L’efficience comme mesure de performance dans les différents secteurs
Depuis l’apparition de l’article précurseur de Farrel (1957), les études empiriques sur l’efficience relative des entités se sont succédées dans plusieurs industries. Ces études ont utilisé les frontières d’efficience pour mesurer l’efficience relative des unités de production dans le même secteur. De cette façon, les entités performantes dans un échantillon donné sont mieux distinguer, de ceux qui ne le sont pas. Parmi ces industries, on trouve le secteur des banques et des institutions financières, les assurances mais aussi les énergies, les softwares, l’environnement, la communication et le tourisme. Avant de procéder à l’analyse de l’efficience du système bancaire, objet de notre étude, il est important de rappeler la particularité de l’efficience dans chaque secteur. Cette étude va nous prémunir contre toute transposition de calcul de l’efficience d’un secteur à un autre. Pour cela, nous avons retenu le secteur de la santé, le secteur agricole, le secteur de l’éducation et le secteur du transport.
Le secteur de la santé
Dans le domaine de la santé, l’efficience est souvent utilisée pour mesurer la performance des hôpitaux, des infirmeries, des programmes de soins. La détermination des inputs et des outputs de ces unités est extrêmement compliquée, surtout que la production est souvent mesurée par l’amélioration de l’état de santé des patients, très difficile à évaluer. Pour Worthington (2004), c’est l’incertitude sur l’exactitude des mesures des inputs et des outputs qui a retardé les études sur l’efficience des unités de production dans le secteur de la santé. L’utilisation des méthodes non paramétrique remonte au début des années 80 avec les publications de Nunamaker (1983) et de Sherman (1984). Ce dernier a mesuré la performance d’un groupe d’hôpitaux d’enseignement. Il a conclu que l’analyse d’enveloppement des données permet de mieux identifier et de mesurer l’inefficience des hôpitaux. Plus tard, Banker et al. (1986) a étudié l’efficience d’un échantillon d’hôpitaux de la Caroline du Nord. D’autres études ont utilisé simultanément les méthodes paramétriques et non paramétriques; pour mesurer l’efficience dans le secteur de la santé. Parmi ces études on peut citer celles de Linna (1998) et de Giuffrida & Gravelle (2001) qui ont appliqué la méthode SFA et la méthode DEA pour mesurer l’efficience des services hospitaliers et des services des centres de premiers soins. L’efficience comme mesure de performance dans les différents secteurs 88 Cependant, Hollingsworth (2008) souligne que les études qui concernent l’efficience dans la santé appliquent en grande majorité l’analyse d’enveloppement des données. Ceci n’empêche pas que d’autres études dans le même secteur se sont appuyées sur la méthode de l’analyse de la frontière stochatique1 . Nous estimons que la popularité de la méthode DEA vienne de sa simplicité dernière et des avantages (déjà cités) qu’elle présente par rapport aux autres méthodes.
Le secteur de l’agriculture
Dans le domaine de l’agriculture, le terme « éco-efficience » est souvent utilisé pour évoquer la relation entre l’efficience économique et l’efficience écologique. Le concept a été le centre d’intérêt de plusieurs études dont celles de Latruffe et al. (2004), Latruffe (2005), Larue et Latruffe (2009), Lachaal et al. (1994), Chamak et al. (2010), Alvarez et Arias (2004), qui ont utilisé les inputs et les outputs conventionnels du secteur agricole pour mesurer l’efficience des exploitations agricoles. Ces études se sont intéressées également à la détermination des facteurs susceptibles d’influencer l’efficience du secteur agricole comme la taille, la structure, les subventions, ou encore, les réformes politiques et agricole2 . La première utilisation des frontières d’efficience dans le secteur agricole remonte à Fare et al. (1985) qui a été le premier à examiner l’efficience des unités de production dans économie agricole. Plus tard, Coelli (1995) revisite la littérature sur l’estimation des frontières d’efficience et la mesure de l’efficience comme indicateur de performance et souligne leur potentielle application en économie agricole. Ainsi, Sharma et al. (1997) et Sharma et al. (1999) teste la robustesse de la méthode de l’analyse d’enveloppement des données et la méthode de la frontière stochastique dans l’évaluation des exploitations agricoles. Ces auteurs concluent que la méthode DEA est plus robuste que les méthodes paramétriques (la méthode de la frontière stochastique).
