En 2010, l’occupation du territoire au Québec est un sujet d’actualité. Il est abordé de diverses façons par plusieurs instances et fait l’objet d’une consultation nationale orchestrée par Solidarité rurale du Québec. Il est le sujet de forum dans plusieurs régions et d’un avant-projet d ‘une politique gouvernementale. Cette préoccupation interroge la nécessité et la capacité de maintenir la diversité des collectivités québécoises, d ‘ assurer leur présence sur l’ ensemble du territoire et de soutenir leur développement.
Autant le développement des collectivités est en cause, autant le développement du Québec peut l’être. Au cœur de cette réflexion collective se trouvent l’espace rural et sa population qui, depuis 60 ans, se sont remodelés de façon importante. Cet espace compte au-delà de 1 200 collectivités rurales de 2500 habitants et moins. Ces collectivités, initialement, s’appuyaient en très grande partie sur l’agroforesterie pour assurer leur économie locale ainsi que sur la culture rurale d’entraide, légendairement attribuée aux communautés rurales, pour assurer leur survte dans cet immense territoire aux caractéristiques édaphiques parfois assez pauvres et climatiques plutôt rudes.
La transformation de l’agriculture par la mécanisation et l’industrialisation a eu pour effet, sur cette période de 60 ans, de faire passer le nombre d’entreprises agricoles de 134 000 à 30 000 au Québec et, ainsi, de changer assez radicalement la composition du monde rural qui, au cours des ans, s’est urbanisé par le métissage rural-urbain des occupants et de la culture. En mêmes temps, les villes ont drainé la main-d’œuvre rurale vers leurs industries manufacturières et les milieux ruraux ont difficilement réussi à renflouer leur économie locale, s1 ce n’est par la lente installation d’une industrie touristique saisonnière.
La publication du Conseil des Affaires sociales du Québec (1989) intitulée Deux Québec dans un : rapport sur le développement social et démographique, expose les changements et les effets socio-économiques sur la société. Changements que les gouvernements successifs ont essayé de réduire par une série de programmes gouvernementaux en développement régional. Ces programmes de soutien financier aux initiatives locales et à la création d’emplois ont cherché à atténuer les disparités dénoncées dans cette publication et à soutenir indirectement cette occupation du territoire à un niveau acceptable.
Le dernier programme de développement régional en lice, spécifiquement conçu pour les milieux ruraux et découlant de la Politique nationale de la ruralité (PNR), est le programme du Pacte rural, signé avec chacune des Municipalités régionales de comté (MRC) rurales du Québec en 2001 et renouvelé en 2007. Cette entente responsabilise les décideurs territoriaux à initier une corvée de projets structurants dans le but de stimuler et soutenir le développement local et la prospérité des collectivités rurales en engageant leurs citoyens dans un exercice de développement soutenu fmancièrement.
L’importance du projet en développement rural
Qui de nos jours n’a pas entendu parler d’un projet financé par un programme gouvernemental et visant le développement d’une collectivité, d’un milieu, etc. Pour en être convaincu, il suffit de voir la revue de presse du site web de Solidarité rurale Québec (Solidarité rurale du Québec, 2009, consulté le 25 avril 2009) : quotidiennement plusieurs projets sont fmancés ou en cours de réalisation. À titre d’exemple, voici quelques titres parus entre le 9 et le 20 avril2009 :
• Portneuf aura sa salle de découpe de viande (Soleil, samedi 18 avril)
• Le Pacte rural de la MRC de Rouville s’associe à deux projets de bibliothèque (Web, Conseil montérégien de la culture et des communications)
• Pacte rural: près de deux millions de dollars en projets (Hebdo, L’Action)
• Il reste de l’argent pour des projets en Haute Côte-Nord (Hebdo, Plein Jour de Baie-Corn eau)
• Pacte rural :trois nouveaux projets! (Web, SorelTracyRegion.net)
• Une première vague de projets acceptés au Pacte rural de La Mitis pour 2009 (Web, Bas-saint-laurent.org)
• Des projets pour des Chenaux (Hebdo, L’Hebdo Mékinac Des Chenaux)
• 330 000 $ pour le développement du tourisme culturel d’expérience (Hebdo, L’Écho de Maskinongé)
• Des investissements de 321 986 $pour des projets totalisant 2,8 M$ en 2007- 2008 (Web, La Vie rurale) .
Ainsi, à travers le Québec, autant de programmes appellent autant de projets dans divers secteurs d’activité : les projets éducatifs, les projets Québec en forme, les projets énergétiques, les projets du Pacte rural, etc. C’est que le projet, qui est au cœur de la réalisation d’actions, est en quelque sorte l’outil privilégié de la mise en action d’un programme, découlant souvent d’une politique, ce qui est le cas en développement rural: la politique nationale de la ruralité, le programme du Pacte rural ou des Laboratoire ruraux et les projets qu’ils appellent et financent en grande partie. Le développement local est ainsi stimulé par des programmes gouvernementaux, dans le cadre de politiques régionales, et faisant appel aux promoteurs locaux pour défmir et réaliser des projets devant contribuer à développer l’économie, le territoire ou la communauté locale.
Le développement local, une partie de l’organisation de l’action rurale
Le développement est le résultat de l’effort pour améliorer une situation ou le processus y menant. Le développement local peut représenter l’ensemble des actions qm améliorent la qualité de vœ d’un milieu physique et humain. Le développement peut représenter le résultat, au sens d’une communauté développée et le processus au sens de faire du développement. Le concept de développement local, utilisé ces dernières années en sctences régionales, se décline principalement en développement territorial, en développement entrepreneurial et plus récemment en développement des communautés.
Le concept de développement local est devenu d’utilisation quotidienne et les organisations provinciales, régionales et locales, qui ont pour missions de le soutenir, ont maintenant p1gnon sur rue et emploient plusieurs personnes. Elles accompagnent les promoteurs autant pour les dimensions économiques (biens et services), territoriales (milieu de vie) que communautaires (dispositifs associatifs de revitalisation). Depuis le milieu des années 90, les politiques de développement régional et l’emploi d’agents de développement locaux et ruraux dans plusieurs localités de la région ont contribué à faire croître l’organisation de l’action locale, les planifications de développement et la réalisation de plans d’action ou de projets locaux.
Si la mise en action du développement local est habituellement déclenchée par un évènement marquant (Vachon, 1993), telle une fermeture d’usine, et met en œuvre une mobilisation et des actions pour pallier aux effets de cet évènement, il n’en demeure pas moins que la structure organisationnelle rurale en place (municipalité, administrations publiques et parapubliques locales, organisations sociocommunautaires, grandes et petites entreprises) assure l’administration et la gestion des affaires courantes sectorielles (santé, éducation, transport, commerces et industries) et pourvoit ainsi au développement socioéconomique «habituel».
Le rural, un territoire localisé et ouvert
Le territoire rural de l’Abitibi-Témiscamingue représente plus de 80 % de tout le territoire régional. En 2006, il englobe 84 rn unicipalités ou territoires (territoires non organisés – TNO et réserves indiennes – RI) de mo ms de 2 500 habitants. Ce territoire logeait 54 368 des 144 868 habitants de la région (L’ Observatoire Abitibi-Témiscamingue, 2009). Les municipalités rurales, disséminées sur un territoire d’environ 54 000 km2 , se composent de 45 municipalités ou territoires de 500 habitants et moins, de 39 municipalités et territoires de 500 à 1500 habitants et de 11 municipalités et villes de plus de 1500 habitants.
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