Le relâchement myofascial permet-il d’améliorer la douleur et la fonction des patients atteints de fasciite plantaire ?

Développement embryonnaire et Anatomie des fascias 

Au niveau du développement embryonnaire, le mésoderme, précurseur du fascia est considéré comme le véritable moteur de l’embryologie. Dès son apparition, il déclenche un mouvement dynamique mettant en marche l’embryogenèse.
L’aponévrose plantaire correspond à du tissu conjonctif composé de collagène dense et fibreux. Elle s’insère au niveau de la tubérosité médiane du calcanéum puis au niveau des ligaments transversaux courts et profonds des têtes métatarsiennes. Elle se termine à la face plantaire des orteils en formant des gaines fibreuses de flexion. La partie la plus profonde de l’aponévrose plantaire est la plus épaisse et la plus solide ; elle est donc la plus susceptible d’être impliquée dans la fasciite plantaire. l’anatomie des fascias comprend plusieurs structures :
Le fascia superficialis : Le fascia superficialis recouvre tout le corps (excepté quelques zones telles que la face, la nuque, le sternum, une partie du SCOM et au niveau des fessiers). Plus épais à la partie inferieur et postérieur du corps, ce dernier joue un rôle fonctionnel notamment dans le maintien de l’intégrité de la peau et dans la dynamique veineuse.
Les aponévroses externes :
L’aponévrose du pied : Cette aponévrose est composée d’aponévroses dorsales et d’aponévroses plantaires. Celles-ci font suite à l’aponévrose de la jambe par l’intermédiaire du ligament annulaire et se terminent au niveau des orteils. Nous allons nous intéresser aux aponévroses plantaires. Elles se regroupent au nombre de 2 :L’aponévrose superficielle , L’aponévrose profonde.
Pour commencer l’aponévrose superficielle qui se divise en 3 couches (moyenne, interne et externe). A proximité de la peau, elle est séparée de celle-ci par du tissu adipeux.
L’aponévrose plantaire moyenne : Il s’agit d’une lame triangulaire s’insérant sur les tubérosités calcanéennes en arrière et qui s’élargie en avant pour aboutir au niveau des articulations des métatarso-phalangiennes. Son rôle est de maintenir les voutes plantaires antéropostérieurs grâce à sa résistance et son épaisseur. Elle est d’autant plus épaisse à l’arrière du pied. Elle est constituée de fibres longitudinales et transversales. Les fibres transversales majoritairement en avant, forment le ligament transverse superficiel au niveau des métatarso-phalangiennes et constituent un soutien pour la voute plantaire antérieure. Les fibres longitudinales forment des bandelettes prétendineuses à l’avant du pied. Ces dernières sont très résistantes.
L’aponévrose plantaire interne : Elle prend insertion en arrière à la tubérosité calcanéenne interne et se termine à la racine du gros orteil. Cette fois-ci la lame est plus mince.
L’aponévrose plantaire externe : Elle s’insère en arrière sur la tubérosité calcanéenne externe et en avant sur la base du 5e métatarsien. De plus, elle s’étend par des expansions sagittales qui se dirigent vers le scaphoïde, le 1er cunéiforme et le 1er métatarsien (face interne), en interne. Et en externe, le long de la gaine du long fibulaire externe et sur le 5e métatarsien. Celle-ci formant par la suite des cloisons incomplètes traversées par des éléments vasculo-nerveux.
Concernant l’aponévrose profonde, ses limites sont moins précises puisqu’elle se confond en arrière à l’élément fibreux du tarse et en avant au ligament inter-métatarsien profond.

Histologie des fascias 

« J.-F. Bernandin et Kaiyos donnent des tissus conjonctifs une définition biochimique basée sur la présence dans le tissu conjonctif de quatre types de macromolécules particulières : les collagènes, l’élastine, les protéoglycanes et les glycoprotéines de structures ».
Le collagène est la molécule majoritaire du tissu conjonctif puisqu’il représente 60 à 70 % de la masse de ce dernier. Son précurseur est le tropocollagène. C’est cette molécule qui confère aux tissus la propriété de résistance.
Ensuite, l’élastine est une protéine de structure qui comme son nom l’indique confère aux tissus des propriétés élastiques. Son précurseur est la tropoelastique. Les protéoglycanes constituent le milieu extracellulaire de par leur rôle de fixateur d’eau et d’ions positifs. Elle joue ainsi un rôle dans la viscoélasticité des articulations et de toute structure pouvant subir des déformations mécaniques. Enfin, les glycoprotéines de structures forment des ponts intermoléculaires et permettent l’orientation des protéines fibreuses. Elles jouent un rôle architectural et de structure du tissu. Les cellules qui composent les tissus conjonctifs sont nombreuses :
Les cellules mésenchymateuses , Les fibroblastes (rôle dans la multiplication cellulaire, la cicatrisation, la défense anti-infectieuse et antiviral), Les cellules réticulaires, Les mastocytes et macrophages, Les plasmocytes et leucocytes, Les adipocytes, Et les cellules pigmentaires.
Ces cellules vont induire différents types de tissus conjonctifs et pourront être avec de nombreuses structures du corps humain.

