L’époque hellénistique
Le terme hellénistique a été adopté pour désigner la période qui a suivi l‟époque classique (5e et 4e siècles av. J.-C.). Ce terme vient du néologisme allemand «Hellenismus», forgé par l‟historien Johann Gustav Droysen. Il l‟utilisa pour la première fois dans une lettre du 31 juillet 1837 et le reprit dans son Histoire de l‟hellénisme, où il s‟efforça de déterminer cette époque qui, avec ses caractéristiques particulières, conduisit Ŕ par l‟intermédiaire du nouvel état des choses créé par l‟Empire romain Ŕ à l‟arrivée du christianisme682. Le mot allemand est une interprétation erronée de l‟appellation « ειιεληζηήο/ellenistis » qui désignait jusqu‟alors le groupe de Juifs hellénisés qui s‟opposaient aux Juifs fanatiques (Maccabées 2.4.13, Actes des Apôtres 6.1, 9.29). Le verbe « ειιελίδεηλ/ellenizin » a dans la littérature grecque le sens de : « parler grec et se comporter en Grec » et témoigne du brassage entre hellénisme et Proche-Orient qui s‟était produit à cette époque683. Le néologisme « hellénistique » a peu à peu remplacé le qualificatif « alexandrin » utilisé jusqu‟alors dans les études plus anciennes. Et le terme « alexandrin » se limita dès lors à qualifier la production artistique et intellectuelle de cette époque684. Ce qualificatif est dérivé d‟Alexandrie, ville qui devint le plus grand centre de création intellectuelle sous les Ptolémées. Dans le livre IV des Deipnosophistes, Chroniques, que les Alexandrins ont instruit tous les Grecs et les Barbares après la disparition du système d‟éducation générale, dûe aux troubles continuels du temps des successeurs d‟Alexandre. Un renouveau de toute la culture se produisit ainsi sous Ptolémée VII. » (Athén. Deipn. IV, 184b)
On appelle période hellénistique ou époque hellénistique la période de l‟histoire de la Grèce antique qui va de la mort d‟Alexandre le Grand en 323 avant J.-C à la conquête des royaumes de l‟Orient hellénisé par les Romains en 31 après J.-C.688. La mort brutale d‟Alexandre III le Grand en 323 av. J.-C. provoqua dans son empire des crises et des troubles répétés qui conduisirent finalement à sa dissolution. Les Diadoques qui lui succédèrent se livrèrent à d‟incessantes luttes diplomatiques et militaires pour le contrôle des 1. Le royaume de Macédoine, dont le roi était Cassandre, fils d‟Antipater, et la capitale Pella. 2. Le royaume de Syrie, dont le siège était à Antioche, comprenait tous les territoires d‟Asie, et eut pour premier roi Séleukos, général d‟Alexandre le Grand. L‟empire des Séleucides était immense : il comprenait les pays asiatiques situés près du Bosphore, de la mer Égée et de la mer Méditerranée. En faisaient aussi partie indirectement l‟Arménie, la Cappadoce, le Pont, la Paphlagonie, la Bithynie et Pergame, qui avaient leurs propres rois mais qui tombèrent sous l‟influence de l‟Hellénisme et travaillèrent à le répandre. Il fut conquis par les Romains en 64 av. J.-C. 3. Le royaume d’Égypte, dont le siège était à Alexandrie, eut pour premier roi Ptolémée, général d‟Alexandre le Grand. L‟empire des Ptolémées comprenait l‟Égypte, la Libye et beaucoup d‟îles grecques. Rodhes connut son apogée comme cité commerciale et maritime indépendante. Délos devint aussi, avec l‟aide des rois de Macédoine, un centre de commerce de blé et d‟esclaves ; son apogée se maintint jusqu‟à l‟époque romaine, vers 88 après J.-C., lorsqu‟elle fut détruite par la guerre de Mithridate. Les Ptolémées se soumirent aux Romains en 30 après J.-C. Le royaume de Thrace, comprenait une grande partie de l‟Asie et son roi fut Lysimaque, général d‟Alexandre le Grand. Ce royaume fut rapidement anéanti car Lysimaque, entré en conflit avec Séleukos, fut défait et tué en 281 av. J.-C. à la bataille de Couropédion en Lydie. Ses territoires furent pris par la Syrie et par la Macédoine. À ces royaumes s‟en ajoutèrent plus tard d’autres plus petits, comme le royaume de Pergame et le royaume de Bactriane en Afghanistan et en Inde, et d‟autres encore691.
Une des pratiques qu‟ils instituèrent Ŕ en suivant ici encore la politique d‟Alexandre le Grand Ŕ fut la fondation de nombreuses villes nouvelles afin de créer des foyers d‟hellénisme au sein de leurs vastes royaumes. Ce nouveau type d‟expansion coloniale Ŕ différent des précédents Ŕ avait lieu dans des régions conquises où les nouveaux habitants ne provenaient pas d‟une même cité mais de nombreuses cités grecques différentes. Une des principales caractéristiques de cette époque, est la grande mobilité démographique qui se développa dans toute la région méditerranéenne : des mercenaires, des administrateurs, des hommes de métiers divers venus de l‟ancien espace grec s‟installèrent dans de nouvelles régions et de nouvelles villes avec leurs coutumes, leur religion, leur culture et leur langue, et leur donnèrent un caractère grec. D‟autres souverains appliquèrent cette politique de fondation de villes nouvelles si bien qu‟environ 160 furent créées, dont Antioche, Pergame, Laodicée, Séleucie sur le Tigre et la première entre toutes, Alexandrie, qui devinrent d‟énormes centres culturels et commerciaux. Les cités nouvelles avaient un remarquable plan d‟urbanisme, très organisé, avec de larges rues, une agora entourée de portiques, des temples, des théâtres, des odéons, des gymnases, des palestres, des bains et des stades. On accorda une grande importance au domaine culturel, si bien que furent fondées de riches bibliothèques et musées qui rassemblaient une foule d’artistes et de scientifiques venus de tous les endroits du monde.