Les activités marines vecteurs économiques et sociaux forts

Les activités marines vecteurs économiques et sociaux forts

On l’a vu précédemment, le monde littoral et marin est caractérisé par une importante concentration d’activités anthropiques. Ces dernières constituent de sérieuses menaces pour l’équilibre écologique. Mais ces activités sont vitales pour la vie des collectivités qui bordent la mer. C’est pourquoi les gestionnaires des aires marines protégées s’attellent à trouver un compromis raisonnable entre l’impérieuse nécessité de préserver l’environnement et la non moins impérieuse nécessité de permettre un développement économique. Cette conciliation est indispensable à deux titres. D’abord, le littoral est un espace qui est fragile en matière socio-économique (section 1). Ensuite, les activités anthropiques qui se déroulent dans les aires marines nationales sont des vecteurs considérables de richesses et permettent la subsistance de milliers de personnes (section 2).

La fragilité du littoral

Le littoral est un espace qui est handicapé par une certaine fragilité socio-économique.
Cette fragilité se traduit par un taux de chômage important, une économie peu diversifiée et une pauvreté conséquente.
Le littoral souffre d’un taux de chômage plus élevé que la moyenne nationale. En 2009, par exemple, le taux de chômage moyen en France était de 11,7% contre 17,1% pour le littoral242. Cette différence s’explique en partie par un très fort chômage qui touche les territoires d’Outre mer. Le taux de chômage du littoral métropolitain est malgré tout élevé : près de 15% en 2009243. De légères disparités existent entre les côtes. Par exemple, entre trois des façades maritimes de la France métropolitaine (NordAtlantique-Ouest de la Manche, Méditerranée et Est de la Manche et Mer du Nord) des différences sont présentes. La zone Est de la Manche et Mer du Nord présentait un taux de chômage qui frôlait les 16% en 2009244. A la même année, la zone Nord-AtlantiqueOuest de la Manche affichait un taux de chômage de près de 11%245. La zone méditerranéenne avait un taux de chômage de près de 14%246. Outre ces disparités, le littoral doit gérer un taux de chômage nettement plus élevé que la moyenne nationale.
Une autre statistique liée au chômage donne une idée plus précise du niveau de précarité de certaines franges de la société vivant dans le littoral. Cette statistique concerne la proportion des enfants qui ont leurs deux parents au chômage. Les littoraux de la Méditerranée, de l’est de la Manche et de la Mer du Nord sont face à un problème majeur. Concernant le pourtour méditerranéen, 16,1% des enfants sont sous la responsabilité de parents qui n’ont pas d’emploi247. Le littoral de la Mer du Nord et de l’est de la Manche affiche un bilan à peu près aussi préoccupant : 15,7%248. Ces chiffres tranchent nettement avec celui de la France métropolitaine : 9,3%249.
La fragilité du littoral n’est pas seulement liée au fort taux de chômage. L’économie des zones côtières n’est pas assez hétérogène.
L’économie du littoral souffre d’un trop important enfermement local. L’économie n’est pas assez ouverte sur l’extérieur. C’est une économie qui est en grande partie présentielle, c’est-à-dire une économie qui existe seulement pour satisfaire les besoins des personnes présentes dans un espace donné. Autrement dit, il s’agit d’un système tourné vers la demande locale. Selon l’Observatoire national de la mer et du littoral, la part des emplois présentiels dans l’emploi total du littoral est clairement plus importante que celle relative à l’ensemble du territoire français. Ainsi, en 2010, environ 76% des emplois dans le littoral étaient liés à l’économie présentielle, contre près de 67% pour l’ensemble du territoire français.
Outre l’absence de diversité économique, les habitants, pour un certain nombre, ne bénéficient pas de conditions financières idéales. Cela peut se constater à l’aune de la part des foyers qui sont imposés. Le pourtour méditerranéen et la zone comprenant l’est de la Manche et la Mer du Nord doivent faire face à ce problème. C’est un vrai problème : cela traduit une certaine pauvreté ou du moins des revenus faibles. Ainsi, dans la zone méditerranéenne, 48,6% des foyers n’étaient pas imposables en 2009251. Le problème est encore plus important dans l’espace de l’est de la Manche et de la Mer du Nord : 51,9%252. La moyenne nationale est nettement moindre : environ 46%.
La fragilité économique du littoral n’est pas la seule raison qui doit motiver la mise en œuvre d’une politique environnementale conciliante. Les activités nuisibles pour les écosystèmes des aires marines protégées constituent des véritables moteurs économiques pour les collectivités du littoral.
Le tourisme, la pêche et le transport maritime font partie des activités primordiales qui se déroulent dans les aires marines protégées.

