Le risque de change, concepts, définitions et origines.

Le risque de change, concepts, définitions et origines.

La plupart des entreprises qui effectuent des transactions commerciales ou financières en devises étrangères, supportent un risque de change contre lequel elles décident ou non de s’assurer. Les entreprises exposées au risque de change, leurs enjeux peuvent être considérables compte tenu des fluctuations irrégulières sans précédent des cours de change depuis l’abandon des changes fixes. Les entreprises fortement intégrées au commerce international, et qui ont une forte activité financière, le considèrent comme première préoccupation. De ce fait, il mérite d’être traité de façon complète et cohérente.

Définition du risque de change

« Une entreprise se trouve exposée au risque de change à l’occasion d’une transaction commerciale ou financière effectuée dans une autre monnaie que sa monnaie nationale ou de compte. Mais il faut également qu’il y ait un risque de voir le règlement se réaliser à une parité différente de celle retenue lors de l’engagement en devises. Les fluctuations monétaires vont alors avoir sur cette transaction une incidence qui peut être favorable, défavorable ou encore nulle » 1 Le risque de change2 concerne les entreprises qui ont des liens internationaux, et qui réalisent des opérations de transactions commerciales et financières avec des partenaires étrangers, il est lié à la variation des parités de devises par rapport à la monnaie nationale. Le risque de change résulte de deux éléments: – Un élément externe et aléatoire, il résulte des variations de devises par rapport à la monnaie de référence, ces variations peuvent avoir des influences favorables, défavorables ou nulles. – Un élément interne, qui résulte de l’exposition au risque de change. Une définition commune3 du risque de change est liée à l’effet de variations inattendues des taux de change sur la valeur de l’entreprise (Madura, 1989). En particulier, il est défini  comme une éventuelle perte directe (résultant d’une exposition non couverte) ou une perte indirecte des flux de trésorerie de l’entreprise, actifs et passifs, le bénéfice net et, par conséquent, sa valeur boursière résultant d’une fluctuation du taux de change. Pour gérer le risque de change inhérent aux activités des entreprises multinationales Et pour appréhender l’exposition d’une entreprise au risque de change, il faut répondre à plusieurs questions : 1- Quels sont les facteurs qui entraînent un risque de change ? 2- A partir de quand doit-on tenir compte du risque de change ? 3- Comment mesure-t-on le risque de change ? « Dans un système de changes flottants, il y a un risque de change, dès qu’un agent économique effectue une opération qui implique une entrée ou une sortie de devises dans le futur. Ce risque est mesuré sur deux étapes : la première consiste à reconnaitre le risque de change et la seconde à calculer l’exposition au risque de change » 1 « Le risque de change concerne toutes les entreprises amenées à recevoir ou envoyer des fonds libellés dans une devise autre que leur devise de comptabilité. Ces mouvements sont la plupart du temps réalisés pour le paiement de factures fournisseurs, la réception de créances clients ou des mouvements de trésorerie interne » 2 L’entreprise supporte des risques financiers spécifiques liés à l’évolution défavorable des taux de change de la monnaie nationale traduite en devises, et chaque fois que l’entreprise effectue des opérations libellées en monnaies étrangères, elle s’expose à des risques de perte liés à une évolution défavorable des taux de change. Ainsi, un exportateur qui facture en devises risque une perte de change si la monnaie étrangère utilisée se déprécie contre la monnaie nationale. Inversement, un importateur qui s’est engagé à régler ses fournisseurs étrangers en devises s’expose à une perte si la valeur de ces devises contre la monnaie nationale augmente avant que le règlement intervienne.

