Le réseautage : rayonnement et recrutement

Bien des femmes membres de la SEC-Mauricie apportent avec elles un bagage d’expériences. Que ce soit en santé, en culture, en éducation ou en gestion, ces membres occupent souvent des rôles-clés lors d’ évènements ou au sein de regroupements autres que la Société. Elles ont l’habitude d’organiser, de gérer, de planifier ou de mobiliser. La SECMaurice ne peut que bénéficier de leurs compétences !

Au printemps 1974, la présidente régionale Thérèse Thérien souligne d’ailleurs le dévouement de plusieurs membres dans des organismes autres que la SEC Mauricie. Ces femmes, dit-elle, jouent« un rôle de chefs de file dans la société mauricienne »; madame Thérien met en évidence « l’esprit communautaire qui les anime », esprit qu’elle juge bénéfique pour la SEC-Mauricie, car il permet à la Société de se distinguer comme une force importante dans le milieu culturel de la région. À l’assemblée annuelle du printemps 1976, au moment de faire le bilan de la Société pour l’année écoulée, la successeure de madame Thérien, Rita Gagné Matte, se montre également enthousiaste de l’implication d’un bon nombre de membres de la SEC-Mauricie dans toutes sortes d’organismes et d’associations. Parmi les organismes mentionnés en exemple, mentionnons les Filles d’Isabelle, la Croix-Rouge, la Société canadienne du cancer, les sections vouées au guidisme et les auxiliaires bénévoles. Elle félicite devant la foule les personnes concernées • L’hommage rendu par ces deux présidentes est sans doute sincère puisque celles-ci sont elles-mêmes engagées dans une foule d’associations. Plusieurs membres œuvrent ensemble dans un même mouvement, ce qui démontre que le réseautage est un atout pour la Société. Nous procédons ici par déduction: les articles du scrapbook ont été conservés parce qu’ils mettent en évidence telle ou telle membre de la Société; par la même occasion, ils mentionnent souvent la présence à l’événement de plusieurs autres femmes dont certaines finiront par devenir membres à leur tour; nous supposons qu’elles ont pu être approchées par cette membre honorée qu’elles fréquentent dans des mouvements et des activités communes.

Un milieu tissé serré 

Les liens entre les membres de la SEC-Mauricie sont très étroits et sont utiles pour favoriser la diffusion et le rayonnement des arts. Plusieurs membres se retrouvent pour partager les techniques de leur art, pour monter un projet ou pour en aider une autre à diffuser ses œuvres. Parfois, l’intérêt partagé pour les arts survit à la dissolution d’un cercle. Par exemple, même après la disparition du cercle Panneton en 1976, Carmel Gascon continue de collaborer avec des membres de la Société. À l’été de 1977, elle fait partie, avec son ancienne co-membre Louise De Cotret Panneton ainsi qu’avec Monique Mercier et sœur Jeanne Vanasse (les deux du cercle Jeanne-L’Archevêque-Duguay), d’un projet d’exposition itinérante de tapisserie conduit sous l’égide du ministère des Affaires culturelles du Québec • De plus, à son école de tapisserie, elle forme de nouvelles artistes comme, en 1978, Irène Trépanier (cercle Lemire ). La pratique des arts visuels d?nne d’ailleurs souvent l’occasion aux membres actives de monter des projets ensemble en dehors de la SEC-Mauricie. Par exemple, Thérèse Thérien et Yolande Doucet (JeanneL’Archevêque-Duguay) créent durant l’ été 1976 la « galerie vagabonde ». Il s’ agit d’un projet d’exposition qui s’ arrête où on l’ invite, que ce soit au Centre culturel de SaintGrégoire, à tel congrès ou à l’ assemblée de telle association. Parmi les artistes impliquées, on remarque les noms de Colombe Chassé, membre du cercle nicolétain, et Claire Jacob (cercle Gagné-Matte .

Pour les membres de la SEC-Mauricie, art et milieu communautaire s’épousent parfaitement. C’est le cas entre les auxiliaires bénévoles et les artistes en arts visuels qui soutiennent le Comptoir des abeilles, un magasin de cadeau situé à l’hôpital Saint Joseph. À au moins deux reprises, une soirée de financement pour l’œuvre gérée par les dames auxiliaires de l’ hôpital est organisée, entre autres par Thérèse Denoncourt. Parmi les artistes présentes: Rolande Nobert et Marguerite Lamoureux du cercle Marchildon; sœur Jeanne Vanasse et Monique Mercier, du cercle Jeanne-L’Archevêque-Duguay. Une autre forme de collaboration, durant au moins quelques années, permet de constater l’efficacité des membres de la SEC-Mauricie : le comité de Grand-Mère du Concours de musique vend des fleurs afin d’offrir des bourses aux jeunes musiciens talentueux qui s’y présentent. Françoise Gagnon-Matte (cercle Marchildon), qui siège au conseil d’administration de la section régionale des Concours de musique, bénéficie de l’aide efficace de la section grand-méroise de ladite association, dans lequel s’impliquent Yolande Gagnon et Fleurette Dugal (cercle Boivin). Pour l’édition de 1977 du concours, jusqu’à 4000 fleurs ont été vendues !

Le Cercle Gagné-Matte: un exemple d’un réseau communautaire 

Le jeune cercle Gagné-Matte regroupe de son côté des membres très actives dans plusieurs secteurs : santé, spiritualité, culture, éducation. Pourquoi donnons-nous l’exemple de ce cercle plutôt que d’un autre dans cette section sur le rayonnement et les réseaux? Sans doute parce qu’on y retrouve une plus grande diversité qu’ailleurs dans les types d’engagements des membres, du moins si l’on se fie aux sources dépouillées.