Propriété et biomécanique des fascias 

Transmission des forces et propriétés élastiques des fascias : Grace à sa propriété élastique, le fascia a une bonne résistance à la déformation, notamment lorsque des pressions ou des forces lui sont appliquées (charge par exemple).
En effet, si des contraintes sont appliquées, le fascia a une réponse élastique avec certain degré de relâchement. Puis si la charge continue de façon lente et soutenue, le fascia se déforme lentement de manière retardée et continue. Lorsque l’eau est expulsée des tissus un changement de volume réel se produit.
Dès que la charge cesse, le fascia reprend sa forme de départ. Ce phénomène se produit grâce à un recul élastique via l’hystérésis (processus utilisant les charges électriques des tissus). Ainsi l’absorption d’eau par le tissu et le dépassement ou non son potentiel élastique définira le temps de son retour à la normale. Un tissu chargé pendant un certain temps s’allongera et se déformera jusqu’à un point d’équilibre. Une déformation chronique est donc le résultat d’une charge maintenue trop longtemps.
Informations sensorielles : Le fascia se compose d’un grand nombre de mécanorécepteurs et de terminaisons nerveuses. On y trouve de nombreux fuseaux musculaires, corpuscules de Ruffini et de Pacini, terminaisons de Golgi et des terminaisons nerveuses libres. Il s’agit de l’un des organes sensoriels les plus riche de notre corps. Ainsi, il a un rôle essentiel dans la proprioception et la coordination. Son rôle est essentiel dans la perception de la posture et du mouvement. Il permet de transmettre des informations sensorielles au SNC, qui seront retransmises ensuite à nos muscles. De plus, toutes ces terminaisons contribuent à la nociception qui peut jouer un rôle dans la douleur lors de l’atteinte du fascia.
Conditions d’affection des fascias : Le causes de dysfonctionnement des fascias sont assez variées telles qu’un manque de variations de mouvements, une nutrition sous-optimale, des inflammations, des postures habituelles et des traumatismes ou encore des chocs émotionnels.
Les compensations s’installant progressivement rajoutent une tension supplémentaire et délétère au fascia. Le fascia est alors douloureux et raide. Les performances sont ensuite réduites et le tissu est d’autant plus fatigable. Un fascia atteint peut se raccourcir, se solidifier et s’épaissir. C’est ce que l’on appelle une fixation des fascias.

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Facteurs de risques 

Les facteurs de risques sont multiples et divers. On regroupe les facteurs de risques de la fasciite plantaire en facteurs intrinsèques et extrinsèques.
Les facteurs intrinsèques :  Ils correspondent aux facteurs de risques en lien avec l’organisme, tels que les structures anatomiques, fonctionnelles et dégénératives :
Les facteurs de risques anatomiques : L’architecture du pied : pied plat ou creux, avec l’affaissement ou creusement de la voute plantaire.
La surpronation, le pied est en appuis excessif dans sa partie intérieure notamment avec des morphologies en Genu Valgus (Morphologie dû à une surcharge pondérale : obèses et femmes enceintes), La différence de longueur des jambes, La torsion tibiale latérale excessive, L’antéversion fémoral excessive.
Tous ces facteurs modifient la biomécanique et fonctionnement des membres inférieurs et par la suite entrainent de nombreuses contraintes au niveau du pied et de l’aponévrose plantaire. Les facteurs de risques fonctionnels :
L’hypomobilité du tendon d’Achille, La raideur et la faiblesse musculaire du triceps Sural: Gastrocnémien et Soléaire, La faiblesse des muscles intrinsèques du pied, constituant un maintien pour le pied. Les facteurs dégénératifs : L’usure et l’atrophie du coussinet adipeux du talon. Les facteurs de risques extrinsèques : Ils correspondent aux facteurs externes, à l’environnement de l’usager :
Port de chaussures usées ou ne soutenant pas suffisamment la voute plantaire, Mouvement causant la répétition d’impact sur la plante des pieds , Environnements sportifs pas ou peu adaptés: terrain trop dur, surface irrégulière favorisant les sollicitations mécaniques répétées et de mauvaises qualités.
Les erreurs et mauvaises préparations aux entrainements sportifs (différents paramètres tels que la vitesse, l’intensité, la durée et la fréquence des activités) , La course, la marche et le saut (vitesse, pente…), Mauvais étirements , Manutention de charges lourdes / station debout prolongée.

