Le végétal hypericum japonicum

Description du genre Hypericum

L’hypéricine est une substance naturelle puissamment photo-sensibilisante. Elle absorbe le rayonnement visible et UV, et devient phototoxique en libérant des radicaux libres très réactifs. Le pouvoir phototoxique des millepertuis induit des troubles parfois sérieux chez les herbivores qui en absorbent en grande quantité. Le pouvoir antiviral de l’hypéricine a été étudié in vitro et chez l’animal : l’hypéricine est un antiviral, actif contre les virus encapsulés comme l’herpès, l’hépatite B, le cytomégalovirus, certains virus provoquant des infections respiratoires « grippales », des rétrovirus dont le virus du Sida (VIH) et beaucoup d’autres virus.
Les essais chez l’homme vivant avec le VIH n’ont montré aucune efficacité contre ce virus, et aucune activité contre l’hépatite C n’a été décelée sur des personnes qui ont reçu un traitementà l’hypéricine 4.
L’hypéricine peut être un agent de photo-détection et de photothérapie dynamique des micrométastases de cancer ovarien 5.
Le genre Hypericum est composé d’environ 400 espèces réparties dans le monde entier, sauf dans les déserts et les régions arctiques. Les millepertuis sont rattachés à la famille des Hypericacées selon la classification phylogénétique APG III (2009), ou à celle des Clusiacées selon la classification classique de Cronquist (1981).
Le nom de millepertuis signifie mille trous. Il est dû à l’espèce Hypericum perforatum très commune en Europe qui possède de petites glandes translucides. En observant les feuilles par transparence, ces glandes donnent l’impression d’une multitude de minuscules perforations qui sont bien visibles à la figure 26.

Description botanique de l’espèce Hypericum japonicum

Généralités

Le genre Hypericum compte 4 espèces spontanées à Madagascar qui peuvent êtretoutes considérées comme officinales : Hypericum bojerianum, Hypericum japonicum, Hypericum lalandii et Hypericum lanceolatum 7.
L’espèce Hypericum japonicum est rencontrée dans tout l’extrême orient : Chine, Corée, Japon, Philippines,… en Océanie, et aussi en Amérique du Nord. Elle est représentée à Madagascar par la sous espèce pseudocrispum que PERRIER de la BATHIE considère comme endémique à la grande île [7]8. La classification selon Cronquist est donnée dans le tableau 1.

Les racines sont fibreuses et pivotantes (figure 5)

Les fleurs sont hermaphrodites et pédonculées, bisexuées, et sont quelquefois solitaires ou en petit groupe, mais plus généralement disposées en cymes. Les pétales ont 8 à 19 mm de diamètre. Le pédicelle mesure 3 à 8 mm de long. Les 5 sépales oblongs, de 4 à 6 mm de long, sont libres et imbriqués. Les 5 pétales oblongues à obovales mesurent 4 à 5 mm de long. Comme les feuilles, elles sont ponctuées de glandes. Les fleurs sont d’une couleur jauneorange, tel que présenté à la figure 6, souvent teintées de rouge. Les 7 à 30 étamines sont disposées à la base des pétales. L’ovaire, ovoïde à subglobuleux, est surmonté de 2 ou 3 styles élancés, divergents, terminés par des stigmates arrondis en tête [7][13].

Multiplication de la plante

L’espèce Hypericum japonicum se multiplie soit par division, soit par marcottage ou bouturage. La plantation se fait au début de l’automne ou du printemps, sur tout type de sol bien drainé et ayant une humidité moyenne, de pH acide, calcaire ou neutre [16].

Les utilisations thérapeutiques de la plante

La plante est décrite comme cicatrisante et vulnéraire ; en cela, elle est employée en usage externe pour traiter les abcès et les plaies, les écrouelles et les mycoses cutanées. Elle est aussi efficace sur les brûlures, les douleurs articulaires, les morsures de sangsues et de serpents [13].
Elle est utilisée dans les soins dentaires car elle est réputée avoir des propriétés antiseptiques et astringentes ; on signale son utilisation dans le traitement de la maladie parodontale inflammatoire [9].
Les plantes broyées sont connues pour lutter contre le paludisme lorsqu’elle est associée à du gingembre et des sels minéraux [13].
Sous forme d’extrait sec, de teinture ou de poudre, la plante est très efficace dans le traitement de stress comportemental intense, des dépressions légères à modérées, et de tous les dérèglements de l’humeur. Pendant longtemps, les pharmacologues considéraient les extraits de Hypericum comme des inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), mais aujourd’hui, ils penchent plus pour une action inhibitrice sur l’absorption des neurotransmetteurs au niveau des synapses neuronales : sérotonine, noradrénaline et dopamine. On connaît le rôle très important de la sérotonine dans la régulation de l’humeur [4][5].
En usage interne, la plante est utilisée comme stomachique, et aussi pour lutter contre l’insomnie ou pour améliorer la qualité du sommeil [17].
Enfin, la plante entre dans la composition de tisane recommandée en cas d’anémie [18].

