La capside virale
Située au cœur de la particule virale, elle est constituée de protéines p24. Elle renferme lesdeux molécules de l’ARN, la protéine p7 et les enzymes virales (transcriptase inverse et intégrase).
La matrice
Constituée de protéines p17, elle tapisse l’intérieur de la particule virale. La protéase virale se retrouve au niveau de cette matrice.
L’enveloppe
C’est un fragment de la membrane cytoplasmique de la cellule hôte qui est utilisé par le virus comme enveloppe externe.
Elle est recouverte à sa surface par la glycoprotéine d’enveloppe externe gp120 et par la glycoprotéine gp41 transmembranaire.
Ces glycoprotéines de surface proviennent du clivage de la gp160 qui est un précurseur. La gp120 est une protéine dont la structure se modifie continuellement du fait d’une variabilité génétique propre au VIH.
VARIABILITE GENETIQUE DES VIH
Le VIH est caractérisé par une grande variabilité génétique ( 20, 21, 24). Ceci va constituer un élément aggravant de l’infection, car l’organisme infecté va sans cesse lutter contre des souches différentes.
Le génome du virus contient toutes les informations génétiques nécessaires à la perpétuation du message.
Cependant, pour survivre, il doit constamment s’adapter aux menaces de l’environnement. Les variations qu’il va subir au niveau de son génome vont se traduire par des modifications de la structure externe. Le système immunitaire se retrouvant confronté à une structure nouvelle ne la reconnaît pas, laissant ainsi le virus lui échapper. Néanmoins, tous les virus modifiés ne survivent pas car ils ne vont pas résister à la pression de la sélection qu’ils subissent. La diversité est produite au hasard, seules les bonnes variations (celles qui ne perturbent pas la multiplication) seront viables. Les mauvais variants disparaissent car les modifications subies empêchent la multiplication virale de se dérouler normalement, ce qui est létal pour le virus.
L’apparition de nouveaux variants est favorisée par la multiplication très rapide du virus, de l’ordre de 10 000 virus par jour en moyenne. À ce rythme, pour une particule virale au départ on en aura mille milliards au 4ème jour. Le nombre de virus éliminés par la sélection est dérisoire par rapport à cette production.
La variation fait suite aux erreurs qui surviennent lors de la réplication du génome viral et sont le fait surtout de la transcriptase inverse. Elle fait en moyenne une erreur sur 10 000 nucléotides, ce qui correspond à la taille du génome. Mais du fait de la sélection, ne seront gardés que les variants pouvant se répliquer. En général, lorsque la variation touche les protéines env., la souche obtenue est viable car elle va présenter une structure non reconnue par le système immunitaire de l’hôte. Si la variation entraîne une modification d’une enzyme du virus, ce variant disparaît car il ne peut plus se multiplier.
La variabilité du gène codant pour la glycoprotéine gp 120 est importante à considérer car c’est celle-ci qui permet la fixation du virus au récepteur CD4. On a pu constater que la gp120 possède une région constante (C) et une région variable (V). Les régions constantes sont essentielles à la survie du virus; lorsque le gène qui code leurs protéines subit une mutation, celle-ci est létale. Les modifications qui portent sur la région V mettent la gp120 à l’abri de la réponse immunitaire de l’hôte, et permettent au virus d’infecter facilement d’autres cellules. Les modifications du gène gag, dues aux erreurs commises par la transcriptase inverse, vont se traduire par des modifications antigéniques de la région V de la gp 120. C’est cela qui a permis d’identifier les groupes et les sous types du VIH-1.
En 1986, un second virus, le VIH-2, a été découvert en Afrique de l’Ouest. Les études génétiques montrent qu’il y a seulement 42 % d’homologie entre le VIH-1 et le VIH-2 ; chaque type de virus comporte lui-même des différences. Le VIH-1 est divisé en trois groupes M (majoritaire), O (Outlier) et N (non-M non-O). Le groupe M est lui-même subdivisé en sous-types dénommés par des lettres allant de A à K et de souches recombinantes (CRF).
La connaissance de la variabilité génétique du virus est importante pour la mise au point de tests de diagnostics et de vaccins. En effet, un test peut être bon dans un pays et pas dans un autre s’il ne détecte pas tous les sous-types circulant dans cet autre pays. Cette variabilité doit être prise en compte lors du choix des tests diagnostics.
Pour les vaccins, il est bien connu que celui-ci doit donner aux cellules mémoires de l’organisme la structure de l’antigène pour leur permettre de déclencher la réponse immunitaire lors d’un contact ultérieur avec le virus. Or les modifications continues qui affectent la région V de la gp120 rendent difficile la mise au point d’un vaccin qui pourrait faire produire des anticorps neutralisants. Le vaccin produit à partir d’une souche ne serait efficace que contre la souche utilisée. Cependant, même dans ce cas il peut devenir inopérant.
