Le stress : description et importance du problème
Qu’est-ce que le stress ?
Le stress est présent lorsque l’individu se retrouve confronté à une situation nouvelle et complexe qui lui demande de s’adapter (Chapelle & Monié, 2007 ; George, 2002 Graziani & Swendsen, 2004). À cause de ses nombreuses conséquences, telles que perte de mémoire, perte de moyens (confusion, blanc mental), perte du goût de vivre, dépression, perte de confiance en soi, mais aussi infections, allergies et autres manifestations physiologiques, le stress peut rendre la vie des personnes qui en souffrent très pénible (Fradin, 2008).
Le stress est souvent confondu avec l’anxiété. Afin de faciliter la compréhension de ce travail, il est important de préciser maintenant les différences et les liens entre ces deux concepts. Bien qu’ils utilisent certains mécanismes identiques, ils sont fondamentalement différents (Chapelle & Monié, 2007). En effet, l’anxiété est une émotion, alors que le stress peut être considéré comme une réaction physiologique et psychologique, une adaptation à une situation (Chapelle & Monié, 2007 ; George, 2002 ; Graziani & Swendsen, 2004). Certains auteurs parlent ainsi de réaction stressante (Fradin, 2008). L’anxiété n’a, quant à elle, pas forcément de circonstances déclenchantes (George, 2002). Bien que différentes l’une de l’autre, ces deux notions sont tout de même liées, car l’anxiété peut être le résultat d’une situation de stress et elle est, dans ce cas-là, appelée anxiété-état. Elle aurait également un rôle à jouer en amont en tant que trait de la personnalité. En effet, certaines personnes sont de personnalité plus anxieuse que d’autres, ce qui a comme conséquence qu’elles réagissent plus fortement au stress (Endler, 1993, cité par Graziani & Swendsen, 2004 ; voir aussi Boudarène, 1998). Dans notre travail, l’anxiété sera donc, premièrement, considérée comme une émotion résultant d’une situation de stress et, deuxièmement, comme une variable personnelle influençant la réponse au stress. Notre problématique est cependant élaborée sur le concept de stress.
Le stress dans notre société
Le stress est très présent dans notre société actuelle et s’avère être un réel problème. Le Bureau international du travail le considère en 1993 comme « l’un des plus graves problèmes de notre temps, non seulement pour les individus dont il met en péril la santé physique et mentale, mais aussi pour les entreprises et les gouvernements » (Stora, 2010, p. 3). Aux États-Unis, il y a presque neuf individus sur dix qui disent souffrir une à deux fois par semaine de stress, et un sur quatre tous les jours (Stora, 2010). Les sources de stress sont très souvent des pressions liées au travail. On trouve, par exemple, la pression du temps, d’un supérieur, des journées de travail trop longues, le fait de devoir montrer au travail des sentiments contraires à ceux que l’on ressent ou encore le fait de devoir allier vie au travail et vie personnelle, avec chacune leurs exigences (Secrétariat d’État à l’économie (SECO), 2011). Il a été relevé par une étude du SECO qu’en 2010, environ un tiers des personnes actives en Suisse se sentaient souvent, voire très souvent stressées (34%), contre 27% en 2000, ce qui montre donc une certaine augmentation (SECO, 2011). À la question de savoir si ces personnes se sentent en mesure de gérer le stress, 7% d’entre elles admettent en 2010 qu’elles le maîtrisent mal (SECO, 2011). Si ce pourcentage n’a pas évolué depuis 2000, le nombre d’individus qui n’ont pas de problèmes à gérer leur stress a diminué (SECO, 2011). Par ailleurs, cette étude relève que les Romands seraient davantage stressés : 50% d’entre eux se sentent souvent, voire très souvent stressés, contre seulement 29% dans les autres régions linguistiques de Suisse. Ils se sentent également moins capables de gérer ce stress : 2% des Romands disent ne pas du tout en être capables, contre 1% en moyenne (SECO, 2011). Nous pouvons donc voir que le stress touche de nombreuses personnes en Suisse, tout particulièrement dans notre région linguistique, et il mérite qu’on lui accorde toute notre importance. Si le stress est aujourd’hui reconnu comme un problème de première priorité chez les adultes, il reste toutefois encore très sous estimé chez les enfants, malgré que l’on s’y intéresse de plus en plus. Le paragraphe suivant aborde le stress enfantin, et plus précisément dans le contexte scolaire.
Le stress dans le contexte scolaire
La vie scolaire est une source de stress considérable. Les facteurs peuvent, en effet, être nombreux dans ce contexte, par exemple la pression liée aux évaluations et aux notes (George, 2002). Mais il y a également d’autres facteurs, tels que « les horaires surchargés, la violence, le racket, l’humiliation, les moqueries, les insultes, la peur d’être différent […] les parents qui rationalisent et ne s’intéressent qu’à l’élève en oubliant les autres qualités de leur progéniture » (George, 2002, pp. 9-10). George (2002) et Hadji (2012) relèvent tous les deux que le système scolaire a des exigences élevées face aux élèves et accorde une grande importance à la hiérarchisation et au classement des performances scolaires. De ce fait, les résultats et les notes sont donc incontestablement générateurs de stress (George, 2002 ; Hadji, 2012).
Par ailleurs, il y a depuis quelques années une hausse des sollicitations des psychologues et autres médecins pour des enfants inquiets de leurs performances, ce qui montre l’importance du problème (George, 2002). Malgré cela, le stress reste encore souvent sous-estimé chez les enfants. Dans son ouvrage Ces enfants malades du stress, George (2002) insiste beaucoup sur cette non-reconnaissance du stress enfantin :
Si les manuels médicaux de référence emploient le terme de stress, c’est toujours dans un contexte traumatique. Mais qu’en est-il de tous les stresseurs chroniques et quotidiens ? Tension, pression, exigence d’hyperperformance et d’hyperrentabilité, harcèlement…On sait qu’ils font des ravages chez les salariés. Pourquoi n’admettrait-on pas enfin que les enfants sont soumis au même régime, notamment dans un contexte scolaire où on ne leur demande plus seulement de bien travailler et de s’épanouir, mais d’être toujours et partout les meilleurs ? (p. 10)
Les conséquences du stress chez les enfants peuvent être nombreuses : une baisse de motivation, une baisse de performance, une baisse de confiance en soi, une baisse d’humeur ou encore des conséquences sur le plan physiologique, comme des maux de tête ou de ventre, entre autres (Fradin, 2008). Cependant, une majorité des enfants ne diront pas spontanément qu’ils souffrent (Viau, 1995). Il est donc primordial que notre société ait conscience de l’existence du stress chez les enfants, et tout particulièrement les enseignants, qui pourraient ainsi comprendre différemment les difficultés scolaires et les mauvais résultats de certains élèves, et ainsi les aider plus efficacement. De plus, afin de préparer les enfants à leur vie future, il importe de leur apprendre, premièrement, à reconnaître les symptômes de stress et, deuxièmement, à maîtriser leur stress. En effet, George (2002) relève que « la mauvaise adaptation au stress entraîne des complications physiques et psychologiques, qui peuvent être graves sur le plus long terme, c’est-à-dire à l’âge adulte » (p. 179).
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