L’endoscopie digestive haute : notions générales et aspects endoscopiques des principales lésions

PREPARATION DU MALADE

La veille

Il est recommandé de : Préparer le dossier médical comportant les renseignements concernant les examens cliniques du patient et les examens paracliniques déjà faits.
S’assurer que le patient ait été informé par le médecin sur le déroulement de l’examen fibroscopique et qu’une préparation psychologique a été faite.

Le jour de l’examen

Le patient doit rester strictement à jeun depuis au moins 6 heures avant l’examen. Il est préférable d’éviter de fumer pendant cette période, car cela augmente les sécrétions gastriques. Une prémédication par du primperan en intramusculaire associée à de l’atropine doit être faitetrenteminute savant l’examen.
L’examen se pratique en salle d’endoscopie par un gastro-entérologue. Après ablation des prothèses dentaires, une anesthésie locale de la muqueuse du pharynx par vaporisation ou application d’un gel anesthésiant, le patient est placé en décubitus la téralgauche.

DEROULEMENT DE L’EXAMEN

LE TRANSIT OESO-GASTRO-DUODENAL

Le médecin introduit l’endoscope dans la bouche. Le patient doit avaler sa salive à cet instant pour faciliter le passage du tube au niveau de la bouche de KILLIAN. Il faut respirer calmement et amplement en concentrant toute son attention sur sa respiration.
L’exploration est progressive visualisant l’oesophage, la région cardiale, l’estomac, le pylore et enfin la première partie de l’intestin grêle jusqu’au deuxième duodénum.

L’EXPLORATION DE RETOUR

Au cours du passage oeso-gastro-duodénal, il arrive que des lésions importantes ne soient pas vues. D’où l’importance de l’exploration de retour qui doit être faite minutieusement.Le retour doit être lentetcomporter des temps d’arrêt.
L’exploration du deuxième duodénum est facile. L’exploration de l’angle de la petite courbure gastrique nécessite une manœuvre de rétrovision et doit être faite avec soin. Le retrait au niveau de la cavité gastrique doit comporter une étude des courbures et des faces. Le versant gastrique de l’orifice hiatal est vu en rétrovision. L’œsophage doit être exploré sur toute sa hauteur. Au total, L’exploration dure une demi-heure environ.
Durant l’exploration de retour, des prélèvements tissulaires peuvent être effectués envue de l’analyseanatomo-pathologique.

SOINS APRES L’EXAMEN

Il est recommandé de ne manger ni boire pendant l’heure qui suit l’examen en raisonde l’anesthésiede lagorge quipeut provoquer des troubles de ladéglutition.
Puis la reprise de l’alimentation doit être faite progressivement afin d’éviter une fausse route.

RISQUES EN FIBROSCOPIEDIGESTIVEHAUTE 

RISQUES LIES A L’EXAMEN

Hypoxémie

C’est le risque principal. L’anesthésie locale pharyngée entraîne une hypotonie des muscles laryngés, pouvant entraîner secondairement l’obstruction des voies aériennes supérieures.
 Risque cardiovasculaire
– Trouble du rythme cardiaque, dû à l’anxiété ou à la douleur. Il est favorisé par l’hypoxémie,allant d’une extrasystoleventriculaire à une arythmiesévère.
– Insuffisancecoronarienneà typed’ischémie.
 Régurgitation, inhalation en période hémorragique ou lors d’une hypersialorrhée.
 Risques infectieux liés à une désinfection insuffisante du fibroscope après chaque acte de fibroscopie.

RISQUES LIES AU TERRAIN

Les complicationssurviennentsouvent sur un terrainfragile :
Sujet âgé,insuffisantrespiratoire,dénutriou immunodéprimé.
Sujet porteur d’une affection hépatobiliaire avec trouble de l’hémostase ou hypoprotidémie.

ACCIDENTS DE LA FIBROSCOPIE

Ils sont exceptionnels :
– Perforationdurantla dilatationoesophagienne.
– Hémorragieimmédiateou retardéesurtout lors dela réalisationd’une biopsie.

FACTEURS DE RISQUES SUPPLEMENTAIRES

Cesont :
– Semi-obscurité
– Précaritédes installations

RESULTATS

L’ASPECT ENDOSCOPIQUE NORMAL

L’œsophage est situé entre la bouche de Killian et le cardia. Peu avant le cardia, on observe la ligne Z qui est la ligne de transition entre la muqueuse œsophagienne et la muqueusegastrique: on passe d’une muqueuseclaire(rose) à une muqueuse plus foncée (rouge). On peut voir l’empreinte de l’aorte à la jonction du tiers moyen et du tiers inférieur de l’œsophage.

