LE TRAITEMENT PUBLIC DU CHÔMAGE ET DE LřACTION CONTESTATAIRE

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Brève description méthodologique et des conditions d’enquête

délimitation de notre problématique requiert lřemploi dřoutils dřobservation pertinents, qui nous permettent de rendre compte du sens de ces protestations pour le droit au travail, ainsi que la manière de le comprendre. Il sřagit en effet de comprendre quel est le sens partagé par les membres de ces organisations de sans-emploi et construits non seulement à lřintérieur des organisations et durant les actions collectives, mais également à lřextérieur de celles-ci, confrontés aux attentes des proches et de lřentourage. Aussi, observerons-nous lřinscription des sujets dans plusieurs chaînes dřaction situées dans le temps, et dans lřespace, ce qui nous permet de rendre compte dřune dynamique de transformation des acteurs. Il sřagit dřun cheminement qui commence dans les lieux publics des manifestations, nous conduit dans les quartiers où se déroulent les activités quotidiennes réalisées par les organisations étudiées et qui ouvrent également la voie aux liens familiaux et de voisinage indissociables dans la pratique mais analytiquement détachables. La méthodologie adoptée relève de lřanalyse anthropologique, et de manière encore plus précise, un travail dřobservation participant et non participant aux lieux de vie des personnes étudiées.
Dans la perspective qui est la nôtre de comprendre lřexercice de typification dans la vie ordinaire, cřest-à-dire dřévaluation et confrontation à certaines normes et repères communs, mis en œuvre par les acteurs eux-mêmes, il nous est paru nécessaire de conférer une place centrale à lřobservation et au partage des lieux de vie. De surcroît, la réalisation dřentretiens dans lřentourage nous a permis de livrer une « description dense » des vécus des acteurs. Les analyses présentées ici sont issues dřune enquête ethnographique qui sřest déroulée depuis le mois dřaoût 2003 en quatre phases dřenquêtes successives dřune durée allant dřun à deux mois, chacune dans différents sites ou se développent plusieurs réseaux des organisations de desocupados. Nous gardons un regard privilégié sur les sites de Berisso et Berazategui afin dřétablir une perspective comparée. Ces deux MTD étaient, en principe, réunis au sein dřun seul et même réseau, appelé La Veron et vers la fin de 2002, plusieurs MTD se sont séparés constituant deux différents réseaux : MTD Anibal Veron (AV) et Frente Popular Dario Santillan (FPDS) respectivement28 Ŕ FPDS et La Veron respectivement. Nous avons aussi travaillé dans dřautres districts de la banlieue sud de Buenos Aires à Ensenada, La Plata, La Matanza, Florencio Varela et Esteban Echeverria.
Les deux organisations, le MTD de Berazategui29 et le MTD de Berisso30 ont été créées en 2002. Premièrement, ce choix nous a permis dřexplorer des terrains inédits. La plupart des études existantes posent en effet la question de lřémergence des mouvements sociaux et se concentrent sur les organisations créées entre 1996 et 1998. Néanmoins, les enquêtes débutent à compter de lřannée 2000, lorsque les organisations et leurs dirigeants ont acquis une certaine stabilité. Ayant travaillé sur deux organisations rattachées à différents réseaux -MTD Anibal Veron (AV) et Frente Popular Dario Santillan (FPDS) respectivement Ŕ, nous avons pu suivre les voies successives empruntées, les projets abandonnés et les transformations qui se sont opérées au cours du temps. Observer le temps dans lequel se déroule lřaction nous permet de situer les enjeux dans un présent ouvert à des démarches plurielles, plus ou moins fructueuses. Il diffère de celui du regard rétrospectif plus enclin aux récits linéaires, souvent rapprochés de données qualitatives. Le caractère rétrospectif à lřœuvre dans les récits est souvent désigné comme une faiblesse. Les protagonistes des événements tendraient, de manière plus au moins volontaire, à chercher à établir une certaine cohérence dans les faits dont les enchaînements apparaîtraient alors comme inévitables. Notre enquête longitudinale permet de retracer les marges de manœuvres oubliées, les hésitations qui deviennent certitudes ou, au contraire, les déceptions susceptibles de résulter de lřengagement. Sans prétendre écarter le regard rétrospectif, nous présentons des récits qui peuvent contenir des rappels des possibilités oubliées, abandonnées, des contre-exemples, qui font partie des processus en cours dont lřévaluation peut changer en fonction dřévénements postérieurs.
Le district de Berazategui est localisé dans le Sud du GBA. Il compte 287000 habitants. En 2002, le taux de chômage était de 30 %. Nous renvoyons à lřAnnexe pour sa situation géographique.
Le district de Berisso se trouve au Sud de Buenos Aires et fait partie du Gran La Plata. À huit kilomètres de la ville de La Plata, capitale de la province de Buenos Aires. Il compte 80000 habitants (INDEC 2001).
En mai 2002, selon les études de lřINDEC, le taux de chômage y était de 22 %. Le taux de personnes en-dessous du seuil de pauvreté était de lřordre de 49,7 % et celui de pauvreté extrême, de 22,7 %. Nous renvoyons à lřAnnexe pour la situation géographique.

