L’EDUCATION A LA CITOYENNETE
QUESTIONNAIRE
L’objectif de l’outil Les questionnaires, outil de recherche choisis et établis par l’auteur, ont pour objectif de repérer ce que les élèves expriment comme sentiments d’appartenance collective et ce qu’ils retiennent comme fonctions (cognitives, communicationnelles et sociales) de la représentation qu’ils ont de la citoyenneté.
Les informations à recueillir
Pour chaque fonction, il est important de noter quelques informations importantes à retenir, notamment : – Sur les fonctions cognitives de la représentation de la citoyenneté : les significations et les composantes de la citoyenneté (la nationalité, la territorialité et les éléments culturels – linguistiques ou religieux) (cf. annexe IV) – Sur les fonctions communicationnelles de la représentation de la citoyenneté : les travaux pratiques et leur rythme et les travaux de groupe et leur évaluation. (cf. annexe IV) – Sur les fonctions sociales de la représentation de la citoyenneté : les facteurs favorisant leur intégration à l’école (la question de la participation et la mise en place de dispositifs démocratiques à l’école) (cf. annexe IV)
Les caractéristiques de l’outil
L’auteur a établi ces questionnaires en se référant à la méthode de De Landsheer, 1989 et de De Singly, 1996. Toutes les questions sont les même pour tous. Ce sont des questions fermées à choix multiples pour une univocité du sens et simplicité du niveau de langage et des connaissances déclaratives. Le questionnaire a été soumis à un test préliminaire pour voir s’il y a des choses à modifier. La durée de la séance au test préliminaire était de 25 minutes pour 23 items dont 22 QCM. Au final, on a retenu 14 questions
Le terrain d’enquête
La population cible : L’auteur a choisi l’ensemble des élèves des écoles secondaires d’enseignement général au Liban. Et la population observée est uniquement des élèves de la classe de Seconde car les composantes citoyennes sont traitées dans cette classe d’après le programme du secondaire. De plus, les élèves de la classe de Seconde au Liban n’ont pas un examen officiel en fin d’année, donc, on a un accès facile dans leur classe. 7.2.2. L’échantillonnage : Une liste exhaustive des noms et d’adresses des écoles par secteur a été fournie par le centre de recherche et de développement pédagogique du ministère de l’éducation nationale au Liban. L’annuaire des écoles datant de l’année scolaire 1999-2000. A partir de cette liste, quatre catégories ont été établi: 8 – Les écoles officielles (ou publiques) liées organiquement à l’Etat et mises sous la tutelle du ministère de l’Education nationale au Liban, – Les écoles privées fondées par des organismes religieux musulmans, – Les écoles privées fondées par des organismes religieux chrétiens, – Les écoles privées fondées par des organismes laïcs. L’auteur a choisi un échantillonnage aléatoire stratifié (stratified random sample) pour cette étude. Les procédés s’étaient effectués en deux étapes: – La première étape de l’échantillonnage consiste à constituer, à partir des catégories d’écoles citées ci-dessus, des strates délimitées selon des critères précis, – La deuxième étape consiste à sélectionner à partir de chaque strate des échantillons indépendants grâce à un tri aléatoire simple. En opérant ainsi, il peut aboutir à un échantillon représentatif de la population cible, les écoles du secondaire au Liban. La taille de l’échantillon aléatoire choisi aboutit à 22 écoles secondaires dont : – 10 écoles publiques, – 3 écoles privées fondées par des organismes religieux musulmans, – 6 écoles privées fondées par des organismes religieux chrétiens, – 3 écoles privées fondées par des organismes laïcs. L’auteur y évoque également les difficultés rencontrées lors de la réalisation de l’enquête. Mais au fur et à mesure, il note aussi les mesures prises pour faire face à ces difficultés. 7.3.Le traitement des données Le traitement des données va se faire à l’aide du logiciel SPSS. L’auteur a choisi ce logiciel car la façon dont l’échantillon a été réalisé permet de calculer des probabilités sans se soucier de la forme de la distribution de la population. Il permet également d’effectuer rapidement et avec une bonne fiabilité les calculs nécessaires au test du Khi deux. 8. Présentation et analyse des résultats Parmi les 976 questionnaires distribués, 928 sont retenus donc un pourcentage de 95%. Pour l’analyse des résultats, l’auteur choisit d’utiliser le test de Khi deux, la méthode d’élaboration des variables et le test de corrélation de Kendall.. La présentation des résultats va se faire de la manière suivante : d’abord une partie descriptive, ensuite une partie analytique.
