Le pharmacien au comptoir
Véritable acteur de santé de proximité, présent dans près de 21 327 officines en France, le pharmacien assure de nombreuses responsabilités qui ne cessent d’évoluer.
L’étude « Avenir Pharmacie » réalisée auprès de 414 pharmaciens titulaires d’officine et 1001 patients sur l’ensemble du territoire, entre le 21 février et le 6 mars 2018, s’est intéressée à « l’expérience patient en pharmacie ». Les chiffres sont on ne peut plus révélateurs : pour 73% des patients, le pharmacien est avant tout un professionnel de santé. Il est même considéré comme le professionnel de santé le plus facilement accessible (63% des patients), devant le médecin (33%) et l’infirmier (4%). Près de 9 patients sur 10 font confiance à leur pharmacien pour leur donner des conseils appropriés en cas d’urgence. L’officine continue d’être un pôle de santé incontournable du système de santé français.
Ces dernières années, et dans l’axe du plan « Ma Santé 2022 », la profession a connu un élargissement de ses missions. Le rôle du pharmacien ne se limite plus à la délivrance de médicaments, mais inclut également des conseils et des entretiens personnalisés avec les patients, la conduite de bilans partagés en coordination avec les autres professionnels de santé ou encore des actes de dépistage et de vaccination, sans parler des évolutions à venir.
Grâce à ces avancées, le patient bénéficie d’une meilleure prise en charge et d’un meilleur accompagnement dans le suivi de son traitement, le maintien de son capital santé, son bien‐être et la prévention des maladies.
Pour accomplir son rôle le pharmacien dispose de nombreux outils :
Le dossier pharmaceutique (DP) créé en 2007 est un outil à disposition du pharmacien permettant de sécuriser la dispensation des médicaments en détectant les traitements redondants et en limitant les risques d’interactions médicamenteuses. Ce service a évolué en 2016 pour permettre de suivre la couverture vaccinale. Il permet aussi de gérer et de prévenir les ruptures d’approvisionnement, les rappels et retraits de lots de médicaments et de suivre les alertes sanitaires. Tous ces services contribuent à la bonne dispensation des médicaments aux patients. A terme, les données du DP devraient alimenter le dossier médical partagé (Art. L1111‐23 du CSP).
Le dossier médical partagé (DMP), lancé en 2019, contient des informations de santé du patient avec l’historique des soins, les comptes rendus hospitaliers, les résultats d’examens, les antécédents médicaux, les allergies… C’est un véritable carnet de santé numérique. Il peut être créé directement en ligne, en pharmacie ou en CPAM. Les pharmaciens bénéficient de nombreuses solutions permettant la création des DMP depuis leur Logiciel de Gestion d’Officine (LGO). Certains LGO intègrent aussi des fonctions relatives aux nouvelles missions du pharmacien.
La loi traitant de l’organisation et de la transformation du système de santé prévoit l’ouverture automatique du DMP à partir de l’été 2021 ainsi que son alimentation par les professionnels de la santé du travail. Le DMP existe sous forme d’application mobile téléchargeable sur l’App Store ou Google Play Store et permet aux patients de :
‐ Consulter ses informations de santé ;
‐ Visualiser les actions réalisées sur son DMP ;
‐ Gérer les accès à son DMP ;
‐ Enrichir son DMP en y ajoutant les données utiles à son suivi médical.
Devant une prescription d’hypnotiques, le pharmacien doit apporter des conseils spécifiques pour la dispensation de ces médicaments.
Il est nécessaire de renseigner la personne sur les précautions d’emploi à prendre lors de la prise d’hypnotiques. Les médicaments doivent être pris juste avant le coucher.
Il est bien entendu important de respecter la prescription et de ne jamais augmenter les doses sans l’avis du médecin. De même une personne qui utilise des hypnotiques de façon chronique qui émet le souhait d’arrêter son traitement, doit en parler à son médecin pour pouvoir réaliser un arrêt progressif.
Aussi, il est important de préciser aux personnes le risque de somnolence ou un manque de concentration et qu’elles doivent éviter la conduite automobile et de machines. Enfin le pharmacien, peut rappeler au patient les règles d’hygiène du sommeil qui ont surement été vues lors de la consultation médicale et lui remettre une fiche qui les rappelle.
Il est de la responsabilité du pharmacien de s’assurer de la bonne conformité de l’ordonnance d’hypnotiques qui lui est présentée.
C’est le cas du zolpidem qui depuis peu est rentré dans la classification des stupéfiants. Extrait des obligations en manière de prescription :
La prescription de stupéfiants et spécialités apparentées doit se faire sur une ordonnance sécurisée. Outre les mentions devant figurer sur les ordonnances de tout médicament, vous devez indiquer en toutes lettres : la quantité prescrite, les unités thérapeutiques par prise, les doses ou les concentrations de substances, etc. (art. R.5132‐5 et 29 du Code de la santé publique).
L’ordonnance est exécutée dans sa totalité si elle est présentée au pharmacien dans les 3 jours suivant sa date d’établissement. Au‐delà de ce délai, la délivrance sera limitée à la durée restant à courir.
Une nouvelle prescription de stupéfiants ne peut ni être établie, ni être exécutée par les mêmes praticiens pendant la période déjà couverte par une précédente ordonnance prescrivant de tels médicaments, sauf si le prescripteur en décide autrement, par une mention expressément portée sur l’ordonnance (art. R.5132‐33 du Code de la santé publique).