En effet, la grande vitesse de la réplication virale débouchera rapidement sur l’apparition de nouveaux variants chez la personne, non reconnus par les anticorps vaccinaux.
Cette répartition est cependant très évolutive, avec la variabilité importante du virus, l’apparition de nouveaux sous-types n’est pas à exclure.
ÉPIDÉMIOLOGIE DE L’INFECTION
Evolution
Découverte en 1981 chez des homosexuels américains, l’infection à VIH/SIDA est aujourd’hui un phénomène mondial bien établi retrouvé dans tous les continents. Plus de vingt ans après son apparition, le SIDA est devenu l’une des premières causes de mortalité dans le monde. En 2006, près de 40 millions de personnes dans le monde étaient infectées par le VIH et plus de 2,8 millions de personnes sont morts du SIDA ( Tableau I).
L’Afrique subsaharienne où vit moins de 10% de la population mondiale représente la région la plus touchée avec près de 64% de toutes les personnes vivant avec le VIH1.
Au Sénégal le SIDA est considéré comme une priorité de santé publique.
Pendant les premières années, la maladie atteignait surtout des jeunes hommes homosexuels.
Mais au fil du temps, elle s’étendit aux toxicomanes par intraveineuse, aux receveurs de sang et dérivés sanguins et enfin à la population hétérosexuelle.
Modes de transmission du virus*
Le virus VIH a été isolé de tous les liquides biologiques comme le sang, la sueur, les larmes, le liquide céphalorachidien, la salive, le sperme et les secrétions vaginales.
Cependant la cible du VIH étant principalement le lymphocyte auxiliaire T CD4 et également le macrophage, pour être infectieux il doit franchir la barrière sanguine
Trois modes principales de transmission ont été retenues :
Transmission par voie sexuelle
Elle est beaucoup plus fréquente ; elle est responsable de 70% à 80% des cas d’infection (8).
La présence du virus dans le sperme et dans les secrétions vaginales explique la transmission hétérosexuelle en Afrique où le nombre de cas de sida est plus élevé chez les femmes que chez les hommes.
Certaines infections sexuellement transmissibles et surtout le multipartenariat favorisent cette transmission (8).
En Europe et aux USA, ce sont surtout les homosexuels mâles qui sont touchés.
Mais cette tendance est revue à la baisse aujourd’hui au profit de la transmission hétérosexuelle et par voie intraveineuse chez les utilisateurs de drogues, surtout dans le sud de l’Europe.
Cette transmission se fait lors des rapports anaux, vaginaux et bucco-génitaux.
Transmission par voie sanguine
Elle se fait essentiellement par l’intermédiaire de sang contaminé.
De nombreux cas de sida ont été reconnus chez des personnes ayant reçu des transfusions de sang contaminé (5).Cependant, cette voie de transmission est aujourd’hui relativement rare du fait du dépistage systématique des donneurs de sang ( 16).
Une autre démonstration du passage du virus par voie sanguine est le pourcentage accru de toxicomanes séropositifs par usage de drogues injectables par intraveineuse.
En Afrique dans certains hôpitaux, les seringues étaient réutilisées après stérilisation plus ou moins douteuse et cela expliquait le plus fort pourcentage de sujets infectés dans les hôpitaux. Aujourd’hui, ce mode de transmission est devenu rare (5).
HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE*
Entre le jour de l’infection et l’apparition des anticorps, il s’écoule un laps de temps qu’on appelle fenêtre sérologique.
Durant cette période, les tests de dépistage n’arrivent pas à détecter la présence du virus.
L’infection à VIH évolue en trois phases (figure3) : la Primo-infection, l’infection asymptomatique et la maladie (7, 22).
La primo-infection
Le virus pénètre dans l’organisme et gagne les ganglions lymphatiques où il va se multiplier essentiellement dans les lymphocytes CD4+. Au cours de cette phase qui peut durer jusqu’à 48 heures, il n’y a aucun signe clinique ou biologique permettant de faire le diagnostic.
Le virus se multiplie en grandes quantités dans les ganglions lymphatiques qui deviennent palpables cliniquement et des quantités importantes de virus sont libérées dans le sang. Cette virémie peut être objectivée par la mesure de la charge virale plasmatique et par la recherche de l’antigénémie p24; elle augmente rapidement. Dans 50 % des cas, cette primo infection est accompagnée de signes cliniques non spécifiques : fièvre, arthralgies, céphalées et poly adénopathies. Lorsque les signes cliniques sont importants au cours de la primo infection, il faut craindre une évolution rapide vers le stade de SIDA.
La charge virale plasmatique, c’est-à-dire la quantité de virus présente dans l’organisme, se positive dès le 7e jour. L’antigène p24 peut être détecté à partir du 15e jour.
L’infection asymptomatique
La séroconversion commence avec l’apparition des anticorps anti-VIH dans la circulation, au plus tôt la 3e semaine et au plus tard le 7e mois après la contamination; le délai moyen d’apparition est de 6 à 8 semaines.