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Le poids considérable des activités économiques maritimes

Le tourisme est un secteur majeur pour l’économie du littoral. Le tourisme représente environ la moitié de la valeur ajoutée de l’ensemble de l’économie maritime. Cette proportion suffit à mesurer la place exceptionnelle qu’occupe le tourisme dans la vie économique du littoral. D’autres chiffres mettent en exergue cette place. Par exemple, en 2005, le tourisme a permis la création de 197 500 emplois sur la bande littorale soit 8,5% de l’ensemble des nouveaux emplois dans cette zone254. Cette puissance créatrice d’emplois se manifeste surtout dans les secteurs de la restauration et de l’hôtellerie (25 et 21% des emplois créés par le tourisme)255. Mais la force du tourisme réside aussi dans sa capacité à faire bénéficier de son aura positive une multitude d’acteurs économiques. En effet, une pléthore de secteurs profite de l’afflux des touristes. Ainsi, par exemple, le tourisme est à l’origine de nouvelles embauches dans le domaine du commerce (6,5% pour les commerce de détail hors alimentaire et 6,3% pour les hypermarchés et supermarchés).
Si le tourisme est le vecteur économique le plus fort, il n’en reste pas moins que d’autres secteurs exercent une influence non négligeable sur la prospérité des collectivités du littoral.
L’exploitation des ressources halieutiques joue un rôle certain dans la bonne marche de la vie économique du littoral. Selon des données transmises par l’observatoire national de la mer et du littoral, en 2014, l’exploitation halieutique (pêches en mer et aquaculture) a représenté 11 800 emplois257. Le transport maritime constitue aussi un vivier important d’emplois. L’activité de transport maritime dans sa globalité (transport de marchandises, de passagers, manutention portuaire, autres activités maritimes et de transport) représente près de 50 000 employés en 2014, dans l’espace littoral.
Ainsi il apparaît clairement que le littoral, de par sa fragilité, a grandement besoin de la vitalité économique apportée par les activités maritimes telles que le tourisme, le transport ou encore la pêche. Comme d’autres activités. Ces activités doivent pouvoir s’inscrire dans la durée pour le bien-être économique des collectivités du littoral. C’est pourquoi les gestionnaires des aires marines protégées se montrent conciliants et pragmatiques dans la mise en œuvre de la politique environnementale, notamment en mettant en place des restrictions spatiales.

Conclusion

Les aires marines protégées françaises sont à l’image de la nature qu’elles protègent : diverses. Cette diversité est claire lors des phases de création et de gestion des espaces marins préservés. Cependant cette diversité présente plusieurs facettes différentes. Dans le cadre du processus de création des aires marines protégées, la diversité se manifeste surtout entre les aires marines protégées. Les parcs nationaux, les parcs naturels marins, les réserves naturelles, les espaces du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres, les arrêtés de biotope et les sites Natura 2000 recouvrent des réalités multiples . Si les modalités de création ne sont pas complètement distinctes, il n’en reste pas moins qu’elles sont indéniablement différentes. Par ailleurs, cette diversité des aires marines françaises doit se comprendre autrement. Le système français est divers, c’est à dire riche, de par son originalité. Le processus de création des espaces marins préservés français est divers, dans le sens d’original, par rapport aux mécanismes étrangers. Les autres Etats dans le monde ne procèdent pas de la même façon en matière de création et de mise en place des zones marines. Les cas canadiens et algériens, notamment, constituent des exemples éloquents.
Outre le processus de création, la diversité doit être mise en lumière dans le cadre des procédés de gestion des aires marines protégées françaises. Lors de la phase de gestion, la diversité occupe une nouvelle place. Ce n’est plus la diversité entre mais dans les aires marines protégées. Cette diversité, cette pluralité, se manifeste au niveau des gestionnaires des zones préservées. Les enceintes décisionnelles ont pour membres une foule d’individus venant d’horizons différents. Ils sont scientifiques, politiques, citoyens intéressés et acteurs économiques. Mais cette pluralité s’incarne aussi dans les divers moyens de gestion dont disposent les instances dirigeantes. Ces moyens de gestion sont multiples et divers. Cette pluralité est nécessaire à plus d’un titre. Elle est indispensable au vu de la multitude des menaces qui pèsent sur l’environnement. Mais elle revêt aussi un caractère essentiel au regard de la fragilité du littoral et de sa dépendance économique envers les activités qui gravitent autour de lui.

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