Plusieurs auteurs ont écrit sur la pédagogie par la nature. Cependant, j’ai décidé de me référer aux écrits de Sarah Wauquiez ainsi que les supports de cours de Mme. Catherine Rosell. Avant d’aborder les lignes directrices de la pédagogie par la nature, j’aimerai définir quelques termes tels que l’environnement et le besoin de l’enfant lié à cette thématique. L’environnement est ce qui nous entoure et ce qui a été créé plus ou moins par l’homme, par exemple le jardin. En revanche la nature est tout ce qui n’a pas été créé par l’homme et qui existe sans son intervention. Un exemple de cela serait la forêt (Rosell, communication personnelle, 2015). La sensibilisation de l’enfant à la nature répondrait à son besoin de découverte et de connaissance. C’est là que l’adulte entre en action. Il devrait soutenir cette envie et la développer.
Si l’enfant est spontanément intéressé par le monde, par ce qui l’entoure, c’est que cela a un rapport avec lui-même. L’enfant est le centre du monde et utilise l’extérieur pour pouvoir jouer, rêver et se construire. Cette attitude est normale chez l’enfant mais souvent l’être humain garde cette envie de dominer le monde. La question se pose comment aider l’enfant à considérer la nature comme quelque chose qu’il faut rencontrer et non consommer ? Ou encore, ce qui va permettre à l’enfant de se sentir concerné et responsable de ce qui l’entoure (Vassali, communication personnelle, 2015). C’est là que la pédagogie de la nature peut prendre tout son sens. Elle peut apporter une des réponses à ces besoins que l’enfant a.
C’est dans le courant du vingtième siècle que l’humanité prend conscience de l’importance de la nature lorsque plusieurs catastrophes écologiques surviennent. Ce sont dans les années 1960 et 1970 qu’est née l’éducation à l’environnement. Elle se concentrait tout d’abord sur les savoirs, la compréhension et la gestion et protection de l’homme sur la terre. On étudiait la nature comme une science naturelle à laquelle on s’intéressait. On a alors acquis beaucoup de connaissance (Wauquiez, 2008, p.34-35).
Dans les années 1990, on a essayé différentes pédagogies qui favorisent le lien de l’homme et la nature. Elles véhiculaient les idées telles que « on ne protège que ce que l’on aime, et on n’aime que ce que l’on connaît ». Ces approches ont pour but d’intégrer l’homme directement avec l’environnement. C’est au travers de ces expériences sensorielles que les connaissances sont intégrées et non apprises. Cette éducation à l’environnement s’est alors transformée en une pédagogie qui transmet courage et confiance et qui incite à la responsabilité de transformer le monde (Wauquiez, 2008, p.36).
« La pédagogie par la nature est une méthode qui vise à établir une relation émotionnelle avec la nature ». Cette pédagogie se concentre sur la relation de l’homme avec la nature. L’adulte la découvre à travers les sens, en jouant, méditant, en appréciant sa beauté et sa diversité. Le but pour les enfants est d’établir cette relation avec la nature basée sur le plaisir et le respect. Au contraire de l’éducation classique à l’environnement qui est souvent trop compliquée pour des enfants plus petits, la pédagogie par la nature est plus adaptée. Pour éviter que l’environnement ne soit un monde à part, il faut inclure des composants du quotidien de l’enfant. Par exemple, en prenant des thèmes tels que la crèche, les transports, l’alimentation… (Wauquiez, 2004, p.38)
Cette relation avec la nature est le point central de cette pédagogie. Généralement, la nature est reléguée au dernier plan comme simple ressource, par exemple : on construit de plus en plus de bâtiments, détruisant ainsi les espaces verdoyants. «Puisque les êtres humains sont des êtres sociaux, ils ont toujours recherché la sécurité de la présence d’autrui. C’est ainsi que sont nés les villages, les villes et les métropoles » (Schepers & Liempd, communication personnelle, 2010). La relation que l’on a avec la nature est primordiale. « Pour Sichler, retourner à la nature signifie rien moins que retrouver sa véritable nature humaine. » C’est pour cela que le contact avec la nature doit faire partie du quotidien.
La question se pose maintenant, comment l’adulte peut aider l’enfant à créer cette relation ? Le premier point important est que l’adulte doit offrir un cadre rassurant et constant aux enfants. Cela leur permettra de se sentir en sécurité afin qu’ils puissent « explorer librement ». Pour l’adulte, c’est le défi de trouver l’équilibre entre liberté et éducation.
