachidicola, qui sont souvent très nombreuses, isolées et coalescentes. Elles sont d’abord jaunâtres ; puis brunissantes, et enfin, presque noires, ne dépassant pas en général, cinq millimètres de diamètre régulièrement disposés en cercle concentrique, portant surtout sur la face inférieure des feuilles. Cercospora arachidicola (cercosporiose précoce) provoque des lésions brunes (taches) entourées d’un halo jaune tandis que les taches de la cercosporiose tardive sont noires et généralement sans halo jaune. Les Lésions nécrotiques peuvent aller de 1 à 10 mm de large sur la surface des feuilles (Alderman et al., 1987).
La pénétration des Cercospora dans l’arachide se fait par les stomates, surtout par ceux de la face supérieure des feuilles (Mehak, 2016). Les symptômes apparaissent 6 à 7 jours après l’infestation. La transmission est possible par les semences, surtout avant décorticage et par les résidus de récolte. Les conidies nouvellement formées sont répandues par les vents, les eaux qui s’écoulent des terrains (pentes), les insectes de divers ordres et surtout les acridiens qui les transportent mécaniquement ou les absorbent et les déposent intactes dans leurs excréments (Chevaugeon, 1951 ; Tarjot, 1959). Les conidies produites par des conidiophores sur les résidus d’arachide dans le sol sont la principale source d’inoculum initiale. Les spores produites vont infester les feuilles saines. 10 à 15 jours après l’infestation, les nécroses apparaissent sur la surface des feuilles (Figure 5). Les conidies nouvellement formées à partir des feuilles infestées sont dispersées par les insectes, par les outils agricoles, par les éclaboussures d’eau et par le vent. Elles vont constituer l’inoculum secondaire qui va propager l’infestation sur toute la parcelle (Pretorius, 2006).
Une température de 26°C à 31°C et une humidité élevée favorise le développement de la maladie. Les basses températures prolongées et la rosée favorisent également les infections (Chevaugeon, 1952).

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La rouille de l’arachide

La rouille constitue en Afrique occidentale un facteur limitant au rendement pouvant causer jusqu’à 50 % de perte. Elle est souvent associée à la cercosporiose ce qui accentue davantage les pertes de rendement (Subba Rao, 1987). L’agent causal Puccinia arachidis est classé parmi les parasites stricts bien que certains auteurs aient réussi, avec beaucoup de difficultés, à le cultiver. Il infecte plusieurs espèces appartenant au genre Arachis. Puccinia arachidis est un champignon Basidiomycète de l’ordre des Urédinales (Subba Rao, 1987).
La rouille de l’arachide est facilement identifiable grâce aux pustules (urédospores) brun orangé qui se développent à la surface inférieure des folioles et qui dans le cas des variétés sensibles peuvent apparaitre à la face supérieure ultérieurement. Elles sont circulaires et mesurent 0,5 à 1,4 mm de diamètre. Ces urédospores produisent de nombreuses urédospores, de même couleur, qui germent à la surface des feuilles lorsque les conditions climatiques lui sont favorables, les pustules peuvent atteindre toutes les parties aériennes de la plante, excepté fleurs et gynophores. Les feuilles infestées se nécrosent et se dessèchent tout en restant attachées sur la plante assez longtemps. Le champignon parasite, d’une part diminue l’activité photosynthétique de la plante en réduisant la surface foliaire active, et d’autre part soustrait aux gousses, pour son propre développement, une partie des substances élaborées. Il entraine en outre une perte considérable de sève en raison de l’éclatement de l’épiderme par les pustules (Picasso, 1987; Subba Rao, 1987).
Le cycle biologique de l’agent de rouille est complexe. Puccinia arachidis n’est principalement connu que par son stade urédospore (Subba Rao, 1987). Un Puccinia sp typique comprend cinq stades de spores, à savoir le stade basidiospore, spermatie, ecidiospore, urédospore et téleutospore. Chez l’arachide, la téleutospore n’est pas si courante et n’a été signalée que dans la région centrale de l’Ontario, de la Floride et le Brésil dans les feuilles d’arachides. Il a également été observé très récemment sur des cultures de champ d’arachides en Inde. Les téleutospores sont principalement des hypophylles, de 0,2 mm de diamètre, contenant de nombreuses spores. Les téleutospores sont oblongues, obovales et de forme ellipsoïdale à ovoïde, l’apex est rond à aigu et épaissi, rétréci au centre. Elles sont lisses et jaune pâle, jaune doré ou brun châtain, principalement deux cellules (Figure 6). Le basidium et les basidiospores ne sont pas encore connus pour Puccinia arachidis. Ainsi, la survenue d’une caryogamie et d’une méiose successive dans le basidium n’est pas rapportée jusqu’à présent. La rouille de l’arachide existe principalement dans la nature sous forme urédinale (stade II). Les urédospores sont hypophylles, sous-épidermiques, ellipsoïdales ou oblongues et prennent une couleur brun cannelle foncé à maturité. Chaque urédospore contient de nombreuses urédospores pédicillatées. Le pédicelle de l’urédospore est court, fragile et hyalin. La taille moyenne des urédospores est de 24,96×21,22 μm. La couleur des spores est de couleur marron (Figure 6). Les urédospores ont une durée de vie courte 20 à 45 jours (Mondal et Badigannavar, 2015 ; Subba Rao, 1987). Aucun hôte secondaire n’a été décrit à ce jour pour Puccinia arachidis (Mondal et Badigannavar, 2015).
Dans la nature, la dissémination des urédospores est anémochore (dispersion par le vent) et peut porter sur de grandes distances. Cependant, la culture de l’Arachide en cycles successifs tout au long de l’année (dans les zones très humides) et son intensification, ainsi que la présence de repousses après récolte favorise le développement et la sévérité des épidémies (Subba Rao, 1987). La période d’incubation de la maladie est variable, de 9 à 20 jours selon les conditions climatiques et la sensibilité de l’hôte (Subba Rao, 1987). Les températures de 20°C à 30°C favorisent le développement de la rouille. Les légères averses favoriseraient plus la dispersion de la rouille plutôt que les pluies diluviennes qui ont tendance à diminuer les quantités de spores sur les feuilles (Mondal et Badigannavar, 2015 ; Picasso, 1987).

