Le surhomme de nietzsche

Friedrich NIETZSCHE est né le 15 Octobre 1844 à Röchen, près de Leipzig, en Prusse et mourut le 25 Août 1900 à Weimar.

Toute sa vie durant, il a apporté une nouvelle manière de philosopher et n’a jamais apprécié la pensée occidentale qui se confond avec la philosophie de Socrate, de Platon, le christianisme et la théorie politique. A ses yeux, tous ces courants de pensée sont des manifestations de la négation de l’expression vitale. Ainsi, le but de Nietzsche est de créer des formes positives pour la réflexion philosophique et de tracer une nouvelle voie pour parvenir au surhomme, symbole de l’homme fort, pouvant se surpasser, bref, l’«homme de la plus haute plénitude ».

LES ORIGINES DE  LA PHILOSOPHIE NIETZSCHEENNE

LA PHILOSOPHIE ORIENTALE

Le personnage de Zarathoustra

La pensée nietzschéenne a pris ses racines dans la philosophie orientale, plus précisément dans les anciennes religions de l’Orient. Cela est vérifié par le personnage de Zarathoustra. Selon l’histoire, Zarathoustra ou Zoroastre était un prêtre iranien de la Perse antique du VIIème- VIème siècle avant J.C, réformateur du mazdéisme, père fondateur de la religion mazdéenne et dépositaire de la vérité que lui a directement révélée Ahura- Mazdâ ou Ormuzd, le dieu du Bien. Ainsi, Zoroastre, réformateur de la religion iranienne antique, selon la conception orientale, est considéré comme le dieu des astres. Et on nomme Gâthâ l’ensemble des textes attribués à Zoroastre. Le mazdéisme était la religion de la Perse ancienne, réformée au VIIème siècle avant notre ère, par Zarathoustra. Elle est une religion dualiste qui concevait que le monde est le théâtre d’une lutte opposant le principe du Mal (Ahriman ou Angra- Mainyu) au principe du Bien (Ahura- Mazdâ ou Ormuzd) dont le triomphe final doit revenir à ce dernier. Cette opposition de deux principes se trouve aussi dans la mythologie grecque où Apollon étant le principe du Bien, de la beauté et de la lumière est en lutte perpétuelle contre Dionysos, principe du mal et des ténèbres. D’après cette religion, l’homme doit renforcer la puissance du Bien pour combattre celle du mal.

Le livre sacré du mazdéisme s’appelle Avesta. A souligner que, le mazdéen ou la mazdéenne vient de l’ancienne conception Perse « Mazdâ » et qui signifie «Sage». Par ailleurs, le zoroastrisme, doctrine de Zoroastre, une religion dualiste, a mis l’accent sur la transcendance divine et prêche une morale d’action fondée sur la certitude du triomphe de la justice en proposant une théorie de la vie future. D’après cette théorie, l’âme, après la mort doit franchir un pont appelé « tchinvat » ou pont du comptable. Les deux conditions suivantes s’imposent pour que l’homme puisse franchir ce pont : si l’homme a fait le bien durant sa vie, ce qui signifie qu’il a eu l’âme bonne, le passage de ce pont lui sera facile; par contre l’homme qui a commis le mal pendant son existence, c’est-à-dire qu’il a eu l’âme mauvaise, il ne pourra jamais franchir ce pont et son âme descendra en enfer.

Le personnage de Zarathoustra de l’Orient a eu une influence considérable dans la pensée de Nietzsche ; c’est ainsi qu’il a emprunté ce nom comme personnage principal de l’un de ses chefs d’œuvre intitulé : Ainsi parlait Zarathoustra. Or, le Zarathoustra de Nietzsche n’est pas un dieu, mais plutôt un personnage fictionnel presque déifié. Car si on suit l’histoire de la pensée nietzschéenne, le Zarathoustra joue un rôle de sauveur messianique comme le Christ dans la religion chrétienne. En ce sens que, le Zarathoustra nietzschéen joue le rôle de libérateur de l’humanité en enseignant le « Surhomme ». Du temps de Nietzsche, la philosophie dualiste et athéiste, le christianisme et le judaïsme ont dominé le monde, et souvent, à cette époque, le chef de l’Etat était en même temps chef de l’église. Effectivement, Nietzsche a pour but de mettre en jeu la liberté de l’homme par rapport à la religion et à la philosophie.

De ce fait, Zarathoustra en tant que libérateur, connaît la clé et le chemin vers le surhomme.

