Les équipements de base
D’abord défini dans le cadre du premier Plan décennal allant du 1er juillet 1947 au 30 juin 1957, ce premier plan devient quadriennal entre 1951 et 1952 avec le décret du 11 décembre 1951 .Consacré entièrement aux équipements de base, il (1946-1953) fut celui des chemins de fer, des routes, des ports, des aérodromes, du développement industriel et des aménagements agricoles. Dans le document de synthèse des rapports produits par le service du territoire sur l’exécution du F.I.D.E.S, il est bien indiqué que l’exécution des travaux neufs, aménagements et transformations sur les crédits du plan F.I.D.E.S. a sa répercussion marquée sur la vie sociale et économique du territoire du Sénégal même si la rentabilité de principe qui doit en découler est à échéance plus ou moins lointaine63 . Cet avis sur le rôle que peut jouer le F.I.D.E.S. dans l’amélioration de la condition sociale des populations pose cette fois-ci et pour la première fois, les appréciations coloniales sur la pertinence du plan.
Dans les travaux publics, le programme routier moderne représentait à lui seul 90% du programme F.I.D.E.S. Ce réseau comporte les « artères vitales du territoire » (Dakar-ThièsSaint-Louis-Kaolack Gambie anglaise-Ziguinchor) pour un montant évalué à 3 347 900 000 francs64. En 1952, il n’y avait encore que deux terrains d’aviation de classe internationale (Dakar et Niamey). C’est dans le deuxième Plan qu’ils furent agrandis et aménagés avec un effort financier F.I.D.E.S. de 1296 millions pour l’ensemble des terrains d’aviation existant en A.O.F. Le port de Dakar, malgré un trafic stationnaire fut le plus important de l’A.O.F.
Dans le domaine des chemins de fer, 6825 millions ont été investis entre 1947 et 1952 pour leur modernisation pour l’ensemble des territoires de l’A.O.F. avec un accroissement du matériel, l’amorce d’une diésélisation et un doublement de la voie Dakar-Thiès. Le F.I.D.E.S. participa au financement respectivement à hauteur de 4675 millions au premier Plan et 2524 millions pour le second Plan.
Les équipements industriels et les aménagements agricoles
Les investissements étaient concentrés sur quelques grandes réalisations d’infrastructures. La construction de la Ferme de Mbao devant servir à l’élevage des animaux de l’Institut Pasteur de Dakar en 1946. La culture mécanisée à Richard Toll dans le delta du Fleuve Sénégal et la C.G.O.T. en Moyenne Casamance.
En faisant le bilan de ce premier Plan, le Haut commissaire Cornut Gentille reconnut que la brousse avait été oubliée. Des limites65 objectives furent décelées dans l’incohérence du programme routier, la réalisation de projets sociaux démesurés, la hâte et l’improvisation dans le déroulement des investissements, les incertitudes du financement, l’hésitation dans les grandes orientations et l’inadaptation de l’appareil bureaucratique colonial. Les grandes orientations de l’investissement dans ce premier plan utilisèrent des crédits considérables.
Dans les investissements industriels la région de Thiès fut au centre des activités minières. Cette région recèle plusieurs gisements de phosphates avec des gisements de phosphates tricalciques situés à Lam Lam pour une production de 75 000 tonnes entre 1950 et 1953. À cause d’une exploitation difficile ces mines furent abandonnées au profit de la mise en valeur des gisements de phosphates d’alumine de Pallo pour une production record de 100 000 tonnes en 1955. Mais le gisement le plus important se trouve à Taiba pour des réserves évaluées à plus de 5 millions de tonnes.
À Dakar, la Manufacture des Tabac de l’Ouest Africain est née de la fusion en 1951 de la Société Bastos et des Manufactures Africaines de Tabacs. La Société Nationale des Chaux et Ciments de l’A.O.F. à Bargny produisit 140 000 tonnes en 1956 couvrant ainsi 40% des besoins de l’A.O.F. La carte suivante montre de façon détaillée les zones d’activités économiques dans le territoire du Sénégal.