Le peuple et le corps royal représenter et se représenter

Le peuple et le corps royal représenter et se représenter

Dans une entrée, on constate une disposition spécifique de chacune des deux parties (le peuple/ le roi). Chacun est tenu de respecter des obligations qui sont de véritables devoirs. Le peuple a le devoir d’accueillir et d’honorer le monarque. Quant au roi, il doit confirmer d’anciens privilèges accordés à la ville ou encore lui octroyer de nouveaux avantages. Dans les entrées royales, il y a « réciprocité d’obligations »: en échange de l’accueil de la ville, et du serment d’allégeance, le roi confirme d’anciens privilèges, ou en accorde de  Toute cette hospitalité de la part de la ville envers le souverain n’est pas spontanée ou naturelle. Elle est le résultat d’un contrat social qui unit le peuple à son monarque. En effet: « l’entrée royale est la célébration d’un pacte passé entre la  communauté des habitants d’une ville et le roi ».258 Le peuple doit donc hospitalité à son souverain. Mais ce dernier a également des obligations envers son peuple. On se trouve là dans un système d’échanges qui est d’ordre politique. On parle de « pacte », c’est un terme qui stipule une entente préalable, des conditions et des engagements; c’est un véritable contrat qui se met en place, à cette époque, entre les deux parties. L’accueil donné par la ville consiste en un déploiement extraordinaire de préparatifs. Les rues sont pavoisées, les murs sont ornés de splendides tapisseries, le sol est recouvert de fleurs; des tambours, des clairons, des trompettes résonnent de toutes parts; des arcs de triomphe, des obélisques et de nombreuses autres architectures éphémères transfigurent la ville. La participation de la ville lors des entrées royales est entière, tous les moyens financiers et humains sont mis à contribution. La tradition de l’accueil d’une personne consiste à lui consacrer des attentions: on emploie les moyens nécessaires et on programme un « espace- temps » destiné aux échanges.

L’accueil qui doit être réservé au roi doit être sans limites. Il faut donc le préparer sans se soucier des moyens financiers et de l’accord de tous, parce que les frais semblent inévitables. La fête oblige la communauté à débourser ou contraint les plus riches, de gré ou de force, à se partager cette charge financière. L’entrée royale est l’affaire de tous; et les frais de dépenses pour l’élaboration de la fête s’imposent comme un impôt dont tout le monde doit s’acquitter. Ainsi l’entrée royale est véritablement un spectacle politique. Son intérêt va au-delà de la simple festivité; c’est un événement politique qui tient une grande place dans la diffusion du pouvoir monarchique. Lorsque le roi entre dans une ville, il y pénètre comme chez lui. Il vient conquérir ou pacifier un espace, remédier à une situation conflictuelle, par le biais d’un rituel qui symbolise l’unité et l’ordre. La théâtralité qui s’organise autour de cet événement affiche une vocation utilitaire. En effet, lorsque le monarque se présente à son peuple, il n’est pas seulement en exhibition, sa présence traduit également son autorité.

« spectacles politiques » (qui sont toujours plus que cela) revêtent une forte valeur symbolique pour les acteurs et les spectateurs. […] ces rites revêtent surtout une dimension performative (J-L La dimension performative dont on nous parle et qui est empruntée au linguiste J- L Austin, signifie que par le simple accomplissement d’un acte (en l’occurrence ici l’entrée royale) on réalise une action. Par son exhibition, le roi manifeste son pouvoir.  En effet, le pouvoir existerait d’abord dans les yeux de ses témoins, et tous les grands hommes politiques, de Machiavel à Louis XIV, et de Napoléon à Charles de Gaulle, avaient une conscience aiguë de la dimension théâtrale  L’exhibition du pouvoir passe donc d’abord par ce que l’on perçoit, par l’image que l’autre nous donne à voir. Une image qui est dissimulée par « la dimension théâtrale » et qui semble inévitable pour l’exercice du pouvoir des grands hommes politiques. Grâce aux entrées royales, le roi affiche au regard du peuple son autorité. L’impression visuelle qui est dégagée de cette cérémonie officielle est déterminante sur l’exercice du pouvoir monarchique. Elle exerce une influence profonde sur l’approche du peuple. Encore aujourd’hui toute visite officielle d’un homme d’Etat est orchestrée par un protocole, des conventions et une théâtralisation des actes et des paroles; et on peut voir que les visites et les sorties .

 

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