L’eau en France
De toutes les planètes du système solaire, la Terre est la seule à être pourvue d’une hydrosphère. Celle-ci recouvre plus des deux tiers de sa surface. Les propriétés de l’eau sont tout à fait exceptionnelles : condition de la vie, solvant quasi universel, vecteur de chaleur, puissant régulateur thermique, etc. La disponibilité en eau est l’une des clés de la distribution des êtres vivants à la surface de la Terre. Les sociétés humaines elles-mêmes en sont totalement tributaires : elles l’utilisent pour les besoins de leur vie quotidienne, pour leur agriculture et leur industrie, mais aussi comme moyen de transport, pour produire leur énergie ou évacuer leurs déchets. La multiplication des conflits géopolitiques liés à l’eau ainsi que la montée rapide des coûts de production de l’eau potable dans la plupart des pays industrialisés sont les indices d’une crise majeure de cette ressource. Patrimoine naturel le plus précieux de l’humanité, l’eau est très inégalement répartie dans le monde. Pour des raisons climatiques, tout d’abord : les zones arctiques, tempérées et tropicales humides se partagent 98 p. 100 des eaux qui circulent sur l’ensemble des terres émergées, tandis que les zones arides et semi-arides ne disposent que des 2 p. 100 restants. Mais les écarts dans les modes et les niveaux de développement socio-économique jouent aussi un rôle déterminant dans les disparités des ressources en eau réellement disponibles. Ainsi, au Sud (au sens géopolitique du terme), plus de 1,5 milliard d’individus sont privés d’eau potable.
Quant aux pays industrialisés, ils connaissent une crise latente, notamment en raison des pollutions qui mettent en danger cet élément longtemps considéré comme indéfiniment renouvelable. Les ressources naturelles en eau, potentiellement utilisables, varient suivant les régions de 200 litres à 2 millions de litres par jour et par habitant. L’eau de notre planète (environ 1 385 millions de kilomètres cubes) est répartie dans cinq réservoirs interconnectés. Le plus important d’entre eux est constitué par les océans (environ 97,4 p. 100). Les glaces représentent environ 2 p. 100 du réservoir mondial, les eaux douces terrestres (lacs, fleuves, eaux souterraines et humidité des sols) 0,6 p. 100 et la vapeur d’eau atmosphérique moins de 0,001 p. 100. Quant à la totalité de l’eau contenue dans les cellules vivantes, elle correspond à moins de 0,000 1 p. 100 de l’ensemble, soit tout de même 1 100 kilomètres cubes.Les cinq réservoirs d’eau de la planète subissent des transferts incessants selon un cycle bien connu dont la phase initiale est l’évaporation des eaux de surface des océans et des continents. Chaque jour, plus de 1 000 milliards de tonnes d’eau passent ainsi dans l’atmosphère, qu’elles quitteront un peu plus tard sous forme de précipitations. La fraction P de ces précipitations qui retombe sur les continents se répartit en deux flux. Une partie (Ev) de l’eau retombée subit à nouveau les phénomènes d’évapotranspiration, après avoir, pour une part, transité par les êtres vivants ; le reste (Dr) est drainé vers les océans.
Le bilan s’écrit : P = Ev + Dr. Les ressources en eau Dr, dites renouvelables, se répartissent elles-mêmes, en fonction de la perméabilité du sol, en trois flux secondaires : le ruissellement, qui alimente les rivières et les fleuves ; le drainage par infiltration superficielle, qui recharge les nappes aquifères ; le drainage souterrain profond, qui fournit les nappes les plus profondes (plusieurs centaines de mètres de profondeur). Au cours de ce cycle, la surface de l’océan fonctionne comme un immense distillateur. Cet évaporateur à basse température joue le rôle d’une station d’épuration géante qui débarrasse l’eau de tous les déchets, toxines et bactéries qui la polluent et remet l’eau douce à la disposition de la biosphère. À cette eau évaporée viennent se joindre les eaux thermales et volcaniques mises en mouvement par la chaleur interne du globe. À la distillation naturelle s’ajoute le flux des eaux douces obtenues artificiellement par les usines de dessalement des eaux de mer, soit environ 15 millions de mètres cubes par jour. Le cycle de l’eau comporte donc deux branches principales : une branche atmosphérique (réservoir atmosphérique) et une branche « terrestre » (les quatre autres réservoirs). L’étude de la première relève de la météorologie, la seconde de celle de l’hydrologie. La météorologie permet de comprendre le rôle de la circulation générale de l’atmosphère dans le cycle de l’eau et donc la distribution géographique inégale des précipitations. Dans les zones subtropicales et polaires, l’évaporation est plus importante que les précipitations, tandis que les précipitations dépassent l’évaporation dans les ceintures de précipitation, à savoir la zone de convergence intertropicale et les latitudes moyennes soumises aux perturbations associées aux fronts polaires. Le bilan précis des processus d’apport et d’élimination de l’eau dans une région donnée permet de connaître la répartition spatiale et temporelle de cet élément.