C’est au pharmacien situé en bout de chaine de vérifier à ce qu’il n’y ait pas de chevauchement et de s’assurer des bonnes posologies.
Les insomnies représentent un motif de demande de conseils en officine. En cas d’insomnie récente, un traitement et des recommandations d’hygiène de vie peuvent être conseillés par le pharmacien d’officine.
Devant toute plainte d’insomnie, le pharmacien peut délivrer les conseils pour améliorer l’hygiène de vie qui favorise le sommeil.
La nuit que l’on va passer se prépare déjà̀ durant la journée :
Il est donc nécessaire d’éviter les excitants après 16 heures (café́, thé, soda à base de cola, vitamine C, tabac). En effet les excitants retardent l’endormissement et augmentent les réveils nocturnes. Chez les personnes sensibles à la caféine, elle peut réduire le temps de sommeil total qui devient plus léger et moins riche en sommeil lent profond.
Il est conseillé́ de pratiquer une activité sportive modérée régulière telle que la course à pied, la piscine, la marche, suivie de relaxation comme des massages pour favoriser l’endormissement. Toutefois il faut éviter de pratiquer des activités sportives dans les 4 à 5 heures précédant le coucher.
Il est nécessaire d’éviter les siestes ou de réduire leur durée chez les personnes insomniaques car les siestes de l’après‐midi d’une durée de 15 à 20 minutes permettent de maintenir la vigilance pour le reste de la journée. Ainsi lorsque des siestes de plus de 20 minutes sont effectuées par des insomniaques, elles « empiètent sur le capital sommeil » de la nuit et favorisent l’insomnie de la première partie de la nuit car l’organisme sera reposé et aura du mal à s’endormir.
Durant le soir
Il est préférable d’éviter les repas lourds, copieux et difficiles à digérer, ce qui implique
de bien se nourrir au petit‐déjeuner et au déjeuner. De plus certains aliments favorisent le sommeil alors que d’autres ont au contraire un effet éveillant.
Le professeur Damien LEGER explique que « le sucre ou les aliments sucres favorisent un assoupissement dans la demi‐heure ou l’heure qui suit. » Ainsi les sucres lents et un petit dessert sucré sont à favoriser au dîner. Alors que les protéines ont un effet stimulant sur l’éveil et leur digestion à tendance à augmenter la température corporelle, ce qui va à l’inverse des conditions d’endormissement. L’apport en protéine sera donc limité le soir et le repas de midi sera le plus favorable à un morceau de viande.
Aussi il est nécessaire que le dîner ne soit pas trop tardif jusqu’à deux heures avant le coucher. L’alcool est aussi à limiter le soir car il favorise l’endormissement mais il entraîne des réveils nocturnes en deuxième partie de nuit. Enfin, le chocolat noir peut aussi perturber le sommeil.
En effet, il contient de la théobromine qui est une molécule voisine de la caféine.
Se relaxer avant l’heure du coucher et ne pas mobiliser l’attention juste avant le coucher. Ainsi, l’activité́ physique et intellectuelle est à favoriser en première partie de journée mais à proscrire après 17 heures. De même le fait de regarder la télévision au lit stimule le cerveau et est fortement déconseillé́.
De plus les douches ou bains chauds sont à éviter avant le coucher car la température corporelle baisse pendant la nuit ce qui va à l’encontre de la physiologie du sommeil.
Les heures de coucher et de lever doivent être régulières y compris le week‐end afin de synchroniser le rythme veille‐sommeil. Cependant la personne doit aller se coucher seulement lorsqu’elle a sommeil (bâillements, yeux qui piquent). De plus lorsqu’elle se réveille le matin avant le réveil, il lui est conseillé́ de se lever et de ne pas essayer de se rendormir.
L’environnement de la chambre
Les facteurs environnementaux c’est à dire l’aménagement de la chambre sont aussi des éléments importants pour améliorer la qualité́ du sommeil. Choisir une bonne literie est important pour assurer un bon sommeil ainsi que l’entretien de celle‐ci : l’aération, le nettoyage et le change régulier des draps, comme vu plus haut sur notre étude.
Conclusion
L’insomnie est une plainte qui reste difficile à appréhender. La connaissance de sa physiopathologie est loin d’être connue de façon exhaustive. Nous avons vu que le sommeil est un besoin vital qui peut être perturbé de différentes façons. L’insomnie est le trouble du sommeil le plus fréquent et les Français sont de grands consommateurs d’hypnotique
L’utilisation des hypnotiques ne doit pas excéder quelques jours à 4 semaines car leur utilisation à long terme entraîne une majoration des effets secondaires et l’apparition d’une dépendance. Parmi les hypnotiques sur le marché́ depuis de nombreuses années, aucun ne peut être utilisé de façon chronique à cause de ses effets secondaires et de la diminution de son efficacité́. De plus face à une plainte d’insomnie le pharmacien peut prendre en charge le patient grâce à des alternatives aux hypnotiques. Dans une insomnie aiguë, il peut apporter des conseils d’hygiène du sommeil grâce à des fiches ainsi qu’une médication officinale appropriée au patient (homéopathie, phytothérapie, aromathérapie…). Chez un patient se plaignant d’insomnie chronique, le pharmacien va délivrer des conseils, lui fournir un agenda du sommeil et le diriger vers le médecin. Enfin le pharmacien a aussi un rôle de conseils dans la dispensation de médicaments sur prescription.