L’épuisement professionnel

L’épuisement professionnel

Perspective historique 

L’anglicisme populaire «burnout» est employé fréquemment aujourd’hui dans le langage courant pour mettre un mot sur la tension nerveuse et la fatigue résultante des sollicitations de la vie quotidienne personnelle et professionnelle. La souffrance mentale liée à la profession est devenue un véritable phénomène de société. ¼ des hommes et 1/3 des femmes salariés sont touchés par la détresse psychique au travail, selon une enquête de la fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie au travail. (1) En Français ce burnout est l’équivalent d’un syndrome d’épuisement professionnel. En France dès 1959 Claude Veil parle des signes de l’épuisement professionnel. Aux Etats Unis le psychanalyste Herbert Freudenberger dans les années 70 dans son hôpital de jour décrit les symptômes physiques d’épuisement touchant les bénévoles d’une association d’aide aux toxicomanes les amenant à la perte progressive de toute motivation. Il crée le concept de syndrome d’épuisement professionnel : « Un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie, ou une relation, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer l’implication et l’accomplissement du travail. » (2) Ce syndrome a ensuite été décrit dans de nombreuses professions caractérisées par une relation d’aide grâce à C.Maslach en 1972 qui lui associe trois dimensions:(3) -un épuisement émotionnel :être vidé nerveusement, ressentir une intense fatigue psychologique) -une dépersonnalisation :attitudes impersonnelles, détachées, voire négatives envers les patients) -un accomplissement personnel réduit :sentiment d’échec et de déclin des compétences,épuisement émotionnel , une dépersonnalisation vis à vis du travail , une diminution de l’accomplissement lié au travail (3) 2 Cette consumation interne est une usure progressive qui est provoquée par un stress chronique. Elle élabore également le MBI (Maslach Burnout Inventory) un outil d’évaluation de l’épuisement professionnel qui est encore utilisé aujourd’hui. En 1993, le Bureau International du Travail (BIT) estimait que le stress était un des plus grands risques pour la santé de notre époque. Stress, harcèlement moral, burn-out sont de plus en plus souvent invoqués comme facteurs de risques pour la santé, générateurs de détresses psychologiques voire de pathologies mentales. Ils sont regroupés sous le terme de risques psychosociaux(RPS). 

Une définition encore discutée 

Dans son abord de la santé mentale, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) distingue trois niveaux différents : le bien-être psychologique, la détresse psychologique et les troubles mentaux. Elle retient qu’un symptôme anxieux ne saurait être considéré comme révélateur d’un trouble anxieux, toute tristesse comme révélatrice d’une dépression caractérisée. Et toute fatigue ou épuisement ne peut être considéré comme pathologique. Le burn-out ne figure dans aucune des classifications actuelles des troubles mentaux. Il est absent des deux grandes nomenclatures internationales de référence, DSM-V (5ème édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) de l’American Psychiatric Association et CIM-10 (10èmerévision de la Classification internationale des maladies) de l’Organisation Mondiale de la Santé. Dans le DSM-V il ne figure pas parmi les pathologies pouvant entrer dans une prochaine édition du DSM. Il n’est pas non plus répertorié dans le CISP(classification internationale des soins de santé primaires). 3 En 2020 le burnout a été défini par l’Organisation Mondiale de la Santé comme un syndrome d’épuisement spécifiquement professionnel résultant d’un stress chronique lié au travail caractérisé par trois dimensions : sentiment d’épuisement, dépersonnalisation, manque d’accomplissement lié au travail. Ce syndrome d’épuisement professionnel est donc à différencier d’un syndrome dépressif. C’ est un trouble de l’énergie liée dans la relation au travail ,aucun professionnel n’est à l’abri. Cette spécificité à la sphère du travail est néanmoins discutée, mais n’en demeure pas moins que le burnout est un processus de dégradation du rapport d’une personne à son travail qui retentit tôt ou tard sur la sphère privée. Les souffrances qu’il engendre intenses et prolongées ont des conséquences graves tant au niveau personnel que pour la société. 

Epuisement professionnel chez les soignants 

Prévalence élevée chez les soignants

 La diversité des critères de définition utilisés dans les études ne permet pas d’estimer avec fiabilité la prévalence du burnout chez les soignants. Cependant des études sont de plus en plus réalisées et montrent un taux de prévalence élevé avec une dynamique ascendante et dans plusieurs pays. Aux USA le taux de burnout chez les médecins serait passé de 45 à 54% entre 2011 et 2014. En 2007 une étude dirigée par E.Galam auprès de 10000 médecins libéraux montre que 60.8% des médecins généralistes se sentent menacés de burnout.(5) Quelques données significatives du mal être des soignants français : – Plus d’un généraliste sur dix est en détresse psychologique (10 à 17% selon les régions)(6) – Les taux moyens de burnout pour les médecins libéraux français sont : Epuisement Emotionnel élevé: 43%. Dépersonnalisation élevée: 40%. Accomplissement personnel bas: 33%.(7) – 2 à 4% des médecins généralistes avouent avoir eu des idées suicidaires.(6) – Le sur-risque de suicide chez les médecins en activité est de 2,3. (8) – 53% des médecins libéraux (et 60,8% des généralistes) se déclarent menacés par le burnout. (5) – Les troubles psychiatriques représentent la principale affection des médecins en invalidité définitive. (9) – Plus d’un soignant sur dix a l’intention d’abandonner sa profession ou de changer d’établissement. (10) – 58% des internes de médecine générale de France présentent au moins l’un des trois critères de burnout. (11) 

Table des matières

Introduction
I L’épuisement professionnel
1)Perspective Historique
2)Une définition encore discutée
II L’épuisement professionnel des soignants
1)Prévalence élevée chez les soignants.
2)Diagnostic de l’épuisement professionnel
a.Symptômes
b.Signes de gravité
c.Diagnostic différentiel
d.Instruments d’évaluation du Burnout
3)Déterminants de l’épuisement professionnel des médecins
a.Déterminants individuels
b.Déterminants liés à la pratique de la médecine
c.Déterminants liés à la pratique médicale libérale
d.Conséquences du Burnout
4)Prise en charge du Burnout
a.Prévention
b.Mesures individuelles
c.Mesures collectives
d.Mesures organisationnelles
e.Services d’entraide et associations
f.Prise en charge d’un trouble plus important
III Objectif de la thèse
Matériel et Méthode
Résultat
I Communication du groupe
1)Site Internet
2)Rédaction d’affiches et Flyers
3)Présence dans les médias
II Actions de terrain : Dispositif de Guetteur-Veilleurs®
III La réponse au soignant
1)Secrétariat
2)Coordination entre les membres du groupe
3)Dispositifs d’Aide
4)Interventions des membres de MED’AIDE
a.2017
b.2018
c.2019
5)Causes des difficultés rencontrées
6)Expressions de ces difficultés
7)Réponses des membres de MED’AIDE
IV MED’AIDE Inter URPS et SYNEXIAL
Discussion
I Intérêt de MED’AIDE
1)Réponse adaptée aux freins des médecins à se faire soigner
2)Réponse adaptée dans ses solutions aux causes de l’épuisement
II Limites de MED’AIDE
1)Limites structurelles
2)Limites liées au fonctionnement du dispositif
3)Perspectives du groupe
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Résumé

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