Les banques islamiques quelles différences avec les banques conventionnelles
QUELLES DIFFERENCES EN TERMES DE PRINCIPES FONDAMENTAUX ?
Du point de vue de la finance globale dominante, l’interdiction du taux d’intérêt constitue la principale différence entre la finance islamique et la finance conventionnelle. A l’évidence, ce n’est pas l’unique point de divergence. En effet, la finance islamique est par essence une finance basée sur des principes fondamentaux stricts dont les plus importants sont : – P1 : L’interdiction du taux d’’intérêt (Riba) – P2 : L’interdiction de l’incertitude (Gharar) et de la spéculation (Maysir) – P3 : L’exigence de la justice => Le principe de partage des pertes et des profits2 – P4 : L’interdiction de financer des activités non conformes à l’éthique musulmane. – P5 : L’exigence de la traçabilité => l’adossement des transactions financières à des actifs tangibles.
Principe n°1 : L’interdiction du « Riba » et toute forme d’injustice
Il est usuel de considérer que cette règle fondamentale d’interdiction du « Riba3 » caractérise le plus la finance islamique et de l’aborder en premier lieu (ElGamal, 2000). Le terme « Riba » trouve son origine dans le verbe arabe « Raba » qui signifie augmenter et faire accroitre une chose à partir d’elle-même. Ce qui constitue réellement le mot « Riba » a cependant été pendant des siècles le sujet de débats, l’explication la plus commune a réduit pendant longtemps le « Riba » à l’usure. D’une façon plus globale, les jurisconsultes définissent le terme « Riba » par tout avantage ou surplus perçu par l’un des contractants sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue du droit musulman. La plupart des jurisconsultes ont fini par considérer que les intérêts bancaires sont à associer au « Riba » (Chaar, 2008b). Toute perception ou versement des intérêts sont écartées par la finance islamique. En conséquence, le prêt ne peut pas être pratiqué par les banques islamiques. Il est interdit à cesinstitutions d’accorder des prêts et de collecter des dépôts assortis à des taux d’intérêt prédéterminés. Ceci constitue la différence fondamentale avec les banques conventionnelles qui empruntent en contrepartie du paiement des intérêts et qui prêtent pour leur rapporter également des intérêts.
Principe n°2 : L’exigence de la justice et le principe de partage des profits et des pertes (PPP)
Toute forme d’injustice, d’enrichissement injuste et d’exploitation déloyale sont sévèrement condamnées en finance islamique. Un contrat aux termes duquel l’une des parties prenantes exploite de façon déloyale sa contrepartie ou perçoit injustement un gain au détriment de ce dernier est réputé invalide. En revanche, il faut souligner que la finance islamique ne blâme pas la recherche du profit. L’Islam reconnaît en effet la propriété individuelle et le gain, du moment, bien entendu, que son acquisition et sa réalisation se font en conformité avec ses préceptes. Le principe de partage équitable des pertes et des profits est corollaire à l’interdiction de l’intérêt et découle directement du premier principe fondamental de la finance islamique. La notion « intérêt », étant considéré comme un accroissement injustifié, est remplacée en finance islamique par le concept de « profit/rendement ». Selon les règles de la loi islamique, nul ne peut prétendre à une quelconque rémunération sans supporter une partie du risque inhérent à l’investissement.
Dans les transactions islamiques, le lien entre le profit et le risque est régi par certains principes tirés du récit prophétique: « Al ghounmou bil ghourmi » qui signifie « pas de bénéfice sans risque », ainsi que d’un autre récit « Al kharadj bi damane » qui signifie que « le droit au profit s’acquiert par le travail ». Ces deux récits aspirent à la justice sociale et à l’équité dans les transactions. La loi islamique prévoit ainsi un partage équitable des gains et des risques entre l’investisseur et l’entrepreneur. Il n’est pas permis à l’investisseur de garantir son investissement en faisant assumer les risques à autrui, le gain n’est mérité qu’en assumant le risque de perdre le capital investi. A la différence du système conventionnel, il est strictement interdit de faire supporter tout le risque à l’entrepreneur comme dans le cas des crédits accordés par les banques conventionnelles.