Dans une recherche consacrée à l’étude du rôle et des enjeux de la télévision satellitaire dans l’éducation culturelle, il nous semble judicieux d’éclairer tout d’abord les cadres et les limites du concept de l’éducation adopté dans ce travail. Cela en abordant également ses différentes modalités. Le fait de rappeler la dimension de l’éducation liée à l’apprentissage et à l’enseignement nous parait important dans ce contexte.
Historiquement l’éducation a toujours existé et s’est manifestée dans toutes les sociétés humaines. Comme tout autre concept, elle donne lieu à des définitions et des interprétations multiples. Nous tenons ici à rendre compte des acceptions qui correspondent le mieux notre problématique. De point de vue étymologique, « le mot éducation vient du latin educare qui veut dire élever des animaux ou des plantes et, par extension avoir soin des enfants, former, instruire. L’éducation est donc l’action de faire sortir une personne de son état premier ou de faire sortir de lui ce qu’il possède virtuellement.» .
L’éducation est le produit et le résultat du verbe éduquer envisagé sous l’angle de la voie active et non sous celui de sa forme pronominale s’éduquer. Cette voie nous renvoie aux sujets de ce verbe qui sont les éducateurs qui accompagnent toute la vie de l’individu. Ils l’accompagnent depuis tout petit dans la famille et après à l’école en passant par les groupes de pairs et en continuant au sein de la société et surtout du système médiatique.
Le rôle éducatif joué par ces acteurs nous confirme que l’éducation aujourd’hui ne se limite pas à la scolarité pendant l’enfance. Il est reconnu qu’elle se développe de façon permanente tout au long de l’existence. C’est donc devenu clairement un enjeu de la société complète. Ce sens de l’éducation se trouve dans le dictionnaire Les termes de l’éducation qui la définit comme « action de former un enfant ou un adulte. Formation d’individu par un autre individu, essentiellement un jeune par un adulte, dans le but de lui donner les moyens de mettre en pratique un acquis, une connaissance, de développer des qualités morales, intellectuelles, artistiques et physiques, de devenir autonome. Eduquer, c’est aussi élever un enfant.» Cette définition a été incluse et développée dans le travail de R. Goldstein qui insiste sur la socialisation de l’enfant au cours de l’éducation et le rôle de l’éducation dans la construction de la personnalité de l’individu. Selon Goldstein « l’éducation est d’abord une socialisation c’est-à-dire le processus d’intégration d’un enfant dans un milieu socioculturel donné se référant toujours explicitement ou non, à un idéal d’être humain à faire advenir est finalement, la construction progressive de soi que chaque être fait tout au long de sa vie, à travers ses choix, conscients ou non, et en développant plus ou moins ainsi ses potentialités, dans une relation interactive avec ses pairs et ses accompagnateurs. .
Dans ce sens l’éducation est devenue un phénomène complexe qui met en jeu de nombreux acteurs sociaux aux caractéristiques très variées. Dans la vie moderne, l’implication des parents dans l’acte de l’éducation, le rôle éducatif de l’école, l’importance reconnue de l’environnement socio-culturel, la place des différents médias et celle des technologies nouvelles dans la construction et le développement de la personne, sont des aspects qui certes rendent compte de la complexité de la démarche éducative mais qui ne demeurent pas les seuls. En effet, d’autres aspects interfèrent dans ce processus à savoir les répercussions politiques, économique, éthique, spirituelles des décisions collectives concernant l’éducation et qui montrent aussi la complexité de l’éducation.
L’éducation selon G.Tsafac est « l’action exercée volontairement par un adulte sur un jeune ou par une génération adulte sur une génération jeune en vue de développement physique, intellectuel et morale et de l’intégration dans la société.» L’auteur confirme l’idée que l’éducation s’exerce sur l’enfant dés sa naissance et le conduit d’étapes en étapes vers l’autonomie de l’adulte. Elle consiste selon lui « à créer autour de lui, le climat qui convient à exercer une action précise tant par l’apport direct que par le comportement de l’éducation.» .
L’UNESCO a accordé une place importante aux études sur l’éducation depuis longtemps considérant que le développement dans le champ de l’éducation est un des principaux objectifs de cette organisation. Le rapport de la commission internationale sur l’Education propose d’ailleurs la définition suivante : « l’éducation est une construction continue de la personne humaine, de son savoir et de ses aptitudes, mais aussi de sa faculté de jugement et d’action. Elle doit lui permettre de prendre conscience d’elle-même et de son environnement et jouer son rôle social dans le monde du travail et dans la cité. Le savoir, le savoir-faire, le savoir-vivre ensemble et le savoir-être constituent les quatre aspects intimement liés, d’une même réalité.» . Selon ce rapport, l’éducation porte sur différentes modalités et varie avec la période, la société, le mode de la vie et le modèle humain de référence.