Le partage de la vie ordinaire comme une implication indispensable

Aussi, au cours de nos travaux de terrain, cette méthodologie dřenquête sřest avérée être une possibilité dřinteraction avec les membres au sein desquels nous avons pris également la place de lřinterrogé31. La participation à la vie ordinaire des enquêtés commande un travail de sociologue, qui ne sřintègre pas en tant que membre du groupe Ŕ bien que sa place soit parfois ambiguë parce quřil y participe ; mais la confiance acquise lui permet de devenir un véhicule dřinformation et de rapprocher des expériences éloignées. Cřest au cours de ces échanges que nous avons constaté lřimportance quřil y a à sřengager sur le terrain. Ainsi, au fur et à mesure que notre présence sur les terrains, fut perçue comme non problématique, nous avons été sollicités pour participer à des activités et nous nous sommes laissés « affecter » (Favret-Saada, 1990) par ces interpellations, certaines dřordre pratique, comme apporter un cahier, écrire une lettre, aider un enfant à faire ses devoirs dřécole, dřautres (plus polémiques selon une conception positiviste de lřobjectivité scientifique) concernant nos points de vue sur des sujets de discussion au sein des mouvements. Loin de nuire à la qualité de notre projet de recherche, ces exigences faisaient montre dřune certaine place que nous pouvions occuper à lřintérieur des groupes. Ainsi, lors dřune fête du quartier Selma, une militante expérimentée du MTD mřa-t-elle lancé : « Třas vu ? Nous sommes pas mal démocratiques, nřest-ce pas ? »32. Si, de par sa formulation, la phrase ne laisse pas grande place à une opinion contraire, Ŕ elle induit une réponse par lřaffirmative Ŕ cřest par la confrontation quřelle opère, requérant un réel positionnement de la part du sociologue, que nous ne pourrions imaginer quřune réponse neutre soit apportée à une telle interpellation. Tout au long de notre terrain, nous serons amenés à occuper en réalité tour à tour plusieurs positions, y compris celle dřune compañera !
Nous avons exploré la manière dont les actions politiques des mouvements de desocupados sont imbriquées dans le vécu quotidien des acteurs. Ceci nous a permis de confronter les démarches de desocupados dřavec celles de ses parents ou de ses vecinos du quartier qui, tout en étant dans une situation de précarité et de chômage, nřont pas recours à lřaction collective. Nous avons procédé à une analyse relationnelle afin dřarticuler lřexpérience de ces sans-emploi au sein dřun réseau de relations qui véhiculent plusieurs types dřinteractions et lui confèrent un sens, en particulier dřordre familial, de voisinage, économique, politique ou autres. La métaphore du réseau ne sřessaye pas, ici, à négliger le caractère hiérarchisé établi entre certains rapports. En revanche, elle nous permet de comprendre la multiplicité des rapports établis et leur nature à partir des échanges quřils véhiculent. De ce fait nous nous éloignerons dřune idée dřindividualité en relation avec lřacteur collectif en tant que deux entités isolées. Comme le propose Elias (1981), il semble plus pertinent de considérer, ici, lřindividu relié de multiples façons à plusieurs collectifs ou « associations interdépendantes ». Les entretiens sont articulés avec nos propres observations ainsi quřavec les recherches existantes afin de rendre compte de la complexité de ces catégorisations. Au cours de notre enquête, les catégories dichotomiques se sont avérées des approximations trop schématiques pour bien comprendre les phénomènes observés. Elles sont rendues inopérantes par les membres qui nous confient leurs pensées et leurs douleurs les plus intimes (perte dřun bébé, dřun enfant, dépression). Ils ne se posent pas les mêmes questions que celles avec lesquelles nous les avions abordés. Nous arrivions avec des interrogations sur lřaction collective, au moment même où sřeffectuaient les mobilisations. Eux ont imposé un cadre complètement différent : ils ne séparaient pas leur mobilisation des questions dřorganisation de leur vie personnelle, familiale, et de la justice qui, elle, à leurs yeux, ne connaissait pas de cloisons entre la vie privée et la vie publique. Pour basculer de nos catégories aux leurs, il était indispensable de passer par leurs récits dans le face-à-face avec le sociologue. Elles nous ont conduits à restituer ces phénomènes peu présents dans la littérature et pourtant reliés par nos interlocuteurs au cœur même du récit du sens du juste qui a initié leur mobilisation.
Nous inscrivons ces expériences dans leurs parcours afin de saisir les dynamismes auxquelles elles donnent lieux, notamment par le passage de membre à non-membre. Ces différentes expériences seront prises en considération car elles représentent des outils propices à lřélaboration de leurs propres récits de vie et de leurs projets dřavenir, au-delà de la satisfaction des seuls besoins immédiats. Nous considérons donc les trajectoires de desocupados à lřécole, au travail et en famille afin de ne pas isoler les expériences quotidiennes du contexte pratique, qui leur confèrent sens. Ces données, obtenues grâce aux entretiens, seront restituées via lřanalyse du discours qui permet de repérer les catégories mises en exergue par les propres acteurs et à analyser les occurrences dans leur contexte. Il sřagit dřélucider rigoureusement la valeur proprement « expérimentale » des épreuves traversées par nos interlocuteurs, une valeur expérimentale que lřécriture doit trouver les moyens de mettre en récit.
Lřimportance, ici, attribuée à lřexpérience propre des acteurs nous a donc conduits à procéder à une observation de ces travailleurs desocupados inscrits dans la dynamique quotidienne au sein de leurs organisations et dans leurs quartiers. Ce point nous permet de souligner la diversité des membres ainsi que les modalités dřengagement dont ces hommes et ces femmes font preuve dans le fonctionnement quotidien de réseaux en étroit rapport avec les conditions de vie difficiles quřils doivent surmonter. À partir de lřexigence ethnographique que propose Geertz (2000, 80), nous tenterons de « trier des structures de signification (…) et de déterminer leur contexte social et leur portée ». Le passage obligé par le point de vue des acteurs requiert cependant une évaluation des catégories sociales qui composent le noyau de notre problématique. De ce fait, si les notions de travail ou de chômage véhiculent, pour les acteurs, un sens du juste, elles se rejoignent dans des activités et des engagements plausibles à lřintérieur ou à lřextérieur des acteurs collectifs afin dřatteindre un certain ordre des choses. La méthode de la description dense » met ainsi en valeur la pluralité dřordres normatifs et de sens du juste qui peuvent être pertinents mais aussi entrer en conflit.
