Les caractéristiques du marché de l’emploi
Pendant les deux premières décennies qui ont suivi les années d’indépendance, les diplômés du système éducatif camerounais étaient tous pratiquement assurés d’avoir un emploi dans l’administration. Certains diplômés avaient même l’embarras de choix entre l’administration et le secteur privé. Malheureusement la crise économique qui a frappé le Cameroun depuis les années 1986 a profondément modifié la configuration du monde du travail, entraînant une réduction drastique des emplois existants, une diminution suicidaire des revenus des fonctionnaires. Aujourd’hui la société camerounaise souffre d’innombrables maux dont les ramifications pénètrent tous les secteurs de la vie nationale.
Ces maux ont pour noms entre autres : corruption, tribalisme, laxisme, clientélisme … Le secteur de l’Education n’est pas épargné. Les milieux universitaires qui, il y a quelques années étaient perçus comme des modèles sur le plan éthique ont atteint aujourd’hui un degré de perversion et de corruption inimaginable. Et ceux qui réussissent à sortir de ce système nantis d’un diplôme sont réduits soit au chômage soit à exercer un emploi en deçà de leurs attentes. La jeunesse camerounaise fait face aujourd’hui à un grand dilemme : le taux de chômage des jeunes diplômés est une grande source de démotivation en même temps qu’il constitue un puissant stimulant pour des études plus longues et/ou plus pratiques. En d’autres termes, pendant que certains jeunes sont démotivés et préfèrent arrêter leurs études pour s’engager dans le secteur informel, beaucoup d’autres optent pour de longues études (3e cycle universitaire … ) ou alors pour des études plus courtes mais plus pratiques du type BTS, DUT. Ils espèrent ainsi multiplier leurs chances d’accès sur le marché du travail. Marché du travail dont les besoins sont une main d’oeuvre qualifiée et ingénieurs compétents. Il reste cependant vrai que l’école ne se limite pas au seul but d’offrir des diplômes en vue d’un emploi. Envoyer les enfants à l’école est une norme sociale. Certes l’éducation a pour but ultime de socialiser l’individu. Et il est plus valorisant de chômer même avec des diplômes que de compter parmi les analphabètes de sa société. Mais cette situation de sous-emploi devrait-elle perdurer indéfiniment ? Autrement dit, n’est-il pas légitime que le jeune diplômé aspire à une place au soleil après tous les sacrifices consentis sur les bancs de l’école? (Josué Yengnong (2003)).
Les raisons du chômage des jeunes diplômés
Elles sont diverses et variées. Cependant, bien que tout le monde s’accorde à faire de l’emploi un thème central et à le considérer comme l’instrument majeur pour enrayer la pauvreté, il n’en demeure pas moins que les gens sont mal armés pour agir et faire disparaître ce fléau. La raison souvent avancée de cette latence est l’insuffisance, voire le manque d’informations statistiques, le manque de fiabilité de celles-ci. Les raisons qui peuvent accroître le chômage des jeunes diplômés au Cameroun sont les suivantes : le manque de qualification de la main d’oeuvre, la corruption, le tribalisme ou favoritisme, le clientélisme (Josué Yengnong (2003)). En effet, certaines raisons liées à la qualification de l’employé peuvent être mises en cause. Les jeunes qui viennent de terminer leurs études n’ont pas d’expérience de travail pour la plupart, dans la mesure où des stages pratiques n’avaient pas été assurés par leurs établissements. En effet, pour les dirigeants des entreprises africaines : « les formations africaines souffrent d’être trop peu orientées vers le monde du travail, ce qui rend difficiles les premiers mois d’intégration professionnelle de leurs diplômés. » (Voir le numéro 2342 de l’Hebdomadaire International Indépendant Jeune Afrique l’Intelligent du 27 Novembre au 3 Décembre 2005, Page XVI de la rubrique Évènements et rencontres (XXIIIe sommet Afrique-France)). Le problème d’inadéquation entre la formation et les besoins sociaux, de disparité entre la formation et le monde de l’emploi, est posé.
Ce qui est appris en classe est bien différent de ce qui est en entreprises, du moment où la théorie et la pratique n’ont pas été alliées. Pas de liens entre la formation reçue et le travail – 33- fourni. Ceci conduit à l’incompétence de l’employé et à son renvoi ou licenciement, ce dernier se retrouvant au chômage. Une autre raison de chômage au Cameroun peut-être vue dans la culture, les valeurs des entreprises étrangères privées qui s’y sont installées. En effet, celles-ci ont chacune leur façon de faire, surtout sur le plan de la technologie; or pendant les études, toutes ces façons ne sont pas apprises aux étudiants, d’autant plus que la formation au Cameroun est dominée par le style français (ancienne colonie française à 80%). Comment fera un jeune employé pour s’adapter dans une entreprise chinoise ou canadienne, sachant que la technique qu’il a apprise à l’école n’est pas semblable à celle de son emploi? Pour finir cette section, nous constatons que plusieurs raisons expliquent le chômage au Cameroun parmi lesquelles le manque de qualification des employés. Et qui dit qualification de l’employé, voit la formation reçue au cours de sa vie estudiantine. Or cette formation ne satisfait pas toujours aux exigences du marché de J’emploi. En outre, ce n’est pas le manque de main-d’oeuvre qui favorise le chômage au Cameroun comme partout ailleu rs en Afrique subsaharienne, mais l’absence d’une maind’oeuvre qualifiée. Ceci nous amène donc à nous poser la question suivante: quelles sont les attentes des étudiants camerounais quant à la formation qui leurs est inculquée?