Parlons d’abord de la section locale de la Croix-Rouge (qui sera intégrée dans la section Normandie à partir de 1975). La section bénéficie du soutien de Rita Gagné-Matte, qui en est la présidente pendant la plus grande partie de la décennie. De 1974 à 1976, elle peut compter sur l’appui de Marie-Blanche Lacoursière, membre du cercle sainttitien. Celle-ci est non seulement la secrétaire-archiviste de la section locale de la CroixRouge, mais la régente des Filles d’Isabelle de Saint-Tite : on ne s’étonne donc pas d’apprendre que ce regroupement catholique ait accepté la responsabilité de la clinique locale de don de sang .

Dans la capitale québécoise du western, la vie culturelle est redevable en grande partie à Marielle Brouillette. Directrice de l’école secondaire Paul-Le-Jeune, elle bénéficie de l’aide de ses co-membres du cercle Gagné-Matte dans divers projets pédagogiques. Adrienne Vincent supervise une exposition de tricots ‘d’élèves et s’implique dans la semaine d’ appréciation à la jeunesse organisée par le club Optimiste local. Rolande Rousseau s’implique elle aussi en tant que membre du comité socio-culturel de la municipalit . À propos justement de ce comité soutenu par le ministère des Affaires culturelles, on doit noter que Marielle Brouillette y joue un très grand rôle. Elle n’est pas la seule, car plusieurs y voient un endroit idéal pour héberger ses projets. À l’automne de 1973, par exemple, ce comité est l’hôte de l’exposition « Visages du Québec ancestral », financée par le Ministère et présentée à l’école Paul-le-Jeune. Claire Jacob fait partie à cette époque dudit comité. Quelques semaines plus tard, toujours au même endroit, Germaine Lebrun organise pour la CSC et encore avec la collaboration du Ministère une activité « Ciné-Québec» dans le cadre de la quinzaine nationale du cinéma. À SaintTite, la culture semble donc portée par des membres dévouées et soutenues par le bureau régional du ministère des Affaires culturelles. En mai 1975, une table de concertation est organisée avec une cinquantaine de personnes sur l’ avenir de la culture à Saint Tite.

Table des matières

INTRODUCTION
1. État de la question, bilan de la production scientifique
1.1. Sociabilité associative et exemples opérationnels
1.2. Femmes intellectuelles du Québec au XXe siècle
1.3 . Les femmes en Mauricie : bilan des connaissances
2. Problématique
3. Sources et méthodologie
CHAPITRE 1- Les débuts de la SEC-Mauricie: de groupe pour l’élite
cultivée de Trois-Rivières à organisme culturel régional (1967-1971)
1. Les débuts d’un groupe culturel
1.1. Des Mauriciennes … de Montréal !
1.2. Démarches vers une société mauricienne et naissance
1.3. Une Société en pleine croissance
2. Une Société dynamique: activité, cercle et membre au cœur de la vie culturelle
mauricienne
2.1. Des cercles ayant chacun sa propre identité
2.2. Des activités aux styles variés
3. Un réseau de membres bien intégrées dans divers milieux
3.1. Une implication communautaire remarquable
3.2. Des artistes talentueuses et reconnues
Conclusion
CHAPITRE 2 – Un dynamisme tous azimuts (1971-1979)
1. Devenir une institution
1.1. Expansion
1.2. Une structure bien rodée
1.3 . Des présidentes et des membres dynamiques, dévouées et reconnues
1.4. Entretenir la cohésion
2. Une programmation pour tous les goûts !
2.1. La vie interne des cercles: quelques exemples
2.2. La vitalité intercercles
2.3. Un intercercles bien particulier: le concours littéraire
2.4. Un rôle d’animation culturelle pour l’ensemble de la région
3. Le réseautage : rayonnement et recrutement
3.1 . Un milieu tissé serré
3.2. Le Cercle Gagné-Matte: un exemple d’ un réseau communautaire
3.3. Des conférencières et des réseaux
Conclusion
Chapitre 3 – Un organisme à la recherche de son souffle (1979-1989)
1. Une organisation fragilisée
1.1 . Vivre avec les contraintes
1.2. Des cercles pionniers en voie de disparition
2. Une vie culturelle qui ne demande qu’à rayonner
2.1. Des intercercles toujours mobilisateurs
2.2. La littérature: riche à l’extérieur, en péril à l’ intérieur
3. Des cercles et des réseaux
3.1. Cercle Denoncourt
3.2. Cercle Marchildon
3.3. Cercle L’ Archevêque-Duguay
Conclusion
CHAPITRE 4 – La démocratisation de l’accès À la culture: renouveau et
défis de la SEC-Mauricie (1989-2007)
1. Une Société vouée de manière nouvelle à la promotion de son idéal
fondateur: démocratiser l’accès à la culture
1.1. Partenaire des pouvoirs publics
1.2. Partenaire aussi de quelques grosses locomotives de la vie culturelle dans la
région
2. Un réseautage étroit qui passe souvent par les engagements individuels des
membres
2.1. Une implication multiforme
2.2. Deux organismes de prédilection
3. Une vie interne entre expansion et contraction
3.1. Un dynamisme certain
3.2. Une bonne santé financière
3.3. Une participation variable
4. Trois cercles, trois histoires
4.1. Le cercle Marie-Antoinette
4.2. Le cercle Marchildon
4.3. Le cercle L’Archevêque-Duguay
Conclusion
CONCLUSION

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