Inspiré des réflexions de lřethnométhodologie, Silverman (1993) nous présente lřanalyse textuelle comme étant complémentaire de celle de lřethnographie. Plus précisément, lřobservation du contexte de la production du discours nřest pas « externe » mais constitue plutôt une partie du discours lui-même. Certaines catégories proposées par Van Dijk, telles lřenvironnement, lřaccès à la parole, tentent de mieux saisir la production du discours. En particulier lors de nos premières analyses des pratiques du travail et de leurs évaluations par les acteurs, il nous a été possible dřavancer dans la conceptualisation dans la mesure où nous avons précisé les contextes dřutilisation des différentes notions, les positions des membres Ŕ ou non membres Ŕ du mouvement, leurs attentes par rapport celui-ci. De même, ces récits ne peuvent-ils pas être considérés en tant que de neutres descriptions de faits « bruts » puisquřelles sont le fruit dřune élaboration à partir de nos notes de terrain, de la confrontation de nos questionnements aux sujets faisant partie de notre enquête. Ces données ont été construites comme tel en fonction de leur pertinence pour répondre à la problématique proposée et ont suscité des questionnements et reformulations diverses au cours de notre travail.
Ces observations nous permettent de mieux maîtriser lřunivers de signification des mouvements de desocupados ainsi que de circonscrire leur discours en rapport aux enjeux à lřœuvre lors de leurs formulations. Ainsi contextualisée, lřanalyse de discours est-elle en mesure dřéclairer les enjeux rencontrés et de dégager des interprétations pertinentes pour comprendre, surtout sřagissant des interactions entre les membres mais aussi entre les membres et moi-même, la notion de travail propre à ces personnes qui sřengagent dans lřaction collective pour subvenir à leurs besoins. Notre étude relative aux actions des hommes et des femmes confrontés au chômage et au sens quřils lui procurent, ne se limite pas à leurs seuls discours. Lřanalyse de discours nous permet en effet de comprendre la nature des relations établies par les acteurs, les justifications mises en avant par des valeurs précises. En ce sens, les discours ne peuvent être aucunement considérés en opposition aux actions comme la seule réalité sociale mais comme des discours constitutifs dřune perception de cette réalité. Lorsquřon parle de pratiques significatives, lřaccent doit alors être mis sur la manière dont une action particulière est signifiée. En effet, lřobservation des activités précises mises en place pour faire face à la situation de précarité implique lřanalyse de la dimension économique quřelles comportent. Aussi considérons-nous les différents usages affectés aux allocations de travail temporaire.
Notre approche à lřobjet dřétude comporte trois axes de recherche, définis à partir des enquêtes menées pour rendre compte du paradoxe de lřaction collective des travailleurs desocupados et afin dřapprofondir certaines de ses dimensions souvent délaissées au profit des dimensions politiques de lřengagement : lřaction collective et les liens sociaux sur lesquels elle prend appui ; la conception du travail mobilisée par les piqueteros ; le sens du juste qui anime les différentes stratégies face au chômage. En même temps, ces axes contribuent à structurer nos données et à les traiter fructueusement, à lřaide dřune analyse qui permet dřen faire ressortir toute sa richesse sans négliger lřarticulation nécessaire à des problématiques sociologiques plus larges. Notre questionnement sur les types de liens établis au sein des groupes et des quartiers se retrouve ainsi au cœur des choix difficiles qui sont amenés à produire nos interlocuteurs.

L’action collective située

Il nous est apparu nécessaire de mettre en exergue les va-et-vient entre action collective et la constitution des liens sociaux, dřautant que la situation de chômage est reconnue par la littérature comme constituant un facteur dřisolement et de stigmatisation de lřindividu33. Telle que la littérature le laisse apparaître, la stigmatisation du chômage est présente dans toutes les sociétés, y compris celles ou le droit social contemple les situations de chômage ; ce quřillustre notamment Schnapper (1981) lorsquřelle étudie la situation des chômeurs en France. Cette enquête souligne que « le chômage est perçu par les femmes et les hommes comme une honte. Quels que soient les raisonnements, appuyés sur une connaissance dřailleurs inégale des conditions économiques, tendant à montrer que la situation de chômage nřest pas individuelle, quřelle est liée à une conjoncture nationale et même internationale, le sentiment de honte apparaît chez les chômeuses autant que chez les chômeurs Ŕ honte dřêtre inutiles, dřêtre secourus ou assistés » (Schnapper 1981, 34). Lřapathie qui découle de ces analyses est considérée plus forte lorsque les individus sont plongés dans le chômage de longue durée, ce qui notamment selon Paugam (1991), empêcherait les victimes dřutiliser les rares occasions de mobilisation qui leur restent34. Seulement des études plus récentes sřintéressent plus précisément aux trajectoires de chômeurs permettant de restituer des processus de mobilisation divers (Cohen, 2009). En France, Valérie Cohen (2009,10) analyse lřensemble des groupes qui ont participé à la constitution des réseaux des chômeurs dřorigine sociale diverse35. Dans le cas Argentin, où les droits sociaux sont attachés à la situation de salarié36, lřabsence de travail se lie au risque et à lřexpérience de la privation matérielle extrême.
Dès lors, les questions qui se posent concernent la possibilité de lřaction collective non seulement en termes structuraux (ce qui a été abordé par certains auteurs en termes de structures des opportunités politiques) mais plus fondamentalement en termes de motifs des individus à sřengager dans les collectifs de piqueteros, des liens quřils y peuvent établir et mobiliser. Lřancrage local de nos observations permet dřopérer un contraste de ceux-ci, avec des habitants des mêmes quartiers, qui partagent plusieurs caractéristiques sociologiques mais qui, eux, ne se sont pas mobilisés. Ainsi, la métaphore de lřémergence de la mobilisation met en exergue quřune partie visible du phénomène que lřon ne peut saisir pleinement si lřon ne la confronte pas également avec ce qui demeure immergé.
