L’ECO-CONCEPTION EN ENTREPRISE – PLACE DU PARAMETRE ENVIRONNEMENTAL DANS LES DIFFERENTES APPROCHES
La conception d’un produit, quel qu’il soit, est bâtie sur un schéma classique comportant des jalons étapes. Dans un premier temps, il y a une phase d’avant-projet, pendant laquelle la conception du produit se définit. Vient ensuite la phase de conception détaillée, puis le prototypage et les tests associés, l’industrialisation, et enfin, la revue du produit avec une possibilité de retour en conception à ce moment-là (Figure 2-1). Dans une supply chain classique, les principaux acteurs sont : le client, l’équipe de conception (composée de décisionnaires, concepteurs, ingénieurs et techniciens), et les fournisseurs. Chacun a ses propres contraintes à respecter. Elles peuvent être économiques, stratégiques, temporelles, qualitatives, techniques, … (Figure 2-2). Chacun de ces protagonistes doit pouvoir répondre à l’ensemble des exigences posées qui peuvent être assez nombreuses et contraignantes. Jusqu’à présent, le paramètre environnemental ne fait pas partie de ces contraintes. Plus un projet avance, moins les libertés d’actions et de décisions sont importantes, car si des changements sont décidés tardivement, ils entrainent entre autres, de forts coûts supplémentaires. Dans l’idéal, il est donc préférable de fixer les choix techniques et d’innovation lors des phases initiales du processus de conception (ISO-14062, 2003). Plus une décision est prise précocement, moins il est difficile de l’appliquer à l’ensemble du processus de conception (Figure 2-3).
Les processus de reconception et d’innovation
Pour la majorité des produits industrialisés, ce processus de conception est assez court, de l’ordre de quelques mois. Il est ainsi assez difficile de faire de la reconception ou de l’innovation à toutes les étapes de conception du produit. Le plus souvent, pour répondre à des contraintes de délais et de coût, les industriels se limitent à l’amélioration de leurs produits. C’est en Recherche et Développement (R&D) que reconception et innovation prennent réellement leur place. Trois grands moments de recherche se définissent (WIGUM, 2004) : la recherche pour la conception au niveau de l’avant-projet, la recherche dans la conception lors du projet en lui-même et la recherche à travers la conception en post-projet (Figure 2-5). Mais, à ces trois grandes étapes de recherche, il faut aussi ajouter la recherche en avant de phase de conception. C’est le cas lorsque les entreprises font de la R&D : la direction générale décide qu’il faut que l’entreprise travaille sur certains sujets car ils pourraient éventuellement déboucher sur de nouvelles opportunités. C’est justement dans ce cadre là qu’il est intéressant d’entreprendre des démarches d’anticipation. Cette approche est volontariste, et ne répond pas ni à des pressions réglementaires existantes ou à venir, ni à des pressions économiques. Plus les nouvelles technologies, les nouvelles idées sont intégrées en amont de la conception plus il est aisé de les mettre en application tout au long de la conception.
Pour créer une méthodologie systémique, applicable à toutes les étapes d’un processus de conception, il faut intégrer les trois modes de recherche (« en avant », « pour », « dans » et « à travers » la conception), et réussir à les coupler pour obtenir un outil systémique. Cela peut s’envisager d’autant plus facilement que le processus de conception d’un produit est long. Et effectivement, comme cela sera détaillé par la suite (cf. chapitre 2, 2. et 3.), nous allons nous intéresser tout particulièrement à ce type de produit, correspondant à ceux de l’entreprise pour laquelle le consortium a été monté, DCNS. Un temps de conception assez long, avec un grand nombre d’acteurs mis en jeu au sein de l’entreprise, et un produit à longue durée de commercialisation doivent permettre une plus grande latitude d’action lors du processus de conception, et donc une meilleure intégration d’éventuelles évolutions visant à améliorer le produit. Comme pour toutes les contraintes de conception, il est plus efficace de prendre en compte l’environnement en amont des décisions (CIRAIG, 2010). Jusqu’à présent, de nombreux paramètres entraient en jeu lors de la prise de décision, mais l’environnement n’en faisait pas partie. Mais pour assurer un DD, il est nécessaire de prendre en compte ce nouveau paramètre, au même titre que les contraintes techniques, économiques, ou tout autre paramètre pris considéré lors de la conception d’un produit (Figure 2-6).