LES ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES ET CULTURELS
D’une manière générale, les grandes réalisations opérées dans la petite côte particulièrement dans le site de Saly portudal sont une résultante d’un projet d’aménagement touristique pensé uniquement en termes d’emplois et d’amélioration des conditions de vie de la population.
La convention générale conclue entre l’Etat et la S.A.P.C.O le 29 août 1977, confiait en son article 20 à la SAPCO, une mission de « Protection et de régénération de l’environnement » : « A l’intérieur du périmètre de la Petite-Côte, la SAPCO pourra intervenir en premier lieu dans le domaine social, dans le but de contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations installées à proximité des zones prioritaires ou d’améliorer les équipements, en particulier sanitaires des villages avoisinants.
D’une manière générale, elle pourra intervenir dans le domaine de la production lorsque cette intervention aura pour but d’améliorer les revenus et le niveau de vie des populations vivant à l’intérieur du périmètre, en particulier, à proximité des zones prioritaires. La S.A.P.C.O s’est donc vu confier une mission sociale et de développement envers les populations locales. La S.A.P.C.O va promettre aux villageois de Saly des emplois dans leshôtels de la station.
Les impacts socioéconomiques
La commune de Saly et ses alentours sont les premiers bénéficiaires des retombées de la station. Les activités directement liées au tourisme sont exercées par les populations locales. En montrant les contributions de ceux qui exercent ces activités dans leurs ménages, nous pourrons plus ou moins déterminer les implications socioéconomiques de la station sur l’économie locale.
Dans ce secteur deux types d’activités sont exercées par les populations : les activités directement liées au tourisme (Restauration, employés d’hôtels, employés de résidences) et les activités qui ne sont pas directement liées au tourisme (l’artisanat, commerce, etc.).Il y a de véritables artisans qui travaillent sur place et des vendeurs qui se fournissent à la fabrique.
Les études ont montré que la commune de Saly regorge 65 % des gens qui travaillent dans les secteurs directement liées au tourisme c’est à dire restauration, employés d’hôtels, employés de résidences. Ce fort taux (65%) a forcément des impacts positifs sur l’économie de la commune. En effet ces travailleurs apportent avec la location (maison ou chambre) une contribution non négligeable. On a aussi remarqué un développement important du secteur informel dans la zone de Saly, grâce au tourisme. Les activités qui sont indirectement liées au tourisme dans la commune de Saly occupent plus de 60% des emplois. L’impact socioéconomique au niveau de la station de Saly peut être apprécié en termes d’emplois de salaires distribués ou de divers autres revenus, de taxes et de dons.
Les transformations de la société et des mutations territoriales et paysagères de la PetiteCôte sénégalaise particulièrement dans la zone de Saly sont notoires. Selon les enquêtes, les populations locales démontrent que leurs conditions de vie ont été améliorées grâce àl’activité touristique et aux différents aménagements en matière de paysage et de bien-être à travers la création d’équipements récréatifs et de services, même si ces derniers ne leur sont pas parfois directement destinés. Selon O. Dehoorne (2007) « Loin d’être perçu comme une simple activité complémentaire, le tourisme est d’abord une source de devises, les volontés politiques en font souvent un levier pour l’économie d’un pays. Pourtant, la création de lieux d’accueil ne se décrète pas, et le fonctionnement du système touristique est souvent plus complexe à appréhender que ne l’imaginent les aménageurs et décideurs locaux. Trop souvent, le tourisme international est présenté comme la clé du développement volontariste de pays en difficulté. ».
Toujours du point de vue socioéconomique, les populations à travers des actions ponctuelles de la part des touristes ou d’associations humanitaires comme la Broussarde sénégauloise créée en 1996 à Isère près de Grenoble en France. Cette association présidée par Thérèse Girerd basée à Saly mène des actions humanitaires en direction des populations de Djilor, de Mbour, de Saly et de Warang. Celles-ci sont essentiellement orientées vers la construction de salles de classe, la réfection de toilettes d’école et de collèges, la construction et l’équipement de dispensaires. Ces réalisations se présentent au niveau de Saly comme suit :
Un dispensaire, une école, une église, une borne-fontaine et une garderie d’enfants ont vu le jour à Saly Joseph ;
Les impacts culturels
Les aménagements qui sont opérés dans ce site y ont hissé Le tourisme au premier plan.Tel que pratiqué au niveau de la Petite-Côte, participe à la préservation et à la mise en valeur du patrimoine. Dans cette dynamique, on a au niveau de Saly portudal, dans les locaux de la SAPCO un grand musée appelé musée de Khelcom 29 est contruit.