Les origines de l’action collective. Piquetes et puebladas dans des régions périphériques interpellent l’État
Les antécédents des organisations des desocupados étudiées ici peuvent être situés dřune manière générale en trois dimensions : Tout dřabord, les antécédents concernant la forme de contestation et les conditions socio-économiques dans lesquels elle a lieu Ŕ le processus dit de « reforme structurelle de lřÉtat ». Ensuite, les antécédents concernant les organisations elles-mêmes, envisagées individuellement qui, selon les cas, peuvent être plus au moins structurées, cřest-à-dire créées à partir dřorganisations préexistantes ou de réseaux dřinterconnaissance des membres et de leurs dirigeants et finalement, les expériences des membres ayant ou non participé à des formes dřaction collective.
La première dimension se rattache aux mobilisations qui ont eu lieu en 1996 dans des régions pétrolifères où le chômage Ŕ quelques années après la privatisation de lřentreprise pétrolière étatique YPF Ŕ avait fortement frappé. Le 20 juin 1996, la population de Cutral-Co et Plaza Huincul, dans la province de Neuquén Ŕ située à lřouest de lřArgentine dans une région montagneuse et semi-aride de production pétrolière Ŕ entreprend une mobilisation, qui acquiert les dimensions dřun soulèvement. Ce phénomène se reproduit en 1997, dans la ville pétrolière de Gral. Mosconi, dans le nord du pays. Désignées sous le terme de pueblada, ces manifestations contestataires accompagnées de piquetes revêtent une forme particulière : celle dřun siège, à travers des blocages routiers, contrôlé en outre par une population locale hétérogène. Lřouvrage de Svampa et Pereyra (2003), Entre la ruta y el barrio37 contribue à distinguer les particularités des blocages de routes initiés dans des enclaves pétrolières, non seulement en la province de Neuquén Ŕ caractérisé par les auteurs sous le mode dřune grande fragmentation sociale Ŕ mais aussi dans le Nord du pays, à Général Mosconi.
En France, Svampa et Pereyra, (2004). la manifestation, participent ensemble des hommes et des femmes, des jeunes et des adultes, « travailleurs avec ou sans emploi »38. La situation de ces régions à la fois périphériques, situées dans des provinces des frontières du pays Ŕ Jujuy au Nord et Neuquén à lřOuest Ŕ mais aussi au cœur des transformations survenues pendant les années 1990 rend possible lřinterpellation de lřÉtat national qui envoie ses ministres sur place, pour participer à des commissions de crise39, afin de résoudre les conflits. Sur la scène politique, le conflit se pose comme un problème dřintégration sociale et nationale ce qui dans le cas de Neuquén, est synthétisé sur la forme du chant de lřhymne national à lřannonce de la résolution du conflit40.
Lřensemble des organisations de piqueteros reconnaît comme antécédent de leur organisation (et dans certains cas comme un modèle) les blocages de route de 1996-1997. Lřirruption de ces contestations régionales dans la sphère publique nationale est alors apparue comme un moment propice pour investir la mobilisation et amener à la visibilité des activités de mobilisation, jusquřalors demeurées confinées à lřespace local.
Des organisations de desocupados ont aussi été créées dans la banlieue de Buenos Aires territoriale42 des organisations ; 4) lřadoption des assemblées comme espace de décision ; lřarticulation des doléances outre la situation de chômage, concernant notamment la défaillance des services publics locaux, provinciaux ou nationaux et plus généralement ;
la diversification des actions collectives (piquetes, marches, concentrations, etc.). Notre mémoire de DEA « Les mouvements piqueteros en Argentine : lřengagement des desocupados dans lřaction collective » sřétait attaché non seulement à caractériser ces organisations mais aussi et surtout à articuler le vécu de leurs membres confrontés à plusieurs formes de précarité et les propos des acteurs collectifs face à la société et au gouvernement. Nous nous sommes ainsi aperçus de la nécessité dřélargir notre enquête par un contraste entre militants et non militants de milieux sociaux proches. Le regard se déplaçait non seulement des dirigeants et référents vers les membres, mais également vers le réseau familial et celui des vecinos. Lřabandon dřune certaine primauté des dimensions politiques, mises en récit officiellement par les dirigeants et référents, en faveur des rapports intergénérationnels et locaux laisse place à un mode de rapport au politique qui va de pair avec un rapport au monde.
Ainsi, avons-nous constaté la transformation de la figure de piquetero et de leurs organisations, y compris les MTD, qui sont devenues des interlocuteurs face au gouvernement43. Ici, nous devons souligner une dynamique dřaction enracinée, entre autres, dans lřexistence dřorganisations préalables et dans des solidarités des espaces intermédiaires, qui, comme nous le verrons, font des quartiers le cœur des activités quotidiennes des piqueteros. Cřest à partir de ce constat que nous nous proposons dřétudier ces organisations. Le regard « décentré » posé sur lřorganisation et appuyé sur le quartier requiert de nous la prise en compte des points de vue des membres des organisations des desocupados et du voisinage avec les contextes dans lequel ils sřinscrivent, un déplacement qui nřa guère été effectué par les études disponibles44. Il sřagit là de restituer dans cette thèse un chemin que nous avons nous-mêmes parcouru, fait dřexpérimentations successives afin de mieux saisir progressivement leurs propres manières dřarticuler la vie des familles, des voisinages et des organisations.
syndicaux, les militants perçoivent la même allocation de travail temporaire que lřensemble des sans-emploi.
Sur lřimportance de lřinscription territoriale dans la banlieue de Buenos Aires on pourra lire Merklen,
(2000).
