LE PROJET URBAIN AUJOURD’HUI EVOLUTION
Le projet urbain est décrit dans la littérature comme élément majeur de la planification stratégique (Ingallina in Merlin et Choay, 2010). Or cette dernière est un des résultats récents d’une longue évolution des méthodes et savoir-faire en urbanisme, et plus précisément en planification urbaine, définie par Pierre Merlin comme étant un « ensemble d’études, de démarches, voire de procédures juridiques ou financières, qui l’outil projet urbain et de mieux comprendre un de ses enjeux qu’est la participation des habitants dans sa phase de conception, nous choisissons ici de le replacer dans son contexte et dans l’histoire de la planification urbaine. La planification urbaine apparaît en France à la fin du XIXe siècle avec le courant hygiéniste de l’époque. En effet, à travers l’article 136-3 de la loi du 5 Avril 1884 et la loi fondamentale des communes qui leur impose un plan général de nivellement et d’alignement, ou encore les règlements sanitaires du 15 février 1902, les préoccupations longue période où l’Etat sera le principal voire l’unique acteur de la planification urbaine, les communes restant au second plan. Ce centralisme parfait permettra de faire sortir de terre un grand nombre de projets, faisant passer le concept de l’efficacité avant celui de la participation (Perrin, S-M. Gauthier. in Merlin et Choay, 2010).
En effet, à Cette approche globale du territoire national, ou planification étatique, visant l’équité entre les territoires (Bailleul, 2009) va se poursuivre durant la période des trente glorieuses, et va planifier le développement de manière uniforme sur tout le territoire français. Cette période s’inscrit dans une vision keynesienne, entre planification industrielle et planification étatique (Bailleul, 2009) et va permettre un développement du territoire rapide et spectaculaire avec notamment la construction de grands ensembles La période des années 1970 marque également le début des grandes crises économiques dues notamment aux chocs pétroliers successifs et va déclencher le repli progressif de l’état en matière d’aménagement du territoire : « en raison de l’incertitude sur longue période ou l’état va se voir peu à peu retirer son rôle central d’aménageur au profit d’une multitude d’acteurs, qu’ils soient « traditionnels » : aménageurs, professionnels, élus ; ou « destinataires » : habitants, associations, conseil de quartier (Thomassian, 2009). Par étapes successives, la vision globale et étatique de la planification urbaine va disparaitre au profit d’une planification dite stratégique. Le premier septennat de François Mitterrand et la loi du 7 janvier 1983 sur la régionalisation vont marquer un tournant important en matière d’aménagement : les communes deviennent libres Philippe Verdier comme « urbanisme participatif » qui verra le jour dans les années 1990-2000.
Selon Gilles Novarina, les modalités de l’aménagement du territoire « débouchent sur une redistribution des pouvoirs au profit des communes, plus particulièrement des villes, grandes ou moyennes. La réduction des subventions de l’Etat conduit les collectivités locales à construire des partenariats avec les acteurs privés (investisseurs bancaires, entreprises privées spécialisées dans la gestion de services publics urbains) » (Novarina in Bailleul, 2009, p. 34). La municipalisation des compétences en urbanisme va alors encourager une gestion privée adaptée à la gestion urbaine : chaque commune a son projet, sa propre logique, et met en place ses projets stratégiques (Ingallina, 2001). Les villes vont entrer en concurrence entre elles et tenter d’attirer les investisseurs, comme les entreprises peuvent attirer des clients. Les maires sont alors qualifiés de « maire- manager » et vont utiliser de nouveaux outils conceptuels pour augmenter leur attractivité, comme l’outil projet urbain, et ainsi définir leur projet stratégique. Cet aspect va dessiner la deuxième caractéristique majeure du projet urbain, celle de la stratégie territoriale, de l’action globale pour un territoire avec pour but principal celui d’attirer les investisseurs. dans le PLU à l’échelle communale, où il définit les besoins actuels et les objectifs futurs dans tous les domaines du territoire. Cette démarche oblige les communes à mettre en place une enquête publique précédée d’un débat public (Perrin, S-M. Gauthier in Merlin et Choay, 2010), et va marquer l’évolution de l’urbanisme vers une démarche favorisant la participation des habitants.Une des lois phare en termes d’intégration de la population au projet d’aménagement va également être celle du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité. Cette loi a comme principal objectif d’associer plus largement les citoyens aux décisions locales et d’assurer la transparence du processus d’élaboration des projets d’aménagement et d’équipement ainsi que la participation du public à l’élaboration des grands projets. Elle va systématiser et réglementer le principe des conseils de quartier, avec par exemple, pour les communes de 20 000 habitants et plus une division par quartier et l’attribution à chacun d’entre eux d’un conseil de quartier.