Les arnaqueurs :des m enteurs professionnels

TERRA INTERNET DE CHASSE

Définitions

7\ M andat Cash : moyen de paiement qui permet de transférer de lespèce à partir d’un bureau de poste. Les arnaqueurs peuvent quelque fois dem ander à leurs victim es de leur envoyer de l’argent via ce mode de paiement.
7\ Proxy : programme qui fait office d’intermédiaire entre deux réseaux informatiques. Dans le cas d’arnaques, les escrocs l’utilisent pour ne pas être identifiés ; le « proxy » leur permet de modifier leurs adresses IP. Il ne sera alors plus possible de remonter jusqu’à eux.
7\ Pseudonym at : le fait d’utiliser un pseudo sur Internet. L’internaute masque sa véritable identité afin de ne pas être reconnu, en se créant une identité virtuelle. Cette notion ne doit pas être confondue avec l’anonymat. Sur Internet, malgré l’utilisation d’un pseudo, il peut être facile de retrouver une personne.
Internet est devenu le paradis des arnaqueurs. Leur terrain de chasse : le monde entier. Ici et là, ils sont rusés, sans scrupule, et connaissent mille et une m éthodes pour vous prendre dans leurs filets. Bien sûr, ils ont une très bonne connaissance des rouages de l’Internet, mais vous pouvez aussi leur faciliter la tâche en dévoilant certains aspects de votre vie, alors prenez garde !
Solange B. se croit à l ’abri derrière son écran d ’ordina­ teur. Internet, elle connaît. Un jour, sa fille lui parle d ’un site de ventes entre particuliers. Un site remarquable selon ses propres mots, qui permet parfois de trouver des objets dernier cri pour des sommes avantageuses. Dubitative, Solange va faire un tour sur ce site. Effectivement, elle y trouve des téléphones, des ordinateurs et de nombreux autres biens à des tarifs plus qu’allé­ chants. Elle y lit notam m ent une annonce émanant d ’un vendeur du département voisin proposant un GPS quasiment neuf pour seule­ ment 100 euros. Elle s’étonne d ’un coût si peu élevé mais refuse de passer à côté d ’une si bonne affaire. Contact pris avec le vendeur, elle apprend son départ imminent pour Londres et son désir de se débarrasser dudit GPS, qui ne lui sera plus d ’aucune utilité. Solange se réjouit : elle, qui résis­ tait à la tentation depuis plusieurs mois, décou­ ragée par le prix, venait enfin de trouver son bonheur ! Par commodité, le vendeur lui propose de régler par Mandat Cash Urgent. Un moyen de paiement très pratique, via La Poste. Elle garde­ rait avec elle le numéro du mandat et ne le trans­ m ettrait au vendeur par e-mai! que le jou r de ré c e p tio n d u colis. C ar sans n u m é ro de m an da t, im p o s s ib le de re tire r l ’argen t… en p rin c ip e . La c lie n te s ’em p resse d o n c de re m p lir ce m a n d a t e t a tte n d l ’a rrivé e d u GPS. Les jo u rs p a s s e n t sans qu e son fa c te u r ne lu i p o rte un q u e lc o n q u e colis.
A p rè s cin q jo urs, la clie n te s ’étonne . Elle c o n ta c te so n vendeur. Pas d ’in q u ié tu d e , lu i ré p o n d – il. Il h a b ite une p e tite co m m u n e isolée e t // arrive que les colis m e tte n t un p e u p lu s de te m p s à arriver. Il lu i assure q u ’elle le recevra dans la sem aine à venir. Elle attend . Toujours pas de colis les jo u rs suivants. S u rto u t q u ’elle rem arque, en re ce va n t son relevé de com pte, que les 100 euros o n t été prélevés…
S urprise p o u r la m è re de fam ille, q u i te n te alors de jo in d re son ve n d e u r p o u r lu i d e m a n d e r des explications . Im p o ssible de le jo in d re . Ses e -m ails ne re ç o iv e n t aucune réponse, ses coups de fil s o n t to u jo u rs renvoyés vers une b o îte vocale. En déses­ p o ir de cause, elle se re n d à La Poste : c o m m e n t le ve n d e u r a – t- il p u re tire r l ’a rg e n t sans le n u m é ro du m a n d a t ? M ystère. Ce q u i e st sûr, c ’est q u ’il n ’a pas été re tiré dans le village voisin de Troyes, co m m e annoncé, m ais à Rennes. En q u elqu es sem aines, S olange B. a p e rd u 100 euros, to u te s ses illusions e t la co n fia n ce q u ’elle p la ç a it en le Net. Elle ve illa it à ce que ses en fan ts ne se fassent pas p ié g e r e t a n é g lig é de s u rve ille r sa p ro p re sécurité .
Ce type d’histoire est monnaie courante. Depuis la démocrati­ sation d’Internet, les arnaques tendent à se multiplier et à se diversifier. Si le Net est devenu un puissant moyen de commu-nication, son universalité le rend dangereux. Et pas seulement pour les enfants. En quoi le Net est-il un terrain privilégié pour ces arnaques ?