Ce qui nřempêche pas que la légitimité des blocages de routes ne soit pas questionnée à travers les médias de communication ou du moins certains dřentre eux.
Des recherches plus récentes issues de lřanthropologie sřorientent dans cette même direction, par exemple Quiros (2006), Manzano (2009).
Dans la transformation qui se dessine au sein des organisations de desocupados qui réclament des postes de travail en 2000 et constituent des coopératives en 2004, la situation continue à évoluer. Notre dernier terrain en 2007 atteste de ce que les compañeros peuvent être de simples travailleurs acceptant de souscrire a des principes normatifs crées par les membres des organisations de desocupados. Ils ne se considèrent cependant pas comme des membres, bien quřils y travaillent. Les membres, les considèrent des compañeros et en aucun cas des employés. Le premier chapitre rapporte le contexte social, économique et politique au sein duquel émergent les organisations de travailleurs desocupados. Les études concernant les changements sociaux et politiques conduits pendant les années 1990 témoignent de la complexité qui caractérise ce changement du régime économique. Trois dimensions seront reprises ici : 1) le changement de lřintervention de lřÉtat dans lřéconomie, dont la vitesse des changements introduits, (bien que certaines politiques puissent remonter aux années 1970, ses conséquences se font jour dřune manière soudaine et abrupte pendant les années 1990, en particulier sous la forme dřun phénomène de désindustrialisation qui a affecté particulièrement le GBA), 2) les transformations qui concernent plus précisément le travail salarié, les conditions de travail et de chômage compte-tenu de lřexpérience des composantes les plus démunies de la population, et 3) le processus de polarisation social aiguë. Notre intention ici, est surtout de fournir au lecteur une notion de lřampleur des processus sociaux et économiques qui ne sont ni homogènes ni linéaires. Parce que contraire à lřobjectif poursuivi, nous ne lierons pas les causes de lřaction collective à ces changements structurels.
Ce concours des transformations du paysage institutionnel et de la vie quotidienne demeure présent à lřheure de situer historiquement notre enquête ainsi quřà lřheure de préciser la place de la dislocation causée par le chômage dans un ensemble des transformations profondes qui sont celles dřun imaginaire du pays et de ses citoyens. Les travaux de Gabriel Kessler (1999, 77-78) sur la paupérisation de la classe moyenne argentine rendent compte dřun effondrement des modèles « historico-culturels » et générationnels » concernant cette population devenue une composante des « nouveaux pauvres ». Ces modèles cimentaient, pour cet auteur, une forme dřidéologie du progrès que nřest plus valable. Lřanalyse de ces phénomènes, à partir des classes moyennes donne à voir un processus de fragmentation sociale. Le mythe du progrès nřest pas exclusif de lřArgentine mais au contraire montre lřinsertion de cette société dans ce que lřon pourrait designer, avec Castoriadis, comme lřextrême-occident. Dans nos recherches, lřéblouissement du récit mythique sur le progrès collectif est rattaché à des individus qui font tout de même « le pari » de lřascension social. Dřautre part, ces travailleurs constatent que le travail et lřéducation peinent à tenir la promesse de se constituer comme un moyen dřascension sociale.
Un intérêt particulier sera prêté au débat public, qui a trait au chômage et à la formulation des politiques sociales orientées vers lřaide aux personnes au chômage et sous condition de pauvreté Ŕ les deux étant traités par lřÉtat comme étant un seul et même problème. Un détour par lřanalyse des programmes sociaux destinés aux chômeurs nous permettra de considérer lřinteraction des organisations piqueteras et les autorités, souvent nationales mais non seulement, comme un processus dřinterpellation. Cette évolution rend compte des transformations suivies par lřaction collective elle-même, laissant place à un processus dřinstitutionnalisation des organisations de desocupados. La notion de droit apparaît ici comme un révélateur des tensions entre revendications des manifestants et promesses non tenues des autorités.
Le chapitre trois nous permettra de rentrer en détail dans la formation des organisations piqueteras dans lřespace local. Nous analyserons notamment le MTD de Berisso et de Berazategui et les réseaux dřaction auxquels ces deux organisations sont politiquement articulés. Les études sur les mouvements sociaux et plus particulièrement sur le mouvement piquetero concluent à leur hétérogénéité quant à lřorientation politique qui constitue cet ensemble des organisations ce qui pourrait être considéré comme un mouvement des mouvements (Svampa et Pereyra, 2003). Le concept de mouvement social, étant conçu pour rendre compte de la formation du mouvement ouvrier, les débats, en Argentine, se sont attachés à analyser les spécificités des contestations des piqueteros en termes de nouveaux répertoires de lřaction collective (Auyero, 2002, 2010, Laufer et Spiguel, 1999, Scribano, 1999) ainsi que lřappartenance à des catégories sociales de leurs membres (Inigo Carrera et Cortarelo, 2000, Auyero, 2002, Svampa et Pereyra, 2003) pour pouvoir les analyser comme étant un nouveau mouvement social ou bien encore les considérer comme une manifestation du mouvement ouvrier. Notre regard, à partir des organisations locales, permet de comprendre le processus dřengagement des individus dans les organisations de desocupados à partir de lřexpérience quřen font les individus.
Nous analysons, ensuite, les difficultés rencontrées au sein de lřassociation. Nous observons des tensions renvoyant à des différences de statuts, de logiques dřengagement, de socialisation et de savoir-faire militant. Les raisons des engagements deviennent également des parcours dřengagement et de prise de distance. Elles se révèlent par le constat dřun passage par les organisations des desocupados dans des parcours qui peuvent être « ascendants » ou « descendants ». Le terme de carrière militant peut être utilement interrogé. Ces parcours révèlent également des dynamiques particulières aux actions collectives de desocupados qui se sont déployées durant ses dernières années. Cette perspective constitue ainsi une voie dřentrée privilégiée pour mettre en exergue certaines caractéristiques de ces mobilisations et analyser quelques-uns des aspects de la formation des mouvements revendicatifs relevant de populations situées en marge du salariat, dont les ressources sont limitées et qui sont marquées par une forte stigmatisation.