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Etudes chimiques antérieures

L’huile essentielle et les extraits de Hypericum japonicum var. pseudocrispum endémique à Madagascar, n’ont pas encore fait l’objet d’une étude biochimique à Madagascar.
Les travaux antérieurs trouvés dans la littérature concernent des espèces Hypericum japonicum propres à leur pays d’origine.

Etudes sur les HE

Les plantes du genre Hypericum sont généralement à HE. D’après BRUNETON 19, la proportion en HE de la partie aérienne de Hypericum japonicum varie de 0.1 à 0.35 %, et l’huile est plus abondante dans les fleurs que dans les feuilles. C’est cette huile qui, depuis le moyen âge est utilisée pour ses propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes 20. Nous n’avons trouvé que peu d’ouvrages décrivant la composition chimique d’HE de Hypericum japonicum. Les tableaux 2 et 3 donnent les constituants majeurs d’huiles d’espèces qui poussent en Inde et en Chine, obtenues par hydrodistillation de la partie aérienne ou des racines, puis analysées par CPG/SM.

Etudes sur les extraits non volatils

Constituants chimiques

Plusieurs identifications moléculaires ont été réalisées au cours de ces 30 dernières années, en raison de l’importance des propriétés bioactives montrées par le végétal. Les études phytochimiques ont abouti à l’isolement de composés appartenant à des familles chimiques variées qui sont présentées dans le tableau 4 ; les structures chimiques des molécules citées sont données à l’annexe 1.

Activités antibactériennes

Les activités antibactériennes de l’extrait aqueux de Hypericum japonicum ont été étudiées sur les souches Gram (+) et Gram (-) ci-après : Escherichia coli, Pseudomonas aeruginosa, Alcaligens faecalis, Bacillus subtilis, Klebsiella pneumoniae, Shigella lexneri, Salmonella Typhi, Staphylococcus aureus, Staphylococcus epidermidis, Streptococcus pyogenes, Xanthomonas vesicatoria, Xanthomonas oryzae et Xanthomonas malvacearum. A l’exception de Pseudomonas aeruginosa qui est résistant à l’extrait aqueux, tous les germes ont été inhibés par l’extrait lors de tests sur disques, et la concentration minimale inhibitrice (CMI) de l’extrait est d’environ 1 mg/ml pour toutes les cultures utilisées [42].
L’Isojacareubine qui est une xanthone des parties aériennes de Hypericum japonicum a une bonne activité sur Staphylococcus aureus [43.

Activités antivirales

Par une méthode de pharmacologie sérique, l’effet anti-VHB (Virus d’Hépatite B) des différents extraits, extrait éthanolique, extrait à l’acétate d’éthyle, extrait au butanol et extrait aqueux de Hypericum japonicum a été testé in vitro. L’extrait aqueux a montré une meilleure activité anti-VHB que les trois autres extraits [44].
Dans une étude in vivo, l’extrait éthanolique de Hypericum japonicum a montré uneforte activité contre le virus de l’hépatite B du canard [45]. En outre, l’extrait d’éthanol à 75% administré par voie orale à des souris infectées du virus de la grippe H3N2 s’est avéré actif [46].

Effets sur le système cardiovasculaire

Le composé bioactif quercétine-7-O-α-L-rhamnoside isolé à partir de Hypericumjaponicum a été testé pour son activité coagulante par une expérience in vitro. Ce glycoside de flavonol présente un excellent effet sur la coagulation de plasma sanguin [24]. Par ailleurs, l’administration orale de l’extrait aqueux de Hypericum japonicum pendant 8 semaines chez des rats présentant un taux de lipide élevé réduit de manière significative les taux de triglycérides, de cholestérol total, des lipoprotéines de faible densité et de l’indice d’athérosclérose [47].

Effet sur l’immunité

L’effet de l’extrait ethanolique de Hypericum japonicum sur les fonctions immunitaires systémiques a été étudié chez les rats mâles, et les résultats ont montré que l’extrait fait augmenter le taux de phagocytose des neutrophiles tout en améliorant le rapport des lymphocytes T dans le sang périphérique [48].
En outre, l’extrait a montré des effets importants sur l’amélioration de la fonction immunitaire, et prolonge le temps de survie chez les souris porteuses de tumeurs [49].
D’autres études ont montré que les extraits de Hypericum japonicum possèdent des activités variées : les extraits aqueux et à l’acétate d’éthyle possèdent une activité antioxydante [26] [50], es extraits à l’EtOH et à l’acétate d’éthyle possèdent une activité hépatoprotectrice [51][52], et l’extrait aqueux est anti-cancéreux [53].

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