L’enseignement du FLE en Irak

L’enseignement du FLE en Irak

La situation du FLE dans le contexte éducatif du pays

Lors de sa mission à Bagdad, en 1998, le Conseiller culturel Français, M. Lionel Veron (Aliraqi, 2013), constate qu‟il n’y a que trois cents apprenants qui étudient le français au Centre culturel français, même si ce chiffre augmente progressivement. À cette occasion, M. Veron remarque également que le centre culturel s‟apparentait, auparavant, plus à un club alors qu‟il fonctionne désormais comme un véritable centre dans tous les sens du terme. En effet, des cours de tous niveaux y sont dispensés à des tarifs qui tiennent compte des difficultés économiques des Irakiens. Le Centre culturel français est le seul centre culturel étranger qui ait rouvert en 1997. En outre, le MESRS a récemment approuvé la création d‟une première association de ce genre en Irak portant le nom de l’Association Irakienne des Professeurs de Français (Wolff, 2010 : 114), dont l’objectif principal est de promouvoir l’étude de la langue française en Irak. Les autres objectifs sont de réunir les enseignants de français par le biais de cette association, de créer des liens de coopération scientifique et culturelle (Barthélémy et Porcher 2007) entre ses membres et d’améliorer les conditions des professeurs de langues et de coopération avec les autorités compétentes nationales, d‟encourager des communications arabes et internationales et de d‟organiser des conférences. L’enseignement du FLE en Irak 48 Il est nécessaire de signaler que le service culturel de l‟Ambassade de France (Ministère des Affaires étrangères, 2016) est presque toujours présent pour fournir des aides dans les domaines linguistique, technique et culturel. « Dans le domaine de l‟enseignement supérieur, deux programmes de bourses à coût partagé s‟adressant à un public qualifié (professeurs, fonctionnaires, chercheurs) ont été mis en place avec les autorités centrales et avec le gouvernement régional kurde. Ils permettent l‟envoi en France de plusieurs dizaines de boursiers irakiens chaque année, qui suivent des cours de niveau Master ou doctorat à l‟issue d‟une année de formation linguistique. En dépit du contexte sécuritaire, un soutien aux partenariats interuniversitaires continue à être apporté dans des disciplines prioritaires (mathématiques, informatique, médecine, droit, …) et la signature d‟accords encouragée ». (La France et l’Irak, 2016) Le grand évènement culturel désignant Bagdad comme la capitale culturelle du monde arabe en 2013 a également été l‟occasion pour l‟Ambassade de France de participer à l‟action culturelle. Dans le cadre des célébrations liées à la désignation de Bagdad comme capitale culturelle du monde arabe pour 2013, « l‟Institut Français s‟est associé aux autorités irakiennes pour organiser plusieurs évènements, dont un concert de musique qui sera donné à l‟occasion de la fête de la musique le 21 juin.» (Ambassade de France, 2016) Bien que des étudiants s‟inscrivent, contre leur gré, au département de français de par leur moyenne obtenue au bac, d‟autres sont, au contraire, très intéressés par l‟apprentissage de cette langue et déploient d‟importants efforts pour s‟y inscrire. Ainsi, suite à la hausse des demandes d‟inscription, le département de français s‟est vu obligé, en 2006, de proposer des cours du soir en supplément des cours du matin. Ces cours ne sont pas uniquement réservés aux étudiants âgés de 18 ans, mais sont ouverts à un large public. Le nombre d‟étudiants inscrits pour les quatre années de la licence se situe entre cent et cent vingt-cinq étudiants pour les cours du matin et les cours du soir

La place du français

Pour nombre d‟étudiants du département, le français n‟est pas leur premier choix. Dès la première année de licence après le baccalauréat, les étudiants doivent établir une liste de choix pour leur affectation au sein des départements de la faculté de Lettres, et cela en fonction de leur moyenne. Cette démarche s‟appliquée dans les facultés qui comptent plusieurs départements. Dans la plupart des cas, les étudiants inscrits dans le département de français n‟ont ni intérêt, ni motivation, ni bénéfice à apprendre le français par opposition à d’autres langues étudiées à l‟université telles que la langue maternelle, en l‟occurrence l‟arabe, l‟anglais et depuis peu le turc dans la mesure où l‟apprentissage de ces dernières les aide à trouver plus facilement un emploi. De fait, les étudiants, souhaitant s‟assurer un bon avenir à la fin de leurs études, sont moins demandeurs d‟un diplôme en français en comparaison avec d‟autres diplômes scolaires et universitaires ou certification en d‟autres langues. L‟enseignement du français en Irak (International, 2014) en tant que seconde langue étrangère facultative reste marginal par rapport à l‟enseignement de l‟arabe et de l‟anglais. Une centaine d‟écoles, sur un total de 4.000 à 5.000 écoles, proposent aujourd‟hui le français comme seconde langue étrangère. La moitié de ces établissements est située dans le gouvernorat de Bagdad. Une fois le baccalauréat obtenu, les élèves qui souhaitent poursuivre l‟apprentissage de la langue française peuvent rejoindre l‟une des quatre facultés de français du pays, à savoir les universités de Bagdad, Mustansiriyah, Erbil et Mossoul. Par ailleurs, il existe deux écoles françaises à Erbil et Sulaymānīyah.

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Les supports classiques pour le FLE

Pendant l‟année universitaire 1986-1987, en première année, le professeur, un Français natif, n‟avait la possibilité d‟utiliser que très rarement un projecteur pour afficher le dialogue par lequel commence chaque unité de l‟ancienne méthode « La France en direct » et tous ses volumes qui datent de la fin des années soixante. De temps à autre, il pouvait se procurer un magnétophone pour faire écouter le dialogue. Au début de l‟année universitaire 1987-1988, une rencontre entre le président de l‟université, le doyen de la faculté de Lettres et les premiers étudiants s‟est tenue afin de 50 s‟entretenir sur les problèmes rencontrés en cours et de prendre connaissance des propositions des uns et des autres dans le but de répondre aux besoins des étudiants. Parmi les principales demandes, les étudiants ont exprimé leur désir d‟utiliser davantage l‟audio-visuel et d‟aller régulièrement au laboratoire, en particulier pour les cours de phonétique, dans la mesure où il s‟agissait de l‟unique endroit pour regarder des vidéos et écouter des enregistrements en français. Un changement évident s‟est opéré au cours de l‟année 1988-1989 avec l‟aide du Centre Culturel de Coopération Linguistique Français à Bagdad (CCCL) qui fournissait hebdomadairement des cassettes vidéo au professeur de français. Il a été demandé aux étudiants de prendre en charge l‟organisation des projections de films en leur fixant une date et en affichant des annonces dans l‟université afin que tous les étudiants intéressés par la langue française soient informés et puissent assister à ces séances de projection. À partir de l‟année 1988-1989, s‟est tenue la semaine culturelle du cinéma français ce qui a ainsi permis de diffuser des films français. Cette opportunité a été très bien accueillie par le public puisqu‟il s‟agissait d‟une occasion de regarder et de découvrir des films français qui étaient rares à cette époque. Lancien (1998 : 173) explique l‟intérêt d‟une telle initiative : « au lieu de n’avoir accès qu’à des documents „fabriqués‟, les apprenant peuvent alors dans de nombreux pays regarder des émissions télévisées qui n’ont pas été conçues pour l’apprentissage et qui vont cependant leur livrer de nombreuses réalités discursives, culturelles et médiatiques » 

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