L’éducatrice de l’enfance en milieu hospitalier
La littérature française, et notamment certains témoignages d’éducatrices de l’enfance travaillant en milieu hospitalier, s’accordent sur quelques rôles principaux attendus de cette professionnelle de l’enfance dans un contexte hospitalier. Un travail approfondi sur la mise en pratique ou non en milieu hospitalier romand des rôles et compétences issus du plan d’études cadre ayant déjà été récemment effectué dans un travail de mémoire, la présentation qui suit s’avère plus brève et générale. Il s’agit en effet d’un comparatif mettant spécifiquement en avant les processus et compétences du plan d’études cadre se retrouvant dans les rôles de l’éducatrice de l’enfance en milieu hospitalier. Ainsi, afin de mieux cerner la place qu’occupe l’éducatrice de l’enfance auprès des divers partenaires côtoyés quotidiennement, voici un aperçu de ses principaux rôles.
➤ Ses rôles auprès des enfants
Le premier processus du plan d’études cadre d’éducatrice de l’enfance met en évidence le fait que cette dernière « est responsable de l’organisation de l’accueil d’enfants dans des groupes qui se recomposent fréquemment durant la journée ou durant la semaine, … composés d’enfants du même âge ou d’enfants d’âges différents » (Dumas et al., 2008, p. 6). L’explication de ce processus est une réalité dans le quotidien de l’éducatrice de l’enfance œuvrant à l’hôpital car elle est en effet confrontée à des groupes d’enfants fluctuant en nombres comme en âges. Ainsi, elle veille quotidiennement à aménager un lieu de vie accueillant, à créer un cadre sécurisant ou encore à favoriser les rencontres entre enfants. De plus, dans la vidéo L’enfance hospitalisée, une éducatrice de l’enfance travaillant au sein du centre hospitalier universitaire vaudois explique que la durée d’hospitalisation des enfants est à l’origine de différences dans leur accueil au sein de l’espace éducatif. En effet, les enfants étant hospitalisées pour quelques jours seulement profitent simplement d’un temps de récréation à la salle de jeux. Par contre, les enfants hospitalisés pour une longue durée bénéficient de la mise en place d’un programme adapté à leur âge et à leurs besoins (Goetelen & Rochat, 2013) ce qui correspond aux compétences suivantes du premier processus : « élabore un projet pédagogique individualisé » et « formule des objectifs et évalue le cheminement de chaque enfant » (Dumas et al., 2008, p. 6).
Pour poursuivre, le deuxième processus vise à « soutenir le développement de l’enfant dans sa globalité » (Dumas et al., 2008, p. 7). Divers auteurs stipulent en effet que l’éducatrice de l’enfance exerçant à l’hôpital a également pour rôle de soutenir le développement de l’enfant en l’aidant à maintenir « ses capacités affectives, créatives et sociales à partir de techniques et d’activités éducatives » (Auzou-Riandey & Moussy, 2007, p. 136).
Au sein du quatrième processus qui concerne l’élaboration du projet pédagogique ainsi que sa mise en pratique, une compétence en particulier est quotidiennement exercée par les éducatrices de l’enfance travaillant en milieu hospitalier. Il s’agit de la compétence suivante : « met en place et organise l’animation des moments d’activités … utiles au développement de l’enfant » (Dumas et al., 2008, p. 9). En effet, l’éducatrice de l’enfance est « surtout perçue par le public pour sa mission ludique au sein d’un service de soins » (Brunaud-Leneutre, 2014, p. 293). Proposer, animer et encadrer des activités variées et adaptées en fonction de l’âge de l’enfant comme des difficultés inhérentes à son hospitalisation constituent le quotidien des éducatrices de l’enfance. Cette mission ludique revêt plusieurs buts. BrunaudLeneutre (2014) synthétise ceux-là en une phrase stipulant que ces temps de distractions « sont libérateurs et permettent à l’enfant hospitalisé de retrouver une certaine normalité de la vie, le plaisir du jeu avec la distraction de l’état de « patient»» (p. 295). Auzou-Riandey et Moussy (2007) développent quelque peu cette mission ludique en soulignant le fait que le jeu s’avère être le principal outil de l’éducatrice de l’enfance à l’hôpital. Il permet notamment à l’enfant d’extérioriser ses émotions, de jouer des scènes incomprises ou douloureuses au travers du jeu symbolique (p. 137). De plus, Jobert (2014) complète en témoignant que :
Le jeu est un réel baromètre de l’état de souffrance physique et/ou psychique de l’individu. Effectivement, un enfant qui ne joue pas, qui refuse toute sollicitation à longueur de temps, manifeste une véritable souffrance. (p. 26) .