La maladie du rabougrissement de l’arachide (Peanut Clump Virus)

Le rabougrissement est une des maladies virales causées par différentes souches d’un même virus. Elle a fait l’objet de plusieurs recherches pour la détermination du virus responsable et sa mode de contamination. Dénommée, Peanut Clump Virus (PCV), cette maladie est présente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et en Inde. Les pertes causées par le PVC peuvent être importantes, et la persistance de l’inoculum dans le sol peut conduire à l’abandon de l’arachide en tant que culture. Les deux virus sont sérologiquement différents et il a été signalé qu’ils se classent dans des sérotypes distincts (Dubern et Dollet, 1988).
Le PCV a été identifié dans les plants rabougris d’arachide et présentant des symptômes typiques de touffes. Il a aussi été détecté dans des plants de tailles normales, sans entrenœuds et courts. Les feuilles présentent des symptômes différents tels que des taches ou des cernes chlorotiques plus ou moins en forme de piqure oculaire, des motifs géométriques angulaires avec des lignes jaunes, des mouchetures ainsi que des mosaïques jaunes, et des taches vertes. Ces symptômes sont parfois très légers ou localisés seulement sur les feuilles les plus anciennes cachées par la touffe de feuilles plus jeunes. Une légère marbrure de type mosaïque et des anneaux chlorotiques sont apparents sur les nouvelles feuilles (Photo 1). Les feuilles plus âgées sont de couleur foncée avec une légère marbrure (Dollet et al., 1993). La croissance racinaire, le nombre et la taille des gousses sont considérablement réduits. Les racines deviennent noires avec un égrugeage des tissus du cortex. Les plants infestés tôt produisent de petites gousses déformées en très faible quantité et en des endroits différents dans le champ. L’infection réapparait aux mêmes endroits sur des cultures successives (Dubern et Dollet, 1988).
La maladie est induite par une infection virale qui fait suite à l’attaque des semences ou racines des plantes d’arachide par les zoospores du champignon vecteur, Polymyxa sp (Dubern et Dollet, 1988 ; Subrahmanyam et al., 1992). Par ailleurs les infections multiples par plusieurs virus et la variation de symptômes du PCV d’une variété à autre complique l’établissement d’un diagnostic par une simple observation sur le terrain (Ndiaye et Dollet, 1995). Le clump est favorisé par la rotation arachide-sorgho, ce dernier constitue un hôte pour le champignon vecteur (Subrahmanyam et al., 1992).
Photo 1 : Symptômes de Clump sur arachide. Source : TAMBEDOU

Le virus de la maladie bronzée de la tomate

Sur l’arachide, le TSWV (Tomato Spotted Wilt Virus) produit des symptômes faibles, mais nets qui se caractérisent par des taches annulaires et par des arabesques. I1 existe parfois des taches nécrotiques ou des striures, avec ou sans rabougrissement. Dans certains cas, l’arachide développe des taches chlorotiques qui ressemblent à des coups de pinceau (Photo 2). Le rendement des plantes malades est faible, environ 10 % de celui des plantes saines. Le pourcentage de plantes atteintes au Sénégal est d’environ 5 %. En Afrique de l’Ouest, la présence du TSWV n’a été que récemment reconnue. Le TSWV est très étendu au Sénégal et en Gambie (Dollet et al., 1987). Les travaux de Dubern et Dollet (1988) ont confirmé la présence d’une souche virale apparentée au TSWV sur des plants d’arachide au Sénégal ; les caractéristiques de transmission indiquent cependant une différence importante avec les souches bien répertoriées (États-Unis, Europe). Ce virus semble s’étendre sur toute les zones de cultures d’arachide au Sénégal (Dubern et Dollet, 1988).
Photo 2 : Symptomes de TSWV sur l’arachide (Dubern et Dollet, 1988 ; Tambédou, 2018) 5.5. Les arthropodes ravageurs de l’arachide
Les iules (myriapodes) sont les premiers ravageurs qui s’attaquent à l’arachide lors de la germination et au stade plantule. Au Sénégal, l’espèce la plus abondante est Peridontopyge spinosissima Silvestri. Parmi les défoliateurs des feuilles d’arachide, les lépidoptères sont les plus importants. De nombreuses espèces de lépidoptères peuvent s’attaquer à l’arachide, telles que : Amsacta moleneyi, Prodenia litura, Spodoptera exigua, Helicoverpa armigera. Toutefois, il est nécessaire de noter que toutes ces chenilles ne sont pas spécifiques à l’arachide. Aphis caracivora est le puceron le plus présent sur l’arachide et est un vecteur de virus. En fin de saison humide, les termites peuvent entrainer des dégâts importants aux gousses d’arachide. Le Microtermes, Parvulus Sjôstedt, est un termite très répandu dans les sols sablonneux (Risbec, 1948).

