Le rôle des institutions dans l’explication des écarts de revenu entre les pays
La nouvelle économie institutionnelle et son apport
L’émergence du courant institutionnaliste : 1- Présentation du courant : L’institutionnalisme est un courant de pensée qui est apparut aux Etats unis vers la fin du 19 ème siècle et le début du 20 eme siècle avec des économistes américains (Torsein Veblen, J.Commons et Wesley Mitchell) qui sont considérés comme les précurseurs de ce mouvement.1 Les institutionnalistes insistent sur le fait que les habitudes communes et spécifiques sont renforcées par des normes sociales spécifiques. Ils se basent sur plusieurs disciplines comme la psychologie, l’anthropologie, la sociologie et la philosophie pour analyser et expliquer la nature du comportement humain. Ces économistes avancent que les individus vivent dans un environnement institutionnel, que les institutions perdurent et structurent l’action humaine. Ils ont ainsi tenté d’analyser certaines institutions spécifiques (les habitudes, les droits de propriété …). L’école institutionnaliste diverge des autres écoles classiques et néoclassiques dans l’explication des phénomènes économiques. Nous avons pris comme exemple la théorie des prix. 1-1 Le processus de formation des prix selon cette école : Les institutionnalistes ont tenté d’élaborer une théorie générale de la formation du prix. Contrairement aux autres écoles (classiques et néoclassiques) qui estiment que la formation du prix est le résultat de la confrontation entre l’offre et la demande. Ces économistes considèrent le prix comme une convention sociale renforcée par les habitudes. Ces conventions évoluent avec le changement des conditions et reflètent dès lors le mode de calcul, le processus de tarification…etc. Pour construire cette théorie, les institutionnalistes ont essayé d’étudier le contexte institutionnel lié au processus de formation du prix, et pour ce faire, il fallait répondre à un certain nombre de questions sur : les institutions qui régissent le calcul des prix. les informations disponibles et indisponibles sur le marché. le moyen d’acquérir et d’accéder à l’information.
La théorie de Veblen
les habitudes d’action
Selon Veblen, les individus agissent selon leurs habitudes routinières. Par conséquent un consommateur possédant une certaine culture sachant que son revenu reste inchangé, son modèle de comportement sera routinier. Sa théorie a été illustrée bien après par un groupe d’économistes (Hendricks 1966 et Taylor Lester) qui ont fait une étude sur la consommation globale américaine. Ils ont conclu que les dépenses de consommation sont effectivement liées à la consommation précédente.
L’apport de Veblen
Veblen s’est inspiré de la théorie évolutionniste de l’école historique allemande pour fonder sa propre théorie institutionnaliste sur l’évolution des habitudes d’action. Les partisans de l’école historique allemande ont introduit durant le 19 eme siècle les institutions dans l’explication des phénomènes économiques. Ils introduisent des concepts tels que les coutumes, les conflits d’intérêt, les droits de propriétés…etc. ces derniers n’étaient pas pris en compte par les écoles passées (classiques, néoclassiques…). Veblen a souligné qu’il existe différents comportement sociaux dus à la diversité des instincts : Instinct de travail : il ya des individus qui veulent travailler afin de réaliser l’efficience économique. Instinct social : relatif à un comportement d’entente avec les autres et la création de liens sociaux. Instinct de prédation : se dit de personnes voulant s’enrichir au dépend des autres. Par conséquent, la société peut tendre soit vers l’équilibre (l’harmonie) lorsque l’ensemble des individus se comportent d’une façon convenable, ou bien vers le conflit.
La théorie des classes de loisir
Veblen a plusieurs ouvrages dont un ouvrage important « the theory of the leisure class ». Dans ce livre, il fait la critique du comportement des riches dans la société. Ces individus cherchent à afficher leur statut social par des comportements de consommation et de loisir ostentatoires. D’après Veblen, les riches refusent de travailler et se consacrent uniquement aux activités qui servent leur intérêt. Les personnes aisées sont emportées par leur orgueil et ne pensent qu’à se faire remarquer, ce n’est donc plus la lutte des classes (classe ouvrière, la bourgeoisie …) mais la lutte au classement. Chapitre 02 : le rôle des institutions dans l’explication des écarts de revenu entre les pays 54 Chez les individus qui composent cette classe sociale, on assiste à une concurrence pour atteindre le meilleur classement socio-économique. L’existence de cette classe accentue les écarts entre les différents groupes sociaux en ralentissant le progrès social. 1 Les économistes contemporains (comme La fortune par exemple) s’inspirent de cette théorie pour expliquer le comportement des élites. Ce comportement se traduit par le besoin de préserver leur place dans la société afin de jouir d’un pouvoir politique et économique perpétuel.
L’apport de Commons
Commons définit les institutions comme « l’action collective dans le contrôle de l’action individuelle, et ce sont des éléments importants pour garantir la sécurité des agents.»3 Dans son livre « Legal foundation of capitalism », il étudie la relation qui existe entre les lois et l’économie. Il souligne que le monde est caractérisé par la rareté de ressources liées à la propriété des choses. Cela entraine des conflits d’intérêt entre les individus qui sont propriétaires et ceux qui ne le sont pas pas. Il aborde ainsi deux concepts clés
La propriété
Commons considère la propriété comme le pouvoir de détenir les biens et de les garder. Il donne à la fonction juridique un rôle intrinsèque dans la protection des droits de propriétés par des contrats légaux. Dans ce sens il étudie l’évolution des normes juridiques et affirment que le système juridique qui crée des règles doit s’adapter à l’environnement économique. Or, il demeure insuffisant pour résoudre tous les problèmes socio-économiques. Il doit donc être compléter par un système politique efficace.