Le rôle de l’adulte serait également d’observer et de donner des impulsions qui suivraient leurs activités. L’enfant plus petit, apprend beaucoup en imitant. C’est pour cela que l’adulte devra connaître comment la nature fonctionne, comment il faut agir, afin de le transmettre aux enfants. Les enfants observeront la manière dont l’adulte agit sur son environnement. Il va influencer l’enfant. L’adulte doit faire attention à son nonverbal et contrôler ses peurs afin de ne pas les transmettre. A cet âge, le contact et la communication du corps sont essentiels. Ainsi, l’adulte doit être attentif à ne pas trop parler et donner d’explication verbalement (Wauquiez, 2004, p.70).
La pédagogie va plus loin en rappelant que le rôle de l’adulte est celui d’être un pédagogue par la nature. Son but est donc d’éveiller l’amour de l’enfant pour tout ce qui est vivant. Ainsi, comme je l’ai mentionné ci-dessus, l’adulte doit faire un travail sur soi. Il doit lui-même aller à la rencontre de la nature. En se laissant « toucher » par elle et en se questionnant sur ce qu’il aimerait transmettre aux enfants. Car oui, le simple fait d’être dans la nature ne développe pas l’amour des enfants pour celle-ci. Afin que les sorties soient efficaces, il faudrait des séjours réguliers au même endroit (Wauquiez, 2008, p.70- 73).
Il y aurait cinq principes qui aideraient à susciter l’enthousiasme pour la nature chez l’enfant, selon Joseph Cornell (2008, p.74):
• Le premier est d’enseigner moins et partagez davantage ses émotions avec eux. Par exemple, en montrant notre respect ou en admirant la beauté d’un vieux saule pleureur.
• Le deuxième est d’être réceptif à ce qui surgit. Par exemple, en se laissant guider par les envies de l’enfant.
• Le troisième est d’instaurer un climat de concentration, c’est-à-dire, éveiller la curiosité des enfants en leur posant des questions.
• Le quatrième principe est de regarder, expérimenter et ensuite parler. Il faut les laisser faire l’expérience de toucher l’écorce d’un arbre, observer le déplacement des fourmis sans trop leur donner d’explications. A la fin, l’adulte pourra poser des questions sur leur ressenti et ainsi réserver un moment d’échange.
• Le dernier principe est celui que toute cette expérience doit se dérouler dans la joie. Ce principe, vaut pour les enfants mais également pour les accompagnants. L’enthousiasme est l’une des clefs du succès (Wauquiez, p. 74-75).
La rencontre avec la nature est un processus. Il existe différents niveaux de rencontre avec la nature selon Joseph Cornell. Voici les différents niveaux :
• Le premier niveau est celui d’enthousiasmer les enfants de façon familière. L’enfant a tout d’abord besoin de se familiariser avec ce nouveau milieu. L’EDE peut faire cela de manière ludique en proposant des jeux en lien avec la nature. Par exemple : « Pendant la nuit, les animaux ont traversé la forêt. Qui découvrira encore quelques traces ? »
• Le deuxième niveau est celui de découvrir et explorer la nature. Si les enfants commencent à s’habituer dans la nature. Ils partiront à la conquête de leur nouveau milieu par eux-mêmes. C’est le début des questions telles que « que mange le renard ? » et « que font les animaux en hiver ? » Le plus important est de faire connaissance avec la nature dans la joie et la bonne humeur. Exemple d’activité : construire l’habitat d’un animal.
• Le troisième niveau est l’expérience sensoriel approfondie. Dans ce niveau l’enfant va expérimenter avec ses sens. Une méthode à essayer est de se concentrer sur un sens. Tout cela devra être réalisé avec créativité. Une activité possible en lien avec ce niveau serait « la chenille aveugle ». Les enfants se tiennent en file indienne, les yeux fermés. Les uns derrière les autres excepté le premier qui fera les yeux de la «chenille ». Celui-ci décidera du parcours en marchant sur différentes matières pieds nus (mousse, feuilles mortes, terre…)
• Le quatrième niveau est d’avoir des expériences intenses avec la nature. Dans ce dernier niveau, l’enfant ne fait qu’un avec la nature. Cette rencontre est atteinte lorsque l’enfant va plusieurs fois au même endroit avec le même groupe d’enfants. Il se familiarise ainsi et est prêt à expérimenter le jeu libre. L’expérience se fait essentiellement à travers le jeu libre. Il existe une autre possibilité celle de raconter des histoires naturelles. Par exemple « les arbres dans le vent ». « Etendez-vous sur le dos et observez les couronnes des arbres. Voyez comment leurs silhouettes se transforment en permanence. « Que chuchote le vent dans les arbres ? » (Wauquiez, 2008, p.84-94).
1. INTRODUCTION |