Dans l’œuvre de notre auteur, Zarathoustra représente « l’homme fort ou bien le surhomme, il est « Sage » et sauveur du monde. C’est ce que notre auteur a voulu dire quand il écrit :

« Dans mon œuvre, mon Zarathoustra tient une place à part. Avec lui j’ai fait à l’humanité le plus beau présent qui lui fût jamais fait ». 

Il est évident que Zarathoustra est le porte- parole de Nietzsche concernant ses idées sur le surhomme et le retour éternel. Nietzsche va encore plus loin dans son exposé en affirmant que son œuvre Ainsi parlait Zarathoustra est indispensable à l’homme car pour lui, elle renferme les idées sublimes qui peuvent libérer l’homme de toute contrainte.

Pour l’auteur, Ainsi parlait Zarathoustra est un guide inhérent à la vie de l’homme, à l’esprit libre.

Et il écrit :

« J’ai donné à l’humanité le livre le plus profond qu’elle possède, mon Zarathoustra. Je lui donnerai sous peu son livre le plus indépendant ». 

En outre, il faut souligner que, le personnage historique de Zarathoustra repris par Nietzsche est un autre Zarathoustra, car l’auteur était contre la distinction du Bien du Mal, alors que le zoroastrisme discerne le principe du Bien et du principe du Mal. Zoroastre professe deux principes opposés ; le Bien et le Mal qui ont respectivement pour dieux Ahura Mazdâ et Ahriman tandis que Nietzsche, auteur de Ainsi parlait Zarathoustra se place nettement contre ces deux principes ; donc contre le dualisme luimême.

Le zoroastrisme est pareil au christianisme qui distingue bien du mal. Cette morale, aux yeux de Nietzsche est un symptôme de la vie déclinante et signe de décadence. Zarathoustra apparaît comme un héros, un libérateur, un messie et un sauveur de l’humanité d’après Nietzsche. En plus de cela, Nietzsche a pensé que son œuvre Ainsi parlait Zarathoustra pourrait remplacer la bible et faire trembler toute l’humanité, surtout le monde religieux, à savoir : le judaïsme, l’islamisme, le christianisme entre autres. En résumé, si on analyse à fond le processus philosophique nietzschéen, on a pu dégager que, Zarathoustra est un destructeur de la morale religieuse et symbolise également la lutte contre les religions et les courants philosophiques régnant à son époque, comme la métaphysique et le matérialisme. Zarathoustra affirme des choses contradictoires aux valeurs qui ont été prononcées. Plus précisément, il professe des idées opposées aux valeurs religieuses à savoir : l’affirmation de l’existence de Dieu comme être suprême et toutpuissant. Il met en contradiction absolue les valeurs philosophiques qui ont été déclarées telles que : l’immortalité de l’âme et l’idée de l’au-delà. Zarathoustra est notamment le porte-parole de Nietzsche concernant ses idées sur le surhomme.

Enfin, Zarathoustra enseigne également le « retour éternel ».Or, qu’est-ce vraiment ce « retour éternel » de Nietzsche ? Et cela nous conduit à entrer dans la suite de notre étude en abordant la notion sur ce concept.

Le concept de « retour éternel »

Le concept de « retour éternel » est une conception très ancienne des philosophes d’avant notre ère dont Pythagore est le fondateur. Le concept de « retour éternel » a été repris et traité par les philosophes présocratiques, les pythagoriciens, les stoïciens et surtout les philosophes hindous. Nietzsche a suivi le chemin de ces philosophes et prétend que pendant son séjour dans un petit village en Haute- Engadine, l’été 1881, lorsqu’il se promena sur le bord du lac de Sils-Maria, il eut une vision qui lui apprit le vrai concept de « retour éternel » .Nietzsche fut convaincu et a écrit :

« Retour éternel : le monde repasse indéfiniment par les mêmes phases, l’homme ne meurt que pour revivre exactement la même vie ».

Nietzsche continue de soutenir ses idées en affirmant que le monde est une force invincible, incommensurable, indivisible, formant un tout en perpétuel mouvement violent, se créant, se détruisant mais revenant régulièrement grâce au cycle perpétuel du « retour éternel ».

D’après l’auteur, l’homme est l’image identique de ce monde qu’il décrit : monde de la volonté de puissance, ne mourir que pour revivre exactement la même vie.

Pour démontrer sa conviction se rapportant au concept du « retour éternel », Nietzsche écrit :

« Et savez-vous bien […] ce qu’est le monde pour moi ? Voulez –vous que je vous le montre dans mon miroir ? Le monde, un monstre de force sans commencement ni fin, une somme fixe de force dure comme l’airain qui n’augmente ni ne diminue […] une mer de force en tempête et en flux perpétuel, éternellement en train de changer, éternellement en train de refluer avec des gigantesque années au retour régulier […] Voilà mon univers dionysiaque qui se crée et se détruit éternellement lui même. Ce monde c’est le monde de la volonté de puissance et nul autre et vous-mêmes, vous êtes aussi cette volonté de puissance et rien d’autre ».

