Le rôle et la représentation internationale des collectivités
Pour contribuer à la mobilisation des décideurs français au Sommet de Johannesbourg, le Comité 21 a organisé une délégation de ses adhérents au Sommet, composée en majorité de collectivités territoriales. Et la France était au deuxième rang mondial pour le nombre des collectivités présentes à Johannesbourg.On peut regretter que la notion d’Agenda 21 local, auquel l’Agenda 21 de Rio avait consacré son chapitre XXVIII, n’ait fait l’objet d’aucune référence dans la déclaration politique. Quant à la rencontre de l’ICLEI (International Council for Local Environnemental Initiatives), si elle a effectivement contribué aux échanges entre collectivités des cinq continents, son déroulement en anglais a exclu les maires francophones (et en particulier africains !) et les interventions ont porté essentiellement sur la dimension environnementale des politiques territoriales. Dix ans après Rio, les collectivités posent la question de leur représentation dans les enceintes internationales sur les enjeux du développement durable.L’engagement de longue date des collectivités françaises dans la coopération décentralisée est exemplaire et contribue pour beaucoup à la présence effective et concrète de la France dans de nombreuses régions du monde. La déclaration des collectivités françaises à Johannesbourg a rappelé l’importance de l’échelon local ; les autorités locales y ont réaffirmé leur engagement dans la coopération décentralisée et leur volonté de situer les jumelages dans le cadre du développement durable (texte intégral sur www.citesunies.org).
L’éducation des citoyens aux enjeux locaux, nationaux et internationaux du développement durable devrait faire l’objet d’une politique nationale ambitieuse. Les collectivités ont elles aussi, par laproximité des questionnements et des projets qu’ils animent avec leshabitants, un rôle moteur à jouer. Au delà de l’information, il s’agitbien de construire une culture partagée, fondée sur des capacitéstechniques et humaines d’analyse et d’évaluation. Cette volontépolitique de contribuer à construire une société citoyenne,informée et responsabilisée, est un des socles de lacontribution des territoires au développement durable.Fâcheusement oubliées dans la déclaration finale du récent Sommet de Johannesbourg, les collectivités territoriales n’en sont pas moins décidées à assumer pleinement leurs responsabilités dans la mise en application des résolutions adoptées en cette occasion et visant à créer, sur notre planète, les conditions d’un développement durable. C’est dans une large mesure, est-il besoin de le rappeler, sur le terrain local, au cœur de la vie quotidienne des citoyens, que le difficile pari du développement durable sera gagné ou sera perdu. En effet, l’eau, l’habitat, les déchets, la pollution, les transports et l’énergie relèvent le plus souvent de la compétence des autorités locales, et tout particulièrement, municipales.
Aussi, est-il légitime que les collectivités locales, présentes en grand nombre à Johannesbourg, dont beaucoup venues de France, aient, à cette occasion, exprimé, avec parfois une certaine vigueur, leur volonté d’être reconnues par les États, ainsi que par les organisations internationales, comme des partenaires à part entière dans ce long et difficile combat.La participation de ces collectivités à la mise en œuvre d’un développement durable, et aussi solidaire, ne se borne pas aux frontières de leur propre territoire, ni même aux frontières nationales. Chaque jour plus nombreuses, en effet, sont les collectivités locales engagées, par-dessus les frontières et les préjugés, dans des actions de coopération et de partenariat. Les villes, les départements, les régions de notre pays, sont à cet égard, à l’avant-garde. Toutes les régions françaises, la moitié des départements, la grande majorité des grandes villes et des villes moyennes, c’est-à-dire environ 3 500 collectivités locales, ont noué des relations avec des partenaires d’autres pays, pratiquant ainsi ce que l’on peut appeler la diplomatie des peuples.A travers ces relations, les collectivités locales françaises font bénéficier leurs homologues d’Afrique, de l’Europe de l’Est, du Proche-Orient, d’Amérique latine, et même d’Asie, de leur expérience dans les différents domaines de la gestion municipale, qu’il s’agisse des services publics municipaux, de la formation du personnel communal, de la lutte contre l’exclusion, de la protection de l’environnement ou de la participation des habitants à la vie locale, c’est-à-dire de la démocratie de proximité.Est-il besoin d’ajouter que dans les relations entre villes du Sud et villes du Nord, ces dernières ont aussi beaucoup à apprendre de leurs partenaires, par exemple en ce qui concerne des pratiques sociales innovantes, le rôle des personnes âgées dans la société, sans oublier le sens de l’hospitalité et le sens de la fête.