Au lieu dřaborder la question par le biais des catégories sociales qui composent les organisations (étudiants, ouvriers, femmes au foyer) dont la description est nécessaire mais insuffisante étant donné leur hétérogénéité, nous tenterons de reconstituer les réseaux par lesquels on devient membre dřune organisation de desocupados. Ceux-ci seront mieux restitués par les distinctions établies par les membres. En effet, sous la solidarité générale établie par le terme de compañeros, on rassemble les militants, délégués, référents, compañeros de quartier et vecinos, des catégorisations qui se transforment au cours du temps laissant place à un processus dřinvestissement social, politique et affectif. Des réseaux de camaraderie, de voisinage, peuvent être inscrits ainsi la base de ces organisations. Dans les cas étudiés, il nřy a pas « dřinstitution mère »45, au contraire, ce sont souvent les membres qui soutiennent lřorganisation par leur réseau
familial et de voisinage.
Néanmoins, ces liens peuvent être mis en question. Lorsque lřobtention des allocations se généralise dans tout un quartier et que les vecinos connaissent les différents moyens permettant de les obtenir, par lřintermédiaire dřun « puntero », par la mairie, ou encore suite à lřintervention des piqueteros, les vecinos se détachent plus aisément et par différents moyens des connotations stigmatisantes que peut avoir le fait de « vivre des allocations ». Cela se fait dřautant plus au sein des MTD quřil y a une évocation répétée au « droit » à lřallocation, au « mérite » dřavoir emporté lřallocation dans la lutte ainsi quřau « travail » fourni en contrepartie au service du quartier. Ce renversement du stigmate peut se comprendre plus facilement lorsque lřon entreprend dřanalyser concrètement les pratiques de travail à lřœuvre au sein des quartiers.
Nous faisons ici notamment référence à lřouvrage de John D. Mac Carthy et Mayer N. Zald, (1973).

Les conceptions de travail et de l’activité

Au sein des organisations de desocupados plusieurs formes dřactivité et de travail sont mises en œuvre. Si paradoxal que cela puisse paraître, les desocupados sřattachent à la création de travail au sein des MTD. Un tel renversement sřeffectue dans un monde de pratiques que les protagonistes réinventent et auxquelles ils confèrent du sens. Au fil des tâtonnements et des confrontations, nous abordons les conceptions de travail et de lřactivité mises en œuvre grâce à la coopération entre membres et non membres des organisations de desocupados qui se côtoient au sein dřun même quartier et sur un même lieu de travail. Le contraste entre travail et non-travail (chapitre cinq) sřavère, dès lors, un outil indispensable permettant de rendre compte de la multiplicité des pratiques. Cette clarification apparaît dřautant plus nécessaire quřelle montre une série des positions dans lesquelles les individus sont parfois en désaccord mais tiennent ensemble un lien qui convoque le travail : les productivos. Il importe en effet de ne pas « avoir le plan pour rien »46, de sřidentifier en tant quřétant « un groupe de travailleurs », de produire ou reproduire « une culture du travail ». Il y a là une forme dřadhésion à des valeurs communes qui érigent le travail comme la forme légitime, permettant de « gagner sa vie ».
Les réflexions de Howard Becker (1985) concernant la théorie de lřétiquetage permettent, ici, de comprendre cette adhésion à un modèle fort, qui demeure présent en dépit des défaillances (également ressenties). Ces conceptions de travail sont inscrites au sein des expériences effectives de travail : le travail « au noir », le plus fréquent, les contrats de trois mois » dont lřusage a attiré notre attention. Cřest de la sorte qui est désigné lřutilisation des périodes dřessai par les employeurs au moment de lřembauche et repris par les travailleurs. Les pratiques qualifiées de travail, dřactivité ou encore de chômage, ne semblent pas toujours sřaccorder aux usages officiels de la statistique nationale. Une simple reprise par le sociologue ne permettrait pas de rendre compte du travail durant le chômage, cřest-à-dire des activités lucratives de substitution (Cottereau 2000) développées dans lřattente de ce que nos interlocuteurs désignent comme un « vrai travail ». Il sřagit dřéviter dřêtre stigmatisé comme quelquřun « vivant des planes ». La perspective interactionniste proposée à partir des analyses de Becker (1985) permet alors dřapprofondir la compréhension des marges de manœuvre ouvert par les individus et  même parfois le plaisir quřils et elles peuvent retirer du travail par lřaccomplissement de soi dans leur travail (Durand, 2000, Cousin, 2007). « Vivre en travaillant » peut se décliner au sein des MTD sous la forme dřun « vivre des productivos », une alternative que lřon peut rapprocher, nous le verrons, des formes de lřéconomie solidaire.
Dans les chapitres six et sept, nous analyserons les diverses activités développées au sein des MTD ici présentées. À prime abord, elles constituent des contreparties de la politique sociale. Lřobservation de leur mise en œuvre permet, néanmoins, dřen constater les divers usages dont un fonctionnement basé sur le choix de lřespace au sein duquel ce travail est fourni. Nous retracerons une généalogie de la création des différents ateliers au sein desquels les membres et non membres travaillent ensemble. Nous nous appuierons, en particulier, sur lřexemple du fonctionnement dřun jardin potager, dřun atelier de menuiserie, dřune boulangerie, et dřun atelier de couture qui ont connu un essor différent, le sort du jardin potager par exemple, marqué par la désertion, sřoppose à lřactivité de la menuiserie, dont lřappartenance est convoitée par plusieurs membres.