HERNIE HIATALE

Une hernie hiatale volumineuse est facilement reconnue car elle forme à la suite de l’œsophage une poche de taille variable. Elle est recouverte d’une muqueuse de type gastrique avec des plis épais longitudinaux qui convergent vers le collet plus ou moins large correspondant à la traversée hiatale. Dans certain cas, il n’existe pas de poche herniaire bien visible, elle est reconnue par la présence d’une ligne plus claire, plus ou moins sinueuse qui est la zone de transition entre la muqueuse gastrique et la muqueuse oesophagienne.

PATHOLOGIESBULBAIRES

ULCÈRE DUODÉNAL 

C’est une perte de substance circonscrite atteignant la musculeuse, dont la localisation est duodénale. Comme son analogue gastrique, l’ulcère bulbaire peut se présenter sous les formes évolutives citées ci-dessus. Ils peuvent avoir d’autres particularités ; ils peuvent être multiples évoquant un éventuel syndrome de Zollinger
Elison et peuvent se compliquer d’une sténose cicatricielle. L’ulcération s’accompagne souvent d’un pli muqueux ou d’une lignedirectrice évocateur.

MATERIEL

LES PATIENTS

CRITERES D’INCLUSION

Etaient inclus dans notre étude les patients ayant bénéficié d’une endoscopie digestive haute auprès de notre unité d’endoscopie entre le 1 er juin 2002 et le 31 mai 2005.

PATIENTS RETENUS

Notre échantillon comportait 1700 patients dont 898 hommes(52,82%) et 802 femmes(47,18%).

L’UNITE D’ENDOSCOPIE

RESSOURCES MATERIELLES

Deux fibroscopes de marque OLYMPUS GIF type PQ20 et OLYMPUS GIF type XQ20 étaient utilisés. Chaque fibroscope était alimenté en lumière froide par un générateurde marqueOLYMPUS CLK3.

RESSOURCES HUMAINES

Les examens fibroscopiques étaient effectués soit par un enseignant de rang magistral soit par l’un des trois médecins endoscopistes, assistés par l’une des trois aides-soignantes.

REALISATION DE L’ETUDE

Les résultats des examens endoscopiques sont archivés à l’unité d’endoscopie.
Nous avons dépouillé les comptes-rendus de ces examens endoscopiques. Les résultats d’examensécritsdans chaquefiche derecueil de données étaient respectés.
Ces comptes-rendus comportaient la date d’examen, l’âge et le sexe du patient, le service,le motif d’examenet le résultat de l’examen.

ANALYSE STATISTIQUE

Les données recueillies étaient analysées par le logiciel EPI.INFO version 6,04 cfr. Nous avons utilisé le test Chi-2 pour la comparaison des variables qualitatives avec un degréde significationp<0,05 et lamesurede lamoyenne,variancepour les variables quantitatives.Pour les graphiques,nous utilisionsle formatEXCEL.

RESULTATS

DESCRIPTION DE LA POPULATION D’ETUDE

Pendant la période de notre étude, 1700 patients ont été inclus dont 802 femmes (47,18%) et 898 hommes(52,82%) avec un sexe ratiode1/0,89.

CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES DE L’ECHANTILLON

Cet échantillon avait une moyenne d’âge de 41,4 ans avec des extrêmes de 9 ans et 85 ans. Le modeétait de 21 à 30 ans et la médiane était à 41 ans.
La répartition par tranche d’âge de l’échantillon était donnée par le tableau 1.

REPARTITION DES PATHOLOGIESOESOPHAGIENNES

Nous avons observé 881 cas de pathologies oesophagiennes. Les oesophagites constituaient les principales lésions objectivées. Elles étaient suivies par les varices oesophagiennesavec135 cas (15,32%) (Tableau7).

LES PATHOLOGIESGASTRIQUES

REPARTITION DES PATHOLOGIESGASTRIQUES

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Les pathologies gastriques représentaient les deuxièmes lésions rencontrées en terme de fréquence (n=769). Le tableau 10 montrait les différentes lésions diagnostiquées.

