Leaders, Fous et Imposteurs
Manfred KETS de VRIES est docteur en Economie de l’Université d’Amsterdam et titulaire d’un MBA ainsi que d’un doctorat de Harvard. Au travers de sa carrière, il a toujours souhaité connaître davantage et en profondeur les individus et les organisations d’entreprises par le biais de la psychanalyse, méthode développée comme chacun sait, par les travaux du Professeur Sigmund FREUD. Il a été formé aux méthodes de la psychanalyse par le Canadian Psychoanalytic Institute. C’est ainsi que dans son ouvrage Leaders, fous et imposteurs il adopte deux approches pour appréhender les hommes et les organisations : une approche d’économiste qui connaît le fonctionnement d’une organisation d’entreprise et une approche de psychanalyste qui cherche à connaître et à comprendre les hommes et leurs sentiments, leurs émotions, leurs comportements. C’est cette double approche, la maîtrise de cette science (l’économie) et de cet art (la psychanalyse) qui lui a ouvert les portes de carrières diverses mais liées : psychanalyste, consultant d’entreprise et universitaire (Mc Gill University, HEC Montréal, Harvard Business School, INSEAD Fontainebleau). Actuellement, le professeur Manfred KETS de VRIES est le directeur du « Global Leadership Centre » à l’INSEAD Fontainebleau ce qui regroupe également le pôle de Management des Ressources Humaines.
Après une série d’articles et d’ouvrages consacrés au management et aux organisations, Manfred KETS de VRIES publie en 1995 Leaders, Fous et Imposteurs. Ce dernier recevra même en 2003 le Prix Sciences Po du meilleur ouvrage de management. II – Intérêts et objectifs de l’ouvrage A l’heure actuelle où l’on parle et où l’on recherche de plus en plus à déterminer un « profil type de leader » (voir récente une d’un célèbre magazine « d’actualités d’entreprises » : Challenges ), où l’expression « charisme » de Max WEBER est de plus en plus citée comme étant une référence et la caractéristique majeure du comportement de leader, Manfred KETS de VRIES admet et prouve la difficulté et la réduction de ces recherches qui tendent à assimiler le comportement de leader à une « recette miracle ». « Plus je rencontre des leaders, plus il me paraît difficile de décrire une façon type de diriger efficacement », « Il est évident qu’à différentes situations doivent correspondrent différents types de leadership » écrit-il dans la préface de son ouvrage Leaders, Fous et Imposteurs. Il situe d’ailleurs clairement la problématique : « Réduire les caractéristiques du leadership à quelques éléments qu’on retrouve toujours est une insulte à l’intelligence du lecteur.
C’est pourtant ce que l’on fait trop souvent dans les études sur la question ». En effet, si l’on ne peut affirmer qu’il y ait une liste définitive des caractéristiques qui peuvent qualifier le comportement de ceux qui dirigent, il y a néanmoins certaines constantes qui peuvent être retrouvées chez chacun d’entre eux. Manfred KETS de VRIES a l’originalité de traiter le dirigeant avant tout comme un homme, à la rationalité limitée par le cognitif et l’émotionnel, soumis aux contraintes d’un environnement qu’il ne connaîtra jamais suffisamment, soumis également à l’illusion qu’il a de contrôler un univers. Originalité, car l’ensemble des œuvres qui disent traiter de « l’art du management » tentent davantage de dresser un portrait robot du leader, comme une suite de règles et de modèles mathématiques, plutôt que de l’analyser en tant qu’homme réagissant en fonction des situations qu’il rencontre avec son histoire, ses croyances, son passé, son inconscient, sa motivation inconsciente. Dans Leaders, Fous et Imposteurs, Manfred KETS de VRIES reprend l’approche de Sigmund FREUD afin de nous aider à comprendre les causes du comportement du leader. C’est pourquoi, en tant que psychanalyste, il souhaite nous dépeindre le « théâtre intérieur » des dirigeants qu’il a analysés en consultations ainsi que celui des Grands Hommes au sens hegelien du terme qui sont devenus les archétypes (JUNG) de notre civilisation, celui des hommes qui auront marqué en bien ou en mal notre ère (Hitler, Lyndon Johnson, Reagan, Giscard d’Estaing.
leader de charme selon JP Friedman-, Anthony de Angelis, Saddam Hussein…) et notre inconscient (mythe de Narcisse, la loi du Talion, la théorie du bâtisseur…). Son œuvre a également pour objectif de montrer les interactions des individus dans les organisations, que ce soit au plan politique ou dans la vie de l’entreprise. Au lieu de miser sur une relation mécanique entre les différents acteurs d’une organisation, Manfred KETS de VRIES met l’accent sur une dimension « psychodynamique » qui montre comment des mécanismes intérieurs, conscients ou non, influent sur les décisions de la société. Cette théorie révèle ainsi que les organisations ne peuvent être gérées de manière purement logique car les dirigeants font preuve comme tout homme d’ailleurs, d’une rationalité limitée (au sens d’H. Simon), par leurs émotions, leurs aspirations. Cette conduite irrationnelle peut se répercuter sur la culture entière de l’entreprise et orienter les styles de direction. KETS de VRIES fait donc ici une « approche clinique du management ».