Le terroir de la nema dans le NIOMBATO

LE MILIEU PHYSIQUE

Situations géographique et administrative

Long de 11 km et large de 4,5 km, le bassin versant de la Néma, puisque c’est de lui qu’il s’agit, couvre une superficie de 50 km² (LIENOU, 1995). Situé entre les latitudes 13°42’ et 13°45’ Nord et entre les longitudes 16°22’ et 16°29’ Ouest (figure 1), dans la région naturelle du Sine, le terroir est limité au Sud et à l’Est par le bassin versant du Madina Djikoye, au Nord- Est par le bassin versant du fleuve Gambie, au Nord–Ouest par les vallées côtières sous influence maritime. Il est drainé par une rivière de même nom, la Néma, orientée d’Est en Ouest, qui se jette dans le Bandiala, un bras de mer des îles du Saloum.

Les sols

De nature sablo-argileuse, les sols correspondent aux sols ferrugineux tropicaux lessivés (SCET, 1966). Ils peuvent être distingués en sols de pente, de plateau et de bas de pente.
Les sols de pente et de plateaux sont sableux, à texture grossière à très grossière. Les teneurs en matière organique sont de 1 à 2%. Le taux de matière organique de ces sols est lié à la litière dans les 30 premiers centimètres (Baize,1988). La capacité d’échange est de l’ordre de 3 à 5 meq. Les sols de bas de pente sont caractérisés par un drainage déficient en saison des pluies ; ce sont des sols hydromorphes.
Les sols hydromorphes sont répartis en trois groupes : les sols non inondables à hydromorphie persistante de profondeur, les sols non inondables à hydromorphie totale de nappe permanente à faible profondeur, les sols inondables à hydromorphie totale.
Des profils pédologiques réalisés dans différentes parties du terroir (Coly, 1999) ont révélé 3 à 5 horizons (figure 2).
L’horizon supérieur est partout sombre, mais plus noir dans la forêt-galerie et la zone de parcours que dans les champs. Sa texture est sableuse et sa structure en agrégats. Cependant dans forêt-galerie la texture est parfois argilo-sableuse. Les horizons sous-jacents au supérieur ont une texture sableuse fine et une structure continue massive et leur couleur souvent beige. Il y apparaît très souvent des taches ocres (concrétions de fer).

Hydrographie

Le bassin de la Néma est drainé par une rivière du même nom orientée Est/Ouest et qui se jette dans la mer par le Bandiala. Ce cours d’eau prend naissance dans la partie amont du bassin, à la hauteur du village de Keur Layen . A ce niveau, confluent trois bras qui collectent les eaux de ruissellement provenant de la partie plus élevée du bassin.
La Néma présente beaucoup d’affluents qui drainent les eaux des deux plateaux vers le bas-fond. En outre, le bras de Sabouya et deux autres bras situés vers Néma Ba confluent avec le cours d’eau principal. Cette rivière a son exutoire à la latitude du village de Néma Ba.

LES FACTEURS CLIMATIQUES

Humidité relative

L’humidité relative atteint son maximum en septembre avec 81.8 % et son minimum en mars avec 29.4 %. La forte humidité observée pendant la saison des pluies est liée à la pluie qui augmente la vapeur d’eau dans l’air.

Insolation

La durée moyenne de l’insolation journalière est variable. La plus grande durée est observée au mois d’avril avec 9,9 h et les plus faibles durées aux mois de février et d’octobre avec respectivement 5,6 h / j; 4,3 h / j (nébulosité due aux masses d’air de mousson). La faiblesse de l’insolation en Février est liée à la diminution de la longueur du jour pendant le solstice de décembre.

Vents

De manière générale, les vents sont de direction Nord/Est, de Janvier à d’Avril et de novembre à décembre, donc pendant la saison sèche. Pendant la saison des pluies, les vents sont orientés Nord/Ouest, ces vents correspondent à la mousson. La vitesse des vents est plus importante en saison pluvieuse avec un maximum de 23 m/s en mai et juin, alors qu’en saison sèche elle varie entre17 et 24 m/s.

Bilan climatique

Le climat est tropical semi-aride, de type soudano-sahélien. L’évolution de la pluviosité est présentée sur la figure 3.
La pluviométrie moyenne interannuelle à la station de référence (Toubakouta, 1920 – 2002) est de 770 mm avec un coefficient de variation de 24 %. Une baisse de la pluviométrie a été observée depuis 1970. En effet, de 1970 à 2002, la pluviométrie moyenne est de 770 mm par an contre 980 mm entre 1920 et 1970, soit une baisse de 28%. Les températures moyennes mensuelles varient peu ; les valeurs extrêmes sont 36,3°C (avril, le mois le plus chaud) et 26,2° C (décembre, le mois le plus frais)..