Les problèmes liés à l’enseignement supérieur camerounais
Les formations universitaires et des grandes écoles au Cameroun connaissent certains ratés pour les étudiants dont la conséquence première est l’accès difficile des étudiants au marché du travail. L’ancien Ministre de l’enseignement supérieur camerounais Atangana Mebara Jean-Marie a lui-même souligné les problèmes de J’enseignement supérieur lors de la conférence internationale de J’enseignement supérieur organisée par l’UNESCO à Paris en 1998. En effet et selon le Ministre, « en 1992, l’Université est pratiquement au bord de l’implosion ; elle se caractérise par : un déséquilibre grave entre la capacité d’accueil et le nombre d’étudiants, avec pour images frappantes des amphithéâtres surpeuplés, laboratoires saturés et ne pouvant renouveler leurs matériels ; une détérioration marquée des infrastructures existantes, faute de maintenance ; la démoralisation des enseignants ; un déséquilibre prononcé dans l’orientation et l’exécution des budgets ; à titre d’exemple, on note qu’en 1992 le budget de l’enseignement supérieur était englouti aux 2/3 par l’intendance (dont notamment les bourses universitaires) au détriment des activités d’enseignement et de recherche. ».
Raison pour laquelle la réforme de 1993 a été faite, sans grand succès. En effet, et toujours selon l’ancien Ministre (1998): «Au bout de cinq ans de mise en oeuvre de cette réforme, une première évaluation a fait ressortir des difficultés d’application et permis d’envisager de nouvelles perspectives. Les problèmes relevés sont principalement d’ordres académiques, humains, matériels et financiers. Sur le plan académique : les programmes et leurs contenus n’ont pas été tous revus pour prendre en compte les exigences du monde du travail ; les étudiants et les enseignants ont encore du mal à s’adapter au nouveau système d’unités de valeur et la nécessité de valider chaque unité de valeur entraîne parfois l’étalement de la formation dans le temps. Sur le plan des ressources humaines : la création de six universités a eu pour conséquence immédiate de multiplier les besoins en enseignants qualifiés. Ces besoins n’ont pas toujours été satisfaits malgré le recrutement de nombreux assistants. La difficulté de recrutement des enseignants qualifiés s’explique par le faible niveau de leur rémunération. Les ratios d’encadrement enseignant/étudiants sont largement en dessous des normes internationales. Sur le plan financier : les ressources des universités sont essentiellement constituées par les subventions de l’Etat, d’une part (environ 60-70% du budget), les droits universitaires d’autre part payés par chaque étudiant (40-30% du budget). Or il est difficile d’envisager une augmentation significative de ces ressources sans provoquer soit un dérapage des cadrages budgétaires, soit une exclusion de l’enseignent supérieur des couches défavorisées de la Nation.
Le programme d’études en Technologie de maintenance industrielle forme
le technologue oeuvrant dans le domaine de l’équipement industriel, constamment en quête de haute performance, de meilleure rentabilité et de sécurité accrue. Sa formation le rend apte à : vérifier la conformité aux normes et aux plans des installations et de l’équipement; repérer et analyser des problèmes de fonctionnement de l’équipement; participer à la conception, la fabrication et l’optimisation de l’équipement; concevoir et mettre en oeuvre des programmes d’entretien préventif; coordonner et contrôler des activités de maintenance; fournir de l’assistance technique en entreprise; résoudre différents problèmes de maintenance et de rendement de l’équipement; évaluer, optimiser et réaliser des équipements industriels. Le technologue en Maintenance Industrielle doit avoir comme qualités et aptitudes: les habiletés manuelles; le sens pratique de la recherche de solutions; le sens de l’organisation; l’intérêt pour la physique et la mécanique; la grande disponibilité dans l’horaire de travail; le bon jugement; l’esprit d’initiative; le souci du travail de précision; le sens de l’observation.
Comme tâches et fonctions sur le marché du travail, le technologue en Maintenance Industrielle doit: utiliser des techniques et des outils de planification et de contrôle des opérations d’entretien d’un système industriel (conventionnel ou informatisé); être en mesure d’effectuer l’installation, la mise en marche, l’entretien préventif, le dépannage et la réparation de machines, de mécanismes industriels et de systèmes de production automatisés ou non (pompes, presses, ventilateurs, variateurs et réducteurs de vitesse, convoyeurs, compresseurs, etc.); analyser, sélectionner et réaliser l’installation de systèmes pneumatiques, hydrauliques et de lubrification; réaliser des opérations d’usinage et de soudage nécessaires à la fabrication, à l’assemblage et à la réparation de pièces mécaniques simples; analyser la provenance de vibrations dans les machines tournantes et y apporter la solution la plus efficace; produire des dessins techniques; à titre de contremaître : diriger une équipe de mécaniciens d’entretien, effectuer des travaux ouvriers, rédiger les rapports d’activités, etc. Les progrès technologiques, apportés par les hautes performances techniques de la microélectronique et de l’informatique industrielle, transforment les systèmes mécaniques conventionnels en systèmes complexes, souvent automatisés, alliant plusieurs technologies (mécanique, électrique, électronique, hydraulique, pneumatique et informatique). Leur entretien nécessite des connaissances et des habiletés très diversifiées que requièrent tous les secteurs industriels ainsi que le domaine de la construction. On retrouve les technologues dans les secteurs suivants: les entreprises minières; les entreprises forestières (scieries, pâtes et papiers, etc.); l’extraction et la transformation des métaux; la fabrication de produits métalliques; la fabrication de meubles; l’alimentation; la pétrochimie; le matériel de transport; la production d’énergie; les bureaux d’ingénieurs-conseils. Après quelques années d’expérience pratique dans un service d’entretien, le technologue en maintenance industrielle accède généralement à des fonctions de supervision ou de gestion.
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