Cette dernière citation permet encore de mettre en évidence l’utilisation quotidienne de quelques compétences du troisième processus soulignant le fait que l’éducatrice de l’enfance « observe le comportement des enfants dans toutes les situations de l’accueil socio-éducatif » (Dumas et al., 2008, p. 8).
➤ Ses rôles auprès des parents
Le septième processus du plan d’études cadre porte spécifiquement sur la collaboration avec les parents en soulignant notamment le fait que l’éducatrice de l’enfance est une interlocutrice privilégiée des parents et qu’elle développe avec eux une relation de partenariat (Dumas et al.,2008, p. 13). En effet, comme dans toute structure d’accueil, l’éducatrice de l’enfance peut se voir confier le rôle d’accueillir les parents en plus de celui d’accueillir les enfants. « Accueillir, c’est avant tout être à leur écoute et disponible pour chacune des familles » (Jobert, 2014, p. 25). Prendre le temps de la relation aux parents est primordial afin qu’une relation de confiance puisse s’établir. Toujours selon Jobert (2014) :
Cette relation est un réel atout lors de l’hospitalisation de l’enfant. Dans un souci de prise en charge globale de l’individu, connaître et comprendre la famille que nous accueillons est un plus pour l’accompagner au quotidien. (p. 25)
Lorsque la confiance est présente, l’éducatrice peut alors agir comme intermédiaire entre les parents et l’équipe soignante. En effet, cette relation privilégiée amène parfois les parents à exprimer leurs inquiétudes et questionnements relatifs à la santé de leur enfant à l’éducatrice plutôt qu’au personnel médical. Ainsi, l’éducatrice de l’enfance peut alors les rediriger ou faire elle-même part de ces interrogations au professionnel concerné (Jobert, 2014, p. 25). Jobert (2014) explique encore que cette dernière peut avoir un rôle de relais auprès des parents. « Certains parents culpabilisent de laisser leur enfant seul… . Il est important que le parent puisse souffler de temps en temps » (p. 25). Ainsi, l’éducatrice de l’enfance aide les parents à accepter de lui confier leur enfant et de s’offrir un moment de repos. Enfin, AuzouRiandey et Moussy (2007) ajoutent que l’éducatrice de l’enfance, de par ses connaissances et son observation de l’enfant, peut aider les parents à « comprendre les attitudes ou les réactions surprenantes de l’enfant » (p. 137).
➤ Ses rôles auprès de l’équipe éducative et des réseaux
Pour terminer, l’éducatrice de l’enfance exerçant en milieu hospitalier est parfois intégrée à une équipe éducative. Ainsi, elle se doit de « gérer le travail en équipe » (Dumas et al., 2008, p. 12), c’est-à-dire d’être notamment capable de communiquer adéquatement avec l’équipe, d’animer des colloques ou encore de déléguer. Fauvellière (2014) stipule qu’« une équipe, ce peut être aussi plusieurs positionnements professionnels qui diffèrent en certains points. Ecouter pour apprendre de l’autre, être entendu pour être reconnu, et ce quels que soient les métiers et les personnalités de chacun » (p. 319). Donc, même si l’éducatrice de l’enfance est seule à occuper ce rôle éducatif, elle est de toute façon amenée à collaborer quotidiennement avec une équipe pluridisciplinaire, notamment constituée d’infirmier-ères ou de physiothérapeutes. Dans le milieu de l’éducation de l’enfance, il s’agit dès lors de travail en réseau. Le huitième processus du plan d’études cadre porte justement sur la collaboration et la coopération avec les réseaux externes. Le niveau de qualification de ce processus spécifie que l’éducatrice de l’enfance se doit d’être « capable d’établir une relation professionnelle de partenariat, de faire état des spécificités de son approche, de l’articuler à d’autres, de conduire un travail de réseau et d’y participer » (Dumas et al., 2008, p. 14). En milieu hospitalier, cette collaboration se traduit concrètement par un échange, idéalement quotidien, d’informations et d’observations portant par exemple sur la façon dont l’enfant vit son hospitalisation ou encore sur ses progrès (Auzou-Riandey & Moussy, 2007, p. 138). Jobert (2014) complète en témoignant l’apport pour l’enfant et sa famille d’une collaboration réciproque avec l’équipe soignante : Au sein d’une équipe pluri professionnelle comme celle dans laquelle je travaille, nous avons chacun nos compétences et nos connaissances. Ainsi pour une même famille nous n’aurons pas tous le même regard : mettre en commun ces perceptions différentes nous permet une prise en charge individualisée. (p. 25) .
1. Introduction |