Le secteur du transport
Les études relatives à l’efficience dans le secteur du transport n’ont apparu qu’en début des années 90.Les L’article précurseur des recherches sur l’efficience du transport aérien est celui de Schefczyk (1993). En effet, ce dernier a mesuré la performance opérationnelle de 15 compagnies aériennes internationales Pour l’efficience des systèmes de transport terrestres, on peut citer l’article d’Oum and Yu (1994). Cet article examine l’efficience du système de transport ferroviaire dans 19 pays de l’organisation de coopération et du développement économique OCDE. D’autres chercheurs se sont intéressés à l’efficience des systèmes de bus comme l’étude de Holvad et al. (2004) et de Odeck & Alkadi (2001)en Norvège. Enfin, un nombre important de chercheurs a utilisé la méthode de l’analyse par enveloppement des données DEA pour mesurer l’efficience des ports maritimes. Par exemple, Tongzon (2001) a analysé la performance de quatre ports maritimes australiens et de douze ports maritimes internationaux durant l’année 1996. Valentine et Gray (2002) ont comparé la performance de trente et un ports maritimes nord Américains et Européens pour l’année 1998. Ils conclurent que la méthode DEA est très utile pour mesurer l’efficience des ports maritimes à conteneurs. Cullinane et Wang (2006) ont étudié la performance de soixante neuf terminaux 1 Cité par Liu J., et al., op-cit. p. 898 90 à conteneurs en Europe. Ces terminaux ont la particularité d’avoir un fret qui dépasse les dix milles conteneurs par an1 . III.4. Le secteur de l’éducation L’efficience dans le domaine de l’éducation a intéressé beaucoup de chercheurs. Qu’il s’agit de l’enseignement (de base) ou de l’enseignement supérieur, des écoles et des universités publiques ou privées, les frontières d’efficience (paramétrique ou non paramétrique) ont prouvé d’être des méthodes très efficaces lorsqu’il s’agit d’évaluer la performance relative de ces organismes. Les méthodes non paramétriques ont été appliquées à l’éducation très tôt par rapport aux autres secteurs. L’une des raisons est sans doute l’application de la méthode de l’analyse par enveloppement des données par Charnes et al. (1981) pour évaluer l’efficience du programme suivi par les écoles publiques. D’autres études ont même participé au développement de la méthode de l’analyse d’enveloppement de données (DEA). On peut citer à titre d’exemple, l’étude de Benssent et al. (1982) et celle de Benssent et al. (1983). Ainsi, deux axes de recherches se sont développés : l’efficience dans l’enseignement supérieur d’une part avec les études de Bessent et al. (1983), Sinuanystern et al. (1994), Arcelus & Cole- man(1997), Johnes (2006), et Johnes & Yu (2008), et d’autre part, l’efficience de l’enseignement (de base) avec Ray (1991), Mancebon & Molinero (200), Kirjavainen & Loikkanen (1998), and Bradley et al. (2001)2 . Les facteurs pouvant influencer l’efficience ont été investigué par plusieurs chercheurs. Parmi eux, ceux qui ont utilisé l’approche DEA à deux étapes. La première étape consiste à mesurer l’efficience. La seconde, utilise les scores d’efficiences obtenue de la première étape comme une variable dépendante dans une régression économétrique, afin de définir la source d’efficience et / ou d’inefficience dans le secteur et de mieux orienter l’efficience relatives des écoles et des universités. Parmi ces recherches, on trouve : Vignoles et al. (2000), Ruggiero & Vitaliano (1999) et Duncombe & Yinger (1998) .