Les adverbiaux anaphoriques d’espace

Les adverbiaux anaphoriques d’espace

Les adverbiaux de localisation spatiale dans l’anaphore associative

La reprise par un N lieu ou par un NLI, au sein de l’anaphore associative, est assurée par l’article défini confirmant par là même ce qu’a montré Kleiber : le fait que le deuxième référent puisse apparaitre sous la forme d’un SN défini montre qu’il est « présenté comme aliéné par rapport au référent de l’antécédent »1 . Cette propriété d’aliénation permet aux NLieu ainsi qu’aux NLI de constituer une expression anaphorique par rapport à leur antécédent N d’.

Les séquences suivantes présentent des adverbiaux dont le noyau est un Nlieu, respectivement, premier étage, toit et trottoir. Leurs antécédents correspondants figurent dans le cotexte gauche, ce qui nous permet de déduire qu’ils renvoient à des parties constituant le tout englobant, à savoir, respectivement, pension, maison et chez Patachon. Par conséquent, les antécédents sont les holonymes, les anaphorisants (adverbiaux d’espace) en sont les méronymes. Soient les séquences suivantes : (195) On arrive devant la pension Bertrand dans une rue minuscule. La pension est bien barricadée. Pas moyen d’entrer. Hurlements. Nous regardons une fenêtre au premier étage : un rideau s’écarte. Une tête paraît : chignon, nez pointu. Ce doit être la directrice. Les hurlements atteignent le paroxysme. La tête disparaît. Le rideau DUPUY Aline, Journal d’une lycéenne sous l’Occupation : Toulouse, 1943-1945, 2013, p. 170. 

Possessivation et pronominalisation par en L’anaphorisation s’opère comme si le SN introduit par la préposition avait le statut d’un complément de nom. Elle implique l’effacement du complément à l’intérieur du Syntagme prépositionnel locatif (SPL). D’après notre corpus, nous avons déduit que la possessivation et la pronominalisation par en s’applique sur un champ large de substantifs occupant la place de l’expression anaphorique, qui sont des N lieu : N , de , d’, etc. 232 Au premier étage de la pension / à son premier étage. Sur le toit de la maison / sur son toit Sur le trottoir du bureau / sur son trottoir Dans le salon de l’appartement / dans son salon La pronominalisation avec en n’est ,en revanche, pas acceptable *Le premier étage en était luxueux. *Le toit en est en tuiles. *Le salon en était luxueux.

Lorsque l’adverbial anaphorisant inclut un N d’espace qui désigne une zone plus ou moins bien circonscrite, ce qui est le cas avec les adverbiaux contenant un NLI, la possessivation semble maladroite. Au bord de la rivière / *à son bord A l’intérieur du jardin / *à son intérieur A l’angle l’écran / * à son angle Au fond du tiroir / * à son fond Dans le haut du bâtiment / *à son haut La pronominalisation des NLI peut s’effectuer sous la forme d’un possessif notamment dans les constructions de relation partitive exprimées par avec, le N méronyme comporte alors très souvent un modifieur. Exemples : (201) La maison avec son intérieur rouge. (202) Mais le Zuyderzee est une mer morte, ou presque. Avec ses bords plats, perdus dans la brume, on ne sait où elle commence, où elle finit. CAMUS Albert, La Chute, 1956, p. 1523. La reprise du N d’espace par un méronyme appartenant à la classe des NLI qui soit actualisé par un possessif semble problématique. Borillo a précisé d’ailleurs qu’ « une recherche approfondie dans la base Frantext n’a fourni que très peu d’exemples et uniquement avec quelques NLI (intérieur, pourtour, rebord, sommet) » où le N méronyme comporte un modifieur.

Effacement du complément du syntagme N lieu de N espace dans le cadre de l’anaphore associative

L’analyse des syntagmes anaphoriques de forme SPL nous permet de déduire que l’effacement du complément référant à l’espace englobant est une condition nécessaire pour l’anaphorisation, afin d’éviter la redondance. Pour la récupération de ces éléments élidés, il suffit de revenir au cotexte antérieur. Les exemples suivants présentent des éléments restitués qui n’apparaissent pas dans la structure de surface de l’anaphore, mais qui figurent dans sa structure profonde. (195’) On arrive devant la pension Bertrand dans une rue minuscule. La pension est bien barricadée. Pas moyen d’entrer. Hurlements.

Nous regardons une fenêtre au premier étage [de la pension [0]]: un rideau s’écarte. Une tête paraît : chignon, nez pointu. Ce doit être la directrice. Les hurlements atteignent le paroxysme. La tête disparaît. Le rideau. (196’) Il entre dans sa grande maison carrée au bord de l’eau. C’est lui qui l’a dessinée, il y a longtemps. Un cube, rationnel. Sur le toit [de la maison [0] le dôme de son observatoire astronomique. Chacun des trois étages est ceint d’une galerie couverte sous colonnes. (197’) À 9 h, avec Josette, on va chez Patachon. J’attends Josette sur le trottoir [de chez Patachon [0]] en face du bureau et je l’accueille à coups de boules de neige. Patachon tape au carreau. Fuite précipitée.

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