L’entrepreneuriat et l’environnement institutionnel de l’entrepreneur
L’entrepreneuriat a fait l’objet de nombreuses recherches en sciences économiques et en sciences de gestion. De par son importance dans la vie économique (création de la richesse et de l’emploi), de nombreux chercheurs ont fondé des théories sur l’entrepreneur et l’ont considéré comme le principal acteur de l’activité entrepreneuriale. Parmi les approches sur l’entrepreneuriat, nous citons la théorie Schumpétérienne qui constitue le point de départ de toutes les autres théories. Ces approches insistent sur le fait qu’un entrepreneur doit évoluer dans un environnement institutionnel propice à l’investissement qui encourage cet acteur, à innover, à créer son entreprise et à la développer. Toutefois, les recherches sur ce domaine nous enseignent que dans la plupart des pays en développement, la création d’entreprises demeure une procédure très complexe. Nous avons divisé ce chapitre en trois sections. La section 1 recense les approches dominantes de la recherche en entrepreneuriat. La section 2 s’intéresse au développement de l’entrepreneuriat dans les pays en transition en citant quelques exemples. La section 3 sera consacrée à la bureaucratie comme une réelle contrainte à l’entrepreneuriat.
: l’entrepreneuriat : moteur de la croissance économique
Au niveau de cette première section, nous passerons en revue le cadre théorique et conceptuel de l’entrepreneuriat. Pour ce faire, nous aborderons, en premier lieu l’évolution de ce phénomène. En second lieu, nous présenteront la théorie fondamentale de l’entrepreneur (la théorie de Schumpeter). En troisième lieu, nous exposerons les autres principales théories de l’entrepreneur qui ont succédé à la théorie schumpetérienne. 1. L’émergence de l’entrepreneuriat L’entrepreneuriat est un phénomène large, multiple et complexe. Il intègre ainsi plusieurs disciplines (économie, sociologie, psychologie, sciences de gestion,…). Les réflexions sur l’entrepreneuriat remontent à loin dans l’histoire. Elles évoluent au fil de l’histoire économique.
La définition de l’entrepreneuriat
Il existe plusieurs définitions de ce terme, nous retenons celle fournie par l’OCDE, qui a défini l’entrepreneur, l’activité entrepreneuriale et l’entrepreneuriat comme suit : ʺL’entrepreneur est la personne (propriétaire d’entreprise) qui cherche à générer de la valeur, par la création ou l’expansion d’une activité économique, en identifiant et en exploitant de nouveaux produits, procédés ou marchésʺ. L’activité entrepreneuriale est l’action humaine d’entreprendre qui a pour but de générer de la valeur, par la création ou l’expansion de l’activité économique, en identifiant et en exploitant de nouveaux produits, processus ou marchésʺ. ʺ L’entrepreneuriat, est défini comme le phénomène associé à l’activité entrepreneurialeʺ (Ahmed & Seymour , 2008, p.14)
L’évolution du phénomène d’entrepreneuriat
Le concept de l’entrepreneuriat est né en France au XVIe siècle. Au début, cette notion désignait les fournisseurs aux armées. Ensuite, ce terme a été généralisé à toutes les personnes liées à la royauté par un contrat de construction des routes, des châteaux, des ponts…etc. En 1755, l’encyclopédie d’Alembert et de Diderot donne de l’entrepreneur la définition suivante : « l’entrepreneur est celui qui se charge d’un ouvrage ; on dit un entrepreneur de manufacture, un entrepreneur en bâtiments… » (Tounes & Fayolle, 2006, p.19). A l’époque du système féodal, l’économie européenne était bloquée et l’activité entrepreneuriale n’était pas tolérée. Peu à peu, la situation a commencé à changer, le féodalisme perdait son importance et les Tudors, qui ont instauré ce système, ont laissé leur place aux Stuart. Avec le déclin de ce système, la situation s’est progressivement améliorée dans de nombreux pays européens (France, Italie,…). La progression et le développement des villes ont créés « un terrain fertile » pour l’activité entrepreneuriale, à travers les activités des marchands qui vendaient la matière première et les produits finis. De ce fait, la disparition de ce système a poussé les autorités en place à créer un environnement et des conditions institutionnelles favorables au développement de l’entrepreneuriat et qui stimulent l’innovation et la production. Depuis, le phénomène de l’entrepreneuriat a prospéré ( Landström, 2005, pp.27-28).
L’approche classique de l’entrepreneur
La théorie classique soulève les avantages de la liberté commerciale, la spécialisation et la compétition. Cette théorie est apparue suite à la révolution industrielle en Angleterre en 1700 jusqu’en 1830. Elle attribue à l’entrepreneur la fonction de direction dans le processus de production et de distribution des biens et services sur le marché. Les théories classiques ont pris en compte trois facteurs de production à savoir : le capital, le travail et la terre, mais elles ne sont pas parvenues à expliquer le renversement dynamique de la situation économique généré par les entrepreneurs de l’ère industrielle (Simpeh, 2011, p.1).
Les mercantilistes
Durant le XVIe et le XVIIe siècle, les mercantilistes ont donné une grande importance à l’entrepreneur marchand. Ils ont ainsi développé les premières réflexions sur l’entreprise privée (industrielle, agricole et commerciale). Ils se sont basés sur la notion de l’individualisme ou de l’égoïsme. Dans ce sens, De Montchrestien (économiste français du XVe siècle) dans son traité d’économie politique publié en 1616, avance que « l’entrepreneur est un individu qui passe contrat avec l’autorité publique pour assurer la réalisation de divers travaux ou d’une mission quelconque » (Guyot & Rompaey, 2002, p. 6). Durant cette période, l’activité entrepreneuriale s’est multipliée en entrainant le développement des connaissances et des compétences requises pour la production et l’amélioration des biens et services. Les artisans ont vu leur niveau de vie s’améliorer grâce à ces nouvelles connaissances. Au moyen et extrême orient, l’utilisation des connaissances et compétences spécifiques pour chercher et découvrir de nouvelles opportunités, existait déjà longtemps avant qu’elle soit pratiquée à l’ouest.