La notion de proximité spatiale des banques
La notion de proximité est le caractère principal de l’ensemble des institutions du système bancaire. De ce fait, pour Mayoukou et Ruffini (1998), elle se présente sous une forme « physique » et « relationnelle». Dans cette logique, la notion de proximité avec les clients à Moronise définit en fonction de la qualité de l’institution financière comme nous l’avons soulignée dans le concept de centralité. En effet, « dans l’activité bancaire de détail, le système bancaire et ses clients sont situés dans la même aire géographique»5 mais avec une localisation différenciée. Ainsi, cette notion de proximité crée à Moroni deux zones de polarité.
D’un côté, le centre-ville où se localise l’ensemble des banques et de l’autre côté, les zones périurbaines où sont implantées les institutions de micro-finances. Pour les banques, il s’agit d’une proximité physique, c’est-à-dire qu’elle se traduit par la configuration spatiale de la ville faisant du centre-ville l’axe principal où l’ensemble des flux est desservi. En effet, tout est question de chiffrage en mètres, en minutes, et en unités monétaires.
Quant aux institutions de micro-finance, la localisation en zone périurbaine se traduit par une proximité relationnelle car, toutefois, « la notion de proximité ne renvoie pas à une objectivation de critères d’espace et de temps, elle renvoie à la subjectivité des acteurs (…). Elle est définie par le fait qu’elle est ressentie, éprouvée, intériorisée par les acteurs et non par la référence au territoire »6. Une localisation spatiale de proximité reflète aussi l’aspect socio-économique de l’aire urbaine à partir de différentes échelles.
La banque, un espace à plusieurs fonctions
Le système bancairefonctionne comme toute entreprise de services avec une relation physique dans un espace pour avoir un meilleur attrait de la clientèle. C’est la raison de notre approche géographique.
Ce principe se définit comme étant un espace où l’on stocke de la valeur, épargne, emprunte et pour rencontrer de multiples acteurs. De ce fait, la notion « d’accueil»7 accapare une place importante dans ce contexte, car elle est physique, c’est-à-dire, qu’elle constitue un support relationnel qui structure désormais les comportements des institutions financière,vis-à-vis des clients dans un espace.
Un des effets induits par ces institutions est de rendre leurs services plus accessibles aux clients et d’accroître les opportunités de contact dans un espace géographiquement déterminé. En conséquence, il se traduit par plusieurs aspects, lesquels tiennent compte de la gamme de services que fournissent les institutions du système bancaire.
Par exemple, le client a besoin de pouvoir, à tout moment (dans l’espace et le temps) emprunter ou épargner, c’est-à-dire au centre-ville de Moroni non seulement les banques qui s’y concentrent mais d’autres activités de services aussi s’y installent.En d’autres termes, il s’agit d’une zone d’affaires et de rencontres de plusieurs agents économiques. L’attractivité de la zone contraint les institutions financières à établir une relation d’accueil plus adaptée qui se traduit par la multiplication des guichets, d’agences (…), dans cette zone d’influencepour y acheter, vendre et stocker des biens et services. Ainsi, le système bancaire à travers l’accueil physiquedevient un support spatialde services dans l’espace urbain.
L’urbanisation et les perspectives de métropolisation
« Le monde connaît depuis le milieu du XXe siècle une très forte accélération de l’urbanisation, qui se traduit par l’accroissement de la population, de la taille et des activités des villes»8. Pour pouvoir faire face à cette accélération et à ses différents aléas, l’urbanisation prévoit la mise en place d’un zonage. Toutefois, les zonages qui attirent l’attention, sont la zone d’activités tertiaires (comme le système bancaire, principale fonction d’une ville) et la zone d’accueil de la nouvelle population urbaine.D’une part, la zone d’activités est définie comme un « espace aménagé selon une démarche volontariste par un agent économique en vue d’être commercialisé (vendu ou loué) à des entreprises (secteur marchand comme le système bancaire) ou à des organismes (secteur non marchand), afin que ceux-ci puissent exercer leur activité économique »9.
Elle est dédiée et orientée vers son rôle économique qui est sa fonction principale. D’une partà Moroni,la zone dédiée aux activités tertiaires (le centre-ville) est héritée de la colonisation et abrite l’ensemble des activités de ce secteur (la majeure partie du système bancaire). D’autre part, la zone d’accueil de la nouvelle population urbaine s’agit d’une nouvelle configuration spatiale de la ville qui s’impose. Ces zones engendrent un fort impact, non seulement spatial mais aussi socio-économique. Compte tenu de ce que cette population amorce de nouvelles fonctions pour la ville et constitueune nouvelle clientèle pour les institutions de micro-finance présentes dans ces espaces.
Résultant de plusieurs difficultés découlant de la croissance urbaine rapide, ces zones subissent des contraintes et, pour y remédier, trois angles doivent être pris en compte, à savoir : la création, l’extension et la requalification des espaces.
Le système bancaire, support de l’urbanisation
Le premier angle est de tenir compte du fait que « lorsqu’un projet économique justifie la création d’un espace d’activités, il se concrétise par la définition d’une superficie et d’un site d’implantation. Ces choix doivent se faire selon le type d’activités, les besoins en infrastructures, les dessertes possibles, la visibilité, etc. »10. De ce fait, à Moroni, l’augmentation de la population urbaine, synonyme de l’augmentation des fonctions de la ville, a suscité l’aménagement de deux quartiers pour diminuer la charge du centre-ville, (au nord et au sud du centre). Certes, bien qu’aménagésdans le but de devenir des prolongements du centre-ville, ils sont reconvertis en zones d’accueil pour la nouvelle population urbaine et c’est ainsi que les deux institutions de micro-finance de Moroni et quelques activités administratives et de services s’y sont installées.