DISCUSSION

Durant les 36 mois où notre étude était effectuée, on a pu constaté une prédominance masculine de notre population d’étude. Les adultes jeunes étaient majoritaires. Les pathologies inflammatoires oeso-gastro-duodénales et des ulcères gastro-duodénaux étaient les plus observés. L’épigastralgie et l’hémorragie digestive constituaientlesprincipalesindicationsd’endoscopiedigestivehaute.
Comme il s’agit d’une étude rétrospective, les données s’avéraient parfois incomplètes pour certaines variables de nos patients. Nous avons toutefois choisi de les inclure dans cette étude étant donné que ces variables manquantes apportaient peu de biaissur le résultatglobalde l’étude.
Notre population d’étude comprenait 1700 patients, soit 567 examens paran.Le nombre annuel des patients ayant bénéficié d’endoscopie digestive est relativement inférieur à ceux des autres centres d’endoscopie des hôpitaux d’Antananarivo (Tableau 19)étantdonné que les activités dans cette unité d’endoscopie étaient limitées à 3 demi journées par semaine.
Conformément aux autres études malgaches et africaines (34, 35, 36, 37), notre étude révélait une légère prédominance masculine avec 52,82% de sexe masculin et 47,18% des exeféminin.
L’âge moyen de notre population d’étude était de 41,4 ans. Notre résultat était conforme à ceux des autres études réalisées dans la capitale. A l’HJRA, l’âge moyen se trouvait à 41,08 ans (34) contre 39,96 ans pour le CENHOSOA (35). Dans les pays africains comme Congo et Cameroun, dont les âges moyens étaient respectivement de 34 et36,50 ans, les populations d’étudeétaient plus jeunes que la nôtre (37, 38).
Concernant les principales pathologies rencontrées, les pathologies oesophagiennes représentaient les premières pathologies observées dans notre unité, suivies par les pathologiesgastriques et les pathologiesbulbaires.
Les autres études malgaches réalisées dans les centres endoscopiques de la capitale (35, 39) et celle effectuée au CHU de Brazzaville retrouvaient principalement des pathologies bulbaires (37). Les pathologies oesophagiennes se trouvaient en troisième position après les pathologiesgastriques(37).
En revanche, au Cameroun, les pathologies gastriques représentaient les premières pathologies observées, suivies par les pathologies bulbaires ; les pathologies oesophagiennes étaient moins fréquentes(38) (Tableau20).
L’étude menée par Canard JM en France montrait par contre une forte proportion des pathologies oesophagiennes, représentant plus de la moitié des pathologiesoeso-gastro-duodénales (40)
Parmi ces pathologies oesophagiennes, nous avons observé la forte prévalence des oesophagites qui représentaient les premières pathologies retrouvées dans notre série, conformément aux résultats des études antérieurement entreprises dans les centres d’endoscopiede lacapitale(Tableau21).
En revanche, en France et au CHU de Brazzaville, la hernie hiatale se trouvait en première position. D’où les proportions moins importantes représentées par les oesophagites(37, 40).

