Le schéma structural du VIH
Le génome du virus du SIDA se compose d’un seul ARN de 9181 nucléotides [14]. Il comporte trois gènes principaux (gag, pol, et env), ainsi que quelques gènes de régulation, de petite taille. Il comporte de plus des séquences spécifiques, situées à ses extrémités (5’UTR et 3’UTR-UTR = région non transcrite « UnTranscribed Region »). Une fois rétro transcrit sous la forme d’un ADN double brin (voir cycle), il s’exprime par le biais de deux ARN messagers, qui aboutissent à la synthèse de trois précurseurs de protéines : P55-Gag ; P160-Gag ; P160-Pol. Ces précurseurs sont ensuite clivés par des protéases, pour aboutir aux différentes protéines virales. Remarque : En plus des trois gènes « de structure » (gag, pol et env), le virus de SIDA possède six gènes codant pour des protéines régulatrices. Ces protéines sont particulièrement importantes dans l’accomplissement de la réplication, de la transcription, de l’export des ARN viraux du noyau. Leur expression est complexe. Ces six gènes sont caractéristiques de la famille des lentivirus, à laquelle appartient le VIH.
-Les cellules cibles du VIH
Les cellules sensibles à l’infection VIH sont principalement celles qui expriment à leur surface le récepteur CD4 et l’un des corécepteurs. Il s’agit de la sous population des lymphocytes TCD4+, mais aussi des monocytes macrophages ou les cellules de la même origine telles que les cellules dendritiques et les cellules de langerhans ainsi que les cellules micro gliales du cerveau qui expriment également le CD4. Ces ccellules présentatrices d’antigène jouent probablement un rôle important de réservoir, de dissémination et d’entrée dans l’organisme. Dans d’autres cellules, les virus sont simplement emprisonnés sans se répliquer. C’est le cas des cellules folliculaires dendritiques présentes dans les centres germinatifs des ganglions.
-Physiopathologie de l’infection VIH
La découverte du VIH et l’étude de ses propriétés biologiques ont permis de mettre en exergue sa physiopathologie. Cela a débouché sur la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à traiter l’infection à VIH en inhibant l’interaction virus-récepteur. La molécule CD4, récepteur de haute affinité pour le VIH est une protéine membranaire exprimée en forte quantité à la surface des lymphocytes «T» auxiliaires qui sont responsables de l’initiation de la réponse T auxiliaire et de l’amplification des diverses fonctions du système immunitaire face aux agressions. Les cellules constituent des réservoirs de virus dans l’organisme ; mais c’est essentiellement dans les lymphocytes TCD4+ que le VIH se multiplie en grande quantité. Si la molécule CD4 fonctionne comme un récepteur de haute affinité pour la glycoprotéine (gp120) du VIH-1, des récepteurs accessoires sont nécessaires à la pénétration du virus dans la cellule hôte. Les corécepteurs CCR-5 et CXCR-4 identifiés en 1996 utilisés par le VIH, sont des récepteurs de chimiokines ou chémo-attractants. Ils coopèrent avec les CD4 afin de permettre l’entrée du virus dans la cellule. Cette coopération serait plus lente pour le VIH-2, d’où sa longue latence par rapport au VIH-1[21]. Les virus à tropisme macrophagique utilisent les récepteurs de β-chimiokines CCR-5, par contre les virus à tropisme T dépendent du récepteur de : α-chimiokines CXCR-4 ou fusine. Mais 90% des souches virales ont en commun le CCR-5 comme récepteur et peuvent infecter à la fois le lymphocyte TCD4+ et les macrophages. La variabilité génétique des corécepteurs détermine une résistance d’origine génétique à l’entrée du virus, en particulier la mutation delta 32 (∆32) qui est présente dans la population caucasienne essentiellement selon un gradient Nord-Sud (fréquence augmentant du Sud vers le Nord) alors qu’aucun variant de CCR-5 limitant la capacité d’entrée du virus n’a pu être mis en évidence en Afrique.