LA VÉGÉTATION

La végétation, caractéristique des zones soudaniennes, a subi de profondes modifications dues à l’action anthropique et à la sécheresse. Le recouvrement est encore important dans la forêt-galerie (70%), dans la zone de parcours (où 30%), faible (5 à 10%) dans les champs (Coly et al., 2001).
La forêt galerie, assez dense en aval et discontinue voire absente vers l’amont, borde le cours d’eau. On y rencontre en effet par endroits des champs, des parcelles de jachère et d’arbres fruitiers, qui sont des indices de transformation (Akpo et al., 2003). Ces marques couvrent 20% environ, de sorte que la forêt ne représente actuellement que 2 km² environ (Madjikam, 2000).
Sur les versants et plateaux, la forêt claire et la savane boisée, autrefois caractérisées par une végétation à grandes graminées annuelles telles que Andropogon pseudapricus, Pennisetum violaceum, P. pedicellatum, ont complètement disparu. Elles ont fait place à des champs de mil, d’arachide, rarement de maïs ou à la zone de parcours. La zone de parcours est caractérisée par une végétation arbustive, dans laquelle dominent les Combretacées. Toutefois, de grands arbres isolés s’élèvent dans ces espaces ; ce sont les derniers vestiges des formations primaires (Coly et al., à paraître).
Des plantations d’arbres de Mangifera indica, Anacardium occidentale et Citrus sp constituent des marques d’anthropisation du milieu.

LES HOMMES ET LEURS ACTIVITÉS

La population

La population du terroir de la Néma est de 4 651 habitants répartis essentiellement entre 4 ethnies : Sérère (66%), Wolof (18,5%), Peuhl (7,4%) et Mandingue (3,7%). Les Sérères de la Néma représentent le groupe appelé Sérère Niomica, qui résulterait des Sérères du Sine-Saloum et des Mandingues.
Dans la population, les hommes représentent 50,8% soit 2 362 individus et les femmes 49,2% soit 2 289 individus La répartition des ethnies dans les villages n’est pas uniforme ; il y a en effet des villages qui ne renferment que deux ethnies, Sérère et Peuhl, Sérère et Wolof, Sérère et Mandingue, ou des villages quasi mono-ethniques (Dielmo, Néma Bâ et Santamba, avec 95 à 97% de Sérères, Keur Layen Fatim et Keur Oumar Bombé avec 95 à 100% de Wolofs). Il n’y a en revanche pas de village Mandingue-Peuhl.

Les activités économiques

L’agriculture itinérante, qui occupe plus de 75% de la population, concerne la production de l’arachide, du mil et du maïs en association ou en culture pure. L’arachide est en rotation avec le mil, rarement avec le maïs, dans un cycle continu arachide-mil-arachide ; la jachère a quasiment disparu (Ngom, 2000).
La préparation des champs consiste à enlever les arbustes et les jeunes plants car le défrichement ne se fait pratiquement plus. Ces brindilles sont utilisées pour le bois de chauffe ou brûlées. De même le labour n’est pas pratiqué (sol sableux). Le semis, l’épandage de l’engrais, le sarclage, la récolte de l’arachide et le transfert des produits vers les villages sont effectués en utilisant la traction animale (Ndao, 2001).
Le maraîchage permet de fournir des légumes frais aux populations locales et aux hôtels environnants. C’est essentiellement une activité de saison sèche, pratiquée par les femmes (Mendy, 2000). En saison des pluies, les produits (gombo, aubergines, piment, tomates, diakhatu, bissap …) sont destinés généralement à l’autoconsommation. L’arrosage est fait avec l’eau de puits (70%) ou du cours d’eau (20%). Pour la plupart (60%), le matériel est rudimentaire (Mendy, 2000 ; Dacosta et al., 2002).
La riziculture occupe principalement les femmes ; elle est de moins en moins pratiquée en raison des problèmes d’eau. Une importante partie de la production sert à l’autoconsommation (75%) et le reste est vendu (Mendy, 2000).
L’arboriculture est la nouvelle forme d’occupation de l’espace ; elle est représentée par des vergers installés dans les champs et la galerie (Coly, 1999). Dans ces vergers, nous avons recensé le manguier (Mangifera indica), l’anacardier (Anacardium occidentale), des agrumes (Citrus sp.), le bananier (Musa nana), le papayer (Carica papaya). Les vergers sont parfois clôturés avec du fil de fer barbelé. L’arboriculture est devenue une activité rentable : un kg de noix d’acajou est vendu à 900 – 1000 FCFA par le producteur (Ngom, 2000).
L’élevage est traditionnel, de type extensif. Le cheptel est composé de bovins, d’équins, d’asins, de caprins et d’ovins. Des bovins sont utilisés dans l’attelage, les équins et asins pour le transport de personnes et les petits ruminants procurent un revenu de campagne.
Les animaux de trait sont gardés en stabulation presque toute l’année. Ils sont nourris dans l’espace situé entre les champs en saison des pluies et avec les fanes d’arachide en saison sèche (Ngom, 2000). Les petits ruminants sont gardés pendant la saison des cultures dans les alentours des villages. Au cours de la saison des pluies, le reste du troupeau est laissé en gardiennage contre rémunération en nature (lait et produits vivriers) ou en numéraire (5000 FCA par mois). En saison sèche, ce gardiennage n’est pas assuré et les bovins et petits ruminants divaguent pour se nourrir, dans les champs, de résidus de récolte et de jeunes pousses.
Ils provoquent parfois de dégâts importants aux parcelles de cultures maraîchères installées dans les bas-fonds. L’abreuvement des animaux a lieu au niveau des mares et de la vallée. En saison sèche, après le tarissement des mares, la vallée reste le seul point d’eau pour l’abreuvement des troupeaux.

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