SUGGESTIONS

Devant les données incomplètes, une informatisation des comptes-rendus d’examens doit être envisagée pour que ces données soient bien conservées et que d’autres études ultérieurespuissentavoirlieu.
Vu la place importante prise par l’endoscopie digestive haute au sein des pathologies du tractus digestif haut, cette technique doit être profitée au maximum. Il faudrait l’amélioration de la qualité de l’appareil, le renforcement des personnels, la mise en place de matériel nécessaire pour que l’endoscopie d’urgence et thérapeutique puissent avoir lieu et que l’unité puisse être ouverte au moins pour les 5 jours ouvrables dela semaineetmêmeavoirdes médecinsde garde enpermanence.
Devant le pourcentage non négligeable représenté par les examens normaux devant l’hémorragie digestive, la mise en place d’autres techniques telle que l’entéroscopie ou même la vidéocapsule pourraient nous être utiles dans le but de rechercherd’autres lésions situéesun peu plus bas.
D’après notre étude, les pathologies inflammatoires représentaient les premières pathologies oeso-gastro-duodénales, suivies par les ulcères gastro-duodénaux. L’arrêt des facteurs de risque tels que la consommation d’alcool,de tabac,l’automédication aux anti-inflammatoires non stéroidiens pourrait abaisser les fréquences de ces pathologies.
L’éducation et la sensibilisation de la population concernant ses facteurs de risque se révèlentnécessaires.
Le rôle primordial de l’infection à Hélicobacter pylori dans la plupart des pathologies oeso-gastro-duodénales implique une prise en charge particulière. Il faut une sensibilisation de la population sur l’amélioration du niveau d’hygiène telle que l’accès à l’eau potable, la lutte contre le péril fécal et l’octroi d’un habitat proportionnel à la taille des ménages pour chaque famille.
Il faut également sensibiliser les médecins généralistes sur le suivi de la recommandation sur le traitement d’éradication de cette bactérie et éduquer les patients sur l’importance de l’observance du traitement.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : L’ENDOSCOPIE DIGESTIVE HAUTE : NOTIONS GENERALES ET ASPECTS ENDOSCOPIQUES DES PRINCIPALES LESIONS
I. GENERALITES
1. DEFINITIONS
1.1. FIBROSCOPIE
1.2. FIBROSCOPIEDIGESTIVE HAUTE
1.3. FIBROSCOPE
2. INTERETS
2.1. Intérêts diagnostiques
2.2. Intérêts thérapeutiques
II. EXAMEN ENDOSCOPIQUEPROPREMENT DIT
1. INDICATIONS
1.1. Aviséediagnostique
1.2. A visée thérapeutique
2. CONTRE-INDICATIONS
2.1. Contre-indicationsabsolues
2.2. Contre-indicationsrelatives
3. PREPARATIONS A L’EXAMEN
3.1. Désinfection de l’appareil fibroscopique
A. Prétraitement
B. Rinçage
C. Désinfection
D. Stockage
3.2. Préparation du malade
A. La veille
B. Le jour de l’examen
4. DEROULEMENT DE L’EXAMEN
4.1. Le transitoeso-gastro-duodénal
4.2. L’exploration de retour
5. SOINS APRES L’EXAMEN
III. RISQUES EN FIBROSCOPIE DIGESTIVEHAUTE
1. Risques liésà l’examen
2. Risques liésau terrain
3. Accidents de la fibroscopie
4. Facteurs derisques supplémentaires
IV. RESULTATS
1. L’aspect endoscopiquenormal
2. Les aspects endoscopiques des pathologies courantes oeso-gastroduodénales
2.1. Pathologiesoesophagiennes
A. Oesophagite
B. Variceoesophagienne
C. Hernie hiatale
D. Autres pathologiesoesophagiennes
2.2. Pathologiesgastriques
A. Gastrite
B. Ulcèregastrique
C. Cancergastrique
2.3. Pathologiesbulbaires
A. Ulcèreduodénal
B. Bulbite
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODE
CHAPITRE I :MATERIEL
I. LES PATIENTS
1. CRITERESD’INCLUSION
2. PATIENTS RETENUS
II. L’UNITED’ENDOSCOPIE
1. RESSOURCES MATERIELLES
2. RESSOURCES HUMAINES
CHAPITREII :METHODE
I. RECUEILDE DONNEES
II. PARAMETRES EVALUES
1. Les paramètres démographiques
1.1. Le sexe
1.2. L’âge
2. Le service
3. Les motifs d’examen
4. Les résultats
III. REALISATION DE L’ETUDE
IV. ANALYSE STATISTIQUE
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
I. DESCRIPTION DE LA POPULATION D’ETUDE
II. CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES DE L’ECHANTILLON
III. LE SERVICE
IV. LES MOTIFS D’EXAMEN
V. RESULTATS ENDOSCOPIQUES OBSERVES
1. Les pathologies oesophagiennes
1.1. Répartition des pathologies oesophagiennes
1.2. Description des principales pathologies oesophagiennes
1.1.1. Les oesophagites
1.1.2. Les varicesoesophagiennes
2. Les pathologiesgastriques
2.1. Répartition des pathologiesgastriques
2.2. Description des principales pathologiesgastriques
2.1.1. Les gastrites
2.1.2. Les ulcèresgastriques
3. Les pathologiesbulbaires
3.1. Répartition des pathologiesbulbaires
3.2. Description des principales pathologiesbulbaires
3.1.1. Les bulbites
3.1.2. Les ulcères bulbaires.
VI. RELATIONS ENTRE MOTIFS D’EXAMEN ET RESULTATS ENDOSCOPIQUES
1. Résultats endoscopiques observés en cas d’épigastralgie
2. Résultats endoscopiques observés en cas d’hémorragie digestive
QUATRIEME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
DISCUSSION
SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

projet fin d'etude

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