Modèle culturel
Lapalissade d’insistance, la partie du public, ici sommairement décrite, ne constitue assurément pas tout le public abitibien. Il serait intéressant d’analyser à quelle sphère appartienne les étudiants de maîtrise. Sont-ils seulement issus de cette classe populaire eux qui décrivent avec nonchalance et désinvolture ces enfants du huitième rang, cette fierté abitibienne, ces familles campagnardes, ces mines fermées, ces parents séparés, le spectre toujours menaçant dans ce milieu du chômage et du bien être social ? Quand les jeunes crient que l’école est «platte», on veut y voir une manifestation psychologique d’adolescents. Est regardé ce qu’on veut bien dans un modèle culturel condamné par une évolution sociétale. passée. n a une maison qui vaut sarement le double du prix de la mienne; il a ses deux ski-doo, son quatre roues, la piscine, il se paye des voyages; ils ont deux voitures, trois enfants. na travaillé 63 jours l’année passée et il a un métier de manoeuvre: plombier, soudeur,· j’sais pas. Je regarde, il est honn2te. Je regarde en terme d’égalité des chances. Est-ce que l’instruction lui a apporté des choses? Sa conjointe, cet été, à un moment donné, j’ai glissé le mot: Denise Bombardier. C’est qui ça ?» ou quart temps; qui travaillent les fins de semaine;’ les jeudis, vendredis, samedis puis le lund~ ils s’en viennent à l’école. Ils ont l’habitude d’avoir un petit peu de sous; c’est intéressant; ils sont bien; ils restent chez eux,· ils ont pas d’obligations financières. Ils délaissent l’école en disant: J’ai déjà un emploi; ça va bien. C’est l’apptlt du gain. Ils gagnent 50$ en fin de semaine, c’est comme s’ils gagnaient la fortune.»
..les années 50. n m’arrive des filles de 14, 15 ans qui vont me dire encore: C’est pas grave; je veux m’en aller; je veux avoir des enfants. Je dis : Penses-tu que ton chum, c’est une police d’assurance que tu vas avoir à vie? Voyons-nous donc! T’es vois tes chums? Vois-tu toutes ces séparations, divorces, familles éclatées? Comment ça que tu vas embarquer Je trouve ça épouvantable! Des petites filles de 15, 16 ans, je te parle. Elles ont le modèle de nos grands-mères. C’est pas m2lan(ça? Aussi loin que ça! T’as beau leur parler: les métiers non traditionnels, l’autonomie, le développement personnel, le travail… Eux autres, leur emploi, leur laissés pour compte. Puisqu’on a beaucoup de jeunes dont les parents ont réussi leur vie en travaillant dans le bois avec de grosses machines,· ils ont gagné leur vie; ils ont réussi mais le bois, il y en a plus. Les jeunes, il va falloir qu’ils se rendent compte que l’avenir n’est pas comme celui de leurs pas bien gros par rapport à ce qu’ils reçoivent à la maison. On demande parfois trop. Quand les jeunes arrivent de la maison à l’école, juste au niveau du vocabulaire employé, il y a des jeunes qui sy perdent. J’suis pas stlr que les jeunes comprennent tout ce que les profs disent en classe. presque tous; le pourcentage est très élevé. On n’offre pas grand chose pour eux. Au premier cycle du secondaire, ils ont des cours de culture amérindiennes qui leur sont offerts. Au deuxième cycle, c’est vraiment un changement de culture complet et c’est pas adapté non plus. R y a beaucoup de jeunes, 35 % des élèves en cheminement continu qui sont amérindiens chez nous. Quelle est la grille matière?
On les envoie en atelier cuisine, couture, menuiserie, soudure mais des ateliers de blancs. On leur Dans la société abitibienne, se distingue une caste à part, pour le moins curieuse, celle de «ces gens-là», qui ne pensent pas comme tout le monde et qu’il importe de mener à la contemplation d’un monde meilleur: celui dans lequel on se situe; est omis par mégarde de réfléchir sur les possibilités réelles d’être admissibles pour tous au nombre des élus. Difficile d’oser songer que les exclus resteront toujours des exclus dans un système de fonctionnement sociétal qui leur donne juste assez d’espérances pour ne pas sombrer. Une telle pensée ôterait la valorisation personnelle que l’on s’octroie en oeuvrant dans sa sphère repliée. Les quatre tableaux posés constituent un bilan d’une formation particulière implantée en milieu régional, la maîtrise en éducation. Cet aspect bilan s’est réalisé à partir de ses agents principaux, voulus centraux dans le processus de formation, les étudiants; l’enquête auprès d’eux s’est adressée à ceux qui peuvent être raisonnablement estimés les mieux armés, ceux qui ont mené leurs études à un aboutissement et qui, de ce fait, jouissent d’un bagage nouveau, complémentaire à leurs acquis professionnels et théoriques antérieurs.