L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES EN ROUMANIE
La première école latine connue sur le territoire de la Roumanie fonctionnait à Cenad (la région du Banat), dès 1028. Cette école a été fondée dans le but de préparer les futurs prêtres et missionnaires et comptait autour de 30 élèves. Dans cette école, les jeunes apprenaient à écrire et à lire le latin et, parallèlement, apprenaient aussi la musique religieuse. Les années 1200 – 1300 voient naître des écoles avec un enseignement en latin à Oradea et Alba Iulia, toujours auprès des monastères et églises. Les écoles roumaines se multiplient sensiblement pendant le 17e siècle sur tout le territoire du pays mais on pourrait parler d’un « enseignement moderne » autour des années 1700. Entre 1832 – 1848, trente-neuf écoles nationales fonctionnaient sur le territoire du pays, dont vingt en Valachie et dix-neuf en Moldavie. L’année 1848 a représenté un tournant important pour la culture et l’enseignement roumains. Les grandes actions de l’époque ont été préparées et dirigées par des politiciens, des écrivains, des poètes, des philosophes, des historiens et des enseignants. Beaucoup d’actes normatifs et lois qui ont contribué à consolider l’enseignement roumain ont été rédigés dans la période d’entre les deux guerres mondiales. Parmi les plus importantes lois nous mentionnons : La loi pour l’enseignement primaire public (1924) ; La loi pour l’enseignement privé (1925) ; La loi pour l’enseignement secondaire (1928) ; La loi pour l’organisation de l’enseignement universitaire (1932) ; La loi pour l’organisation et le l’article 35 du Décret 175 du 2 août 1948 prévoit que : « toutes les écoles confessionnelles ou privées de toutes sortes deviennent des écoles publiques ». Si jusqu’en 1948, dans toutes les écoles, on enseignait le français et l’italien, à partir de cette année là, la langue russe devient discipline d’étude obligatoire pour tous les élèves. En 1965, le russe perd son statut de langue obligatoire. À partir de 1968, l’anglais, le français, l’allemand, le russe, l’italien et l’espagnol pouvaient être étudiés dans le cycle secondaire inférieur et supérieur. D’une situation où le russe était enseigné de façon obligatoire dès la première année de l’école primaire, la Roumanie passe au libre choix de la langue étrangère enseignée comme matière obligatoire à tous les enfants âgés de 9 à 11 ans.
De grands changements dans ce domaine se sont surtout produits au début des années 90, comme suite logique des importants événements politiques. Cependant, actuellement, l’éventail des langues étrangères contenues dans les documents officiels, offertes comme première langue étrangère dans l’enseignement roumain, reste assez restreint. L’anglais et le français viennent en tête, suivis de l’allemand, l’espagnol et/ou l’italien. Le russe est également présent mais année après année, l’effectif des élèves qui l’étudient diminue. « En Roumanie, la possibilité de créer des classes offrant un enseignement renforcé des langues étrangères (appelées « classes spécialisées ») existe depuis 1968 (depuis 1965, le russe n’est plus obligatoire), surtout dans les établissements scolaires des grandes villes, tant au niveau primaire qu’au niveau secondaire. Il s’agit d’un enseignement renforcé du français, de l’allemand, de l’anglais, de l’espagnol et de l’italien. La loi sur l’enseignement de 1978 réduit toutefois ce type d’enseignement aux deux premiers cycles de l’enseignement secondaire. Au cours des années 80, cet enseignement renforcé disparaît complètement de tous les établissements scolaires. Ce n’est qu’au cours des années 90 qu’il est réintroduit tant au niveau primaire qu’au niveau secondaire. Les années 90 voient également l’apparition d’écoles bilingues au niveau secondaire. Quoi qu’il en soit, et depuis les années 50, tous les élèves de l’enseignement secondaire ont toujours appris deux langues étrangères obligatoires ».
« Le cas de la Roumanie est particulièrement intéressant. L’expansion du français dans les provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie est considérable au XVIIIe siècle. Ceci tient à deux causes : linguistique car le roumain est une langue romane (donc proche du français) et historique (…). La volonté des princes, la curiosité des femmes de la haute société – pour qui … »savoir le français (…) était indispensable » -, la diffusion des livres fonctionnaient dans la première moitié du 19e siècle on peut citer le Pensionnat Vaillant, de Bucarest, fréquenté par de grandes personnalités roumaines de l’époque comme Ion Ghica, Grigore Alexandrescu, etc. À la même époque fonctionnait à Iaşi le Pensionnat de Victor Cuénim, où ont fait leurs premières années d’études V. Alecsandri, M. Kogălniceanu, etc. Beaucoup de ces jeunes gens ont continué ensuite leurs études en France. En 1838 est rédigé le premier dictionnaire franco-roumain par Vaillant, professeur au Collège de Sava. Parallèlement, les historiens Jules Michelet et Edgar Quinet défendent les droits nationaux des Roumains.