.Le test d’ajustement ou test de Khi-deux
Le but de ce test de Khi-deux étant de déterminer l’acceptabilité des hypothèses de recherche. Le test se déroule de la manière suivante, l’auteur établi dans un premier temps une hypothèse nulle et si l’hypothèse nulle est rejetée, il formule une autre hypothèse appelée hypothèse alternative. Le calcul de la fréquence théorique correspond à la probabilité que l’hypothèse nulle soit vraie. Si la valeur calculée χ2 est supérieure au seuil de signification précisé alors nous ne rejetons pas l’hypothèse nulle. 9 HYPOTHESE 1 : SELON LES ECOLES AU LIBAN, LES ELEVES EXPRIMENT DES SENTIMENTS D’APPARTENANCE A DES COLLECTIVITES DIFFERENTES • L’hypothèse nulle : Les élèves, dans les différentes écoles retenues pour l’enquête, ont des sentiments d’appartenance collective différents: ceux des écoles publiques ont des sentiments d’appartenance nationale, ceux des écoles fondées par des communautés religieuses ont des sentiments d’appartenance à leurs communautés et ceux des écoles privées laïques ont des appartenances infranationales ou supranationales. Pour cette première hypothèse, l’alternative est que, il n’y a pas de différence significative dans les sentiments d’appartenance collective des élèves dans les écoles retenues pour l’enquête. Alors les résultats se présentent comme suit. – Dans les écoles officielles : les élèves des écoles publiques ont des sentiments d’appartenance nationale, l’hypothèse n’est pas validée de manière significative. – Dans les écoles chrétiennes : les élèves des écoles fondées par des communautés religieuses ont des sentiments d’appartenance à leurs communautés, l’hypothèse est rejetée. – Dans les écoles musulmanes : les élèves des écoles fondées par des communautés religieuses ont des sentiments d’appartenance à leurs communautés, l’hypothèse est validée – Dans les écoles laïques : les élèves des écoles privées laïques ont des appartenances infranationales ou supranationales, l’hypothèse est validée HYPOTHESE 2 : L’ACQUISITION DES COMPETENCES DE LA CITOYENNETE DEMOCRATIQUE EST FAVORISEE DANS UN ENVIRONNEMENT SCOLAIRE NEUTRE QUANT A LA QUESTION RELIGIEUSE AU LIBAN – PAR OPPOSITION AUX ECOLES FONDEES PAR LES COMMUNAUTES RELIGIEUSES CHRETIENNES OU MUSULMANES. • L’hypothèse nulle : L’acquisition des compétences d’une culture citoyenne démocratique est favorisée dans les écoles laïques par rapport aux écoles appartenant à des organismes religieux grâce notamment à un développement des capacités d’expérimentation, d’esprit critique et d’autonomie. • L’hypothèse alternative : Il n’y a pas de différence significative dans l’acquisition des compétences d’une culture citoyenne démocratique entre les élèves des écoles secondaires laïques et religieuses. L’auteur a repris la même méthodologie que pour la première hypothèse. Il est ainsi important de noter que la lecture des résultats est difficile. En effet, pour la première hypothèse sur l’expression des sentiments d’appartenance des élèves, il existe plusieurs alternatives sur une même hypothèse et les résultats sont différents sur chaque alternative. Ce qui ne nous permet pas d’affirmer clairement si l’hypothèse est vérifiée mais on ne peut non plus la rejeter complètement. Aussi, le résultat se formule ainsi : 10 – Pour la première hypothèse : l’analyse ne confirme pas de manière significative que les élèves des écoles officielles manifestent une appartenance nationale prioritaire. – Pour la deuxième hypothèse : l’analyse ne valide pas de manière significative l’atteinte portée par les éléments du religieux dans les écoles religieuses à toutes les compétences de la citoyenneté démocratique. Dans les difficultés de lecture des résultats, l’auteur choisit d’opter pour une analyse multivariée des résultats et le test de corrélation de Kendall. 