Transformation morphologique de l’espace littoral
La construction des réceptifs a nécessité des opérations de terrassement de la dune bordière qui constituait un « obstacle » pour l’accès direct à la mer. Nous rappellerons que l’espace littoral est composé ici de deux unités: les dunes et la plage. Notre analyse des conséquences des opérations de terrassement, d’aplanissement et de nivellement s’articulera autour de ces deux unités. Selon Paskoff R. (1985), ces milieux côtiers tant convoités sont fragiles comme le sont tous les milieux marginaux Leurs ressources se gaspillent si leur gestion ne s’appuie pas sur une connaissance solide des mécanismes qui règlent leur équilibre dynamique précaire30 .A Saly la mer a englouti des espaces jusque- là épargnés. Selon certains témoignages, c’est à la suite de l’exploitation des sablières pour la construction de quelques hôtels en 1993-1994 que le phénomène d’érosion a été réactivé. Depuis cette date, la mer a gagné du terrain et a même menacé, non seulement l’Espadon Club, mais d’autres réceptacles situés en contre bas.
Ce processus aurait été aggravé par la construction en 1994 d’un bassin de réception de poissons avec des encochements bétonnés.Selon M. Ba (1996) «ce bassin a joué un rôle de rempart, barrant le passage du sable du nord par la dérive littorale pendant la saison sèche. Du fait le sable piège au nord du bassin, n’approvisionnait plus cette plage et d’autres plages. Un courant s’était créé en aval emmenant vers le sud le sable de la plage de l’espadon». M. Ba (1996) a estimé le recul du rivage à plus de 10 m au droit des bougainvilliers et a plus de 20 m au Savana entre 1994 et 1996; tandis qu’à l’espadon-club elle a reculé de 40 m entre octobre 1994 et septembre 1995.
La dune bordière constitue un élément essentiel de l’équilibre dynamique d’une plage pour laquelle elle représente une réserve en sable. Paskoff souligne le rôle joué par la dune littorale dans la protection des plages: « Lors des grandes tempêtes, les vagues déferlantes atteignent la dune y prélèvent du matériel et le déplacent vers l’avant-plage où il s’accumule sous forme de barres immergées. Ces barres représentent des obstacles qui contraignent les lames les plus fortes à déferler plutôt en avant du rivage, d’où un amortissement de leur impact sur le haut de plage qui est ainsi préservé d’une érosion plus accentuée.
Au niveau de la station balnéaire de Saly et partout où il a été édifié un réceptif hôtelier, la dune a été imprudemment arasée pour accéder rapidement à la plage.
La digue de protection longeant les hôtels Savana, Saly Princess, les villas alizées jusqu’au Royam est souvent détruite en période de fortes vagues. Cette situation semblerait être accentuée par les opérations de minage d’un amas roché pour la construction du pronton de 1 « Espadon Club, celui-ci servant de quai d’embarquement et de débarquement pour les pratiquants de ski nautique. Mais aujourd’hui cette barrière naturelle enlevée, la dérive littorale et les vagues agissent directement sur la digue de protection qui connaît souvent des ruptures.
Les pratiques écologiques dans les réceptifs hôteliers
Ce terme générique » pratiques écologiques »‘ veut traduire tout simplement les modes de traitements et de recyclage des eaux usées, des déchets solides et les tentatives de protection de l’environnement notamment au niveau de Saly avec la SAPCO
Le lagunage aéré
Le plan directeur d’aménagement de la station balnéaire est accompagné d’un réseau d’assainissement qui évacue les eaux usées vers la station d’épuration. Notre enquête auprès des gérants, nous a révélé que l’ensemble des réceptifs de la station évacue leurs eaux usées dans le réseau et non dans la mer Donc on pourrait écarter une éventuelle pollution de la mer par des substances liquides rejetées par les hôtels. Comme nous l’avons indiqué précédemment, le mode d’épuration utilisé à Saly est le lagunage aéré.
