Le son, l’apprentissage et la pensée, une relation étudiée par les neurosciences
Introduction Pour travailler efficacement sur le son au CDI, quelques préalables sont nécessaires : différencier le bon bruit, le mauvais bruit, la musique et le silence pour observer leurs effets sur les apprentissages. Définir ce que nous entendons par son, par bruit, par silence (quelle mesure en donnonsnous en décibels ? Cette mesure est-elle universelle, ou varie-t-elle en fonction de notre seuil de tolérance individuel ? Après tout, «Entre silence et bruit, il existe toute une gamme de perceptions individuelles » … Et quelle relation existe-t-il entre le son et la pensée ? Commençons par le son : Lorsque l’on parle de sons en physique, on fait référence aux ondes de pression produites par les molécules d’air en vibration.5 Les êtres humains sont capables de détecter les sons d’une fréquence de 20 à 17 000 hertz, atteignant 20 000 hertz pour les jeunes enfants, soit la limite de perception des chauve-souris.6 Dans le cadre d’une bibliothèque comme d’un CDI, Marielle de Miribelle rappelle à juste titre que la source du bruit peut-être externe (nécessité de double-vitrage) ou interne, et qu’alors elle peut être due au système interne (proximité des toilettes, climatisation…) ou bien à l’activité humaine. Evidemment, c’est sur cette dernière source de bruit que nous allons travailler en priorité avec nos élèves.7 D’ailleurs, nous définissons le bruit comme un « son avec un caractère de nuisance » à partir de la définition donnée par David Le Breton.
Environnement sonore et mémorisation
Nous utilisons tous des signaux sonores lors de la mémorisation. On entend souvent ce « neuro-mythe » 10 sur le fonctionnement de nos cerveaux et sur les types d’apprentissages selon lequel certaine.s auraient une « mémoire visuelle », une « mémoire kinésique » et d’autres une « mémoire auditive ». En vérité, du fait même de la structure interconnectée de nos cerveaux, nous mobilisons tous ces types d’apprentissage. En fait, nous disposons tous.tes de deux modes de mémorisation11 : la mémoire explicite (nous faisons un effort de mémorisation) et la mémoire implicite (nous mémorisons sans effort, par exemple, un air à la radio). A partir de ces deux modes, nous pouvons distinguer cinq grand types de mémoires (dont nous disposons.) : la mémoire de travail (retenir volontairement et manipuler une petite quantité d’informations pendant quelques secondes), la mémoire épisodique (se rappeler volontairement une information spécifique dans le contexte où elle a été acquise), la mémoire sémantique (nos savoirs sur le monde, volontaire ou non), la mémoire perceptive (à long-terme et involontaire) et la mémoire procédurale (procédures coginitives et motrice, typiquement, faire du vélo). Lorsque l’on choisit de diffuser de la musique pendant le travail d’élèves au CDI, on leur donne la possibilité de mobiliser avec plus de facilité ces différentes mémoires: par exemple, la mémoire épisodique permettra l’association du contenu travaillé et de la musique entendue, et favorisera la répétition de la tâche dans un autre contexte. Un bon environnement sonore, de la musique, sont un matériel riche au plan de la perception, de l’émotion et de diverses capacités, notamment des capacités mnésiques.
Environnement sonore et attention
Le CDI, lieu privilégié pour aider les élèves à être attentif.ve.s. L’attention, c’est la capacité de l’esprit à sélectionner dans les trop nombreuses informations qui lui parviennent. Elle est donc nécessaire pour donner un sens aux événements et pour pouvoir agir. Cette capacité est variable, en fonction de nombreux facteurs comme l’âge, les pathologies (comme le trouble de l’attention), les déterminismes de chacun.e. Néanmoins, cette faculté n’est pas figée, et le système éducatif a comme nette ambition d’éduquer l’attention chez les élèves. Notamment parce que l’éducation dépend largement de cette capacité d’attention (L’attention n’est-elle pas avec l’engagement, le retour d’information, et la consolidation de l’acquis, l’un des quatres piliers de l’éducation selon Stanislas Dehaene?12) Pour travailler sur l’attention, nous allons utiliser le modèle proposé par Berger et Guillaume. Il compte trois dispositifs attentionnels : L’attention soutenue (c’est à dire la vigilance), l’attention divisée ou partagée (qui permet d’écouter et de prendre des notes,par exemple) et l’attention sélective (écouter la voix du.de la professeur.e alors qu’il y a du bruit autour).13 Ces trois types d’attentions reposent donc sur fonctions exécutives essentielles : l’inhibition (c’est à dire la mise à l’écart de stimuli) et la flexibilité attentionnelle (c’est à dire, pour reprendre Christian Berger, le « changement de critère de sélection, la modification de la nature des cibles et distracteurs »).