8.2.Une analyse multivariée des résultats Cette méthode a été utilisée par l’auteur pour la première hypothèse car elle permet de traiter plusieurs variables en simultané. Elle analyse l’influence d’une variable, la variable indépendante sur une autre ou d’autres variables la variable dépendante. Ainsi, on a comme variable dépendante le sentiment d’appartenance collective et variable indépendante les types d’école. A côté du type d’école, d’autres variables indépendantes sont à prendre en compte à l’issu des questionnaires : la famille, la communauté religieuse, le pays, le monde arabe ou encore le monde entier. Dans l’analyse, l’auteur les a réduit à trois catégories : nationale, infranationale et supranationale. A l’issu de cette analyse, l’hypothèse nulle est vérifiée. Mais notre questionnaire présente d’autres variables qui pourraient influer sur les sentiments d’appartenance collective des élèves. Aussi, il est important de savoir quelle variable a le plus grand impact sur la variable indépendant ? Un calcul de régression linéaire multiple (multiple linear regression analysis) permet de calculer un coefficient spécifique (partial regression coefficient) qui donne une idée de l’impact relatif à chacune des variables indépendantes sur la variable dépendante. Une autre analyse le discriminent analysis le permet aussi. Les résultats confirment encore l’importance de la variable type d’école. Cette analyse fait ressortir une autre hypothèse que l’auteur appelle « hypothèse oubliée » : les établissements privés laïcs et les établissements officiels s’alignent plus facilement entre eux qu’avec des établissements fondés par des organismes religieux chrétiens ou musulmans. 8.3.Une analyse à partir du test de corrélation Pour la deuxième hypothèse l’auteur choisit le test de corrélation pour l’analyse des résultats. Le test de corrélation, le Kendall correlation est une méthode de mesure non paramétrique d’un coefficient de corrélation entre de nombreuses variables issues des compétences définies. Il s’agit ici des compétences sur la culture citoyenne démocratique recueillie par les questionnaires. La corrélation établit se concentre sur l’interdépendance entre les variables c’est-à-dire les influences communes des variables soit dans le même sens soit dans le sens opposé (corrélation positive ou corrélation négative). Le lien entre deux variables est estimé insuffisant si la probabilité exacte associé au coefficient calculé est égale ou inférieure au seuil de signification choisi. 11 Ainsi, le résultat montre que dans les écoles privées laïques des liens significatifs sont enregistrés entre l’engagement actuel et l’engagement futur des élèves à des groupes ou à des clubs religieux. Dans les écoles chrétiennes, un lien significatif existe entre le choix d’une fête religieuse comme évènement national par les élèves et la foi en Dieu, comme composante essentielle de la citoyenneté. Dans les écoles musulmanes, le lien est significatif entre le choix de la croyance, comme signification première de la citoyenneté, et la foi en Dieu comme composante essentielle de la citoyenneté 9. Discussion des résultats de l’enquête A l’issu de cette recherche, l’auteur formule clairement les constats suivants : – Il existe une crise d’identité nationale au Liban. L’absence du sentiment d’appartenance nationale, l’émergence d’une identité confessionnelle et l’apparition de la famille comme une communauté d’identité en sont les causes. La société libanaise est une société sans citoyen. Les élèves n’éprouvent pas le sentiment d’appartenance à leur pays. – Les compétences de la citoyenneté démocratiques sont ignorées, inassouvies ou bafouées. La démocratie tourne au système de partage. Khalifé, formule plusieurs propositions pour l’éducation à la citoyenneté au Liban, entre autre: – laisser la formation à la foi à l’église, ce n’est plus du ressort des institutions éducatives qu’elles soient confessionnelles ou non. – établir la notion d’une démocratie rebaptisée et consensuelle : évolution d’un Etat de communauté vers un Etat de citoyen. – intégrer la formation à la culture humaniste (droit de l’Homme) dans le curriculum – faire une révision constitutionnelle : donner à l’Etat ce qui doit l’être (c’est-à-dire les enlever aux communautés.
INTRODUCTION |