Internet :le lieu où tout est po ssible?

L’inform aticien et expert judiciaire connu sous le pseudo « Zythom » met ses compétences au service de la justice, pour traquer les criminels sur le Net. Il nous résume parfaitem ent la situation : « Internet est un systèm e d’interconnexion de réseaux et de machines. C’est le plus grand réseau informatique mondial. En tant que tel, il ne constitue pas une menace, pas plus que le réseau téléphonique ne constitue une menace pour l’être humain. La menace pour l’utilisateur lambda existe mais elle ne vient pas d’Internet, elle provient de la nature humaine : sur un grand nombre d’utilisateurs, vous trouverez toujours quelques personnes dangereuses qui vont profiter de la naïveté des plus faibles, ou d’une maîtrise technique supérieure pour abuser les novices. » Au sein de l’AVEN France, la présidente, Christine Goubert, a vu défiler nombre de victimes qui pensaient toutes faire l’affaire du siècle en achetant un objet de valeur à petit prix. Or sur Internet, comme dans une transaction avec votre voisin, chacune des deux parties veut être gagnante. Le vendeur souhaite retirer quelques bénéfices de sa vente ; quant à l’acheteur, il veut acquérir un article qu’il désire à un prix raisonnable. Et il est humainement impensable que quelqu’un se sépare d’un bien pour un prix bien inférieur à sa valeur initiale. Pourtant, ces principes de base du commerce, connus et acceptés de tous, semblent perdre toute valeur sur Internet.
Pour Cyrille Le Jam tel, psychologue, c’est toute la force de ce média : « Sur le Net, tout est dématérialisé. Il y a une sorte de mise à distance de la réalité. On évolue dans une sphère diffé­ rente et les codes semblent donc, eux aussi, différents ». C’est pourtant totalement faux. Si un automobiliste s’arrête soudain à côté de vous et vous propose d’acheter son véhicule pour la moitié de sa valeur, vous allez vous méfier. Pourtant, la même situation sur Internet vous fait croire à une bonne affaire. Face à un produit que l’on ne voit pas et dont on n’a pas forcément conscience de la valeur, Internet peut vite devenir votre pire ennemi. Sans le réflexe de comparaison avec d’autres sites ou avec les prix habituels du marché, l’internaute peut foncer tête baissée dans un piège sans se rendre compte du caractère frauduleux de l’annonce à laquelle il vient de répondre. « Dans notre société, analyse Cyrille Le Jam tel, les gens connaissent de moins en moins la frustration. On a tendance à tout vouloir, même ce dont on n’a pas besoin. Sauf que parfois, ce que l’on désire est inaccessible de par son prix. Et soudain, grâce à Internet, l’objet de notre désir est à portée de m ain. C’est tellem ent ten tan t qu’on en perd notre recul. C’est une v é rita b le co m p u lsio n , on laisse la réalité de côté pour céder au caprice. On finit par avoir tellement envie de tel ou tel objet que toutes les alertes qui nous amèneraient à avoir conscience du danger son t m ises à l’écart. En perdant notre capacité à juger objecti­ vement les choses, nous nous fragilisons nous-mêmes ».

CONSEIL

Comparer les prix via un site spécialisé ou tout simplement en le mettant en parallèle avec dautres offres de particuliers vous donnera une vue d ensemble et vous permettra déjà d ’être plus méfiant à legard de certaines offres même, tout comme vous ne confieriez pas une grosse somme d’argent liquide à un inconnu croisé dans la rue qui vous promet un bien que vous n’avez jam ais vu, pourquoi accepteriez-vous cette situation lorsqu’elle a lieu sur le Net ?
Entre également en compte le désir que vous avez d’acquérir cet objet particulier. La démarche de chercher ce que vous souhaitez sur Internet est généralement précédée d’une phase de recherche réelle, hors de la sphère virtuelle. Le coût, ou la difficulté d’obtention de l’article souhaité, vous pousse donc à vous tourner vers Internet pour bénéficier de l’offre d’un parti­ culier, souvent plus intéressante que celle de gros distributeurs. Aveuglés par ce désir compulsif de possession, les acheteurs auront tendance à ne pas remarquer de petites incohérences dans le scénario ou à ne pas s’intéresser aux dangers des transac­ tions par Mandat Cash ou par Western Union. Il est pourtant assez simple de repérer une arnaque, dès lors que l’on a dépassé l’envie de posséder à tout prix l’article convoité. Le premier réflexe à avoir, c’est tout simplement de comparer les prix. Quel que soit l’objet que vous souhaitez acquérir, un tarif particuliè­ rement bas par rapport à sa valeur d’origine est souvent le signe d’une escroquerie. Mais il n’est pas toujours facile de connaître exactement le prix d’un GPS ou d’un ordinateur portable.