L’éducation alimentaire de l’enfant en prévention de l’obésité
L’OMS estime à plus de 41 millions d’enfants obèses en 2016. Près de la moitié de ces enfants âgés de moins de 5 ans vivent en Asie et près d’un quart en Afrique. Ces enfants ont plus de risques de développer des maladies cardio-vasculaires et des diabètes. Ces enjeux amènent donc à une réflexion sur les moyens d’action pour éviter cette hausse dramatique de la prévalence de l’obésité, d’autant que les causes sont en grande partie évitables. L’OMS entend donc donner à ce problème un haut degré de priorité pour éviter la projection de 70 millions de nourrissons et de jeunes enfants qui pourraient être touchés d’ici 2025. En France, 17% de la population adulte est obèse, ce qui représente 8 millions de personnes. Chez les jeunes, près de un jeune sur 3 rencontre des problèmes de poids dont 19% en état de surpoids ou d’obésité[2]. Cette prévalence reste très forte malgré les efforts déjà engagés par les différents acteurs. Cette situation a d’ailleurs conduit à adapter la feuille de route gouvernementale « prise en charge de l’obésité »2019 : parmi les moyens supplémentaires, on retrouve le déploiement d’ici 2022, d’expérimentations innovantes en direction de publics ciblés : les enfants de 3 à 8 ans à risque d’obésité (« mission retrouver son cap ») et les enfants et adolescents atteints d’obésité sévère (« OBEPEDIA »).
L’OBESITE
Pour pouvoir prendre en charge l’obésité de l’enfant, il convient de la définir de façon précise à l’aide notamment des courbes de corpulence qui lui sont adaptées. Il convient ensuite d’en apprécier la fréquence et surtout son évolution dans le temps pour une population donnée, puis en rechercher les causes ou les déterminants en faisant la part entre la génétique et l’environnement. Ce travail préalable doit permettre une compréhension des circonstances, une prise en charge efficace et une stratégie de prévention sur un plan individuel et collectif. Le corps humain contient environ 14% de son poids en graisse à la naissance, 20% à l’âge d’un an, à nouveau 14% vers 3 ans, puis cette adiposité augment progressivement jusqu’à 20%, connaissant un léger rebond vers l’âge de 6 ans. A la puberté, la fille maintient et souvent accentue sa masse grasse qui atteindra physiologiquement 20 à 25% du poids du corps adulte. Le garçon, quant à lui, par l’action des androgènes, verra sa masse grasse maintenue à 14% du poids de corps adulte et ce au profit de sa masse musculaire.
Indice de Masse Corporelle
Au niveau international, l’IOTF (International Obesity Task Force) a élaboré en 2000 de nouvelles courbes établies à partir de données statistiques (Brésil, Etats-Unis, Grande- Bretagne, Hong-Kong, Nouvelle Zélande, Singapour). Ces courbes permettent d’établir des valeurs de références pour l’embonpoint (91e percentile) et l’obésité (99e percentile). Ces données correspondent à l’extrapolation de données épidémiologiques chez l’adulte. Il est à noter que ce système donne des taux de prévalence du surpoids moins importants qu’avec d’autres classifications comme le CDC (Center of Disease Control and prevention) ou l’OMS. l’obésité au 97.7e. Ces valeurs sont le résultat d’une étude longitudinale multicentrique réalisée dans 6 pays (Brésil, États-Unis, Ghana, Inde, Norvège, Oman) auprès d’enfants âgés de 18 à 71 mois qui ont été allaités et qui vivaient dans des conditions favorisant une croissance optimale. Ces références sont des valeurs étalon. Cependant ce système est récent En France, on utilise les courbes du PNNS (Programme National Nutrition Santé) de 2003 (INPES) réactualisé en 2010 comportant 7 rangs de percentiles complétées par les courbes de centiles IOTF-25 (surpoids obésité exclue) et IOTF-30 (Obésité = forme sévère de surpoids).
Mesure de la masse grasse
Le diagnostic de surpoids et de l’obésité repose sur l’IMC. Cependant, l’IMC, bien que prédisant l’adiposité, ne donne pas d’idée précise de la masse grasse et de la masse maigre. Un indice de corpulence élevé peut être dû soit à une masse musculaire importante soit à une masse grasse élevée, c’est pourquoi il est utile dans certains cas de mesurer l’épaisseur des plis cutanés. Une autre mesure très utilisée est la mesure du périmètre brachial. Cette mesure, comme les indices de corpulence ne fait pas la part de ce qui revient à la masse grasse ou à la masse maigre. On peut alors utiliser un indice tenant compte de la circonférence du bras et du pli tricipital (UMA : Upper arm Muscle Area) : des tableaux de référence en fonction de la taille ont été proposés [6]. La mesure des plis cutanés donne un reflet de la masse grasse mais pas en totalité. En effet la graisse est surtout sous-cutanée dans le sexe féminin (type périphérique) alors qu’elle est centralisée dans le sexe masculin. La répartition de la masse grasse est mesurée par le rapport tronc/extrémité (T/E) des plis cutanés (rapport SS/TRI) : un rapport élevé correspond à une répartition centralisée et un La répartition de la masse grasse peut également être évaluée à partir des mesures des circonférences taille/hanche ou taille/cuisse : un rapport élevé correspond à une répartition de type androïde et un rapport faible à une répartition de type gynoïde .