Le positionnement vis-à-vis de la prise de décision 

Le positionnement vis-à-vis de la prise de décision 

La posture qu’adopte l’urbaniste dans un projet influence la manière dont il présente les solutions selon Sabine GUITEL. L’approche de Palo Alto dans le champ de la psychothérapie prône de ne pas proposer de solutions car elles sont considérées comme une manière d’imposer sa vision du monde. L’approche de Palo Alto appliquée à l’urbaniste aide à définir le projet politique de son maître d’ouvrage. Son but est de faire émerger chez le maître d’ouvrage ses propres solutions. C’est donc le maître d’ouvrage qui produit ou coproduit avec l’accompagnateur. Il pose lui-même les pierres de son édifice et lorsqu’on le lui demande l’urbaniste accompagnateur guide sa main s’il doute. Il est donc important de savoir si le maître d’ouvrage a déjà une solution en tête. Tout d’abord le rôle de « l‘accompagnateur-urbaniste » est de conseiller le maître d’ouvrage, à la manière d’un mentor, il se sert de son expérience pour aider le commanditaire à comprendre le contexte, ouvrir l’esprit du commanditaire sur de nouvelles problématiques, en le formant, ou en exposant les conséquences possibles de ses choix . « J’organise des réunions pour les faire sortir. (…) Si c’est moi qui le dis, il va y avoir une orientation. Je préfère si c’est un habitant qui le dit. J’attends un consensus et après je propose des solutions. (…) Si des habitants proposent des solutions qui ne sont pas bonnes, on doit présenter les différentes gammes mais j’aime bien que cela vienne du groupe de travail. Il ne faut pas s’attacher aux idées préconçues. Ce n’est pas notre travail de faire des propositions. »

François ROUMET a une approche légèrement différente mais se trouve bien dans l’idéal type de l’accompagnateur. Pour lui, son rôle est de donner du sens au projet, de l’accompagner. Il aide le décideur à trouver ses solutions mais le guide au début notamment pour qu’il aille de lui-même dans la bonne voie par la suite. « Le rôle du conducteur est d’amener un début puis d’accompagner les choix (…) Plutôt que de faire des propositions toutes faites, je préfère créer un contexte sur lequel je peux amener l’autre à parler. Pour reprendre l’analogie de la porte, j’amène sur le seuil. » Pour illustrer son accompagnement, François ROUMET nous montre comment il a amené son commanditaire à réfléchir à l’aménagement d’une place d’un village. Il pensait que des arbres particuliers permettraient de mettre en valeur la place sur le plan paysager. Or, ces arbres ont la propriété de rafraîchir l’air ambiant. Au lieu de proposer directement son idée, il a choisi de faire parler son interlocuteur sur la chaleur de cette place en été. Le commanditaire a demandé par la suite à François ROUMET une solution paysagère qui lui permettrait de réduire la chaleur sur cette place. Par son questionnement il ouvre les yeux de son commanditaire vers des thématiques ignorées. Dans le cadre de l’élaboration d’un PLUi, il a cherché à questionner indirectement le commanditaire pour l’amener dans une posture de responsable d’équipements communaux et non en gestionnaire foncier. De cette manière, le commanditaire s’est intéressé à cette thématique.

Former sensibiliser, faire monter en maturité, informer sur le cadre réglementaire

L’urbaniste accompagnateur a pour rôle d’apporter son expertise dans le but d’ouvrir le regard du commanditaire. En effet le commanditaire bien qu’étant une personne intelligente, compétente et légitime, n’a pas la formation qui lui donne les connaissances nécessaires à la réalisation de ses projets. Pour cela, les urbanistes non formés ayant une posture tournée vers l’accompagnement pensent que leur rôle en tant qu’expert est de montrer des possibles et d’ouvrir l’esprit. Ce rôle est essentiel car naturellement, l’individu ne choisit pas la meilleure solution parmi toutes celles qui sont possibles mais seulement celle qui est satisfaisante parmi celles qu’il entrevoit. Il s’agit du concept de «Il faut leur apporter l’ouverture parce que c’est notre travail d’aller chercher, de lire, de voir ce que font les autres, de rencontrer d’autres collègues, d’aller dans des conférences. On a une vision plus large (culture). Notre travail c’est de faire du benchmarking (…) Apporter du matériel pour qu’ils se mettent à parler et arrivent à proposer.» Elisabeth RICHEZ « Les élus il faut les former. On est présenté en tant qu’expert mais je pense qu’il faut les amener dans la démarche d’accompagnement pour les faire évoluer. Les élus évoluent et ne disent pas la même chose au début et à la fin. Au bout des deux ans, l’élu a compris et va secouer lui-même ses collègues. Les élus ont fait sauter des zones à urbaniser, parce qu’ils jugeaient que c’était plus cohérent. Il faut pouvoir le porter, qu’ils justifient leurs choix parce que ce n’est pas nous qui allons voir les habitants après… Le projet doit être porté pour qu’il soit bon sinon il avortera. » Elisabeth RICHEZ

 

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