Le traitement par relâchement myofascial 

L’utilisation des techniques myofasciales consiste principalement à l’utilisation de relâchement myofascial. Notre corps est composé d’un ensemble de structures telles que les articulations, les capsules, les ligaments, les muscles, les fascias, les nerfs et la peau.
Toute ces structures doivent être en bonne relation pour effectuer un mouvement optimal. Ainsi lors de pathologie musculo-squelettique il est intéressant d’aborder les techniques de relâchements myofascials pour avoir un impact bénéfique sur toute les structures.
Le relâchement myofascial appartient aux thérapies manuelles. Il s’agit d’un grand ensemble allant des techniques superficielles aux techniques profondes telles que le massage, le ponçage et les étirements profonds et globaux. Le relâchement peut également être opéré à distance de la région douloureuse. Cette technique spécifique élimine les adhérences au niveau de la peau, fascias et muscles par la mobilisation des différentes couches de fascia.
Il est nécessaire d’ajouter à cette méthode des mobilisations, des exercices supplémentaires. Par exemple, en intégrant l’apprentissage d’exercice aux patients et leur demander de les effectuer par la suite à domicile. Les patients peuvent utiliser par exemple des balles ou des rouleaux. Cette technique entraine un soulagement de la douleur et une amélioration de la fonction en augmentant la souplesse et la mobilité articulaire .
Les fascias constitués de fibres élastiques et de collagènes ont un rôle dans l’intégrité des structures du corps et offrent un support à la posture. Ainsi, une diminution de la mobilité ou de l’élasticité entraine des douleurs, des raideurs, un mauvais recrutement musculaire … Le relâchement myofascial fait bouger les tissus tels que les articulations, les tendons, les ligaments, les muscles, les nerfs et la peau du corps. Cette technique redonne de l’élasticité, corrige la posture et les douleurs.
Plus précisément on peut s’intéresser à des techniques spécifiques tel que : La mobilisation de tissus mous assistés par instrument , Les Trigger Points, Le Foam Rolling ou rouleau de mousse.

Table des matières

Introduction
1.1 La fasciite plantaire 
1.1.1 Développement embryonnaire et Anatomie des fascias
1.1.2 Histologie des fascias
1.1.3 Propriété et biomécanique des fascias
1.1.4 Physiopathologie
1.1.5 Facteurs de risques
1.1.6 Symptomatologie et diagnostic clinique
1.2 Les traitements 
1.2.1 Les principaux traitements
1.2.2 Le traitement par relâchement myofascial
1.2.3 Les outils de mesure
1.3 Problématique 
La méthode 
2.1 Critère d’éligibilité des études pour cette revue
2.1.1 Revue systématique et types d’études
2.1.2 Population et pathologie
2.1.3 Intervention
2.1.4 Critère de jugement et comparateur
2.2 Méthodologie de la recherche documentaire 
2.2.1 Pubmed
2.2.2 Cochrane Library
2.2.3 Pedro
2.2.4 Google Scholar
2.3 Extraction et analyse des données
2.3.1 Sélection des études
2.3.2 Extraction des données
2.3.3 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
Résultat
3.1 Description des études
3.1.1 Diagramme de flux
3.1.2 Études exclues
3.1.3 Études inclues
3.2 Risque des biais des études inclues
3.2.1 Grille d’analyse utilisée
3.2.2 Synthèse des biais
3.3 Effet de l’intervention sur les critères de jugement
3.3.1 Critères de jugement principaux : la douleur et la fonction
Discussion
4.1 Analyse des principaux résultats
4.1.1 Sélection des articles
4.1.2 Les résultats obtenus par critères de jugement
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique 
4.2.1 L’échantillon de la revue
4.2.2 Les thérapeutes
4.2.3 Les techniques et leur coût de réalisation
4.3 Qualité des preuves 
4.4 Biais potentiel de la revue 
Conclusion
5.1 Implication pour la pratique clinique
5.2 Implication pour la recherche 
Bibliographie

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