Le projet de renouvellement urbain de l’îlot XXL, la mise en place d’un partenariat
Un quartier au format « XXL », présentation du site et des acteurs
Euromed II, une extension dans la continuité de transformation des quartiers de l’arrière-port
En octobre 1995, l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée (EPAEM) est créé, à la suite de deux rapports sur Marseille du ministère de l’Équipement et de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (AGAM) et à la création de l’Opération d’Intérêt National (OIN) Euroméditerranée. Sa vocation est de mener à bien une opération d’envergure nationale, destinée à rénover et restructurer la partie du centre-ville de Marseille au nord du Vieux Port, et à développer un secteur économique dynamique à la Joliette pour attirer les entreprises. Fait unique en France, toutes les institutions locales sont représentées au sein de l’EPA, et notamment le Port Autonome de Marseille (PAM, aujourd’hui Grand Port Maritime de Marseille-GPMM), acteur majeur pour recréer une porosité entre ville et port. Pendant vingt ans, cette opération va permettre de transformer les quartiers entre Joliette, Arenc et la gare de Marseille-Saint-Charles. Les emplois reviennent à Marseille et le changement a un impact sur la totalité de la ville en termes de développement économique et de rayonnement à l’échelle du territoire national. Fort du succès de la première phase, dans une volonté unanime de reconduire la démarche et de pérenniser la structure de l’EPAEM, une extension du périmètre initial vers le nord est décidée le 22 décembre 2007 par décret ministériel. L’opération « Euromed 2 », est essentiellement située en périphérie arrière du port. Elle est délimitée par le Cap Pinède et les Arnavaux au Nord, par le village du Canet à l’Est et le quartier d’Arenc au Sud, et fait le lien avec les quartiers plus au Nord de Marseille. S’étendant sur 169 hectares, elle porte désormais l’ensemble du périmètre à 480 hectares. Euroméditerranée est ainsi qualifiée de « plus grande opération de rénovation urbaine d’Europe du Sud, sur un principe de transformation des grands terrains industriels sousoccupés situés en cœur de ville pour y développer de nouveaux quartiers économiques, commerciaux et résidentiels ». 31 La carte page suivante montre les deux périmètres de l’OIN : Euromed 1 et Euromed 2, ainsi que les quartiers concernés par le projet, dans le tissu marseillais. Figure 1 – Périmètre de l’opération Euroméditerranée Source : Brigitte Bertoncello et Zoé Hagel, « Marseille : une relecture de l’interface ville-port au prisme de l’habiter », VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 16 numéro 3 | décembre 2016. 36 Le tissu urbain d’Euromed 2 est constitué de zones mêlant des activités industrielles de type PME, de la logistique urbaine, des friches industrielles et des noyaux villageois d’une faible densité ne dépassant pas un gabarit R+3. L’état de ces habitations est très dégradé et la population y est globalement paupérisée. L’extension du périmètre s’accompagne de la définition de trois nouveaux axes stratégiques que sont l’ÉcoCité, les infrastructures métropolitaines et la relation ville-port. La stratégie de l’ÉcoCité présente Euromed 2 comme un « laboratoire de recherche appliquée de la ville méditerranéenne durable »32. Ainsi, les enjeux primordiaux affichés par l’EPAEM pour le nouveau périmètre sont : – le renouvellement urbain : les quartiers concernés par l’extension présentent tous un tissu bâti particulièrement dégradé et de nombreuses friches. « Les 169 hectares du périmètre doivent accueillir la construction de 14.000 logements, une offre nouvelle à même d’héberger plus de 30.000 habitants supplémentaires. Soit près de trois fois la population actuelle (3.500 habitants). »33 – le développement économique : Cette partie de la ville, qui regroupe des quartiers très paupérisées, nécessite une véritable stratégie de développement commercial, mais aussi social et culturel. L’objectif est d’y créer 20.000 emplois d’ici 2030.
La ZAC Littorale, dessinée pour améliorer qualité de ville et qualité de vie
Depuis sa création, l’EPAEM s’est fixé comme missions de : « Penser l’aménagement et l’urbanisme, Gérer le développement immobilier du périmètre, Promouvoir le développement économique de la métropole, Améliorer la qualité de vie ». 37 Afin d’assurer la meilleure réponse à la première de ces ambitions pour le nouveau périmètre, en 2009, faisant suite à une consultation internationale d’urbanisme lancée l’année précédente, un groupement d’urbanistes emmené par l’agence François Leclercq & Associés est retenu pour proposer un plan guide pour l’extension. Cette équipe se voit confier également une mission de maîtrise d’œuvre pour piloter l’aménagement de la première opération du périmètre, sous forme de ZAC, la ZAC Littorale38, qui s’étend sur 54 hectares. 37 Euroméditerranée, Charte de développement durable, septembre 2011. 38 Euroméditerranée, accélérateur de métropole, J. Dubois et B. Bertoncello, 2010. Figure 2 – Plan de la ZAC Littorale. Source : www.euroméditerranée.fr 38 Le dossier déposé en 2015 pour l’enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique nous donne des éléments sur les objectifs visés par Euroméditerranée pour le développement de ce secteur : « – Conforter l’aire marseillaise dans son rôle de grande métropole, – Favoriser la mixité́ sociale, – Renforcer l’offre d’emplois et la formation, – Prendre en compte la dimension artistique et culturelle, – Réalisation d’un projet d’aménagement durable méditerranéen, – Poursuite de l’aménagement d’une façade littorale active et attractive. »39 Ces ambitions sont porteuses d’une certaine idée de qualité urbaine, et touchent à toutes les problématiques urbaines. Il est évident que c’est ce qui était attendu de la démonstration pour l’exercice de demande de DUP. Par ailleurs, les constructions réalisées dans la ZAC se feront sous maîtrise d’ouvrage différentes : Les travaux de voiries primaires et secondaires et le Parc Bougainville seront réalisés sous maitrise d’ouvrage de l’EPAEM. L’ensemble des équipements publics seront réalisés majoritairement sous la maîtrise d’ouvrage de la Ville de Marseille (Bibliothèque – Médiathèque, pôle aquatique, bureau municipal de proximité́ , groupe scolaire, crèche…) du Conseil Départemental (collège 500) ou de Marseille Provence Métropole (trémie routière Gèze). En 2010, Euroméditerranée répond à l’appel à projet « Ville de demain » dans le cadre du PIA1. Les aides attribuées par la CDC (Caisse des Dépôts et Consignations) et l’ANRU prennent la forme soit de subventions soit de prêts. Parallèlement, et dans un objectif de répondre à la volonté d’amélioration de la qualité de vie, Euroméditerranée entreprend de répondre à l’appel à projets ÉcoQuartier, fruit de la démarche ÉcoCité, lancé en octobre 2010. Cet appel à projet est un des volets qui s’inscrivent dans le cadre du plan ville durable, initié par le Ministère de l’Ecologie, de l’Énergie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM) en 2008, qui prévoit le financement d’actions sur le fonds Villes de demain dans le cadre des Investissements d’Avenir.