Extrait du cours l’éducation thérapeutique dans la prise en charge des maladies chroniques
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— L’animation de séances d’éducation thérapeutique
Deux réseaux déclarent que des médecins libéraux participent à l’animation de séances d’éducation thérapeutique (ARVD et REDIAB), mais selon des modalités très différentes. Le réseau ARVD a fondé son projet sur les professionnels libéraux qui animent toutes les séances individuelles en fonction du thème : médecins généralistes ou spécialistes, infirmières libérales, diététiciennes, pédicures-podologues. L’animation des séances collectives se fait en binôme avec un professionnel permanent du réseau.
Le réseau REDIAB fonctionne selon un schéma d’éducation sur un mode collectif avec une animation par un binôme d’éducateurs constitué notamment de professionnels de santé libéraux (comprenant entre autres un médecin libéral qui a choisi de s’impliquer, adhésion de niveau III). Dans les trois autres réseaux, l’éducation thérapeutique est réalisée par les professionnels de santé non médecins (paramédicaux, psychologues), qui peuvent être des permanents salariés par un prestataire du réseau (ADEPA), des salariés ou des libéraux comme ADOPTIRPrévention vasculaire 22 (infirmières salariées du réseau et professionnels libéraux :
diététiciens, médecins, activité physique, podologue, tabacologues) et ROMDES (qui fait intervenir des salariés du réseau et des libéraux rémunérés à la vacation par le réseau).
— Le suivi médical du patient
Les cinq structures prévoient un suivi des paramètres cliniques et biologiques du patient par son médecin traitant. Le médecin s’engage en général à compléter le dossier médical partagé du patient avec les éléments médicaux pertinents, en général selon les recommandations en cours. Dans le réseau ARVD, le médecin est aidé dans ce suivi par un logiciel de DMP qui l’alerte lorsqu’un examen n’a pas été réalisé ou qu’une variable clinique n’est pas dans les normes.
Dans certains cas, il est demandé aux médecins de réaliser des bilans à des moments précis de la prise en charge. Ainsi, le médecin traitant des patients inclus dans les réseaux ADEPA et ROMDES doivent réaliser un bilan de santé à T0, T6 mois (ADEPA uniquement), T12 et T24 mois. Dans le réseau ADOPTIR-Prévention vasculaire 22, le médecin doit compléter une fiche de diagnostic médical des facteurs de risque à T0 et à T6, Les données ne sont pas disponibles pour le réseau REDIAB.
— L’évaluation des acquis du patient
L’évaluation des acquis du patient est peu confiée aux professionnels libéraux. Elle est principalement réalisée par les permanents dans un cas (ADOPTIR-Prévention vasculaire 22) et par les professionnels libéraux intervenant régulièrement et rémunérés à la vacation au sein du réseau ROMDES. Au sein du réseau ADEPA, les évaluations sont réalisées par les permanentes salariées du prestataire de service auquel le réseau a confié la réalisation des séances d’ETP.
Les médecins libéraux qui ont signé une adhésion de niveau III au réseau REDIAB réalisent l’évaluation. Dans les autres cas, elle est réalisée par les « éducateurs » et par des salariés du réseau.
Au sein du réseau ARVD, l’évaluation du cycle obligatoire est confiée à des infirmières libérales adhérentes grâce à un jeu de cartes. Ces dernières disposent d’une grille de suivi quand il s’agit des ateliers optionnels.
III.2. Les liens entre le réseau et les libéraux
Le lien d’information entre le réseau et les professionnels est un élément invariant dans l’organisation des structures :
– Toutes les structures ont mis en place un système de liaison avec les professionnels libéraux, selon des formes variées : site Internet, journal ou lettre d’information, réunions, etc.
– Toutes les structures envoient systématiquement les bilans personnalisés des patients participant au programme d’éducation thérapeutique, à des moments clés variables d’un programme à l’autre.
– Trois structures ont institué un dossier médical partagé, sous forme papier (ADOPTIR-Prévention vasculaire 22) ou informatique (ARVD, REDIAB).
En revanche, le retour d’information entre les médecins et le réseau semble être plus problématique. En effet, les bilans médicaux qui sont prévus par les réseaux semblent généralement assez difficiles à obtenir et nécessitent beaucoup de relances de la part du coordinateur. Le réseau ARVD ne semble pas rencontrer ces difficultés avec son système informatisé qui génère des alertes lorsque les éléments biologiques et cliniques ne sont pas remplis. Par ailleurs, la rémunération des professionnels est conditionnée au bon remplissage du dossier de suivi.
III.3. La formation des libéraux
La formation des animateurs libéraux des séances d’éducation thérapeutique des patients n’est pas systématique. Trois réseaux sur cinq ont mis en place des formations à destination des professionnels de santé libéraux qui sont impliqués dans l’animation des sessions. Dans tous les cas, il s’agit de formations réalisées en interne.
– ADEPA : les animatrices des sessions ont été recrutées sur la base de leur formation initiale. L’une d’entre elles a obtenu un diplôme de science de l’éducation.
En ce qui concerne les médecins libéraux, qui n’animent pas les sessions, le réseau organisait une information au cours de la première réunion de présentation du réseau.
– ARVD : le réseau a mis en place une formation obligatoire de 2 x 4 heures pour les professionnels de santé libéraux adhérents susceptibles d’animer des sessions d’ETP.
– ADOPTIR-Prévention vasculaire 22 : le réseau a mis en place une formation des libéraux animant des séances d’ETP, conjointement aux salariés du réseau (CRESBretagne, EduSanté).
– ROMDES : le réseau a mis en place une formation des médecins et des paramédicaux.
