Les actions ambitieuses sur le thème de l’adaptation

Action n°64 : Réaliser un schéma directeur des eaux pluviales métropolitain

La Métropole a approuvé la réalisation de son schéma directeur des eaux pluviales par la délibération le 14 décembre 2017. L’élaboration du schéma est en cours : « Après les phases recueil de données et diagnostic, un appel d’offre pour la réalisation du schéma directeur est prévu mi 2020 pour un rendu attendu en fin 2022. Le schéma directeur des eaux pluviales prendra en compte les effets du changement climatique sur le territoire en étudiant les possibilités de mise en œuvre d’une gestion alternative des eaux pluviales dans son programme d’actions. Une cartographie précise du réseau pluvial est effectuée, ainsi que le développement d’une meilleure connaissance de son fonctionnement hydraulique et des phénomènes météorologiques. »
Analyse : Ce schéma permettra une réelle cartographie du réseau d’eaux pluviales. Il devrait offrir une analyse prospective de son fonctionnement, compte tenu de l’impact qu’aura le changement climatique. Les objectifs affichés étant de favoriser l’évapotranspiration et l’infiltration naturelle, cetteaction devrait avoir un impact positif pour limiter le risque d’inondation par ruissellement.

Action n°69 : Renforcer la place de l’arbre en ville

L’arbre influence les microclimats, tempère certains écarts saisonniers, et favorise la qualité de l’air par absorption de l’oxyde de carbone. Il participe aussi à l’équilibre des citadins, car il engendre un sentiment de bien-être et de paix. Une politique soutenue de renforcement et de développement de la « forêt urbaine » de qualité sur le long terme est l’opportunité de désimperméabiliser, de renaturer et d’ombrager la ville. C’est également un pari sur l’avenir, les principaux résultats ne seront visibles que d’ici une vingtaine d’années. Cette action ambitionne de :
« -Recenser les espaces du domaine public à valoriser, qui pourraient être le support de renforcement de plantations d’arbres (délaissés, friches, aménagements de voirie et d’infrastructures) ;
– Encourager et accompagner la plantation d’arbres par un dispositif territorial de partenariat associant acteurs publics, parapublics, privés et associatifs ;
– Elaborer des appels à projets d’initiatives locales et citoyennes en faveur de l’arbre urbain ;
– Planifier des opérations exemplaires ;
– Tester des essences nouvelles et développer des supports de communication adaptés (botanique, symbolique et culturelle) ;
– Comptabiliser les plantations pour mesurer leur capacité d’absorption du CO2.  Comme exemple d’ « opération exemplaire » déjà instaurée sur ce thème, est pris celui du « visa vert » à Marseille1 , et celui du cours d’Estienne d’Orves, toujours à Marseille, où des fosses de plantation ont été prévues pour accueillir un maillage arboré.
Analyse : Cette valorisation de l’arbre en particulier comme élément constitutif de la nature en ville est intelligente. Cette mesure a pour but de stimuler les initiatives privées, les opérations exemplaires. Cela développera aussi surement une meilleure connaissance botanique chez les populations, ce qui est capital. C’est une mesure essentielle dans la lutte contre les ICU.

Action n°72 : Prendre en compte les risques d’érosion et de submersion marine

Les enjeux de submersion marine ne doivent pas être sous-estimés. Cette action prévoit donc l’élaboration d’une étude entièrement consacrée à ce sujet :
« Une étude complémentaire au SCOT métropolitain, en liaison avec les Agences d’Urbanisme, permettra de décrire et analyser les phénomènes en cours, les enjeux et les réponses apportées par les pouvoirs publics, de définir précisément les risques à intégrer à moyen / long terme dans les documents de planification, en lien avec la GEMAPI, compétence exercée depuis le 1er janvier 2018 par la Métropole Aix-Marseille-Provence. »
Analyse : Enfin, le risque de submersion marine est isolé et étudié plus en détail dans une démarche prospective. De plus, chose très positive, sa meilleure connaissance sera mise en relation avec des possibilités d’entreprendre, via la compétence GEMAPI, devenue métropolitaine. Cette action est donc extrêmement positive et devrait avoir des répercussions concrètes dans les futurs documents de planification.

