Le transfert des apprentissages
Le transfert des apprentissages est le second concept de notre travail. Nous allons en proposer une définition. Ensuite, sept étapes de la dynamique de transfert des apprentissages seront exposées et développées. Puis, selon ces sept étapes, les élèves vont mettre en place différentes stratégies. Celles-ci seront explicitées et détaillées. Pour terminer, nous aborderons le lien entre le transfert des apprentissages et l’interaction. Ce concept va nous permettre de comprendre le mécanisme de transfert en général et également les stratégies que les élèves élaborent pour le réaliser et le réussir. Cependant, avant d’approfondir cette notion, il nous semble important de revenir brièvement sur les grandes théories de l’apprentissage.
L’apprentissage
L’apprentissage, pour Pléty (1998), est « un processus d’adaptation d’un individu ou de plusieurs à un environnement qui permettra de faire face à des situations nouvelles […] » (p. 16). Cependant, selon les courants, la place accordée à cet individu ainsi que les situations dans lesquelles son comportement nouveau se construit varient (Berbaum, 1984). Ces différents courants se regroupent en trois grandes écoles : le béhaviorisme, le cognitivisme et l’humanisme. Nous allons brièvement les présenter.
Les grands courants de l’apprentissage : le béhaviorisme, le cognitivisme
et l’humanisme
Tout d’abord, le béhaviorisme apparaît vers la fin du XIXe siècle. C’est un courant où le savoir est décortiqué pour rendre son acquisition plus facile, où la transmission des connaissances est importante pour permettre aux élèves de rentrer facilement sur le marché du travail et où le conditionnement serait le mécanisme élémentaire qui permettrait aux individus de réagir de manière adaptée aux situations et événements auxquels ils sont confrontés. « Il n’est pas surprenant qu’une telle école privilégie des valeurs d’adaptation et de conformité sociales, mais également d’autres valeurs chères au paradigme socioculturel industriel dont elle s’inspire : la rapidité et l’efficacité du système d’enseignement-apprentissage » (Vienneau, 2011, p. 90 ; Weil-Barais, 2004).
Après quelques années, le courant cognitiviste apparaît. Cette théorie de l’apprentissage s’intéresse aux processus qui transforment, codent, élaborent, stockent, retrouvent et utilisent les entrées sensorielles. Ainsi, « entre les stimuli de l’environnement et le comportement observable de l’individu, il y a une personne pensante, une structure cognitive agissante » (Vienneau, 2011, p. 121).
C’est en 1920, lorsque la Gestalt soutient qu’il peut y avoir un apprentissage sans renforcements progressifs mais par « insight » ou découverte soudaine, que la transition entre le béhaviorisme et le cognitivisme commence. Puis, la psychologie cognitive apparaît avec Atkinson et Shiffrin. Ceux-ci s’intéressent au traitement de l’information chez l’être humain et établissent des liens entre le fonctionnement de l’ordinateur et de l’individu. Ce courant se distingue du cognitivisme développemental qui porte son attention sur l’intelligence et qui donnera naissance au constructivisme et au socioconstructivisme. L’ensemble de ces théoriciens ont tous une vision personnelle de la manière dont les connaissances se construisent. Cependant, tous mettent l’apprenant en situation d’interactions sociales avec des pairs ou avec des experts (Vienneau, 2011).
Pour terminer avec cet historique, il nous reste encore à aborder le courant humaniste. Pour les auteurs de cette école, ce courant repose sur la conviction que l’individu est fondamentalement bon et qu’il désire atteindre un épanouissement total. Pour atteindre ce bien-être, différentes voies sont possibles.
En conclusion, les théories de l’apprentissage se différencient les unes des autres principalement pour expliquer le comportement nouveau. Certaines utilisent le conditionnement et son automaticité dans la réponse, d’autres la compréhension et la construction consciente de la réponse (Berbaum, 1984) .
Définition du transfert des apprentissages
Le transfert consiste à réutiliser, dans un nouveau contexte, une compétence ou une connaissance développée dans une situation particulière, afin de réaliser une nouvelle tâche ou d’assimiler une nouvelle connaissance (Tardif, 1999). C’est un mécanisme cognitif, présent durant toute la durée de l’apprentissage, qui permet une économie et une efficacité dans la réalisation de tâches variées ainsi que dans la résolution de problèmes. Pour compléter cette définition, Presseau et Frenay (2004) se basent sur la littérature existante et énoncent trois contraintes principales liées au transfert : le transfert se situe à l’intérieur du mécanisme d’apprentissage et adapte l’organisme à son environnement changeant et complexe ; le transfert se réalise toujours dans une situation où il y a un problème à solutionner ; il est important de tenir compte de l’environnement et de sa richesse. Les informations peuvent venir des connaissances provenant de la cognition mais également de la perception de l’environnement.
A la suite de ces explications, il est important de préciser que « toute situation de réutilisation d’un apprentissage ne correspond pas à un transfert » (Tardif, 1999, p. 60). Il y a des situations où la réutilisation d’un apprentissage correspond à l’’application d’une compétence ou d’une connaissance. La distinction s’opère dans la résolution. Si le sujet possède déjà la réponse au problème, il n’y a rien à résoudre et ainsi pas d’apprentissage. Pour Bracke (cité par Tardif, 1999), un transfert amène à un nouvel apprentissage qui provoque des transformations de compétences et de connaissances situées dans la mémoire à long terme. C’est cela même qui différencie le transfert de l’application (Vienneau, 2011).
1. Introduction |