A souligner que, le pythagorisme est une tradition religieuse orphique qui établit la théorie de l’âme harmonie ou la métempsycose ou incarnations successives des âmes ou transmigration de l’âme dans un autre corps au moment de la mort.

Il faut rappeler que, le philosophe Pythagore  affirme l’immortalité de l’âme. En tant que philosophe et mathématicien idéaliste, il admet que l’âme est une substance éternelle, jouant un rôle de premier plan par rapport au corps. Selon la conception pythagoricienne, l’âme est une flamme immortelle, toujours en mouvement, se réincarnant successivement pour subir le châtiment de ses fautes .C’est justement cette réincarnation successive et cyclique de l’âme que Pythagore appelle « retour éternel ».

En plus de cela, dans la conception hindoue, le retour éternel se définit comme une tentative de réparer les fautes commises durant l’existence. Pour elle, le retour éternel se présente comme une dette du passé envers le futur, du présent envers le passé et l’avenir. C’est la raison pour laquelle, dans la société hindoue, subsiste un système d’organisation concernant la dette. Dans la société hindoue, il existe également le concept du karma, principe fondamental des religions indiennes, reposant sur la conception de la vie humaine comme maillon d’une chaîne de la vie ou « Samsara ». L’Orient croit à la réincarnation successive jusqu’à la dissolution dans l’universel ou le Nirvana qui se définit par une cessation de la douleur.

La vie, chez les indiens est une suite d’événements successifs et répétitifs appelés transmigration ou succession indéfinie des existences, selon laquelle, chaque vie est déterminée par les actes accomplis dans la vie précédente, d’où la naissance d’une action vertueuse dans la société indienne. Ainsi, dans les textes brahmaniques, le retour éternel est en même temps une compensation de la dette contractée envers les autres et une réparation des fautes qu’on a commises pendant l’existence antérieure. En outre, chez les bouddhistes, le karma est un principe d’organisation de l’existence humaine se traduisant par les souffrances, conséquences des fautes commises durant la vie précédente.

Effectivement, la souffrance est une manière de liquider une partie de la dette qui pèse sur l’existence d’un individu et conditionne en même temps son existence future. Dans cette optique, le malheur d’un individu provient d’un mauvais karma dans son existence précédente. Si une personne a commise un mauvais karma, il souffrira dans son existence future. De ce fait, à la lumière de la loi karmique, la souffrance et la douleur renferment une valeur positive. C’est pourquoi, chez les hindous, le retour éternel est notamment une liquidation de la dette karmique.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
CHAPITRE I : LA PHILOSOPHIE ORIENTALE
I.1- Le personnage de Zarathoustra
I.2- Le concept de « retour éternel »
CHAPITRE II : L’ANCIENNE PHILOSOPHIE GRECQUE
II.1- Les présocratiques
II.1.1- Thalès
II.1.2- Anaximandre
II.1.3- Anaximène
II.1.4- Xénophane
II.1.5- Héraclite
II.1.6- Parménide
CHAPITRE III : L’IDEALISME PHILOSOPHIQUE
III.1- La philosophie de Socrate et de ses disciples
III.2- La conception de Schopenhauer, Arthur
DEUXIEME PARTIE : CRITIQUE DE LA MORALE
CHAPITRE I : DU POINT DE VUE RELIGIEUX
I.1- Le nihilisme
I.2- Le ressentiment
I.3- L’antinomie des valeurs
I.4- L’altruisme et la pitié
I.5- L’endurance
CHAPITRE II : DU POINT DE VUE PHILOSOPHIQUE
II.1- La métaphysique
II.2- La philosophie du devoir de Kant
II.3- L’athéisme marxiste
CHAPITRE III : DU POINT DE VUE POLITIQUE
III.1- Le gouvernement en général
III.2- La démocratie
III.3- Les lois
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE I : LA VOLONTE DE PUISSANCE
I.1- L’égoïsme
I.2- Le solitaire
I.3- L’action
I.4- L’oubli
I.5- L’esprit libre
I.6- L’individualisme
CHAPITRE II : LE CREATEUR
II.1- L’enfant
II.2- Le jeu
CHAPITRE III : LE SENS DE LA TERRE
III.1- La valorisation du corps
III.2- L’affirmation de la vie, du sensible ou le vouloir- vivre
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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