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
Un objet improbable : la mobilisation des sans-emploi.
Une question de traduction nous interroge sur la définition de notre objet d’étude. Qu’est-ce qu’est un desocupado ?
Comment observer ethnographiquement les processus de mobilisation ?
La démarche ethnographique et la définition de notre objet d’étude
Brève description méthodologique et des conditions d’enquête
Le partage de la vie ordinaire comme une implication indispensable
Première partie : L’action collective située
Les origines de l’action collective. Piquetes et puebladas dans des régions périphériques interpellent l’État
Des organisations de desocupados ont aussi été créées dans la banlieue de Buenos Aires
Deuxième partie : Les conceptions de travail et de l’activité
Troisième partie : Le sens du juste
I. L’ACTION COLLECTIVE SITUÉE
CHAPITRE I LřEXCEPTION ARGENTINE DANS LA RÉGION, UNE PERCEPTION SECOUÉE PAR DES INCERTITUDES
I. INTRODUCTION
Urbanisation et scolarisation : un imaginaire de la mobilité sociale ascendante qui se dérobe
Les conditions de travail dans l’Argentine des années 1970 : une société salariale relative
L’évolution économique récente et son origine : les années 1970. Transformation sociale, emploi et salaires
II. LES ANNÉES 1990 : CHANGEMENT DE RÉGIME ÉCONOMIQUE, NOUVELLES ALLIANCES POLITIQUES ET SUBORDINATION DU SOCIAL.
Le contrôle de l’inflation à travers la parité avec le dollar américain : la loi de convertibilité et de retrait du politique
La stabilité
L’extension du chômage et les transformations des conditions de travail
CHAPITRE II : LE TRAITEMENT PUBLIC DU CHÔMAGE ET DE LřACTION CONTESTATAIRE
I. INTRODUCTION
La solution du chômage par le marché
L’information sur les piqueteros dans les journaux nationaux
II LES PROGRAMMES DE TRAVAIL TEMPORAIRE : UNE RÉPONSE INSUFFISANTE EN SITUATION DřACCROISSEMENT DU CHÔMAGE
L’accès aux PT Qui accède aux allocations ?
Comment les titulaires accèdent-ils aux PT ?
Crise politique, changement de gouvernement et de PTT. Les PT font place aux JJHD
Les PTT à la lumière des indicateurs de l’émergence sociale
Table 1 : Programmes de travail temporaire et capacitation (PTT), titulaires, taux de pauvreté extrême, de pauvreté et de chômage
Fonctionnement effectif des PTT
III. DROIT AU TRAVAIL, DROIT AU REVENU MINIMUM, DROIT AU REVENU FAMILIAL ? UNE PROMESSE NON TENUE
Nouveaux gouvernement, nouveaux programme : Familias pour l’inclusion sociale. Le Choix de l’(in)employabilité
« Fin de la crise » et fin des mobilisations. Quand la contestation perd de sa capacité d’interpellation
IV. CONCLUSION
CHAPITRE III : QUřEST-CE QUE SIGNIFIE FAIRE PARTIE DřUN MOUVEMENT DE DESOCUPADOS APRÈS LA CRISE DE DÉCEMBRE 2001 ?
COMMENT EXPLIQUER CET ENGAGEMENT À PARTIR DE 2002 ?
I. LřOCCUPATION DE LA SCÈNE NATIONALE
Gagner le plan dans la rue : Le MTD de Berazategui dans La Veron
Une transgression dans la conformité. Le parcours de Carmen : Suivre ses enfants et sortir de la maison
S’engager pour accomplir les obligations vis-à-vis du foyer ? Des stratégies familiales
Des familles non conformes
II. LES MTD DU FRENTE DARIO SANTILLAN
Le MTD de Berisso. Se mobiliser comme une affirmation de soi
Des militants qui croient dans le travail des quartiers.
Un « quartier » en train de se créer
L’organisation de desocupados intégrée par des amis du quartier
Un réseau de militants en transformation : de l’association pour enfants au MTD
Le réseau familial : une ressource et des restrictions
III. SIMILITUDES ET DIVERGENCES DES RÉSEAUX
La centralité de la famille : une caractéristique commune aux MTD de Berazategui et de Berisso
Une discussion qui divise les MTD : discipline contre camaraderie. Le choix entre deux réseaux
La centralité des organisations de desocupados déplacée par les membres.
CHAPITRE IV : DIRIGEANTS, MILITANT, DÉLÉGUÉS : DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE MEMBRES, DIFFÉRENTES STRUCTURES DřORGANISATIONS
INTRODUCTION
I. UN DILEMME POUR LA LÉGITIMITÉ DU MILITANT : ETRE OU NE PAS ÊTRE HABITANT DU QUARTIER
L’opposition entre militants et compañeros des quartiers
Relations entre référents et militants ; des rapports situés
« Chez nous il y a peu des militants »
II. DÉLÉGUÉ : LES CONTOURS DřUN POSTE PARTICULIER
Le délégué type : l’homme adulte et responsable.
L’extension des limites du possible : « j’ai appris à militer »
Emilia regrette de ne plus être déléguée
Rendre des comptes aux compañeros : l’enjeu de l’honnêteté des délégués
Faire de l’administration, suivre les dossiers des compañeros.
Un bon délégué ; un bon compañero.
