Le vieillissement actif
L’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2002, 2015) affirme que le vieillissement actif repose sur la possibilité d’être en bonne santé, de participer socialement et d’être en sécurité, d’où l’expression « vieillir en restant actif» adoptée par l’OMS à la fin des années 90, qui transmet un message plus complet parce qu ‘ il reconnait les droits de la personne âgée et les principes de l’ indépendance, de la participation, de la dignité, de l’assistance et de l’ épanouissement de soi. Par conséquent, il importe que les personnes âgées vivent dans un environnement adapté à leur potentiel et à leurs capacités. Le fait de « vieillir en restant actif» est un processus qui aide à optimiser non seulement la participation, mais aussi la bonne santé et la sécurité afin d’accroitre la qualité de vie pendant la vieillesse. Ainsi, l’ainé continue de se développer comme individu avec le soutien de la communauté.
La mise en place des conditions qui permettent ce vieillissement actif est bénéfique sur plusieurs plans. Notamment, la société tire un bénéfice de l’évolution démographique lorsque les ainés participent plus activement à son développement. En effet, les ainés qui participent ou retrouvent des possibilités de participation maintiennent leur apport social et leur sentiment d’ utilité. En outre, ils découvrent des nouvelles aptitudes tout en conservant ou en créant leurs réseaux sociaux. Les ainés brisent alors leur isolement et acquièrent une meilleure estime d’ eux-mêmes. Bref, toutes et tous peuvent ainsi continuer à apporter une contribution à leur famille et à leur communauté (Conseil des ainés du Québec, 2007, 2010). Dans cette optique, il faut souligner que l’ idée du vieillissement actif combat la gérontophobie et l’ âgisme présents dans notre société (Conseil des ainés du Québec, 2007, 2010). En reconnaissant les potentiels et l’apport des ainés, cette perception du vieillissement vient contrecarrer les stéréotypes formés dans un contexte social gérontophobe où la personne âgée est vue comme une charge pour la société (Van Gorp, 2013). Dans le même ordre d’ idées, les partisans du vieillissement actif affmnent que cette image stéréotypée ne correspond pas à la vieillesse d’ aujourd’ hui (Conseil des ainés du Québec, 2010). Selon Deriaz (2006), il y a des nouveaux rôles pour les nouveaux seniors dans notre société.
Les mythes et stéréotypes concernant les ainés ne se rapportent pas seulement à leur possible déclin cognitif, mais aussi à leur place et à leur rôle dans la société. Trop fréquemment, ils sont montrés comme un poids, un fardeau coûteux pour les systèmes de santé et de services sociaux. lis sont même souvent désignés comme bouc émissaire en regard de bien des maux de nos sociétés (Lefrançois, 2004). Malgré cette représentation sociale, les ainés forment une population hétérogène. Chaque individu a son propre parcours. Ainsi, la notion de « vieillissement différentiel» (Lefrançois, 2004) est tout à fait pertinente dans ce contexte. Il ne s’agit pas de nier que certains ainés qui atteignent « le grand âge » ont besoin de soins soutenus et de services sociaux. Mais cela ne concerne qu’ un faible pourcentage d’entre eux, moins de 7 %. La réalité de la majorité des ainés est très différente. Au contraire, ils sont des consommateurs qui contribuent à l’essor économique de la société (Lefrançois, 2005). Ils usent de biens de toutes sortes, ils voyagent. Bien souvent, ils apportent de l’aide à leurs enfants et petits-enfants et ils constituent la grande majorité des bénévoles sur lesquels repose le fonctionnement de plusieurs secteurs de notre société (Lefrançois, 2005). Ainsi, il faut être vigilant par rapport aux représentations sociales négatives de la période de la vieillesse pour combattre les stéréotypes et les préjugés qui composent cet imaginaire collectif (Lefrançois, 2004).
C’est dans ce contexte de vie active que Lefrançois (2004) présente le concept d’Homo senectus : celui « qui se penche sur la conquête de la longévité en proposant une lecture de l’âge avancé comme signe de distinction sociale» (p. 15), qui a des ressources personnelles et sociales pour surmonter les difficultés imposées par la vieillesse dans des sociétés sénescentes comme la nôtre.
De plus, l’arrivée de la génération baby-boomer à la retraite apporte d’autres éléments à considérer. Celle-ci est une génération plus scolarisée et pleine de ressources qui a encore 15 à 20 ans à se donner et à offrir à la société (Beauchamp, 2012). Pour ces raisons, le vieillissement actif peut être décrit comme le résultat de la réalisation des tâches psychosociales significatives tout au long de l’ existence, y compris ces dernières années. Ce processus est lié à la possibilité des hommes et des femmes de construire des « projets personnels» à chaque étape de leur vie (Orellana-Gélain, 2006). À cet égard, la reprise étymologique du mot « projet» faite par cet auteur est très appropriée. Ce mot dérive de « projeter », du latin « pro », il signifie: en avant et « jeter ». Projeter, c’ est jeter au loin, lancer en avant, devant soi. L’ auteur explique aussi que le projet est une rupture avec le passé pour réorienter le cours de la vie en étant une articulation entre l’histoire vécue et la mémoire (le passé) et les perspectives d’action et l’avenir (le futur). Ce mouvement de réflexion sur le passé et sur l’ avenir offre des conditions pour élaborer des projets personnels propices à réussir dans la vie et dans le processus de vieillissement.
Dans le même ordre d’ idées, Bouffard (2008) affirme que le fait d’ avoir des buts personnels aide à bien vieillir. Dans ce sens, élaborer, choisir et réaliser un but provoquent des émotions positives. Cet auteur ajoute que l’ actualisation de soi et le sentiment d’ efficacité personnelle sont renforcés par la réussite de ces buts. Voilà pourquoi il apparait que chacune des étapes de la démarche vers le but contribue au bien-être subjectif, à la qualité de vie à la retraite et enfin à un vieillissement actif. Celui-ci sera traité dans la section suivante en lien avec la participation sociale.
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