– REDIAB : pour les professionnels de santé qui souhaitent animer des séances d’ETP, le réseau a mis en place une formation obligatoire de 2 x 2 jours. Pour ceux qui souhaitent réaliser la coordination des soins, la formation dure 1 x 2 jours puis une journée tous les ans. Un agrément est délivré aux infirmières libérales qui ont suivi cette formation.
Les formations sont indemnisées dans les réseaux ARVD (300 € quelle que soit la profession) et REDIAB (300 €/jour pour les médecins et 183 €/jour pour les paramédicaux). Le réseau ROMDES ne prévoit aucune indemnisation.
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Sommaire: L’éducation thérapeutique dans la prise en charge des maladies chroniques
INTRODUCTION
ÉLÉMENTS DE CONTEXTE : L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE EN FRANCE
I. LA DIVERSITÉ DES ACTEURS IMPLIQUÉS ET DES PROGRAMMES EXISTANTS
I.1. L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE EST DISPENSÉE EN SECTEUR HOSPITALIER ET EN VILLE
I.2. LES PROGRAMMES DÉVELOPPÉS SONT TRÈS HÉTÉROGÈNES
II. PEU DE PATIENTS SONT ACTUELLEMENT CONCERNÉS PAR UNE ACTION STRUCTURÉE D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
III. UN FINANCEMENT NON ADAPTÉ AU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
IV. UNE VOLONTÉ INSTITUTIONNELLE DE DÉVELOPPER L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE ENQUÊTE SUR LA PRATIQUE DE L’ETP EN SECTEUR AMBULATOIRE EN FRANCE : SYNTHÈSE DE 59 ENTRETIENS TELEPHONIQUES
I. UNE ORGANISATION HÉTÉROGÈNE DES PROGRAMMES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
I.1. LE CARACTÈRE ADAPTABLE DES PROGRAMMES
I.2. DES PROGRAMMES MULTIPROFESSIONNELS AVEC UNE IMPLICATION VARIABLE DES LIBÉRAUX
I.3. LE DÉROULEMENT DES PROGRAMMES
I.4. LE FORMAT DES SÉANCES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
II. IMPLICATION ET RÉMUNÉRATION DES PROFESSIONNELS LIBÉRAUX PAR TYPE DE PRESTATION
II.1. LE DIAGNOSTIC ÉDUCATIF
II.2. LA CONSULTATION DE SUIVI
II.3. LES SÉANCES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
III. LE COÛT DES PROGRAMMES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
III.1. LE COÛT DES RESSOURCES PROFESSIONNELLES LIBÉRALES : QUELQUES EXEMPLES
III.2. LE COÛT DE PRISE EN CHARGE D’UN PATIENT DANS LES STRUCTURES DÉDIÉES À L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
ENQUÊTE SUR LA PRATIQUE DE L’ETP EN SECTEUR AMBULATOIRE EN FRANCE : SYNTHÈSE DE 5 MONOGRAPHIES
I. DESCRIPTION DES CINQ STRUCTURES VISITÉES
I.1. CARACTÉRISTIQUES ADMINISTRATIVES
I.2. LES PATIENTS RECRUTÉS
I.3. LE DYNAMISME VARIABLE DES STRUCTURES
II. LES PROGRAMMES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
II.1. L’ACTIVITÉ D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE AU SEIN DU RÉSEAU
II.2. L’ORGANISATION DES PROGRAMMES D’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
III. LA PLACE DES PROFESSIONNELS LIBÉRAUX
III.1. LA PLACE DES PROFESSIONNELS LIBÉRAUX DANS LES PROGRAMMES
III.2. LES LIENS ENTRE LE RÉSEAU ET LES LIBÉRAUX
III.3. LA FORMATION DES LIBÉRAUX
IV. LA PARTICIPATION DES PROFESSIONNELS LIBÉRAUX ET DES PATIENTS
IV.1. UNE PARTICIPATION DES MÉDECINS LIBÉRAUX MITIGÉE
IV.2. LA PARTICIPATION DES PATIENTS
V. FILE ACTIVE ET BUDGET EVALUATIONS ÉCONOMIQUES ET MESURES D’IMPACT SUR LE RECOURS AUX SOINS. ANALYSE DE LA LITTÉRATURE.
I. L’ASTHME
II. LES BRONCHO-PNEUMOPATHIES CHRONIQUES OBSTRUCTIVES
III. LE DIABÈTE
IV. LA RHUMATOLOGIE
V. LA CARDIOLOGIE
VI. LIMITES ET ENSEIGNEMENTS DES ÉTUDES D’EVALUATION PUBLIÉES
VI.1. DES MÉTHODOLOGIES UNANIMEMENT CRITIQUÉES POUR LEUR FAIBLE QUALITÉ
VI.2. ENSEIGNEMENTS ET INCERTITUDES ANALYSE DES CONDITIONS FINANCIÈRES ET ORGANISATIONNELLES DU DÉVELOPPEMENT DE L’EDUCATION THERAPEUTIQUE EN FRANCE
I. LE LIEN ENTRE FINANCEMENT ET RÉGULATION : ENSEIGNEMENTS DE L’ÉTRANGER
I.1. LE FINANCEMENT DE L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE À L’ÉTRANGER : LES EXEMPLES DE L’ANGLETERRE, DES ETATS-UNIS ET DE L’ALLEMAGNE
I.2. DES RÉGLEMENTATIONS ASSURANT LA QUALITÉ DE LA DÉMARCHE
II. MISE EN PRATIQUE : PROBLÉMATIQUE FRANÇAISE
II.1. AXES DE RÉFLEXION ORGANISATIONNELS
II.2. LES PROGRAMMES
II.3. LA PROMOTION D’UNE DÉMARCHE QUALITÉ DANS L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
III. CONCLUSION
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L’éducation thérapeutique dans la prise en charge des maladies chroniques (632 KO) (Cours PDF)