Le réemploi et la réutilisation appliqués au BTP

Le réemploi et la réutilisation appliqués au BTP

En fin de vie, différentes possibilités quant à la gestion d’un bâtiment et de ses composants sont envisageables. Ces pratiques peuvent être classées par ordre décroissant d’intérêt environnemental [Saleh, 2009] :  Le recyclage des matériaux. À cette liste, l’incinération avec ou sans valorisation d’énergie ainsi que la mise en installation de stockage pourraient être rajoutées même si ce sont les filières qui devraient être utilisées en ultime recours dans une optique de préservation de la matière. On remarque que cette hiérarchisation se rapproche de celle prônée par l’Union Européenne où la prévention des déchets et la réutilisation sont prioritaires par rapport au recyclage. Même si le réemploi et la réutilisation sont recommandés par les institutions, ces pratiques ne sont pas encore répandues contrairement à celle du recyclage. Après avoir précisé les différences entre réemploi et réutilisation dans le BTP, nous montrerons des exemples de réemploi et de réutilisation à travers le monde. La différence entre ces deux termes se situe au niveau du statut pris par les éléments considérés. Si ces éléments sortent de l’emprise foncière du chantier alors ils prennent le statut de déchets et ne peuvent, au regard de la loi, faire l’objet que de réutilisation. Les architectes, quant à eux, n’utilisent pas le même vocabulaire. La réutilisation désigne le nouvel emploi d’un élément pour un usage similaire à celui de son emploi initial tandis que le réemploi désigne le nouvel emploi d’un élément pour un usage différent de son emploi initial. On constate que les termes sont inversés, le réemploi étant vu comme un détournement de la matière et de son utilisation initiale. Dans le cadre de ce travail, nous utiliserons le vocabulaire défini par la loi française. Ces deux notions ne sont pas spécifiquement définies pour le BTP où des cas particuliers peuvent apparaître [MEDDE, 2013] :

Les opérations effectuées hors du site du chantier et qui ne nécessitent pas le passage par une installation de traitement réalisant une opération autre qu’un simple contrôle, nettoyage ou réparation afin de réutiliser les matériaux ou biens issus du chantier, peuvent être considérées comme de la réutilisation. Ces opérations n’entrent pas à proprement parler dans la définition de la prévention des déchets. Toutefois, au vu de leur similitude avec le réemploi (notamment lorsque l’usage du matériau ou du bien est identique à l’usage initial), ces opérations sont également étudiées dans le cadre de la mise en place du plan de prévention des déchets. La Supply Driven Architecture (SDA) est une nouvelle tendance architecturale qui se développe comme alternative face à une architecture plus traditionnelle [Poelman, 2009]. Dans la SDA, l’objectif est de construire les nouveaux bâtiments avec des éléments et des matériaux de bâtiments déconstruits tout en respectant les normes de sécurité, d’énergie, de confort et d’esthétique. Ce sont donc les plans de l’architecte qui s’adaptent aux produits disponibles et non l’inverse. En effet, les concepteurs disposent aujourd’hui d’un immense catalogue de 100 000 matériaux parmi lesquels ils peuvent piocher pour réaliser leurs idées. Dans la SDA, la créativité des architectes pour concevoir de nouveaux édifices est favorisée par les matériaux à disposition dans les environs du chantier.

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Cette nouvelle approche demande une plus grande adaptabilité pour imaginer des structures à partir d’une offre limitée de matériaux dont il est nécessaire d’avoir une idée de la localisation. Aux États-Unis, il existe des associations à but non lucratif qui proposent de déconstruire les bâtiments afin de récupérer un maximum de matériaux réutilisables. Les récupérations concernent autant des éléments du second œuvre (portes, fenêtres, sanitaires…) que des éléments du gros œuvre (poutres en bois, planchers et éléments de toiture…). On retrouve parmi les éléments du gros œuvre principalement du bois comme remarqué au chapitre 2. « The Rebuilding Center » et « The Reuse People » stockent alors les éléments de récupération dans de gros entrepôts où les entreprises peuvent venir acheter des matières premières secondaires. À travers le monde, la SDA a été mise en application. Quelques exemples sont maintenant présentés. Le premier se situe aux Pays-Bas : il s’agit de la villa Welpeloo à Enschede montrée sur la figure 53. Construite en 2009 par le cabinet d’architectes Superuse Studios, la maison a été bâtie à l’aide de matériaux récupérés aux alentours du chantier de construction.

 

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