Action n°74 : Développer les solutions fondées sur la nature en ville

Plusieurs grandes villes du territoire (Marseille, Aix-en-Provence, Martigues…) comportent, globalement, peu d’espaces verts en centre-ville. Cette action ambitionne donc de jouer sur différents leviers d’actions afin de renforcer la présence de la nature en ville, pour notamment atténuer le phénomène d’ICU : « – Fixer à 30 % d’espaces végétalisés de pleine terre dans les documents d’urbanisme ;
– Mettre en place une politique de réserve foncière pour la création de parcs et espaces publics végétalisés ;
– Aménager des îlots de fraîcheur : végétaliser le plus d’espaces publics possibles, sanctuariser les arbres et interdire leur coupe, installer des velums ou tentures dans les rues exposées pour éviter les rayons directs du soleil (ces structures ultralégères et modulables peuvent héberger des plantes grimpantes là où des arbres ne peuvent être plantés), créer des « canopées urbaines » pour rafraîchir les espaces minéralisés… ;
– Mettre en place des partenariats métropole-entreprise pour la végétalisation et le maraîchage des toitures d’entreprise ;
– Fixer des objectifs de plantation d’arbres chaque année (espèces adaptées au climat méditerranéen) en imposant un minimum d’arbres dans les espaces publics (écoles, places, rues, etc.) (Cf. fiche action Renforcer la place de l’arbre en ville) ;
– Dédier un espace à la végétalisation au sein de chaque établissement scolaire (arbres, fleurs, potagers pédagogiques) pour sensibiliser les élèves aux enjeux ; « Charte de végétalisation de l’espace public marseillais « , qui permettent aux particuliers d’occuper temporairement et gratuitement l’espace public par l’installation de plantes tout en respectant la sécurité et l’utilisation des voies par les autres usagers (personnes à mobilité réduites, pompiers…). Plantes, fleurs et arbustes peuvent ainsi être choyés, se développer, contribuer à l’embellissement du cadre de vie et apporter un peu de nature en ville.
– Végétaliser les palissades, murs anti-bruit, ponts et pylônes de béton en bordure des voies rapides ;
– A l’instar de Marseille, généraliser un « permis de végétaliser » (exemple du Visa vert). »
Analyse : Si le sujet de la nature en ville a déjà été prôné à de maintes reprises dans les politiques et actions antérieures, il peut être souligné que cette action s’empare du sujet à bras-le-corps, et présente une palette d’outils plutôt novateurs et ambitieux. Le taux de 30% minimal d’espaces végétalisés de pleine terre sur tous les zonages est, par exemple, bien plus élevé que les taux minimaux imposés dans le PLUi Marseille-Provence (cf. partie II.b.2.D). Il sera particulièrement intéressant de voir comment ces actions seront ou ne seront pas retranscrites dans les futurs documents de planification.

Action n°88 : Engager une réflexion sur l’adaptation des horaires de vie

Avec le changement climatique et la hausse des températures, les pratiques et horaires de travail risquent d’être fortement impactés : décalage des horaires pour éviter la chaleur ; encouragement au télétravail pour éviter d’utiliser les véhicules, importantes sources de gaz à effet de serre…
Cette fiche action projette donc un travail de réflexion autour de cette thématique, fortement liée au thème de l’adaptation au changement climatique :
« Il semble pertinent d’envisager une réflexion autour de l’adaptation des horaires de vie et ce, grâce à la création d’un « Bureau des Temps ». (…) cette structure permet le diagnostic des rythmes de vie de la population, le recueil des besoins et des usages à travers la concertation, et l’adaptation des horaires de vie et des politiques publiques suite à ces analyses. »
Analyse : Cette solution aux enjeux de l’adaptation n’avait jusque-là pas du tout été abordée et pensée sur ce territoire. Elle relie bien sur d’autres thématiques, comme la mobilité, la qualité de l’air… Elle a bien sur un impact important sur l’ « adaptabilité » des populations soumises au phénomène d’ICU. Il sera intéressant de constater comment cette réflexion pourra se transcrire dans une démarche d’aménagement du territoire.