III. COMPAÑEROS DES ORGANISATIONS DE DESOCUPADOS, COMPAÑEROS DES QUARTIERS. LES CONNOTATIONS DřUNE CATÉGORIE PLURIELLE
Les compañeros ne sont pas seulement les membres
Compañerismo : Dimensions économique, politique et affective des engagements
V. CONCLUSION
II. LES CONCEPTIONS DU TRAVAIL ET DE L’ACTIVITE
CHAPITRE V : LE TRAVAIL ET SON CONTRAIRE, LE NON-TRAVAIL
I. LE TRAVAIL ET SON CONTRAIRE, LE NON-TRAVAIL
Le travail comme exigence de dignité personnelle et droit subjectif
Travail et contrepartie des PTT. Le vrai et le faux travail
Le faux travail constitue cependant, une forme de travail
Travail et temps de travail
Travail (masculin) et non-travail (féminin)
Travail et engagement politique
Travail, obligation et engagement politique
CHAPITRE VI : LE TRAVAIL DES ATELIERS PRODUCTIVOS
I. LE TRAVAIL AU SEIN DES QUARTIERS DES ORGANISATIONS PIQUETERAS
Productivos : l’articulation régionale comme savoir collectif
I. LE POTAGER : LE CHOIX DřUN TRAVAIL DUR MAIS TRANQUILLE.
II. LA MENUISERIE. UN ATELIER QUI RÉALISE DES PROGRÈS.
Apprendre un métier et gérer l’atelier
III. LA BOULANGERIE À BERISSO NY : VALORISER SON SAVOIR-FAIRE
Partager son savoir-faire
L’évolution de l’atelier conduit davantage à l’inclusion de nouvelles travailleuses
Division du travail et validation des activités. Pour Susana, le bon travail demeure le travail « à la chaîne »
« Vivre du productivo » : un horizon possible.
CHAPITRE VII : LES CANTINES POPULAIRES
I. LA CANTINE COMME EXTENSION DU FOYER
II. AVOIR UN LOCAL PROPRE, OU SE RÉUNIR CHEZ LES MEMBRES. DES ARRANGEMENTS MULTIPLES MAIS NON ÉQUIVALENTS.
III. UN LIEU DE TRAVAIL AVANT TOUT.
Les cantines fonctionnent toujours avec une part de débrouille
Quand les débrouilles débouchent sur un financement institutionnel
La Commission du FOPAR. Suivi gouvernemental et contrôle des membres
IV. LES CANTINES DESTINÉES AUX ENFANTS. SřOCCUPER DES AUTRES Le goûter
V. QUAND « TRAVAILLER À LA CANTINE » PRODUIT LA STIGMATISATION DES « AUTRES ».
CONCLUSION SUR LES CONCEPTIONS ET LES PRATIQUES DU TRAVAIL ET DE LřACTIVITÉ
III. LE SENS DU JUSTE
CHAPITRE VIII : CLIENTÉLISME POLITIQUE ET APPARTENANCES MULTIPLES
INTRODUCTION :
I. LE CLIENTÉLISME UN ÉCHANGE FACE- À- FACE INÉGAL MAIS RÉCIPROQUE ?
Emilia veut « progresser » : la mobilisation de ressources multiples
Se déplacer dans le quartier : la réalité « à portée de l’habitant »
II. DÉFIS DE LA PROXIMITÉ GÉOGRAPHIQUE ET SOCIALE. QUAND LřÉTAT ET LES CITOYENS ONT UN NOM PROPRE
Rendre des comptes aux compañeros
Accès asymétrique aux ressources publiques et lien volontaire
III. RÉCIPROCITÉ AU SEIN DES MTD ET DANS LřÉCHANGE CLIENTÉLISTE : LE MOMENT DE RENDRE.
Mercedes n’est pas membre du MTD mais participe aux activités
Clientélisme et générosité : Les enfants n’ont pas d’obligation de rendre
Les citoyens ne sont pas obligés par la relation clientéliste
La coercition au sein des rapports de clientèle
IV. LA REPRÉSENTATION DES DESOCUPADOS : UNE CONFIGURATION « HÉRÉTIQUE »
V. CONCLUSION : FAIRE VALOIR SA LÉGITIMITÉ
CHAPITRE IX : ESPACE PUBLIC ET DÉLIBÉRATION
I. ESPACE PUBLIC ET RECONNAISSANCE
L’aveuglement des différences sociales
Les difficultés à se faire entendre
Le difficile partage du « public » et du privé
L’exemple d’une délibération insatisfaisante. Carmen et son « in-group »
La formulation des intérêts communs
Le quartier et le primat de la rencontre en face-à-face
Légalité et légitimité
II. DÉLIBÉRATION ET LIEU DE TRAVAIL
III. ASSEMBLÉES GÉNÉRALES, CONFIANCE, FORMES DE PRISE DE PAROLE ET DřARGUMENTATION.
Le retard des colis : rumeurs et tentative de restauration de la confiance
Assemblée Générale. Le déploiement d’un langage
L’assemblée générale : lieu de décision ou d’information ?
Comment s’exprime-t-on dans l’assemblée ?
L’argumentation comme un jeu de langage
IV. REMARQUES CONCLUSIVES :
CONCLUSION
1) Les modalités d’engagements :
2) Les conceptions du travail et de l’activité :
3) L’intrication étroite des aspects militants dans un mode de vie critique partagé beaucoup plus largement
BIBLIOGRAPHIE
I. BIBLIOGRAPHIE MÉTHODOLOGIQUE
II. BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
III. BIBLIOGRAPHIE SUR LřACTION COLLECTIVE
IV. BIBLIOGRAPHIE SUR LE CLIENTÉLISME
V. BIBLIOGRAPHIE SUR LřARGENTINE ET LE CAS DE PIQUETEROS
VI. DOCUMENTS ET SOURCES
ANNEXE I SITUATION
ANNEXE II CONDITIONS DE PAUVRETÉ ET PAUVRETÉ EXTRÊME EN ARGENTINE EN 2003
ANNEXE III PERSONNES INTERVIEWÉES
ANNEXE IV : CHRONOLOGIE
ANNEXE V : EVALUATION DU PJJHD
Caractéristiques des titulaires.

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