D’une manière générale, nous pouvons confirmer l’idée que l’éducation contient un acte tridimensionnel. La première dimension porte sur la vie quotidienne, concerne la vie matérielle et les actes de la vie courante, comme s’habiller, manger, etc. La deuxième dimension est plutôt manifeste quand l’acte de l’éducation se dirige vers les conduites sociales qui se présentent ainsi : comment se comporter avec les autres, comment utiliser les règles de politesse, respecter les hiérarchies, les comportements attendus en général, tout en tenant compte aussi bien des interdits que des idéaux, des symboles, religieux, spirituels, philosophiques, esthétique, idéologique, etc. La troisième dimension de l’éducation porte elle sur la transmission des valeurs. Ces valeurs sont englobées dans la culture, qui implique une symbolisation transmise par la mémoire collective du groupe. L’éducation dans ce sens ne se limite pas à la transmission des valeurs, mais les systèmes éducatifs sont à la fois, une bonne introduction à la connaissance des valeurs d’un groupe social.
Les définitions ainsi présentées du concept éducation permettent en effet de rendre compte de sa complexité, de saisir les aspects et les dimensions à prendre compte dans l’acte éducatif. Certes, ces diverses acceptions enrichissent notre réflexion sur la question éducative, cependant, nous tenons à préciser que le sens de l’éducation que nous privilégions dans ce travail est celui associé à la culture et non celui lié uniquement à l’apprentissage, l’enseignement et à la pédagogie. A ce titre, J. Bruner défend ce positionnement dans son ouvrage traduit de l’anglais L’éducation, entrée dans la culture dans lequel il montre que l’éducation ne se limite au cadre scolaire mais elle est une action sociale qui se fait au sein de la société complète. Selon l’auteur, « il est maintenant de plus en plus clair que l’éducation ne saurait se résumer aux catégories strictement scolaires que sont les programmes, les niveaux ou l’évaluation. Ce que nous décidons de faire à l’école n’a de sens que rapporté à l’ensemble de ce qu’une société entend mettre en œuvre au travers de son investissement éducation.» .
Afin d’exposer le lien qui associe ces sciences, nous adoptons la typologie triptyque de l’éducation adoptée par l’Unesco et également par le Conseil de l’Europe de l’Éducation et qui distingue les trois modalités suivantes de l’éducation : l’éducation formelle, non formelle et informelle. Nous explicitons ce classement triptyque dans les paragraphes qui suivent.
L’éducation formelle
Afin de définir la notion d’éducation formelle, nous allons dans un premier temps présenter brièvement certaines définitions proposées sur cette notion. L’éducation peut être classée selon le milieu où elle se réalise, ou selon l’agent (éducateur) qui la donne, ou bien aussi selon les objectifs poursuivis dans des domaines divers. Prenons à titre d’exemple l’éducation physique, celle-ci vise la santé, le développement du corps et l’organisme y compris les facultés morales comme la maîtrise de soi. En prenant en compte le lieu où l’éducation se fait, nous pouvons distinguer deux modalités d’éducation qui sont : l’éducation scolaire et l’éducation extrascolaire. Pour certains chercheurs et experts dans ce domaine l’éducation scolaire est appelée aussi l’éducation formelle. Dans ce sens, G. Tasfac précise que, « l’éducation scolaire ou formelle est celle reçue dans l’institution scolaire où prédomine l’instruction. Elle est caractérisée par les classes, les enseignants qualifiés, les programmes, les horaires et les méthodes définies généralement directives.» .
L’éducation formelle a, sur la base, l’apprentissage des connaissances et des comportements comme capacités d’adaptation, de construction et d’application. Ces capacités sont apprises, entretenues et développées dans les institutions spécialisées école, université, etc.
L’éducation formelle contient des activités avec des objectifs et des attentes éducatives précises et programmées dans le système scolaire et universitaire. Cette éducation est soumise aux conditions du ce système scolaire comme l’explique J-F Magnin : « l’éducation formelle, il s’agit d’activités éducatives structurées dans le cadre des systèmes scolaire et universitaire.
1. INTRODUCTION |