La station d’épuration est située au nord-est de Saly. Saly Portudal abrite une chaîne d’hôtels qui a eu pour conséquence un rejet important d’eaux usées qu’il convient de gérer selon les règles et méthodes en vigueur. Elle est composée d’un déssableur primaire, de deux bacs de décantation, de deux bacs de stabilisation et le rejet sur un marigot artificiel, en plus d’un bac de séchage de boues
Description de la station
Le réseau d’égout est de type séparatif long de 4500m. Il est construit autour d’un émissaire principal primaire parallèle à la côte. Cet émissaire reçoit un certain nombre de collecteurs secondaires en béton armé qui drainent les eaux usées produites à l’intérieur de la zone.
Des regards de visite du réseau ont été aménagés aux points de raccordement des différents émissaires. Ils sont constitués d’éléments préfabriqués de section 1m x1m reposant sur un radier en béton armé et fermé par une plaque de fonte ronde.
Réutilisation des sous-produits du lagunage
La station de Saly Portudal est suivie par les agents de l’ONAS de Rufisque. Un seul exploitant assure l’entretien du réseau et de la STEP. Selon les exploitants, l’analyse des caractéristiques des eaux usées et des effluents est effectuée une fois par an.
Les eaux épurées sont rejetées dans un marigot où elles sont réutilisées par des maraîchers d’une part. D’autre part environ 250 m3 d’eaux épurées sont réutilisées par jour pour l’arrosage de gazon d’un club de golf.
LES EXTERNALITES NEGATIVES
L’aménagement du territoire au niveau de la petite côte a entrainé des mutations spatiales et évolutions des micro-économies locales, en plus des crises sociétales et processus d’adaptation s’imposent.
L’espace est considéré comme la matière première du tourisme, il est le premier support des infrastructures et de l’activité touristiques. Sur la Petite Côte, le tourisme ne constitue pas un secteur économique traditionnel C’est la pèche et l’agriculture qui occupaient jadis l’espace. Le tourisme est venu en compétition avec ces activités pour trouver un espace d’expression. De cette situation en découle plusieurs conséquences dont :
La consommation de l’espace agricole
A la question: « Avez-vous gagné ou perdu avec l’installation des réceptifs hôteliers? », la quasi-totalité des chefs de famille à Saly a évoqué les terres de cultures données à la SAPCO par l’Etat. La construction de la station balnéaire de Saly a nécessité la mise à la disposition de la SAPCO « d’une zone de protection » de 6.00 hectares, ravissant ainsi auxpopulations l’essentiel de leur espace rural agricole.
Selon un sage du village âgé d’une quatre vingtaine interrogé lors de nos enquêtes, « De 1977 à 1981, durant la première tranche des travaux de la station, les populations de Saly Koulang et de Saly Tapé n’ont rien pu cultiver. Ce n’est qu’en 1981, après des négociations, que les responsables de la S.A.P.C.O vont leur permettre de cultiver temporairement des terrains tenus en réserve pour la réalisation de Saly-Nord. Des centaines de personnes ont dû vivre pendant cinq ans grâce aux seuls revenus de la pêche.
Et les villageois ont perdu, durant la réalisation de la station, les bénéfices tirés du tourisme local de week-end, dans la mesure où les bungalows ont été détruits. Les villageois de ces quartiers de Saly ont réellement vécu ce changement de cadre de vie, cette perte d’une partie de leurs activités significatives de vie est selon pour certain une violence symbolique. Leur monde s’est transformé en un immense chantier pendant cinq ans. Les villageois ont même dû résister pour préserver un symbole fort de leur culture et de leur identité de paysans : un « Baobab sacré » autour duquel une procession est organisée.