LES ANNÉES 1960 ET LE DÉBUT DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE

LES ANNÉES 1960 ET LE DÉBUT DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE

Le Québec et l’entrée dans la seconde moitié du XXe siècle

Vers une littérature nationale Le Québec de la première moitié du XXe siècle est marqué par un fort conservatisme entretenu par un pouvoir religieux omniprésent dans la plupart des domaines de la société et un État solidaire des institutions religieuses. Le « régime » du Premier Ministre Maurice Duplessis que l’on a appelé rétrospectivement « la grande noirceur » vise à maintenir le Québec dans une relative autarcie, limitant autant que possible la participation à l’ordre nouveau du monde. La révolte des patriotes de 1836-1837 constitue la première manifestation d’inspiration nationaliste et indépendantiste. Bien que cette tentative ait été étouffée dans le sang, il n’en reste pas moins que l’idée d’une nation canadienne-française est depuis cet événement présente dans nombre d’esprits, notamment chez certains intellectuels et écrivains de la fin du XIXe siècle.

L’entrée du Québec dans le XXe siècle se caractérise donc par une double attitude à la fois de repli identitaire (encouragé par les autorités religieuses qui y voient un moyen de se protéger de l’influence de la culture anglophone et de la France jugée trop progressiste et athée) et de revendication nationale (par l’émergence des premiers mouvements littéraires favorables à l’expression d’une spécificité proprement canadiennefrançaise de la culture). C’est avant tout la crainte de l’assimilation qui va pousser les autorités ecclésiastiques à prendre en charge un certain nombre des responsabilités pouvant relever ailleurs de l’État, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé. Cherchant ainsi à maintenir cette politique d’autarcie, elles conduisent à ce repli typique du Québec de la première partie du XXe siècle.

Le régionalisme

Malgré la forte influence conservatrice de l’Église catholique, le pays voit l’émergence de courants littéraires significatifs, de sensibilités littéraires et artistiques nouvelles qui préfigurent la modernité québécoise. Le mouvement régionaliste, issu de l’École littéraire de Montréal, est en effet l’une des premières expressions d’une affirmation identitaire et culturelle nouvelle dans le domaine de la littérature. Si beaucoup d’historiens ont accordé peu d’importance à ce mouvement, sans doute par peur de voir excessivement mise en valeur une certaine conception traditionaliste de la littérature, il n’en reste pas moins que ce mouvement a eu une importance notoire dans le développement de la littérature du Québec. Il représente en effet une réelle tendance littéraire nationale et manifeste l’une des premières expressions de la singularité canadienne de la littérature, consacrant la première affirmation nationale sur le plan de la culture. La réticence des historiens à accorder au mouvement régionaliste toute son importance repose sur la dimension idéologique de ce mouvement qui a souvent été perçue comme supérieure à la dimension littéraire. Les anthologies littéraires de la première moitié du XXe siècle témoignent de cet oubli ou du moins de la difficulté à accorder un crédit littéraire aux œuvres issues du mouvement.

La Révolution tranquille

Sur le plan historique : définition et délimitation On a coutume de désigner par l’expression « Révolution tranquille », le tournant politique et la période de grandes réformes qui ont transformé le Québec entre 1959 et 1970. Les historiens s’accordent à faire débuter cette période à la mort du très conservateur Maurice Duplessis (Premier Ministre « Union Nationale ») du Québec depuis 1936. Au lendemain de sa mort le 7 septembre 1959, le candidat libéral aux élections provinciales et successeur de Duplessis, Paul Sauvé, aura ce mot célèbre qui annonce toute la période de grand changement : « Désormais, tout est possible ».

Durant toute la décennie 1960, la Province, à l’instar des autres gouvernements locaux canadiens, se voit attribuer des responsabilités élargies et devient brusquement un acteur décisionnaire de la vie québécoise. Cette période se caractérise donc par la nationalisation des ressources minières et hydroélectriques et par la laïcisation des institutions et services publics, tout particulièrement dans les secteurs de l’éducation et de la santé, ainsi que par une revendication identitaire forte qui vise à reconsidérer la place des francophones dans la société canadienne. Malgré la formidable entreprise de réformes et de modernisation qu’elle a entraînée, cette « révolution » n’a pas transformé le statut institutionnel du Québec et n’est pas parvenue à sceller son indépendance en tant qu’État et nation

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