L’origine du risque de change 1 

Un risque de change peut résulter lors de la mise en place des transactions commerciales et financières internationales en devises étrangères par l’entreprise, ou il peut dépendre du développement international de l’entreprise et des investissements qu’elle a réalisé à l’étranger. Il provient du fait qu’il y a une variation des parités de devises des pays étrangers par rapport à la monnaie nationale, cette variation est causée par une série de facteurs macroéconomiques, tels que les taux d’intérêt, l’inflation, etc. 2.1. Les opérations du commerce international : La majorité des transactions du commerce international engendrent un risque de change qui est dû au décalage de temps entre le règlement et l’engagement de cette transaction*. . Exemple : 1- Une entreprise algérienne a vendu une quantité de dattes en Italie, pour un montant de 01 million d’Euro. Compte tenu de délais de préparation et de l’emballage, le règlement interviendra dans 03 mois et sera en EUR. La parité EUR/DZD dans 03 mois est inconnue. Donc, l’entreprise algérienne est en risque de change. Ce type de risques de change est maitrisable, puisque les flux sont connus ainsi que la date de réception des devises. 2- Une autre entreprise algérienne qui vend par catalogue des produits agroalimentaires toujours en Italie**. Les prix de ces produits seront fixés lors la publication du catalogue, l’entreprise algérienne se trouve face à trois problèmes : – Lorsque l’entreprise algérienne sera informée du montant des commandes, le niveau de la parité EUR/DZD sera certainement différent de celui qui fut utilisé pour la publication des prix. – L’entreprise ignore la quantité exacte des produits que la population Italienne lui achètera. 1 Isabelle Klein et Eric Lamarque. (2009), pp.28-31 * On a deux types de transactions, le premier, génèrent des flux en devises certains, puisque dans ce type de transactions, la date de paiement et la somme du contrat sont bien connus. Quant au deuxième type qui génèrent des flux incertains, donc, la somme du contrat et la date de paiement sont irrégulières et incertaines. ** L’Italie est l’un des premiers partenaires commerciaux européens de l’Algérie après la France. Chapitre III : Définitions, théories, techniques et instruments de couverture des risques de change. 135 – Le catalogue étant valable pour une période de 03 mois, l’entreprise algérienne ignore à quelles dates exactes elle recevra les EUR. L’entreprise algérienne est en risque de change à la baisse de l’EUR (dépréciation) par rapport au DZD, puisqu’elle a fixé des prix en EUR pour ces produits agroalimentaires sans connaitre ni le montant exact qu’elle aura à couvrir, ni à quelle date elle aura à mettre la couverture en place. 3- Une entreprise Italienne qui construit des bâtiments en Algérie et qui finance ses travaux en DZD a un risque de change dû au différentiel entre le montant emprunté nécessaire au financement des travaux de construction et le montant payé pour le travail effectué. Le risque de change ne porte en définitive que sur la marge. 

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Les opérations financières sur des marchés étrangers 

Une entreprise qui investit en actif financier sur un marché financier étranger va connaitre un risque de change. Une société d’investissement européenne qui désire booster ses performances, elle investit dans des obligations américaines est en risque à la baisse du l’USD. Le risque est à la baisse de l’USD (dépréciation) par rapport à l’EUR. La dépréciation de l’USD fait réduire la performance globale de l’entreprise européenne et de l’investissement. La couverture de ce type de risque est très difficile, voire coûteuse mais reste possible. Exemple : 1- Un européen désire investir en actif financier, en achetant des actions américaines. La performance de son investissement fonction du taux de croissance de la bourse américaine et aussi du cours de l’USD par rapport à l’EUR. Cette performance baisse après la baisse de l’USD par rapport à l’EUR. 2- Une entreprise qui finance un investissement étranger par emprunt en devises est en risque de change car il lui faudra rembourser son emprunt. Si le prix de la devise augmente (appréciation) par rapport à la monnaie nationale de l’emprunteur, le coût de l’emprunt sera très important. 

Les investissements ou désinvestissement à l’étranger 

Une entreprise qui décide d’acheter ou de vendre une filiale à l’étranger est en risque de change à cause du délai existant entre la date séparant le moment où la décision se dessine et se prend et le moment où les devises sont achetées ou vendues. Exemple : a- Un groupe algérien décide d’agrandir sa zone d’investissement, en rachetant une société italienne. Entre le moment où la décision est prise et le moment ou l’arrangement juridique est finalisé, il existe un délai durant lequel la somme de l’investissement ainsi que sa date de paiement sont incertaines. Le groupe algérien est en risque à la hausse (l’appréciation) de l’EUR, l’appréciation de l’EUR fait enrichir le prix de la société italienne ou le coût de l’investissement. Si le montant de l’investissement est très élevé, une légère variation du cours de l’EUR, influence le coût de l’investissement. L’incertitude de l’investissement rend l’opération de couverture très difficile et très onéreuse. b- Un entrepreneur espagnol accepte de vendre sa société à un groupe algérien contre un prix en DZD. L’entrepreneur espagnol a intérêt de suivre de près le cours EUR/DZD et à se couvrir contre une baisse du DZD par rapport à l’EUR pour éviter une décote * de son prix de vente. Si le prix du contrat est fixé en EUR, c’est la société algérienne qui est en risque à la hausse de l’EUR par rapport au DZD.

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