Effet des pratiques culturales sur les bio agresseurs de l’arachide

Les débris d’arachide de la précédente campagne peuvent jouer un rôle important sur l’infestation par la rouille ou la cercosporiose sur la culture d’arachide qui suit. L’infestation des plants d’arachide à la cercosporiose en début de campagne est plus importante quand l’arachide a été cultivée au même lieu que l’année précédente du fait des spores qui adhèrent aux débris (Chevaugeon, 1952). Mehak (2016) préconise une rotation de deux à quatre ans dans le cas de la cercosporiose pour taux d’infestation. Une pratique de la jachère permet de réduire l’incidence de la rouille (Subba Rao, 1987). Le vent faisant partie des facteurs de dissémination des spores, une installation de brise-vent permet de réduire le taux d’infestation des attaques des deux maladies (Chevaugeon, 1952). La position accidentée des parcelles de culture peut jouer un rôle sur la propagation des spores de la rouille et de la cercosporiose sous l’action des ruissèlements des eaux de pluie (Chevaugeon, 1951 ; Mondal et Badigannavar, 2015 ; Tarjot, 1959). Une date de semis précoce permettrait de réduire l’importance des deux maladies (Mehak, 2016 ; Subba Rao, 1987). L’action des éléments fumure minérale (N-P-K) et plus précisément le phosphore peut entrainer une faiblesse d’attaque de la cercosporiose (Chevaugeon, 1952). L’utilisation de variétés résistantes est très recommandée pour la gestion de la rouille et de la cercosporiose (Mehak, 2016 ; Subba Rao, 1987). Il faut aussi éviter la culture d’arachide après celle du sorgho ou à côté d’une culture sorgho et l’utilisation de semences certifiées permet de prévenir à une attaque du Clump (Bijlmakers et Verhoek, 1995).

Table des matières

INTRODUCTION
SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE
Historique de la filière arachide au Sénégal et état actuel
1.1. Période de 1840 à 1940 : essor de la filière et investissements du pouvoir colonial
1.2. Période de 1940 – 1970 : une période florissante et de renforcement des subventions
1.3. Période de 1970 à 1980 : Les difficultés de l’après-indépendance du Sénégal
1.4. Période de 1980 — 2012 : Désengagement progressif de l’État et déclin de la filière
1.5. 2013 — aujourd’hui : Les débuts du plan Sénégal émergent.
Physiologie de l’arachide
Les systèmes de culture de l’arachide au Sénégal
Itinéraire technique
Les bio agresseurs de l’arachide en zone sahélienne
5.1. La cercosporiose ou maladie des taches noires
5.2. La rouille de l’arachide
5.3. La maladie du rabougrissement de l’arachide (Peanut Clump Virus)
5.4. Le virus de la maladie bronzée de la tomate
5.5. Les arthropodes ravageurs de l’arachide
Effet des pratiques culturales sur les bio agresseurs de l’arachide
MATERIEL ET METHODES
Présentation du site de l’étude
Les dispositifs d’étude
2.1. Dispositif 1
2.2. Dispositif 2
2.3. Dispositif 3
Identification des champignons pathogènes au microscope optique
Méthode utilisée pour le suivi des maladies
Mesure des composantes du rendement
RÉSULTATS
Identifications des agents pathogènes
Dispositif 1
2.1. Nature et incidence des maladies à 45 jours après semis
Effet du précédent cultural
Effets de la variété et de la fertilisation
2.2. Évolution de la sévérité des maladies au cours du cycle
2.3. Analyse des composantes du rendement
2.4. Effet des maladies sur les rendements
Dispositif 2
3.1. Nature et incidence des maladies
3.2. Évolution de la sévérité des maladies
3.3. Analyse des composantes du rendement
3.4. Effet des maladies sur les rendements
Dispositif 3
4.1. Nature, incidence et sévérité des maladies
4.2. Analyse des composantes du rendement
4.3. Effet des maladies sur les rendements
DISCUSSION
Nature et sévérité des maladies foliaires de l’arachide dans le village
Analyse des composantes du rendement de l’arachide
Importance économique des dégâts
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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