Action n°92 : Créer un label « Opération Plan Climat » pour les acteurs du territoire

L’obtention de ce label sera conditionnée au respect des bonnes pratiques de ces derniers dans le cadre du Plan Climat Air Energie Métropolitain. L’action devra s’inscrire dans l’un des domaines d’actions suivants : mobilité, bâtiment, activités, aménagement, qualité de l’air et adaptation du territoire aux changements climatiques.
Analyse : cette démarche de labellisation est intéressante car elle responsabilisera les collectivités, les sensibilisera à de nouveaux enjeux et valorisera les bonnes pratiques.
→ D’autres actions intéressantes et en relation avec la thématique de l’adaptation au changement climatique sont développées, qu’il serait trop long de présenter en détail. On pourra par exemple citer :
– Action 77 : suivi de la démarche « nature for city life » ;
– Action 78 : mise en place d’un « budget participatif climat » ;
– Action 79 : lancement d’appels à projets visant à l’engagement citoyen ;
– Action 82 : mise en œuvre d’une politique offensive en matière d’éducation à l’environnement, à destination des enfants comme des adultes ;
En conclusion à cette partie sur le PCAET métropolitain, il peut être affirmé que celui-ci, de par son caractère bien plus actuel que le précédent PCET (élaboré en 2012), contient une volonté plus affirmée de mettre en place des politiques publiques d’adaptation au changement climatique. Cette volonté se traduit par un panel d’actions tout à fait pertinentes, et variées. Certains liens nouveaux sont effectués, par exemple entre adaptation et agriculture urbaine, ou entre adaptation et modification des horaires de vie.
En ce qui concerne les solutions les plus fréquemment utilisées (végétalisation, développement des points d’eau, perméabilisation des sols), les objectifs affichés sont élevés, et chaque levier d’action est clairement détaillé. Le plan ne se limite pas à des objectifs « généralistes », ponctués de « phrases types ». Certains objectifs chiffrés sont même avancés, comme par exemple « Fixer à 30 % d’espaces végétalisés de pleine terre dans les documents d’urbanisme », ce qui est un objectif exigeant du point de vue environnemental, en rapport avec les ratios imposés dans le PLUi Marseille-Provence. Il est important de souligner que le document présenté est un document de travail établi par la direction de la stratégie environnementale de la Métropole AMP, et non encore validé par les autres directions, ni par les politiques. Il n’est donc pas exclu que certains objectifs assez ambitieux soient revus à la baisse, voire supprimés. Une fois le PCAET approuvé, il sera intéressant de constater comment cette liste d’actions précises se traduira dans le SCoT et le PLUi. En effet le PLUi, sera obligé de considérer ce nouveau PCAET dans un rapport de prise en compte. A voir comment ces nouveaux objectifs seront alors traduits. Ce nouveau plan climat propose, dans tous les cas, une quantité très importante de solutions pertinentes au sujet de l’adaptation.

Le projet MApUCE, boite à outils pour les collectivités

Autre piste d’évolution, ou plutôt « aide à l’évolution » pour de bonnes pratiques sur le thème de l’adaptation : le projet MApUCE (Modélisation Appliquée au droit de l’Urbanisme: Climat urbain etÉnergie). Ce programme de recherche pluridisciplinaire a associé huit laboratoires de recherche en climatologie urbaine, urbanisme, architecture, géographie, géomatique, sociologie et droit de l’urbanisme, ainsi que la FNAU (Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme). Son objectif a été le suivant :
« Ce programme a permis de développer une méthodologie de production de données urbaines et
climatiques nécessaires au diagnostic microclimatique des territoires urbanisés. Il propose également des leviers juridiques (fondements, outils juridiques et rédactions) d’intégration dans les outils de planification urbaine, des données quantitatives de microclimat urbain, climat et énergie. » Ce projet de recherche, à ce jour terminé, prend la forme d’un guide méthodologique (constitué de fiches-outils et de fiches-exemples), véritable boite à outils opérationnelle à destination des collectivités. Ce guide procure aux collectivités :
▪ Une méthodologie générale de modélisation de l’îlot de chaleur urbain ;
▪ La présentation d’une démarche d’élaboration de cartes climatiques, et un exemple d’application sur la ville de Toulouse. On connait l’importance de la présence de ces cartes microclimatiques dans l’EIE d’un PLUi ou d’un SCoT ;
▪ Une aide à l’élaboration de « cartes de recommandations » déduites des « cartes climatiques » ;
▪ Des fiches-outils et fiches-exemples permettant d’exposer comment ces précédents outils peuvent être intégrés dans les documents d’urbanisme. Pour chaque type de mesure présentée, par exemple « imposer des matériaux urbains présentant un albédo élevé », la liste des communes ayant instauré ce type de mesure est donnée, ainsi que le document d’urbanisme (par exemple ici : « SCoT de la région urbaine grenobloise »). Une fiche-exemple entière est consacrée à l’intercommunalité d’Agen. En effet, la prise en compte des aspects climat–énergie dans les documents de planification locale à Agen et ses environs apparaît exemplaire. Cette fiche-exemple, d’une dizaine de pages, reprend l’intégralité des articles du PCET, du SCOT et du PLUi de l’intercommunalité agenaise, importants et novateurs sur la thématique de l’adaptation au changement climatique. En plus de cette fiche-exemple, quatre fiches-outils sont dédiées à l’intégration des enjeux climaténergie dans les documents de planification : une pour l’intégration dans le SCoT, une dans le PADD, une dans les OAP et une dans le règlement du PLU. Se reporter à l’annexe 2, p.92, pour visualiser la rubrique « Climat urbain, ICU (adaptation) », extraite de la fiche-outil « règlement du PLUi ».
Analyse : Ce travail de recherche, en plus de délivrer une méthodologie et des outils permettant d’élaborer des études scientifiques, fournit également un important « benchmark » des politiques d’adaptation mises en place dans les documents d’urbanisme. Le territoire Marseille-Provence pourrait très bien s’en inspirer pour ses prochains documents de planification. Qu’il s’agisse de la méthodologie pour établir des cartes microclimatiques (il avait été constaté l’absence totale de ce type d’études dans l’EIE du PLUi), ou des prescriptions/recommandations allant dans le sens d’une bonne politique d’adaptation.

Le projet SESAME, un bel outil d’aide à la décision

Autre projet mis en place afin de venir aider les collectivités locales sur le thème de l’adaptation au changement climatique : le projet SESAME (Services EcoSystémiques rendus par les Arbres, Modulés selon l’Espèce) développé par le CEREMA (Centre d’Etudes et d’expertises sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement). Ce projet a pour ambition de mieux connaitre les services rendus par les végétaux en milieu urbain, et donc de pouvoir mieux choisir les espèces végétales en fonction des services attendus. Parmi la liste des « services rendus » identifiés, estprésent l’effet de limitation des ICU, ainsi que la participation à la régulation du régime des eaux.1
Le CEREMA est en cours d’élaboration d’une méthodologie d’aide à la décision sur le choix des espèces végétales. Afin de déterminer pour chaque espèce végétale, son impact sur la régulation du climat et la limitation des ICU, est analysé : la persistance de ses feuilles, la surface foliaire, ses dimensions, sa consommation d’eau, la densité du feuillage. Une bibliothèque de « fiches-espèces » est en cours d’élaboration, chaque fiche synthétisant pour chaque espèce les différents services rendus, et l’intensité avec laquelle chaque service est rendu. Par exemple, description type pouvant être trouvée sur une fiche-espèce, dans la catégorie « régulation du climat local » : « Arbre à la surface foliaire et la forme du houpier (large et haut) qui donnent une surface d’ombre portée importante. L’importante capacité d’évapotranspiration de l’espèce contribue au rafraichissement » . Chaque espèce obtient une note sur ce thème. Par exemple, l’Erable sycomore obtient une note de 9 alors que le Pin Sylvestre obtient une note de 4. Il existe une autre note concernant « l’adaptation au climat local », qui évalue quant à elle la capacité d’adaptation de l’espèce au climat local, en tachant d’anticiper les évolutions climatiques à venir.

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